Chapitre 21
Pour une fête préparée en une semaine, l'anniversaire d'Emilia est vraiment réussie. La résidence Lans, après trois ans de silence et de solitude, est de nouveau égaillée par le bruit de la musique et celui des enfants. La blonde n'a pas eu le temps de visiter le château Lans, et en cet après midi du 31 juillet, elle découvre un espace vert qu'elle n'avait jamais vraiment remarqué. On se demande où se trouvaient ses yeux quand elle faisait la décoration et qu'elle précisait les emplacements de jeux et autres.
— Je suis ravie que cette fête soit aussi belle, déclare madame Lans.
Stacy dépose le plateau de fruits sur la longue table prévue à cet effet. Celui-ci est vraiment garni, des muffins, de cupcakes, des croissants et autres gourmand aussi succulentes les une que les autres. Sans oublier tous ces rafraîchissements qui font du bien en cette chaleur estivale.
— Merci beaucoup, mais j'ai aussi eu l'aide d'un certain capitaine hargneux, Kurt le magnifique et de mon amie Lupita, la jolie fée des bonbons.
Celle-ci, en écoutant son nom, apparaît comme un fantôme.
— C'est de moi qu'on parle ici ?
Lupita porte un t-shirt gris enfilée dans une jupe en tutu noir avec aux pieds des sandales à talons hauts.
— Toujours là quand on parle de toi n'est-ce pas ? demande la blonde.
Elles rient toutes les trois. Rien de mieux que de s'amuser pendant une réunion aussi convivial qu'est l'anniversaire d'Emilia !
— Annie, je te présente Lupita Rivers, mon amie et la nouvelle assistante de Kurt. Lupita je te présente Madame Annie Lans, la mère de notre cher patron.
Les deux femmes se font la bise avant de s'engager dans une conversation instructive pour la pauvre Lupita. Stacy sourit en imaginant qu'à elle aussi, Annie va lui expliquer comment se comporter avec Kurt Lans, le grand, le magnifique, l'insupportable ! Oui oui, autant d'appellation pour un seul et même homme !
— À quoi penses-tu ? demande Amandine, faisant sursauter la blonde qui ne s'était pas aperçue de sa présence.
— Je me disais que Lupita aussi va recevoir des cours de la part de Annie Lans. Regarde les, Annie c'est la femme à la robe bleue roi.
— Ah donc c'est elle Annie Lans ? Elle est magnifique !
Les deux sœurs entreprennent de servir quelques gâteaux sur des petits plateaux pour les disposer sur la table des parents. Un peu loin des regards indiscrets.
— Stacy, j'aimerai savoir une chose.
— Oui, je t'écoute, dit-elle en regroupant des assiettes en plastique recouvert de confiture.
— Pourquoi tu es partie aussi brusquement le lundi ? Tu n'étais plus si à l'aise qu'au début. Les autres n'ont peut-être rien remarqué mais moi je te connais très bien. Dit moi ce que tu as, s'il te plaît.
La jeune sœur s'attendait effectivement à ce genre de questions. Heureusement, elle s'y était préparée.
— Eh bien eh bien ! Par où commencer ? dit-elle. En fait, tout à commencer lors d'un repas en famille auquel mon cher beau-frère m'a rappelé un souvenir des moins joyeux ! Mon pauvre cerveau a donc ressassé le passé et l'a gardé quelque part dans ma tête, sans mon autorisation bien sûr, se sent elle obligée d'ajouter. Et, puisque le malheur ne vient jamais seul, ce n'est pas vraiment un malheur c'est vraiment bien que tu sois enceinte, je veux que tu comprennes ma pensée. Alors, le malheur ne vient jamais seul, une nouvelle magnifique, censée réjouir la famille toute entière, a été comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Et Bam ! Le moral dans les chaussettes, je décide de m'éloigner de ce trop plein de bonheur que je n'arrive pas à avoir ! En gros, voilà ce qui s'est passé.
Amandine reste coite, ne cillant même pas des yeux. On peut vraiment dire que le choc se lit sur son visage. Jamais elle ne s'était dit que ce bonheur qui frappait à nouveau à sa porte, était une quelconque source de malheur pour sa sœur. Celle-ci savait parfaitement se montrer aimable et joyeuse pendant leurs rencontres. Se dire que sa petite sœur est malheureuse fait l'effet d'une gifle à la blonde. Elle ne s'y attendait pas du tout !
— Sans te mentir, je t'envie. Tout te réussit dans la vie. Tu trouves l'amour, tu as une belle famille, et même un super boulot, sans pour autant te coltiner des médicaments à prendre toutes les heures pour ne pas te retrouver six pieds sous terre un jour si tu les oublies. Tu jouis de ce bonheur dont toutes les jeunes filles rêves. Tu as un homme bien vivant qui t'aime et de jolies petiots pour t'appeler « maman » à ton réveil et à ton couché. C'est normal que ce sentiment d'infériorité que je ressens à ton égard ne fasse que croître jour après jour. C'est normal que je me dise que ma vie ne sert pas vraiment à quelque chose. Je suis incapable de garder un bébé dans mon ventre. Souviens toi que j'ai eu deux fausses couches avant la grosse de ma fille et au moment où je réussis à dépasser le premier trimestre, mon fiancé se retrouve dans le coma. Tout ce bonheur m'a filé entre les doigts, et cette satané maladie. Mon quotidien était bien jusqu'à ce jour là et aujourd'hui, je ne suis plus vraiment celle que j'étais...
Si cette conversation avait commencé d'une manière quelque peu comique, les larmes ne mettent pas du temps à dévaler les joues des deux blondes. L'une soulagée d'enfin vider son sac, sachant que sa sœur l'écoute attentivement pour une fois, sans lui parler d'enfants, de maison ou de baby shower. L'autre honteuse de ne jamais avoir posé les bonnes questions à sa sœur, sachant toutes les mauvaises situations qui se sont passées dans sa vie. Honteuse est un faible mot pour décrire ce qu'elle ressent.
Heureusement pour les deux sœurs, tout le monde est concentré sur les enfants qui chahutent, qui s'amusent et qui font la fête.
— Mais pourquoi ne m'as tu jamais fait part de cette partie de tes pensées ? demande Amandine en reniflant. Pourquoi as-tu choisi d'encaisser ça seule ?
— Ah quel moment devais-je le faire, hein ? Quand tu donnais naissance à tes gosses ou bien quand tu me parlais de ton homme qui adore te ramener ceci, t'acheter cela ? Mandy, chaque fois que toi et moi sommes ensemble, tu vis un moment magique en rapport avec ta famille. Je t'aime tellement que je ne voudrais pas faire ma mauvaise langue en te disant : " Hey, Mandy ! Savais-tu que je continue de pleurer chaque soir avant de dormir parce que j'ai perdu mon bébé avant la mort de mon fiancé ? "
— N'empêche que tu aurais dû m'en parler. Je ne voudrais pas que mon trop plein de bonheur gâche la vie de ma sœur. Stacy, tu es une fille géniale. Tu es un cordon bleu, toi qui était moins réceptive lorsque nous étions enfants, tu as plus appris de maman que moi. J'ai toujours été jalouse de ce lien que vous partagiez ensemble. Si ma vie est un conte de fées, il me manque beaucoup de choses pour qu'elle soit parfaite.
Stacy arrête subitement de pleurer et fait un immense câlin à sa sœur.
— Mandy, tu es ma grande sœur, tu as rencontré l'homme de ta vie à 22 ans, c'est normal que je veuille te ressembler. Pour ce qui est de la cuisine, tu t'améliores de mieux en mieux et je suis fière de toi. Je veux que tu sois fière de moi, c'est le plus important. Je voudrais lire de l'admiration dans tes yeux chaque fois que je réussis quelque chose, ne plus voir ce voile de pitié qui recouvre ton regard quand tu me vois passer devant une boutique de robes de mariée ou d'un magasin pour bébé.
— Je suis et j'ai toujours été très fière de toi, ma petite chérie. Tu es ma sœur, le même sang coule dans nos veines et tu restes à jamais ma meilleure amie. Promet moi de venir me voir dès que ça ne va pas. On s'était promis de ne rien se cacher.
— Promis, déclare la cadette. Maintenant, je vais me refaire une beauté, c'est bientôt l'heure de la surprise ! Je ne voudrais pas ressembler à un panda en face de tous ces invités !
Ni une, ni deux, la jeune femme s'engouffre dans la maison. Rapidement, elle se pomponne dans la salle de bain d'en bas. Elle fait un tour dans la cuisine. La gouvernante s'est surpassée côté dessert et le plus amusant c'est que Stacy a prévu quelque chose de formidable pour finir cette magnifique fête en beauté.
***
Jamais Kurt n'aurait pensé tomber sur ce genre de conversation entre Stacy et Amandine. Au départ, il s'est rapproché des deux sœurs pour féliciter la plus grande et pour titiller un peu la plus jeune, mais là, c'est invraisemblable. Il savait que la blonde avait vécu quelque chose de douloureux dans sa vie pour se donner corps et âme dans le travail, faisant des heures supplémentaires très fréquentes. Normal, il en est lui-même la preuve vivante !
Mais de là à s'imaginer que Stacy était sur le point de se marier et d'avoir un enfant lui fit l'effet d'une gifle. Savoir qu'elle en avait perdu deux avant lui rappelle un souvenir moins joyeux. Molina était enceinte de deux semaines quand elle a perdu la vie. Personne ne le sait à part Kurt et le docteur qui a pris en charge la brune. Molina elle-même n'avait aucune connaissance de cette nouvelle. A peine deux semaines de formation pour le fœtus et, la mère mourait, emportant avec elle la vie d'un bébé qui en aurait rendu heureux plus d'un.
Savoir que Stacy a vécu une chose aussi triste, complexe et surtout harassante, donne à Kurt encore plus de respect pour cette femme. Elle mérite absolument d'être heureuse et la place qu'elle a au sein de la compagnie n'est qu'une infime partie de son bonheur. Il est fier d'avoir un élément aussi fort qu'elle et il se promet de changer son comportement car à cause de lui, la jeune femme s'est sentie encore plus minable qu'elle ne l'était déjà.
Le gâteau à la mangue est fait maison et il est super bon et super énorme pour suffire à tout le monde, il y en a même trois. Les fées, les princesses et les pirates s'amusent dans leurs châteaux gonflables. Les parents sont assis un peu plus loin dans le jardin, de sorte à ne rien rater de la scène de jeu. Tout le monde s'entend bien et ce, malgré les classes sociales. Chaque femme a droit à une baguette ou à un diadème et chaque homme a droit à un chapeau de pirate ou à un cache œil.
La robe bleue en tutu de Stacy, son diadème de princesse et ses ballerines de danseuses étoiles lui vont comme un gant. Les petites étoiles brillantes sur sa robe scintillent à la lumière du soleil qui se couche peu à peu. Un magnifique spectacle à lui seul, pense Kurt.
— Votre attention s'il vous plaît, déclare t-elle au milieu de tous ces parents et enfants qui s'amusaient plus que pendant ces galas où on ne faisait rien d'autre que de boire du champagne, de parler politique ou se fondre dans la masse. Merci à chacun de vous qui avez honoré ce lieu de votre présence. Petit et vieux, jeunes et adultes, moi, Stacy Da Silva, je vous offre ce beau spectacle pour vous remercier. Mais d'abord, place au gâteau.
Devant ce chef-d'œuvre culinaire, tout le monde est en joie. Les enfant se regroupent alors autour de la table et les bougies allumées forment des ombres bizarre sur leurs visages. Après que tout le monde ai entonner le célèbre chant d'anniversaire, les parts de gâteau se retrouvent à présent dans les assiettes.
— Bien, maintenant que tout le monde est concentré, voici la surprise.
Juste après ces mots, tous plein de feux d'artifices explosent dans le ciel, donnant à tout le monde un joli spectacle pour ce coucher du soleil. Le timing était parfait. Le ciel rose brille de mille feux de part ces explosions de couleurs. On entend des « oooh » et des « aaah » partout dans le jardin.
Kurt se rapproche de la princesse en tutu.
— Merci, souffle t-il près de son oreille.
Cela a le don de faire frissonner la blonde. Autant de proximité, elle ne s'y attendait pas du tout.
— Tout le plaisir est pour moi, dit-elle reprenant ses esprits.
Tout le monde vient féliciter l'organisatrice de la super party, et Kurt regarde la scène de loin. Un sourire nait sur ses lèvres, se délectant de cette image joyeuse qu'est sa maison en ce jour. Lui qui s'était laissé aller pendant toutes ces années, se sent d'appoint à faire bouger les choses dans sa vie. Il se dit en lui qu'il laissera enfin sa chance à une femme car, il a besoin d'amour maintenant et ses filles ont besoin d'une mère.
— Papa ! Papa ! Tu as vu ? J'ai eu le meilleur anniversaire du monde !
La petite Emi, en robe de princesse bleu ciel, piale comme un épervier en sautillant.
— Tu as vu le magnifique château gonflable qu'elle a installé ? Papa je n'ai jamais été aussi heureuse.
Elle l'embrasse sur la joue et retourne en courant vers ses invités miniatures. Les grands et les petits jouent à présent ensemble et la petite Cassie est méconnaissable. Sa timidité a disparu, par rapport à quand elle est arrivée.
— Que fais donc le père de ces jolies princesses à l'écart comme ça ?
Kurt fait face à sa mère, tout aussi magnifique que d'habitude.
— Maman, maman ! Tu le sais aussi bien que moi, je ne suis pas trop fan des cris de gosses en pagaille. Je suis heureux que mes enfants soient si contents. Et puis, il est rare que de voir autant d'enfants dans ma maison.
— Tu sais que ta raison est sans fondement ? Regarde un peu les autres parents ! Ils s'amusent ensemble avec les petits même s'ils vont bientôt rentrer. Ils essayent de donner de bons souvenirs avec leurs gosses, alors je te prie, va t'amuser.
Bizarrement, cette remontrance fait l'effet d'une gifle à Monsieur Lans. Il délaisse sa mère pour rejoindre la foule en chaleur. Le photographe prévu par Lupita capture tous ces beaux moments passés dans le jardin des Lans, habillés en pirates, princesses et fées.
Dans la soirée, les invités rentrent chez eux, les remerciant beaucoup d'avoir été invités.
— C'était un super anniversaire, déclare Amandine. Jamais je n'ai vu ma fille s'amuser autant. Tous les enfants sont géniaux et la petite Emilia doit être heureuse d'avoir fêté en compagnie des gens qu'elle aime.
— Ravi de te l'entendre dire, annonce Kurt. J'espère vraiment que vous avez passé un bon moment.
Elle lui sourit et ramène sa fille qui dort dans ses bras.
— Merci pour l'invitation monsieur. Mathias et Cary se sont bien amusés à cette fête.
— Pas de quoi Martha, remerciez plus tôt Miss Da Silva, c'est grâce à elle tout ça.
— D'accord, à demain patron.
Les autres parents aussi remercient Kurt et son associée.
— Mon fils a eu un crush pour votre fille Monsieur Lans.
— J'espère qu'il est sérieux, dit-il sur un ton blagueur. Ma fille mérite un homme bon.
Quand tout le monde s'en va, Kurt, sa mère, ses filles et l'organisatrice se retrouve à ranger les quelques bricoles qui trainent à l'extérieur.
— Stacy, je suis vraiment heureuse.
— Ah bon ! Et qu'elle en est la raison, ma petite Bianca ? demande la blonde, déposant les plats sales dans la cuisine.
— J'ai passé un super moment et ma petite sœur est grande maintenant. En plus, grâce à toi, mon père a repris goût à la vie.
La blonde se fige en écoutant ces mots. Pour une petite fille, dire ce genre de trucs ne signifie pas grand chose mais pour quelqu'un de plus mature et de plus réfléchi comme Stacy, ça en dit vraiment beaucoup.
— Je crois qu'il est temps pour ces demoiselles d'aller prendre un bain et se préparer pour dormir.
Les petites protestent pendant quelques minutes avant de capituler. La gouvernante les emmène au bain.
— Kurt, ta chemise est toute sale maintenant. Et ton pantalon a été taché par l'herbe. Quel était donc l'intérêt de s'habiller en blanc à un anniversaire d'enfants ?
Celui-ci sourit de toutes ses dents.
— J'ai le droit de m'amuser aussi, maman !
— Parfois, tu ressembles vraiment à un gosse. Bon, je vais rentrer maintenant. Stacy, ravie de t'avoir revu.
— Au revoir maman, dit-il en lui faisant la bise.
— Je suis ravie aussi, Annie.
Les deux femmes se font la bise avant qu'Annie ne parte.
— Merci encore pour tout. Mes filles sont heureuses et moi je suis comblé.
— Il n'y a pas de quoi ! J'ai apprécié organiser cette fête. Ça m'a permis de faire abstraction de mes échecs cuisants et de mes déceptions.
— Ce qui est sûr, tu ferais une bonne organisation d'événements !
— Est-ce un compliment, Monsieur ?
Celui-ci est pris de court par son ton taquin.
— Bien évidemment que non ! Je ne voudrais pas que tu aies la grosse tête !
Stacy se renfrogne et récupère son sac.
— Bien, je dois rentrer chez moi. Demain j'ai une grande journée qui m'attend et surtout un patron super bizarre à supporter.
— Stacy Da Silva, ne me dit pas que tu es vexé ? demande t-il, hilare.
— Pas du tout, j'ai laissé quelque chose pour vous dans la cuisine, mon cher patron.
Elle fait une révérence exagérée avant de disparaitre.
Kurt se dirige alors dans la cuisine et remarque un plat couvert. Quand il l'ouvre, il est surpris de voir un gâteau au chocolat en dessous avec écrit dessus : « Félicitations au meilleur Papa du monde ».
Jamais il n'aurait cru qu'elle lui préparerait une surprise pareille. Il en coupe quatre parts, verse du lait dans quatre verres, les disposent sur un plateau et il monte dans la chambre des filles. Ils finissent leur soirée en se goinfrant tous ensemble, y compris la gouvernante.
Bonheur parfait...
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Salut la compagnie ! Je suis heureuse ce matin, je vient de finir ce chapitre et j'ai atteint les 3000 mots( une vraie première pour moi ️☺️☺️).
Alors j'espère vraiment qu'il sera assez longtemps pour vous. Et qu'il vous plaira. N'hésitez pas à me dire si les choses vont vite.
Bon début de semaine à tous et bonne lecture 🤗🤗🤗.
Stéphanie 🖤
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