Chapitre 3
Lucie se réveilla en sursaut. Lorsqu'elle vit le cadran du réveil afficher 8h, cette dernière se mit à paniquer. Même en partant immédiatement elle serait en retard. La jeune femme se précipita vers son dressing et s'habilla avec un chemisier bleu ciel qu'elle assortit avec un jean foncé. Elle courra jusqu'à la salle de bains, se passa de l'eau froide sur le visage pour se réveiller et attacha ses cheveux en un chignon. Celle-ci prit le mascara de sa sœur et se l'appliqua lentement sur les cils. Elle se mit un peu de baume à lèvre puis se précipita dans la cuisine, avala rapidement, le jus d'orange directement au goulot, et du pain.
— Pourquoi tu ne m'as pas réveillée, tu sais bien que je commence à 8h, cria Lucie à sa sœur.
Julie s'apprêtait à partir.
— Je n'ai pas vu l'heure passer, tenta la jeune femme.
Elle savait que sa grande sœur mentait. Elle la connaissait par cœur. Celle-ci haussa donc un sourcil et la regarda d'un air dubitatif.
— Ok, tu dormais paisiblement et je n'ai pas osé t'interrompre, avoua l'aînée avec un sourire gêné.
Julie ne pouvait renier son côté protecteur. Elle était toujours sur le dos de sa cadette qui éprouvait des fois un sentiment d'oppression. L'aînée embrassa finalement sa petite sœur délicatement comme s'il s'agissait du plus précieux des bijoux.
Lucie plissait des yeux et la détailla du regard. La ressemblance entre les deux sœurs était frappante, malgré quelques traits qui les différenciaient comme par exemple, les cheveux de l'aînée qui étaient un peu plus clair que les siens et plus disciplinés ; et ses yeux étaient noisette contrairement aux yeux bleu ciel de Lucie. Aussi, elle avait bien dix centimètres de plus que sa petite sœur.
8h30
Lucie sortit de sa voiture. C'était une toute petite voiture d'occasion qu'elle avait hérité de sa sœur. Elle n'en était pas très fière mais appréciait l'indépendance qu'elle lui apportait.
La jeune Lucie se rua vers la grande porte laquée noire lorsqu'elle arriva. La serrure n'était pas verrouillée. Ce n'était pas bon signe, cela signifiait qu'elle n'était pas la première arrivée : or elle était responsable de l'ouverture. Elle s'assit au bureau de l'accueil rangea son sac dans un tiroir puis sortit son portable. La jeune femme n'avait aucun message. Elle ouvrit l'ordinateur du bureau sur les mails et en découvrit une centaine et se mît directement au travail.
Lucie travaillait dans une agence de voyage et d'échanges à travers le monde. Elle était secrétaire dans une de leurs antennes françaises mais l'essentiel de l'entreprise était en Australie et aux États-Unis. Elle gagnait légèrement plus que le SMIC.
La douleur fit son apparition. Lucie luttait pour respirer et posa sa tête sur le bureau en bois. Elle tentait de se calmer en prenant de grandes et lentes goulées d'air puis ferma les yeux. La jeune femme se força à relever la tête malgré l'effort que cela demandait et essaya de faire comme si la souffrance était moindre. Celle-ci se dissipa légérement après une dizaine de minutes.
Amanda Wilson entra presque royalement dans la pièce. C'était une femme d'environ 25 ans qui était la supérieure de Lucie. Depuis peu elle était revenue d'Australie pour ouvrir cette antenne en France.
Elle était grande et mince et d'une beauté qui incitait l'employée à penser que cette dernière avait dû faire du mannequinat. Ses traits fins et ses yeux légèrement bridés s'apparentait des traits asiatiques mais certaines caractéristiques s'en différenciaient. Cette dernière devait sûrement être issue d'un mélange. Ses cheveux châtains foncés étaient parsemés de mèches blondes en petites touches, et malgré leur apparence artificielle, ils ne nuisaient en rien à la parfaite élégance d'Amanda.
C'était une femme très soignée, il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle devait être en possession d'une extrême richesse : on sac était signé Chanel avec l'habituel matelassé et sa robe était de Burberry. Cette grande classe qu'elle arborait quoi qu'il arrive la rendait un tantinet prétentieuse et sa position de patronne exigeant de l'autorité empêchait une réelle complicité entre les deux femmes.
— Tu es arrivée à quelle heure ? testa l'élégante Amanda
L'employée hésita, elle n'avait pas signalé son arrivée afin de semer le doute sur l'heure de son arrivée. Étant arrivée bien après l'horaire demandée, elle pouvait ainsi peut-être tromper Amanda. Elle tenta alors une heure au hasard.
— 8h15 il me semble, risqua Lucie.
A en juger à la réaction par la gérante, celle-ci ne semblait pas trop en colère.
— Tu as un quart d'heure de retard, affirma-t-elle comme pour montrer quand même son autorité.
Amanda hésita un instant d'un air réfléchi puis se détendit.
— Bon ce n'est pas trop grave, il faudra juste que la prochaine fois que je viendrais tu y sois à l'heure voulue, souligna-t-elle avec un sourire amical.
Il y eut un léger silence avant que l'élégante femme reprenne la parole.
— J'aime bien ton haut ça fait ressortir tes yeux, s'écria-t-elle avant de partir, avec un clin d'œil, sous le regard surpris de Lucie.
Cette dernière fut soudainement curieuse de savoir comment son employeur pouvait être dans un cadre non-professionnel. Etait-elle déjantée et blagueuse ? A cet instant précis, la jeune femme se dit que ce devait être sûrement le cas.
En repensant à la remarque de sa patronne, elle ne sut comment elle devait le prendre. Évidemment Lucie aurait pu se sentir flattée par une telle affirmation mais il s'agissait sûrement que d'une politesse ou d'une remarque sous-entendant que sa tenue n'était pas mal en comparaison des autres fois où la jeune femme l'avait croisée. Il n'y avait plus aucun doute là-dessus à présent : étant donné l'extrême classe de chacun des vêtements d'Amanda, son petit haut ferait office de pyjama pour cette dernière. Même pas, pensa Lucie amusée.
12h30
Après de longues heures de travail qui avaient semblé interminables pour Lucie, cette dernière éteignit l'ordinateur et se permit un regard vers son portable. À en juger la petite lumière verte qui clignotait au dessus de l'écran, la jeune femme comprit qu'elle avait reçu un sms. Lucie déverrouilla donc son smartphone et ouvrit la fenêtre de ses messages.
Anthony : tu manges seule ?
La jeune femme hésita un instant. Cela faisait depuis déjà quelques mois qu'elle le fuyait, repoussant petit à petit le moment où elle devrait lui faire face. Comment annoncer une telle chose ? Lucie n'était décidément pas le genre de femme à mener les hommes en bateau puisqu'elle n'était même pas capable de reparler à un ex un peu trop présent. Celle-ci finit par opter pour la vérité en envoyant un simple « Oui ». Amanda avait beau être sympathique, elle ne restait jamais longtemps et s'arrangeait toujours pour partir toujours un peu avant l'heure de déjeuner. Lucie sentit son smartphone vibrer dans sa main.
Anthony : tu me rejoins à côté ?
Tous les lundis et mardis depuis qu'ils avaient rompus, il lui posait cette même question et à chaque fois elle refusait, prétendant manger avec sa chef et mangeait donc seule à son bureau ce qu'elle avait apporté afin qu'il ne la voit pas, ou alors elle mangeait avec sa sœur afin qu'il ne l'interrompe pas.
Finalement elle accepta la demande. La jeune femme comprit que ne pourrait pas fuir éternellement. Malgré ses efforts pour se montrer plus assurée et courageuse, cette idée de presque l'affronter l'effrayait. Son cœur s'était accéléré depuis l'envoi du message et elle n'avait qu'une seule envie, en finir avec tout ceci.
Lucie rangea ses affaires dans son sac et sortit ses clefs. Elle ferma la porte de l'agence et se dirigea vers la cafétéria à deux rues. Anthony l'attendait déjà. Ses cheveux roux avaient poussés et des boucles lui tombaient sur le front. Ses yeux noisette malicieux la dévisageaient et la jeune femme en fut mal à l'aise. Elle avait l'impression d'avoir fait un saut dans le temps et de revenir à cette époque où ils étaient ensembles. Fort heureusement finalement, tout s'était finit, dans des circonstances qui restaient dramatiques, mais au moins s'en était fini de leur relation.
Lucie reprit ses esprits et débuta par une bise. Ils ne parlèrent pas lorsqu'ils prirent leur repas et le silence commençait à se faire gênant lorsqu'Anthony prit la parole.
— Tu m'en veux ? hasarda-t-il avec un ton faussement troublé.
La jeune femme le jaugea pendant un court instant puis réfléchit afin de trouver une réponse à lui donner.
— Non, bredouilla-t-elle le plus aisément possible.
Lucie regretta immédiatement ses paroles à la mine satisfaite du rouquin. Le regard de ce dernier sembla s'éclairer dans un même temps.
— Tu sais tu me manques beaucoup Lucie ! l'implora-t-il avec une tristesse factice.
Lucie sentit son cœur s'accélérer. Il n'allait tout de même pas la mettre encore plus mal à l'aise que cela, si ?
— C'était une erreur je m'en veux et ça ne représentait rien ! ajouta-t-il après un moment.
La jeune brune n'en croyait pas ses oreilles. Venait-il vraiment de dire ceci ? Soudain elle pensa à son professeur de danse. Lucie s'était sentie attirée par lui plus qu'elle ne l'avait jamais été avec Anthony. Peut être était-ce la musique ou même le contexte ? se rassura-t-elle immédiatement. Cette dernière ne comprenait pas pourquoi à un moment si critique elle pensait à ce bellâtre si inaccessible pourtant.
Son ex la regardait, soucieux, attendant une réponse. Cela coupa Lucie de sa rêverie. Comment allait-elle lui dire qu'elle ne l'aimait plus ?
— Je... engagea la brune extrêmement mal à l'aise.
Lucie réfléchit un instant. Soudainement elle eut une idée : il fallait qu'elle se mette à la place de Jessica ! Cette dernière avait l'exact profil de la parfaite briseuse de cœurs. La jeune femme repensa alors à cette dernière, nostalgique. Heureusement qu'elle avait été là pour lui ouvrir les yeux, comme toujours !
— Je t'apprécie beaucoup tu sais mais Jessica est mon amie et je ne peux pas me permettre que cela recommence une nouvelle fois, je ne te fais plus vraiment confiance je crois, énonça-t-elle à la manière qu'on pourrait le faire pour un discours.
De la tristesse se lisait sur le visage de l'homme qui n'avait plus cet air malicieux malgré ses tâches de rousseurs et Lucie en éprouva une certaine compassion qui fut ravalée lorsqu'elle se raisonna. Jessica a bien dit qu'il ne fallait avoir aucune pitié dans une pareille situation.
— Un jour tu me pardonneras, murmura-t-il pour lui.
Lucie retint son rire. Il pousse quand même un peu le bouchon, songeait celle-ci. La jeune femme eut une certaine fierté d'avoir acquis toute cette assurance. Même si Lucie avait dû jouer la comédie afin de se sortir d'affaire, c'était bien elle qui avait prononcé ces mots ! Et c'était un énorme pas de franchis pour la brune !
Le repas se termina finalement avec un silence de mort. Aucun des deux n'osa placer une phrase, l'un de peur de commettre une bêtise, et l'autre trop mal à l'aise pour parler. Lucie, malgré sa gêne, s'était dépêchée de finir de manger puis s'était presque ruer vers la sortie, trop heureuse d'en avoir fini avec ce poids qu'il pouvait être.
En retournant à l'agence, la jeune femme repensa longuement aux paroles qu'elle avait prononcées, pressentant qu'elle avait dû être un peu blessante envers Anthony. Lucie ne se reconnaissait pas en celles-ci, ayant encore une fois suivi les conseils de sa meilleure amie mais malgré tout, elle éprouva une certaine gratitude envers celle-ci.
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Chapitre revu et corrigé !
J'espère qu'il ne vous sera pas trop ennuyeux, il fallait quand même que je montre ce moment de la vie de Lucie, merci d'avoir lu !
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