Chapitre 19

Tous les regards convergent vers elle. Son sourire s’élargit quand elle aperçoit un homme un peu trapu aux cheveux blonds presque blancs. Ses yeux verts scintillants et son sourire craquant font monter les larmes à la blonde.

— Papa… dit-elle émue. Tu m’as tellement manqué.

Son père ouvre grand ses bras et elle s’y blotti. Heureusement que lui, ne porte pas de trace de peinture sur ses vêtements.

— Je suis heureux de revoir ma petite princesse, dit-il de sa voix grave et apaisante, sourire aux lèvres.

— Tu as vraiment changé papa. La dernière fois que je t’ai vu, ta barbe n’était pas si longue et tu n'arborait pas cette mine étrange. Tu es malade ?

— Pas du tout, ma princesse. Cette mine que tu dis voir, c’est le reflet de la vie sur moi, j’ai tout simplement vieilli.

— Il n’y a pas que ton père ici, se renfrogne Clara.

Tout le monde se moque d’elle et Stacy lui fait la bise.

— Ne sois pas aussi jalouse maman. Papa et toi, êtes mes parents préférés au monde.

— Ah, cela signifie donc que tu as d’autres parents à part nous ?

Son père affiche une moue boudeuse et croise ses bras comme un enfant.

— Papa, si tu t’y mets aussi, on passera jamais la soirée comme prévu.

Elle accentue ses dires d’un clin d’œil, ce qui arrache un sourire à ses parents. Son regard se dirige automatiquement vers son neveu.

— Je te ferai bien la bise, mais j’ai peur de salir cette jolie robe que tu portes, annonce t-il, avec l’air le plus sérieux au monde.

— J’en ai mare, Stacy file te changer en t’attend, déclare l’aînée.

Elle s’exécute immédiatement et revient avec une salopette en jeans et un t-shirt blanc. Parfois, on se demande à quoi ça sert de mettre ces vêtements là si on ne veut pas se salir.

— Tata Cycy ! s’exclame la petite Cassie, remarquant à peine la présence de sa tatie préférée. Tu as décidé de venir me voir tous les jours ou quoi ? demande t-elle, toute excitée.

— Évidemment, ma petite princesse. Sinon je ne serai pas ta tata préférée.

— Je te signale que tu es la seule, se moque Harley.

Tout le monde se met à rire et ils s’attellent à peindre la chambre en bleu. Et une heure plus tard, ils se retrouvent au salon, tout propre.

— Quand est-ce que Richie sera là, demande Clara, tout en tricotant une grosse écharpe.

— Il doit être sur le chemin du retour je crois, il sera là d’une minute à l’autre, et après on va dîner.

— Des nouvelles de Jérémie, demande Robert, de but en blanc.

— Non papa, déclarent les sœurs d’un ton monocorde.

Personne ne l’a revu depuis l’incident qui s’est passé quand Stacy avait 19ans. Il avait commencé à travailler dans un bar assez populaire. Entant DJ, il rentrait souvent tard et il se faisait parfois braqué sur le chemin de son appartement. Une nuit, il est rentré à la maison familiale et les braqueurs l’ont suivi. À croire qu’il était leur victime favorite. Après avoir passé une sale soirée, il avait bu comme un trou. Résultat, il laissa la porte ouverte. Ses poursuiveurs firent irruption dans la maison endormie, et Stacy fut prise d’assaut, menacée sous le joug de l’un d’entre eux.

Les parents étaient de sortie et Stacy attendait patiemment le retour d’Amandine qui était en sortie avec Jérémie. Heureusement, le couple était rentré mais la maison leur semblait trop calme. Le cri perçant de Stacy les intima à appeler les secours. Tout se passa si vite pour la benjamine qu’elle en fut traumatisée pendant tout le reste de l’année. Jérémie se fit vraiment grondé pour son irresponsabilité et pour le danger qu’il avait ramené à la maison. Dès le lendemain, il est devenu distant, il ne passait que rarement et on ne le voyait presque plus aux fêtes familiales. Un beau jour, il avait disparu de la circulation.

— Maman, tu as encore pris du poids ? demande Harley.

C’est fou ce qu’une question aussi banale a le don de faire redescendre la tension qu’il y avait dans l’air. Chaque fois que Jérémie entrait dans les conversations, la tension montait rapidement.

— Ta mère est une grande gourmande mon chou, répond la grand-mère. Attend toi à ce qu’elle devienne une véritable baleine.

Les sourires reviennent immédiatement sur les lèvres, c’est beaucoup mieux que les grimaces qui avaient pris possession de leurs visages.

— Il y a quelqu’un dans cette maison ? s’écrie une voix dans le hall

— Papa ! s’exclament les enfants.

Ils courent tous les deux dans les bras d’un Richie chargé de gros carton. Résultat, ils tombent tous les trois, les cartons sur eux. La moquette si dense empêche au moins aux victimes de se gratter la peau.

— Je savais que votre père vous manquait, mais jusqu’à ce point, annonce Robert.

Il les aide à se relever pendant que les autres récupèrent les cartons.

—  Bonsoir tout le monde, dit-il en les faisant la bise. Bonsoir mon amour, ajoute t-il en embrassant son épouse. Je me débarbouille rapidement et je vous rejoins à table.

Il monte rapidement les marches pendant que la famille se retrouve dans la grande salle à manger.

— C’est moi-même qui ai fait le dessert, déclare Amandine toute joyeuse.

Sa mère la regarde, sourire aux lèvres. Chaque fois qu’elle compare sa fille aînée à sa fille cadette, elle s’attend toujours à ce qu’elle fasse un effort. Après tout, si elle a réussi l’éducation culinaire de la plus jeune, la plus grande ne peut pas rester en arrière.

— Qu’as-tu fait ma belle ? demande t-elle malicieusement.

Ce que Amandine ne sait pas, c’est que sa mère l’a épié pendant tout le temps qu’elle était en cuisine. Sa petite moue concentrée était vraiment adorable à voir.

— Nous avons une tarte aux pommes, du flan au coco ainsi que des banana-split. Je n’ai pas eu le temps de faire la quiche aux poireaux.

Les enfants applaudissent avidement tandis que les adultes félicitent la nouvelle pâtissière de la famille.

— Je suis très fière de toi ma Mandy, déclare Robert. Tu as vraiment évolué depuis ces deux dernières années. Tu sais très bien tenir ton foyer, t’occuper de tes enfants et prendre soin de ton époux. Ce que j’apprécie le plus, c’est que ta priorité c’est la famille.

Toute émue, la maîtresse de maison embrasse son père et quelques minutes plus tard, le mari heureux rejoint la famille dans la salle à manger.

—  Ouah ! s’écrie t-il admiratif.  Tu as finalement fait tous ces desserts dont tu m’as parlé hier ?

Amandine acquiesce frénétiquement, sourire aux lèvres. Son époux la félicite et ils se mettent à manger. Au menu, poulet aux curry et du riz blanc, ainsi que des pommes de terre sautées avec de la viande à la  sauce tomate. On se croirait vraiment à une réception.

Une famille parfaitement heureuse, ça n’existe pas. Ce qui rend cette famille heureuse ce sont les moments qu’ils passent ensemble que ce soit pendant les pleurs, pendant les tristesses, pendant les moments de joie. En fait, c’est évidemment que tous les moments qu’ils passent ensemble, ils les chérissent de tout leur cœur. Voilà un bon ingrédient pour être heureux, chérir les moments qu’on passe avec sa famille.

— J’ai deux grandes nouvelles à vous annoncer, déclare Amandine pendant qu’ils dégustent leurs desserts.

Toute l’attention est portée sur elle et avant de parler, elle prend une grande inspiration. Ce qui a le don de faire monter la pression dans la pièce.

— Premièrement, j’ai enfin obtenu ce contrat avec la famille Smith, ils vont prendre toute la collection de fleurs pour la soirée du  13 juin prochain.

Les félicitations fusent de partout, même des enfants. Qui ne connait pas la famille Smith ? La plus riche après celle du président. Cette famille est connu pour son entreprise d’import/export, Le Smith Express, ainsi que toutes ses firmes multinationales dans les autres villes du pays. Cette famille est aussi dans le textile et l’événementiel, même que Sean Milles collabore avec eux. Alors, si le magasin de Mandy collabore avec cette famille, elle sera rapidement propulsée en haut des marches, une future fleuriste qui se reconnue partout.

— Je suis contente pour toi ma sœur chérie. J’ai un rendez-vous avec l’un de leurs collaborateurs la semaine prochaine, pour la publicité de ce même événement. Je suppose qu’on s’y verra là-bas.

— J’ai vraiment cru que j’y serai seule, merci Stacy.

— On peut connaître la deuxième nouvelle maintenant ? s’impatiente Robert.

La rouge monte aux joues de l’aînée, elle a réfléchi à toutes les manières possibles pour annoncer cette nouvelle mais elle n’a rien trouvé. Le mieux serait de le dire de façon classique.

— Euh, je ne sais pas comment je vais vous l’expliquer. Ce qui est sûr, vous serez tous heureux, vraiment heu…

— Mandy, accouche ! On va pas passer la nuit ici, s’exclame Stacy.

Elle se met à rire suite à l’avertissement de sa sœur.

— On peut savoir pourquoi tu ris ? s'offusque t-elle.

— En fait, je ne peux pas accoucher maintenant. Mais d’ici Février, j’accoucherai de beaux jumeaux. Je suis enceinte de trois mois.

La nouvelle fait un moment avant d’atteindre le cerveau de tous ceux qui sont autour de la table. C’est Richie qui réagit le premier.

— Mon amour, tu vas faire de moi un père une troisième fois.

Ils s’embrassent et elle retient ses larmes.

— Je suis heureuse de devenir grand-mère à nouveau. Tu ne sais pas quel plaisir cette période fait.

— Félicitations à vous deux mes chers enfants. Je suis ravi pour vous, annonce Robert.

Tout le monde félicite l’aînée des Da Silva et c’est au tour de Stacy de s’y coller. Contrairement à la nouvelle du contrat, elle est légèrement abattue. Personne n’a compris qu’Amandine aura des jumeaux, ce qui veut dire qu’elle aura quatre enfants. Et elle, âgée de presque vingt huit ans, célibataire et sans enfants. Une pointe de jalousie naît en elle.

— Félicitations, Mandy. Je suis vraiment heureuse pour toi.

En tant normal, tout le monde aurait remarqué le ton un peu sec qu’elle a utilisé sauf que, l’euphorie emplie la pièce, ils ne remarquent rien si ce n’est le sourire de Stacy. Pour ses proches, elle est heureuse mais la blonde sait que cette nouvelle c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Elle aussi aurait pu vivre une vie pareille, mari, enfants, maison magnifique et tout le tralala. Si seulement les choses n’avaient pas autant dérapé.

— Je comprends maintenant pourquoi tu as pris autant de poids, se moque Harley avec ses cheveux bruns en épis, ses yeux verts rieurs et ses fossettes qui se creusent lorsqu’il esquisse un mouvement.

Tout le monde se met à rire, et la blonde esquisse un faux sourire.

— Je vais vous, laisser. Demain j’ai beaucoup de choses à faire, déclare Stacy après un moment, faisant taire  les conversations sur où acheter les vêtements et accessoires pour les jumeaux.

Elle claque un bisou à chacun d’eux et elle prend sa sœur dans ses bras.

— Félicitations Mandy ! Ne te donne pas la peine de me raccompagner, tu dois te reposer à partir de maintenant.

La joie qu’elle a ressenti en venant dîner avec sa famille a laissé place à une grande amertume. Elle récupère ses affaires et disparaît dans la nuit. Il n'est que 20heures mais le ciel est déjà tout noir. Les trente minutes de trajet filent à toute allure. Dès qu’elle referme la porte de son appartement, elle se rue dans la salle de bain. La chaleur de la journée lui revenant en mémoire. Après sa douche, elle se cale dans son canapé et décide de changer de style. Elle cherche quelque chose qui l’aiderait à passer le temps. Elle tombe sur « Nos Étoiles Contraires ».

Malgré sa concentration, des bribes de souvenirs ne cessent de lui revenir. Récent de deux ans, une tragédie à bouleversé sa vie. Elle filait le parfait amour avec son petit ami, John Kelsey, âgée de 28 ans. La nouvelle de sa grossesse l’avait rendu très heureux et il avait décidé de quitter son boulot plus tôt pour faire une surprise à sa future femme. Stacy avait peut-être vingt-six ans mais elle était déjà prête à fonder une famille. Après sa licence, John était un vrai rayon de soleil venu éclairer sa vie. Et donc leur vie ensemble était remplie de projets. Ce jour là, sur le chemin de leur jolie appartement dans le centre-ville, un camion de déménagement l’avait percuté de plein fouet. Le risque des motos c’est qu’il n’a pas pu éviter le choc. Ce soir là, Stacy avait passé la nuit à l’hôpital. Son compagnon avait une commotion cérébrale maligne, les deux pieds invalides ainsi qu’une obstruction de la vue. À peine une semaine après l’accident, Stacy faisait une fausse couche due au stress imminent qu’avait causé l’accident.

La joie de devenir mère l’avait quitté du coup, la famille entière était affectée par cette situation. Un mois passé dans le coma, John s’était réveillé juste pour dire à la femme de sa vie à quel point il l’aimait et que si jamais il devait s’en aller, elle ne devait pas se morfondre et arrêter de vivre. Et là aussi son rêve de fonder une famille venait de s’évaporer. John était mort d’une crise cardiaque.

Les larmes avaient mouillé son t-shirt gris XXL qui faisait office de pyjama. La tristesse l’avait pris d’assaut dès que la nouvelle était parvenue à son cerveau. Jamais elle n’aurait pensé qu’une aussi bonne nouvelle ruinerait tous les efforts qu’elle avait effectué pour aller de l’avant. Elle s’était donnée corps et âme pour son boulot et aujourd’hui, elle était associé après seulement trois ans. Ce n’est pas un souvenir douloureux qui allait ruiner ses efforts.

Le film défilait devant ses yeux, sa tristesse rejoignait parfaitement celle Hazel, héroïne de Nos Étoiles Contraires, à la mort de son compagnon Augustus.

Toute la nuit, elle l’avait passé à pleurer sur son sort. Le souvenir d’elle, détaillant sensuellement et embrassant à moitié son patron fut la seule joie de cette journée. Avec cette nouvelle, elle ne pouvait pas le lui raconter.

Une nuit remplie de pleurs et de beaux rêves…

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Salut les Friends ! Ça va bien comme vous voulez ?

Super de mon côté, juste un peu nostalgique. C'est dur de se souvenir de beaux moments passés avec tes proches alors que ceux ci l'ont oublié. Ça fait mal de devoir leur réexpliquer les faits! Ma mémoire est rempli de beaux moments.

Bref, j'espère que ce chapitre vous plaira. J'y enfin dévoilé quelque chose d'important dans la vie de Stacy, j'espère que ça vous donnera un aperçu du pourquoi elle est si travailleuse. On peut dire que c'est le pauvre Richie qui a remué le couteau dans la plaie, et que sa femme a fait déborder le vase de tolérance à la douleur de notre blondie.

Donnez-moi vos impressions 😘😘😘

Bonne lecture 🤗 et à Samedi ( j'ai presque fini le chapitre, vous ne serez pas déçu 😉).

Stéphanie 🖤

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