* - Suivez moi .*

Je regarde Cole d'un air inquisiteur, et il me rend mon regard. 

Est ce que je peux vraiment faire confiance à cet homme ? Il a l'air d'avoir les réponses à mes questions, mais rien ne me prouve qu'il n'a pas de mauvaises intentions. 

Le forain s'éloigne et je décide de le suivre. Cole m'emboîte le pas avec méfiance et nous nous engageons tous les trois dans une petite ruelle, un peu à l'écart du chemin de la foire.  

Pdv de Cole :

Je ne sais vraiment pas si l'on devrait écouter cet homme. Je lance un regard interrogateur à Elsa. Mon intuition me dit que cet homme ne nous a pas confié pas toute la vérité. J'ai l'impression qu'il nous cache quelque chose... Plus j'y pense, et moins l'envie de le suivre me prend.

Et si il n'était pas celui qu'il prétendait être ? Si c'était simplement un individu mal intentionné qui voulait nous attirer dans son piège ?

Tout en réfléchissant, je me rends compte qu'Elsa a déjà commencé à suivre le forain. Je souffle. Elsa est vraiment trop peu méfiante...Mais je ne peut rien y faire : elle a toujours été comme ça. Accorder sa confiance aux gens est vraiment l'une de ses grandes qualités mais c'est aussi l'un  de ses points faibles. 

Cela lui a d'ailleurs apporté de nombreux problèmes lorsque nous étions en primaire ou encore au collège. Il y avait toujours des gens qui profitaient de sa gentillesse  et de sa naïveté. Pourtant, même si je suis âgé de seulement un an de plus qu'elle, j'ai toujours essayé de faire en sorte que les autres ne la blessent pas. Elsa, je l'ai toujours considéré comme ma petite sœur. 

Et  ça, ça ne changera jamais. 

* * *

Pdv d'Elsa : 

La ruelle est peu éclairée à cause de la nuit qui tombe, et un léger courant d'air froid s'y engouffre. 

Cela fait peu de temps que nous marchons et nous n'avons rencontré personne sur notre chemin. Nos pas résonnent contre les dalles en pierre au dessous de nos pieds, rompant ainsi le silence environnant.

Au fur et à mesure que nous avançons, je prends conscience que j'ai enfin résolu le "mystère" des trois mots. 

Le Temps, s'expliquerait finalement par mes "pouvoirs" ;

la Montre, s'assimilait au magnifique collier que ma mère  m'avait offert ;

et le Danger, c'était prétendument mon père. 

Maintenant que j'ai découvert le sens de ces mots qui hantaient mes cauchemars, je me sens plus soulagée. Je suis enfin débarrassée  de ce poids qui pesait sur mes épaules. 

Je me retourne un instant vers Cole. Sa présence m'apaise et me rassure. Je sais que si il se passe quelque chose, il sera là pour moi.

Mais si l'homme qui se trouve avec nous en ce moment essaie de nous faire du mal, personne ne nous entendra et personne ne le saura jamais.

Cette pensée me traverse et je ralentis le pas. Aucun d'entre nous ne parle, nous nous contentons seulement  de marcher droit devant.

Au bout du compte, le chemin débouche sur une arrière cour, qui est à présent plongée dans le noir. 

- Par ici. 

C'est la première fois que le forain prend la parole depuis que nous nous sommes engagés dans la ruelle. 

J'écarquille les yeux afin de percevoir l'ombre mouvante de cet homme. On entend le bruit d'une clé qu'on insère dans une serrure, puis le déclic d'une porte qui se déverrouille et s'ouvre. 

A la lueur de la lune, je parviens difficilement à déchiffrer ce qu'il est écrit sur l'écriteau qui surplombe la porte. 

Il est écrit ... Mr...Evans's Watch...making. 

- Entrez, nous intime Mr Evans ? 

Une lampe s'allume, illuminant la pièce où se trouve le forain et projette un peu de lumière dans l'arrière cour. Je respire un peu trop fort. Je m'apprête à passer la porte qui s'offre à moi lorsqu'une main me retient par le bras. 

Je tressaille et me retourne vers la personne dont la main est posée sur mon avant bras mais me détend immédiatement. Ce n'est que Cole. J'avais oublié qu'il était derrière moi, occupée à examiner l'endroit où l'on se trouvait. 

- On ne le connaît pas Elsa, me chuchote Cole. 

Je reste silencieuse face à lui. Il a raison. On ne connaît pas cet homme. On se sait rien de lui. Pas même son prénom. Et on s'apprête à entrer chez lui. Enfin plutôt dans son horlogerie. Mais une sorte de sentiment irrépréssible m'assure que je peux lui faire confiance. Que je doit le rejoindre. Je suis certaine qu'il pourrait m'aider à comprendre ce qu'il m'arrive. Ou du moins, qu'il peut m'apporter quelque chose. 

Je fixe un instant Cole avant de lui murmurer en retour : 

- Je sais.

Et je franchis la porte.