Dans la voiture, Stacy remarque un changement de comportement auprès de son patron. La mâchoire crispée, les bras tendus et son regard rivé sur la route fait tiquer la blonde, mais elle ne s'en formalise pas. Après tout, Kurt Lans a toujours été un mystère pour elle. Même si elle a connaissance de quelques bribes de sa vie, elle ne le connais pas vraiment. Elle trimbale avec elle une multitude de questions qu'elle n'arrête pas de se poser depuis des jours. Fatiguée de ce silence pesant, elle décide de le briser d'une voix quelque peu timide.

— Alors, comment tu as trouvé ce rendez-vous ?

Il lâche un juron lorsqu'ils se retrouvent coincés dans les embouteillages. Il est près de 14h, et avec toutes ces voitures, ils risquent vraiment de rester là un long moment.

— Kurt, je t'ai posé une question ! s'impatiente t-elle. Tu étais stressé tout à l'heure, j'aimerai donc savoir si tu es satisfait ou pas.

— Qu'est-ce que ça va te faire de savoir ce que j'en pense ? Tu as passé tout le temps qu'à durer le rendez-vous à baver sur ce type aux cheveux de feu. Je suis surpris que tu aies suivi le fil des conversations étant donné la concentration dont tu as fait preuve pour le regarder.

Il dit cela si brutalement que la blonde ouvre la bouche, choquée et vexée par les propos de son patron. Elle ne dit rien et détourne le regard. Elle s'assoit de sorte à pouvoir regarder par la fenêtre sans risquer d'avoir un torticolis. Elle fouille dans son sac et en sort son iPod. Elle enfonce les écouteurs dans ses oreilles pour essayer de se changer les idées avec la musique.

Cependant, elle ne parvient pas à oublier le ton cassant qu'il a arboré pendant tout le déjeuner, et surtout cette agressivité dont il a fait preuve il y a quelques minutes. Elle se disait que c'était sous l'effet du stress et de la nervosité, sauf que maintenant, sa déduction est erronée. Elle se demande encore si la supposition qu'elle fait dans sa tête est juste mais, elle se retient d'y penser. La musique tourne en boucle et la blonde décide simplement de l'arrêter sans pour autant retirer les écouteurs. Au moins comme ça, il croira qu'elle est occupée à autre chose.

Coincé dans les embouteillages, Kurt se sent stupide d'avoir agit aussi mal envers Stacy. Qu'elle est donc cette réaction ? Pourquoi avoir agi de la sorte quand le rouquin l'a approché ? C'était quoi ce pincement au cœur lorsqu'il la complémentait ? Et maintenant que la blonde a décidé de se taire, il se sent tellement mal et il se demande comment faire pour changer la donne.

— Stacy ? dit-il en la secouant un peu, je te demande de me pardonner, s'il te plaît.

Elle ne réagit même pas, ce qui fait culpabiliser le brun de plus belle. Pourquoi s'est-il comporté comme un con ?

— Je ne voulais pas te vexer, répond moi s'il te plaît, ajoute t-il devant son mutisme.

Toujours aucune réaction. La blonde continue de regarder le paysage, des hommes et des femmes en costume cravate, se faufilant parmi les voitures pour traverser la voie. Elle fait de son mieux pour ne pas se retourner et plonger ses yeux dans ce ciel gris que sont les yeux de Kurt. Elle se mord la joue pour s'empêcher de parler à cet homme qui vient de la vexer sans raison apparente. Elle s'est sentie humiliée et insultée. Elle qui a toujours vu Sean comme un ami, aujourd'hui, on l'accuse de baver sur lui. Une accusation tellement bête !

Il essaye encore de la faire réagir quand un peu plus loin, les voitures commencent à se distancer. Le trafic n'est plus si dense et ils peuvent enfin rouler normalement. Kurt conduit tout en essayant d'attirer l'attention de la blonde. Par inadvertance, il fonce tout droit dans un camion poubelle qui venait de prendre le virage sans tenir compte de la priorité qu'avait Kurt. Le choc est tel que personne n'a pu anticiper la suite.

Un attroupement de curieux se forment sur le lieu de l'accident. Stacy réussi facilement à sortir de la voiture, elle n'a eu que quelques égratignures à cause des éclats de verre et une légère blessure au genou. Cependant, Kurt, en essayant de reprendre le contrôle pour ne pas se faire bousculer du chemin, a reçu un choc sur la tête et il a perdu connaissance.

— A l'aide ! Appelez une ambulance !

Agenouillée devant la portière de Kurt, la blonde essaye tant bien que mal de le réveiller. Mais c'est peine perdue. La tête de Kurt sur ses pieds est immobile. Il n'ouvre pas les yeux, n'esquisse aucun mouvement et elle prend peur.

— S'il vous plaît ! supplie t-elle, appelez une ambulance.

Les larmes coulent sur son visage, elle n'arrive pas à croire qu'en si peu de temps, les choses ont dégénéré de la sorte. Le choc a vraiment été puissant et elle s'en veut de ne pas l'avoir répondu quand il l'appelait. Elle s'en veut car, si elle avait répondu, il n'aurait pas détourné son regard de la route et il aurait pu freiner à temps.

— Kurt, je t'en supplie, pleure t-elle. Ne me laisse pas je t'en supplie.

Quelques minutes après, l'ambulance arrive. Les urgentistes administrent les premiers soins avant que deux autres viennent pour hisser le brun sur une civière afin de le transporter dans l'ambulance.

— Mademoiselle, voulez-vous nous accompagner ? demande l'un des urgentistes.

Elle acquiesce, et se faufile rapidement dans l'habitacle. Peu de temps avant, des policiers ont encerclé le lieu de l'accident et la route a été bloquée. La jeune femme n'a même pas eu l'idée de récupérer des affaires dans la voiture.

— Kurt, je t'en supplie, ne pars pas. Tu dois te battre pour tes filles. Elles ont besoin de toi. Imagine tout ce monde là à Lans & Co, ta famille... moi.

Ce dernier mot, elle le dit si bas qu'elle a elle-même l'impression de l'avoir imaginé.

— La petite étoile brille dans le ciel. Elle n'attend que la lune pour briller de mille feux. Elle n'attend que la lune pour briller dans tes yeux.

Pendant que l'ambulance roule en direction du CHU de Mogerto, la blondinette continue de chanter cette berceuse. Un souvenir qu'elle a depuis ses six ans. C'est Amandine qui lui chantait ça chaque fois qu'elle avait le cafard.

Après une vingtaine de minutes, Kurt se retrouve au bloc opératoire tandis que la blonde se fait soigner de ses blessures. Elle est tellement choquée qu'elle en perd connaissance. Quand elle se réveille un peu plus tard dans l'une des chambres de l'hôpital, une infirmière lui donne des calmants avant de s'en aller au moment où la porte s'ouvre en fracas pour laisser place à ses parents et à sa sœur.

— Cycy, sanglote Amandine. J'ai tellement eu peur.

— Madame, la patiente est en état de choc. Elle n'est pas en état de parler.

Ses parents viennent s'assoir de part et d'autre du lit tandis que Mandy s'assoit sur le lit, mettant la tête de Stacy sur ses genoux.

— Des nouvelles de Monsieur Lans ? demande Carla à l'infirmière.

— Non madame, il est encore au bloc opératoire. Il a reçu un très gros choc à la tête au moment où il essayait de faire sortir la jeune dame. Son état est encore très critique.

Après ces moments, l'infirmière, jeune brune de 26 ans, récupère le plateau des médicaments et sort de la chambre. Annie Lans entre directement dans la chambre de Stacy, les larmes aux yeux. Elle salue la sœur et les parents. Amandine se lève et repose Stacy en position assise. Annie vient s'asseoir au coin du lit et elle commence à caresser les cheveux de la jeune femme.

— Ma petite blondinette, je suis tellement désolée de ce qui t'arrive. Je suis désolée que vous ayez eu cet accident ...

Elle ne termine pas ses mots que la blondinette fait une crise. Avec cet accident, le stress qu'elle ressent que rarement a pris de l'ampleur.

— Docteur ! Infirmière ! s'époumone Amandine en ouvrant la porte de la chambre. A l'aide !

Carla essaye de calmer sa fille, sans changement. Robert lui administre une gifle, ce qu'il l'a calme aussitôt. Juste quelques tremblements et les larmes qui continuent de couler sur son visage peuvent témoigner qu'elle a repris conscience de ce qui se passe.

Dans le couloir, Amandine explique au docteur ce dont souffre sa sœur et il vient rapidement lui administrer les produits nécessaires. Pendant l'accident, les médicaments sont restés dans le sac de la jeune femme — sac qu'elle n'a pas eu le réflexe de prendre à cause de la panique qu'elle a ressenti.

— On vient de lui administrer des calmants. Vous allez devoir sortir de la pièce pour qu'elle se repose.

Robert, Carla, Amandine et Annie sortent en file indienne de la chambre. La salle d'attente se trouve juste à côté et ils y restent tous. Lupita, Martha et Océane débarquent à l'hôpital comme des folles. Elles ont sûrement été informées de la situation.

— Où sont-ils ? demande Martha.

— Comment vont-ils ? demande Océane.

— Où est ma Stacy ? Et Monsieur Lans ? Qu'ont dit les médecins ? sanglote Lupita.

Elles posent ces questions tellement vite que personne n'a le temps de répondre. Stewart, le meilleur ami de Kurt qui était de passage dans la ville a été informé par Nathalie de la situation. Il arrive en trombe et au moment où il s'apprête à parler, le docteur en charge de Kurt sort de la salle d'opération. Tout le monde se lève.

— Bonjour. Je suis le docteur Flin Creston, chargé du cas de Monsieur Lans. Y a t-il un membre de sa famille ici ?

Annie Lans s'avance.

— Je suis sa mère. Mais vous parlez devant tout le monde.

Le docteur acquiesce et ouvre le document qu'il avait en main.

— Bien, le patient est atteint d'une commotion cérébrale. En ce moment, il est dans le coma. Les 24 prochaines heures serait décisives. Nous allons veiller sur lui jusqu'à ce que les choses se calment. Étant sa famille, vous devez beaucoup priez. Je vais vous laisser.

Le docteur prend le chemin du couloir blanc, laissant tout le monde digérer la nouvelle.

***

Quelques heures après l'accident, Stacy se réveille dans la chambre d'hôpital. Au départ, elle se pose beaucoup de questions. Pourquoi elle se trouve dans cette pièce ? Pourquoi il n'y a personne avec elle ? Qu'est-ce qui s'est vraiment passé ? En essayant de réfléchir, les souvenirs se font de plus en plus clair. Quand elle se rappelle de tout, elle crie de toutes ses forces. De la rage, de la Douleur, de la tristesse... Tous ces sentiments affluent en elle pour exploser dans sa tête.

— Ah ! crie t-elle à nouveau, ce qui alerte sa mère a l'extérieur.

Elle descend du lit et manque de tomber tant ses jambes lui paraissent être faites de coton. Elle se rattrape à la barre de fer du lit et se relève un peu plus lentement.

— Stacy ! Ma chérie, mais que fais-tu ? Où vas-tu ?

Sa mère, inquiète, essaye de la faire regagner son lit mais la blonde ne l'entends pas de cette oreille. Elle puise dans le peu de force qui lui reste pour courir jusqu'à la porte. Aucun de ceux qui sont à l'extérieur ne parvient à l'arrêter. Elle est comme remplie d'énergie et elle se débat comme une lionne.

— Stacy ! Stacy, non ! s'écrie une voix au moment où la blonde court vers le couloir des soins intensifs.

Stewart qui revenait de la cafétéria pour prendre un café, rattrape tant bien que mal la petite blondinette.

— Où comptes-tu aller dans cet état ? demande t-il, légèrement en colère. Tu es secouée, il faut que tu te reposes.

— Je dois le voir. Je dois savoir comment il va. Où est-il ? Pourquoi personne ne veut me dire ce qui se passe. Kurt ! crie t-elle à nouveau. Laissez moi le voir. J'ai entendu ma mère en parler avec ma sœur. Il est en soins intensifs, je dois le voir.

Elle se débat de toutes ses forces mais cette fois-ci, elle ne parvient pas à se libérer de la poigne de Stewart.

— Chut ! Calme toi. Si tu cesses de t'agiter, on ira le voir ensemble.

La jeune femme se laisse porter jusqu'à sa chambre et on lui administre à nouveau des calmants. Le docteur fait part à sa mère qu'elle doit beaucoup se reposer parce qu'avec tout ce stress, elle risque de frôler la crise cardiaque.

La soirée se passe dans une ambiance des plus mornes. Avec l'un dans le coma et l'autre, shootée aux calmants.

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Salut à tous 😊. J'espère que ça va 😉.

Alors, voilà la suite. Je vais en poster un troisième en fin de semaine. Je dois à tout prix retrouver le rythme d'avant😇.

Sinon, j'espère que ça va comme vous voulez.

Malheureusement pour notre Stacy, les choses ne semblent pas s'améliorer.

Gros bisous 😘

Bonne lecture 🤗🤗🤗

Stéphanie 🖤