- Chapitre 2 -


Lorsque que j'ouvris les paupières, j'étais déjà réveillée depuis un moment. Je voulais juste entendre les bruits qui m'entouraient, pour ainsi analyser ma position. Je n'avais pas appris grand chose, j'avais juste entendu le souffle régulier de quelqu'un, signe que je n'étais pas seule.

- Hé, ça va ?

Mon champ de vision était obscurci par des milliers de petites tâches noires, et j'avais un mal de tête atroce. Je massai mon crâne, puis frottai mes yeux pour reprendre mes esprits. En face de moi se trouvait un garçon aux yeux verts intenses. Il n'était pas dans ma classe mais je l'avais déjà aperçu seul plusieurs fois dans les couloirs. Je ne connaissais pas son prénom.

- Tu vas bien ? demanda-t-il.

- J'ai un peu mal.

- Pareil.

- Tu sais où on est ?

- Non. Je me suis réveillé il n'y a pas longtemps.

Je le dévisageai un instant puis portai mon attention sur la pièce. C'était une salle banale, vide, aux murs en béton et dépourvue de fenêtre. Je n'avais pas envie de lui parler, mais je ne voulais pas risquer de perdre une personne avec qui je pourrai éventuellement coopérer pour sortir de cet endroit.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? l'interrogeai-je.

- Monsieur Frangie m'a parlé quelques minutes après le cours. Quand je suis sorti, quelqu'un m'a frappé à la tête. Je crois que c'est lui, de toute façon il n'y avait que lui et moi dans la salle. Mais je ne vois vraiment pas pourquoi il ferait une chose pareille...

- C'est qui ça ?

- Un professeur de sciences qui ne doit pas être seul dans sa tête. Je crois que tu l'as aussi.

Mon cœur rata un battement. Il n'y avait pas de doute possible. Ce garçon avait été agressé de la même façon que moi.

- Putain... Il m'est arrivé la même chose... murmurai-je ébahie.

Il y eu un moment de silence sans qu'aucun de nous ne dise quoi que ce soit. Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête.

Pourquoi on est là ? Pourquoi nous ? Pourquoi ce professeur avait-il fait ça ?

- Comment tu t'appelles ?

J'étais un peu surprise. Aucun élève ne m'avait adressé la parole depuis très longtemps...

- Elliko.

- Ah, c'est toi...

- Mmph... Et oui. Content d'être enfermé avec une folle ? avais-je demandé, les yeux grands ouverts et en souriant méchamment.

- Moi c'est Quantin.

Il n'avait pas réagi. Il soutenait mon regard glacial de ses intenses yeux verts. Il ne baissa pas la tête. Je voulais qu'il baisse les yeux, je voulais qu'il soit effrayé, je voulais qu'il me craigne, je voulais lui sauter dessus... Mais étrangement, et sans je que je ne puisse le comprendre, le fait que quelqu'un me regarde normalement, sans aucune once de peur ou de crainte, enterra un peu ma colère.

- Je n'ai pas peur de toi.

Je le regardai en haussant un sourcil. Son regard était impénétrable et quelque peu déstabilisant. Malgré tout, son courage m'impressionnait. Une autre personne de ce lycée se serait recroquevillée dans un coin de la pièce en me suppliant de la laisser tranquille. Alors que lui me regardait dans les yeux et était assis sagement en face de moi. Il avait une aura apaisante. Je ne le détestais pas, mais je ne l'appréciais pas non plus. Je me sentais plutôt indifférente vis-à-vis de lui.

- Pourquoi tu te qualifies de folle ?

- C'est ce que je suis.

- Je ne pense pas.

- Et qu'est-ce que tu en sais !? Tu ne me connais pas, alors tais-toi.

Je ne le comprenais pas. Qu'essayais-t-il de faire ? Il était bien parti, mais il commençait à me taper sur les nerfs. Il essayait de trouver en moi encore un peu de gentillesse, de bienveillance...

Mais c'était trop tard, il n'y en avait plus...

Soudain, une voix sortie de nulle part, retentit.

- Ah ! Je vois que tout le monde est réveillé ! Tant mieux, on va pouvoir commencer.

Cette voix... Je pouvais la reconnaître entre mille... Celle du professeur bizarre de sciences.

Mon regard et celui de Quantin se croisèrent, quand la porte s'ouvrit tout à coup dans un bruit sourd.

- Punaise, mais il se passe quoi ?

Je ne pu répondre à sa question. Quantin sortit en premier, et je le suivis de loin. À droite il y avait un long couloir en demi-cercle faiblement éclairé et une porte. Il y avait la même chose à gauche. Et au milieu, une grande pièce fermée, cylindrique. Les murs étaient en béton. J'eus des frissons glacés. Je ne comprenais strictement rien. Et le fait de ne pas être maîtresse de la situation m'effrayait.

- Quantin ? Tu sais où on est ?

C'était une fille brune qui parla. Quand elle m'aperçus derrière le garçon aux yeux verts, elle pâlit légèrement et détourna le regard. Un garçon blond au visage fermé la précédait. J'eus beau fouiller intensément dans ma mémoire, impossible de me rappeler de leurs prénoms.

- Non, on en sait pas plus que toi, répondit Quantin.

La fille tourna la tête à droite. Elle regardait quelqu'un mais la pièce du milieu m'empêchait de savoir qui.

- Violaine ? Nohan ? Mais qu'est-ce qu'on fiche ici bon sang ! s'écria-t-elle en prenant sa tête dans les mains.

Je reportai mon attention sur la porte à ma gauche, tandis que Quantin discutait avec le blond. Elle ne s'était pas ouverte. Je toquais timidement à la porte. Rien.

La voix retentit encore une fois.

- Bien, je vois que vous êtes tous sortis. Je vais vous expliquer le programme. Tout d'abord, rejoignez votre binôme, la personne avec qui vous vous êtes réveillé.

Je revins vers Quantin.

- Ensuite, et dans cet ordre exact, Nohan et Violaine, Quantin et Elliko, Antony et Katarina, vous entrerez dans la salle du milieu. Et ne vous avisez pas de désobéir ! Martin et Diana y sont déjà allés. Bonne chance héhé !

Le professeur de sciences parti dans un rire si démoniaque et long qu'il s'étouffa à la fin.
Perplexes, nous nous regardèrent. Une fille aux cheveux verts et un garçon brun, qui se nommaient Violaine et Nohan d'après la fille brune, s'étaient approchés de l'entrée de la pièce. Pareillement à la fille brune, lorsqu'ils m'aperçurent, ils détournèrent le regard ce qui me rassura. Je faisais encore peur aux gens. La porte s'ouvrit. Je ne distinguais rien à l'intérieur, la lumière étant éteinte.

- N'y allez pas ! supplia presque la brunette.

- Ça vaut le coup d'essayer, non ? suggéra Nohan.

- Non ! Qui sait ce qui va vous arriver ! continua-t-elle.

- Justement, il n'y a qu'un moyen de le savoir. Et puis, si on n'y va pas il va se passer quoi ensuite ? On va pas attendre là indéfiniment, répliqua Violaine.

Le duo se regarda un instant avant de rentrer dans la salle. La porte se ferma instantanément. Un silence de plomb s'abattit sur nous. Personne n'osait dire un mot. Lasse de rester debout, je m'assis sur le sol en béton, bientôt imitée par mes camarades. Je constatai que les regards de la brune et de Blondinet étaient souvent posés sur moi. Quantin semblait perdu dans ses pensées.

- Quoi ?? criai-je subitement.

Le binôme sursauta. Quantin me jeta un regard interrogateur. La brunette détourna le regard. Blondinet soutint le mien.

- Quoi quoi ? demanda-t-il calmement.

- Pourquoi vous me regardez comme si je venais d'une autre planète ! Depuis le début de l'année c'est comme ça ! Pourquoi vous m'ignorez ? J'avais juste besoin d'un peu d'attention, merde ! De toute façon, vous êtes tous des imbéciles ! explosai-je.

- Tu fais un mètre quatre-vingt-cinq Elliko. T'as les cheveux blancs. T'es squelettique. T'as les joues creuses. T'as des cernes de dix mètres. Tu impressionnes. Tu fais peur. T'es trop bizarre. Tu dégages quelque chose de malfaisant. Tu nous regarde comme si on avait tué toute ta famille. Alors oui, on a de bonnes raisons de t'éviter. Tu nous reproche de ne pas vouloir être sociables avec toi, mais peut-être que si tu y mettais un peu du tien, ça changerait. Quoique maintenant, avec ta réputation d'asociale sociopathe, je pense que c'est trop tard. Alors arrête d'accuser tout le monde parce que ton égo est beaucoup trop grand pour pouvoir te rendre compte que c'est toi le problème. Désolé l'extraterrestre, mais il n'y que la vérité qui fait mal, lâcha Blondinet tout en souriant sarcastiquement.

Je voulais le taper, l'insulter, l'étrangler, le vois mourir sous mes yeux. Il ne me connaissait pas. Il ne pouvait pas se permettre de me juger de la sorte. Il me regardait avec un air hautain qui me donnait envie de lui arracher les yeux. Mais je ne savais pas combien de temps je devais le supporter, ni si nous aurions à faire équipe plus tard, alors je ne voulais pas rajouter de l'huile sur le feu. N'ayant plus rien à rajouter, et tout en lui lançant un regard de glace, je ramenai mes jambes contre ma poitrine et posai la tête sur mes genoux. De longues minutes passèrent dans une atmosphère froide et tendue sans que personne ne parle.

Soudain, la porte en béton s'ouvrit. Personne n'en sortit. C'était notre tour. Je regardai Quantin, il semblait tout aussi anxieux que moi.

La fille brune nous glissa un "bonne chance" tandis que Blondinet nous regardait juste partir. J'osai un regard vers Quantin. C'était une des rares personnes -pour ne pas dire la seule- pour qui je n'éprouvais pas encore de mépris. Nous pénétrâmes ensemble dans la pièce, et la porte se ferma. On n'y voyait toujours rien. Je respirai un grand coup, attendant que quelque chose se passe.

Puis les lumières s'allumèrent.



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Mais qu'y a-t-il donc derrière cette porte ? :o Et pourquoi Elliko et les autres se sont retrouvés dans un endroit aussi étrange que celui-là ?



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