Chapitre 7


- A vrai dire, j'ai apprécié d'avoir visité la ville d'Ontario. Mon rendez-vous raté du samedi soir a fait en sorte que je découvre de beaux endroits.

N'ayant aucun rendez-vous ni aucun dossier à traiter, Stacy passe la matinée à discuter avec la mère de Kurt.

- D'habitude il vient plus tôt, je me demande ce qu'il fabrique.

- Ça doit être de toi qu'il tient cette impatiente, s'exclame Stacy.

Annie ne pouvait qu'être fier d'avoir une fille aussi directe dans l'équipe de son fils. Il devrait se faire tirer les oreilles comme ça pour ne plus avoir à diriger les gens sans prendre en compte leurs sentiments.

La porte s'ouvre dans un bruit sourd. « Ah le voilà ! » se dit Stacy.

- Bonjour maman.

Il l'embrasse et s'asseoit à côté d'elle. Stacy se lève du canapé pour se mettre sur la table de son bureau.

- Alors, comment vas-tu, Tyty ?

- Maman, je t'ai déjà demandé de ne plus m'appeler de la sorte.

Il souffle d'exaspération, sa mère peut être lourde par moment. Oui on le sait, les mamans et leurs manies.

Annie quant à elle, sait à quel point son fils déteste ce surnom, raison pour laquelle elle ne cesse de le titiller avec.

- Ton voyage c'est bien passé ? J'ai appris que tu as dîné chez Stewart.

Kurt lance un regard meurtrier à son assistante.

- Tu n'as pas besoin de moi pour savoir ce qui c'est passé là-bas. Alors, ne me pose plus de questions s'il te plaît !

Il se lève, prêt à exploser. Son but était de mettre cette fille mal à l'aise car il l'insupporte. Mais comme toujours, elle s'en sort nickel. Une vraie sorcière selon lui.

- Mais où comptes tu aller ? Je croyais qu'on devait passer la journée ensemble ?

- Je suis désolée, maman. J'ai des rendez-vous urgents aujourd'hui.

Stacy, comprenant le jeu de son patron, décide d'intervenir.

- Aujourd'hui, il n'y a pas de rendez-vous, Monsieur. Hier, vous m'avez demandé de décaler tous vos rendez-vous pour sortir plus tôt du bureau. Et en voilà une belle occasion, profitez !

Le regard qu'il lance à son assistante est tel que si c'était quelqu'un d'autre, il serait mortifié.

- Merveilleux ! dit-elle sans prendre en compte le regard meurtrier de son patron. Passez une excellente journée, Madame Lans.

Annie embrasse l'assistante de son fils avant d'entraîner celui-ci à l'extérieur du bureau.

- Ça a été un plaisir de vous revoir. À la prochaine.

A présent seule, la jeune femme décide de terminer la révision de ses dossiers. Entant qu' assistante pour quelques jours encore, elle a un double travail à faire. Ça n'en a peut-être pas l'air, mais c'est crevant !

~•~

J'aurai dû trouver une autre assistante dès notre retour de voyage, se dit Kurt.

- Je ne sais pas pourquoi tu es toujours aussi froid envers cette jeune fille. Elle est belle, charmante, intelligente, elle est même travailleuse, plus que les trois précédentes je dirai.

- Elle est aussi agaçante, mal élevée, et parfois tête en l'air. De surcroît, elle a tendance à me contredire devant beaucoup de gens, elle m'insupporte. Alors, ne me dit pas ce que je dois faire pour gérer mon assistante.

Choquée par ces révélations, Annie se tait quelques instants, avant de revenir plus motivée que jamais.

- Bon, je voulais à tout prix te parler.

Kurt la regarde furtivement avant de se reconcentrer sur la route. C'est pas facile de conduire avec une mère aussi pipelette qu'Annie Lans.

- J'ai longuement réfléchi, bien que je le fais tout le temps en ce moment. Je crois qu'il est temps pour toi d'avoir une nouvelle femme.

Heureusement pour lui, il venait de garer la voiture dans la cour de sa superbe demeure. Sinon il aurait pu avoir un accident.

- Tu ne me laisseras jamais en paix avec cette histoire ? J'en ai mare, la semaine dernière tu m'as déjà harcelé avec !

Malgré le fait qu'il claque fortement la portière, faisant sursauter Annie, elle ne se laisse pas démonter.

- Je suis ta mère, Tyty ! Je ne veux plus te voir souffrir autant.

Il la regarde un moment, ne comprenant pas où elle veut en venir. N'ayant toujours pas de réponse, il récupère les clés dans la poche intérieure de sa veste avant de s'engouffrer dans la maison. Il est aussitôt accueilli par son chien Tyty. Bah voilà d'où vient le surnom !

- Hey, salut mon grand ! s'exclame t-il lorsque le molosse saute sur lui.

Annie reste dans l'encadrement de la porte, attendrie par la scène qui se passe devant elle. Le molosse est un cadeau que lui avait offert sa défunte femme. Et depuis sa mort, il passe le plus clair de son temps libre avec lui.

- Bon, eh bien je vous laisse à vos retrouvailles. Je vais faire à manger.

Amoureux de la cuisine de sa mère, Kurt n'émet aucune objection.

Il file dans la salle de bain pour se rafraîchir, et il troque sa veste pour un bermuda kaki et un t-shirt blanc. A la maison, on se met à l'aise.

N'ayant pas encore déballé ses affaires depuis son retour d'Ontario, il entreprend de le faire dans sa chambre. Comme à son habitude, il déballe le tout sur son immense lit king size. Avec tout l'argent qu'il gagne, il a pu s'acheter une voiture qui déchire, tout comme il a construit une superbe maison en bord de mer. Sa villa compte six chambres, dont les cinq sont inutilisées depuis trois ans. Avec sa femme, ils recevaient souvent, ainsi les invités ne manquaient jamais d'endroit où dormir.

Son salon est décoré de façon classique, œuvre de son épouse Molina. Celle-ci, née d'une famille de la haute, aimait bien ces petites touches de luxe. En effet, un immense lustre pendouille dans le grand salon, ainsi que des tableaux haut de gamme.

La cuisine est immense, un côté donne sur la salle à manger. Tout est équipée de façon sophistiquée, ce qui donne un air de bourgeois.

Né d'une famille aisée, mais humble, Lans ne s'est jamais attaché au matériel. Et ce n'est pas aujourd'hui qu'il le fera, soyez en sûr.

*

En classant ses affaires, il tombe sur un sac noir qui ne l'appartient pas. Curieux comme il est, il l'ouvre et tombe sur un carnet noir assez volumineux, un magazine sur le déroulement des fêtes de la haute société, ainsi qu'un bracelet en argent.

- Décidément, cette femme regorge de surprise, s'exclame t-il joyeusement.

Le sac contient aussi quelques bricoles, tel qu'un poudrier, du rouge à lèvres. Il y trouve aussi une photo. Il reconnaît parfaitement son assistante, elle paraît plus jeune et elle se trouve sur un lit d'hôpital, habillée d'un de ces vêtements d'hôpital trop moche. A ses côtés, il y a une femme d'âge mûr, blonde elle aussi, un homme tout aussi âgé aux cheveux blonds qui tirent vers le blanc ainsi qu'une jeune femme plus âgée que Stacy, elle aussi ayant la même couleur de cheveux. Une vraie famille de blondinets !

Aussitôt cette photo l'intrigue. En retournant la photo, il y a une inscription dessus.

« Ton cœur ne lâchera plus, même si c'est celui d'une autre.
14 mars 2016 ».

Cette inscription lui donne du fil à retordre, étant donné qu'il n'y comprends rien. Est-ce que cette photo a un rapport avec la maladie dont parlait Martha ? Que peut bien signifier cette inscription ? La date par contre, lui rappelle aussitôt le décès de sa femme Molina et de sa sœur Bridget. Secoué par ce constat, il remet tous les effets dans le sac, sauf la photo. Il tombe aussi sur des médicaments assez speciaux. Sans la notice, il ne peut rien savoir à propos d'eux.

Après une bonne douche, il rejoint sa mère dans la salle à manger. L'odeur que dégage cette pièce lui donne l'eau à la bouche.

- Tu tombes bien, j'ai fini.

Le dîner qui était censé se terminer depuis longtemps, s'éternise pendant deux heures encore. Kurt, habitué à manger des repas commandés, savoure avec bonheur ce plat rempli d'amour. Il réussit même à ne pas se disputer avec sa mère quand elle remets le sujet du mariage au tapis. Il préfère la voir faire des suppositions que de la voir pleurer toutes les larmes de son corps.

- Tu vis seul depuis un bon moment déjà. Emilia et Bianca sont déjà assez grandes, ne penses-tu pas que c'est le moment de les récupérer ? Avec ton père, on voulait mettre la maison en vente pour se recueillir à la campagne.

La dernière fois qu'il a vu ses filles, remontent à la veille de l'accident. Bianca l'aînée, a maintenant 9 ans et la petite Emilia aura ses 4 ans en fin juillet, c'est à dire dans deux semaines, le 31.

- Maman, tu le sais déjà que je ne suis pas fait pour élever des enfants. Avec Molina, on savait comment se débrouiller mais je suis seul en ce moment, comment ferais-je ?

- Déjà, je suis contente que vous ayez pris en charge ces deux petites. C'est pas facile de s'occuper des enfants de quelqu'un d'autre. Aujourd'hui, ces filles sont les tiennes et moi je me fais vielle. Je ne supporte plus la vie de la ville en plus, les filles veulent revoir leur père. Tu te plains quand je te parle de te marier, mais tu devrais vraiment y penser. Le voyage est prévue après l'anniversaire de ma petite Emilia. D'ici là, prend toutes les dispositions qu'il te faut sinon l'assistance sociale risque de les prendre à nouveau.

La discussion avec sa mère lui laisse un goût amer. Ses filles lui manquent, c'est vrai. Mais est-il prêt à endosser le rôle de père ? Rôle qu'il a délaissé depuis trois ans maintenant. Cependant, sa mère a raison, ils se font vieux, les caprices d'enfants sont très insupportables et puis, c'est lui qui les a adoptés, pas eux.

Il passe le reste du week-end à faire du sport, à analyser des dossiers pour le boulot ainsi qu'à contacter de potentielles nounous, deux semaines ça passe vite. Manger ne l'intéresse pas, tout comme se détendre devant la télé. Il n'oublie surtout pas qu'à partir de lundi, sa nouvelle associée va tout faire pour le faire vivre un calvaire. Pourquoi doit-elle être aussi compétente et aussi insupportable ? Une vraie plaie.

Et lui alors, direz-vous, il oublie son comportement exécrable ?

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Gros bisous mes loulous 😘😘😘.

Stéphanie 🖤

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