- Elsa?
Elsa, réveille toi !

Une vois familière m'extirpe de mon rêve en me ramenant à la réalité.

Je cligne des yeux, en essayant de m'habituer à la lumière qui baigne dans la pièce. Elle m'éblouit.
Je suis encore sous le choc du rêve que je viens de faire.
J'ai rêvé de ma mère et c'est la première fois que ça m'arrive depuis qu'elle est partie. Soit depuis onze longues années. Elle est partie lorsque j'avais cinq ans. J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'elle est partie, et que je n'étais encore qu'une enfant.

Je me redresse et regarde la chambre dans laquelle je me trouve. J'esquisse un sourire.
Elle n'a pas changée depuis d'années ....

Les murs de la pièce sont toujours bleu marine, et des centaines de milliers de posters de personnages célèbres sont accrochés un peu partout dessus. Je me souviens que  lorsque j'étais petite, j'avais une admiration inconditionnelle pour les groupes de rock, alors j'ai obligé Cole à acheter des posters et à les accrocher dans sa chambre. Ils sont toujours là et je crois d'ailleurs qu'il en a rajouté depuis la dernière fois que je suis venue.
Toujours le bazar dans cette chambre...
Il y a des vêtements dans tous les recoins de la chambre, si bien que personne ne peut distinguer les habits propres des habits sales ( si il existe encore des vêtements propres ici !).
Une odeur de je-ne-sais-quoi flotte dans l'air, et peu importe ce que c'est mais, ça me rassure grandement.

Je suis chez Cole.

Cole, c'est mon meilleur ami depuis maintenant treize ans, six mois et quatre jours.
D'ailleurs...comment sais-je cela ?
Évidemment qu'on se connait depuis notre enfance mais, je ne me suis  jamais rappelée aussi précisément depuis combien de temps on a été amis.
Mais bon, peu importe.

- Elsa est-ce que ça va ? me redemande t-il.

Je me redresse et m'assois en tailleur sur le lit.

- Je...oui ... mais ... comment j'ai fait pour atterrir chez toi ? je bredouille.

Il s'assoit sur le lit, à côté de moi. Puis me raconte comment il m'a trouvé.

- En fait, hier soir, je rentrais de chez Michael, et j'ai coupé par le parc parce que c'était plus rapide. Je voulais passer par le kiosque puis j'ai aperçu une silhouette étendue par terre et je suis allé voir.
Quand je m'étais approché de plus près il s'avérait que c'était toi. Tu étais complètement allongée par terre. T'a tête était posée contre le sol. Et de ce que je vois, tu t'es pas loupée quand t'es tombée parce que t'a des égratignures partout sur le visage, on dirait qu'un chat sauvage t'a griffé.
Et puis je me suis dit que j'allais pas te laisser là, alors je t'ai ramené chez moi.

Il marque une pause et me prends dans ses bras.

- Tu m'as fait tellement peur..., me chuchote- t- il à l'oreille.

Je ne dis rien et le serre dans mes bras. Cole à toujours été là pour moi. Depuis que nous sommes enfants, il a toujours joué le rôle du grand frère protecteur. En même temps, moi je suis fille unique et lui aussi, alors on est rapidement devenu comme un frère et une sœur. Alors c'est tout a fait normal qu'il s'inquiète pour moi. J'aurais eu la même réaction que lui si il avait été à ma place.

Nous sommes restés ainsi un petit moment avant qu'il n'effleure mon épaule.
Je serre les dents.

Cole se lève.

- Reposes toi bien Elsa.

Il sort de la chambre en fermant la porte derrière lui.
Je soupire et me rallonge.

Heureusement que je portais un sweat noir, sinon il aurait vu des traces de sang. Comment j'ai fait pour tomber face contre terre sérieux ?! J'ai pas pu juste, comme ça tomber en avant tout de même... Peu importe, l'important c'est qu'il n'a pas vu que je saignais.  
Je ne veux pas qu'il sache que j'ai été blessé et encore moins que c'est un inconnu qui m'a planté un couteau dans l'épaule.

Du moins pour l'instant.

* * *

Le lendemain matin, je me réveille en sursaut. J'ai encore fait des cauchemars toute la nuit.

Montre.
Temps.
Danger.

Je vais trouver ce que ça veux dire.
Je dois trouver ce que ça signifie.
C'est comme un message répétitif incessant.
Ça en devient vraiment fatiguant.

Je jette un coup d'oeil au réveil posé sur la commode.

05 h 17

Il est 05h 17. J'ai beaucoup dormi. Beaucoup trop. J'ai mal à la tete, j'ai les jambes engourdies, des courbatures partout et pour finir, mon épaule me fait atrocement mal.
Je retire mon sweat et baisse le haut de mon tee shirt pour voir l'état de ma blessure. C'est pas beau à voir. Je vais devoir trouver quelque chose pour la désinfecter.
Je me lève et manque de tomber par terre tellement ma tête me tourne.
Je me dirige vers la salle de bain de Cole, qui se trouve juste à côté de sa chambre et allume la lumière.

Finalement je crois que je devrais prendre une douche aussi. Je sens vraiment le bouc là.
Comme je n'ai pas de vêtements de rechange j'emprunte un tee shirt rouge à Cole sur lequel il est marqué en noir AC/DC. Faut dire que je l'ai vraiment harcelé avec le rock quand on était plus jeune. Inutile de préciser que je me suis servie dans sa penderie et pas dans sa chambre directement (je suis blessée, pas inconsciente).

Je prends ma douche rapidement puis m'habille avec le tee shirt de Cole.

Je cherche la trousse de secours qui est sûrement dans le tiroir blanc et me saisis du désinfectant.
Je désinfecte ma blessure, il ne faut surtout pas que Cole arrive et me voit dans cette état.
Je n'ai aucune envie de l'inquiéter avec ça.

Mais je ne crois pas avoir le choix.

* * *

- Voilà. Tu connais toute l'histoire.
Je suis sincèrement désolée de ne pas t'en avoir parlé plus tôt. Je n'ai pas voulu t'inquiéter inutilement.

Après avoir passé un long moment à expliquer ma "mésaventure" et mes rêves à Cole, celui ci se tu pendant un instant en regardant dans le vide. Bien que je pense qu'il doit m'en vouloir de lui avoir cacher l'existence de mes rêves, je le connais assez pour savoir qu'il est vexé et en colère.

- Je m'excuse Cole.

Il ne dit rien au début et fini par lâcher :

- T'en fait pas Elsa.
Mais la prochaine fois qu'il t'arrive ce genre de choses, parle moi. Ok?

- Ok, je lui réponds.

Ça me rassure qu'il ne m'en veuille pas. Je souris et le regarde.
Il est en train d'élaborer un plan. Je le vois sur son expression.

- Alors on fait quoi maintenant ? je lui demande.

- On commence par trouver une réponse à tes cauchemars.