Chapitre 7


Aedan était à cran. Cela faisait quatre jours à présent qu'il partageait le même bureau que ses collègues. Quatre jours que Summer l'obnubilait de plus en plus. Son regard n'avait de cesse de se tourner vers elle, son désir pour elle de grimper en flèche. Et ce n'était pas une nouvelle nuit en compagnie de Stacy qui avait changé quoi que ce soit. Ça l'agaçait tellement qu'il en devenait irritable avec son entourage. A deux reprises, il en avait même fait sursauter Summer. Il ne s'était pas excusé, il s'était simplement détourné.

Cette dernière ne lui avait pas encore donné le manuscrit qu'il devait lire. Lui, il avait terminé le sien. Ça aussi ça l'énervait. Devait-il à chaque fois faire le premier pas ? Était-ce trop difficile pour elle de venir vers lui ? C'était... chiant !

Il jeta un coup d'œil à Matt et Ashley qui étaient plongés dans leur boulot. Son regard glissa à nouveau vers Summer qui était concentré. Et encore une fois, avec ce foutu crayon dans la bouche !

Il se leva. Puisqu'il devait faire le premier pas pour réclamer le manuscrit, soit ! Mais si elle continuait d'agir comme elle le faisait, il n'était pas certain de pouvoir garder son sang-froid éternellement... Il s'approcha du bureau de sa collègue qui ne releva même pas la tête à son approche.

— Tu as fini de lire le manuscrit ? demanda-t-il plus froidement qu'il ne l'aurait voulu.

Summer sursauta, ne s'attendant pas à ce qu'Aedan vienne la voir, encore moins à ce qu'il s'adresse à elle sur ce ton. Lui qui avait semblé si sympathique avec elle jusqu'alors. Cela lui était déjà arrivé d'être sec, mais c'était plutôt rare.

— Je..., commença-t-elle en détournant la tête. Oui, je l'ai fini il n'y a pas longtemps.

— Ce serait bien que tu me le donnes, et à l'avenir, apporte-le-moi dès que tu as fini, ça m'évitera de te courir après.

Summer hocha de la tête sans le regarder, blessée qu'il lui parle avec autant de rudesse. Aedan se mordit l'intérieure de la joue. Il devait se reprendre ! Lui parler de la sorte n'allait pas les aider. Surtout elle, qui était si fermée... Il ne s'était pas contrôlé, et il fallait qu'il se reprenne. Et vite !

— Tiens, lui dit-elle en lui tendant le manuscrit.

— Tu peux lire celui-ci pour demain soir ? demanda-t-il en déposant le manuscrit sur son bureau.

— Pour demain ? fit Summer, les yeux écarquillés.

— Tu devrais lire un peu plus vite, je l'ai fini depuis mardi soir, lui dit-il, toujours avec rudesse.

— Oui... désolée...

— Je ne suis pas libre ce week-end. Peux-tu venir chez moi demain soir ?

— Chez... chez toi... ? bégaya la jeune femme.

— On ne va pas aller dans un bistrot, répondit-il dans un soupir. C'est bien trop brouillant un vendredi soir. Si tu ne veux pas venir chez moi, je viendrais chez toi.

— D'accord..., souffla Summer, mal à l'aise.

— D'accord quoi ? s'exaspéra son collègue.

— Je viendrais chez toi, chuchota Summer en détournant le regard.

— Je t'enverrai mon adresse par mail. Viens pour vingt heures.

Il la laissa ensuite, bien conscient qu'il avait été fort désagréable. La manière dont il lui avait donné l'heure à laquelle elle devait venir chez lui avait sonné plus comme un ordre qu'une demande. Il avait essayé de se maîtriser, mais son irritation avait pris le dessus. Aedan avait besoin de souffler, surtout s'il voulait reprendre le contrôle de ses émotions.

Summer le regarda regagner sa place. Pas une seule fois il ne la regarda et elle battit des cils. Ses yeux lui brûlaient, elle sentait les larmes monter et elle ne voulait pas se mettre à pleurer. Elle avait toujours été très sensible, un rien pouvait la faire pleurer. Elle ne comprenait pas pourquoi son collègue lui avait parlé de la sorte ni ce qu'il pouvait lui reprocher. À part sa lenteur... mais elle avait eu pas mal de boulot cette semaine, d'où le fait qu'elle ait pris un peu de retard sur la lecture.

Elle baissa la tête, ferma les paupières et les pressa de ses doigts. Ce fut à ce moment-là qu'Aedan daigna lui glisser un regard. Son cœur loupa un battement. Jamais il n'aurait cru la mettre dans un tel état. Il le voyait bien, elle se retenait de pleurer. Il se mordit la lèvre, il y était peut-être allé un peu fort. Il n'avait pas réalisé sur le coup, mais de là à pleurer... elle n'était plus une gamine bon sang !

Il se détourna, ne supportant pas cette vision. Il n'aimait pas les femmes qui pleuraient à tout bout de champ, c'était d'un ennui ! Et elle était adulte, elle n'avait vraiment pas à agir de la sorte. Ce n'était pas comme s'il l'avait frappé non plus ! Une chose qu'il ne ferait jamais... Ça lui arrivait de parler durement, surtout quand il était énervé. C'était dans son caractère. Toutefois, si elle était si sensible, il essaierait de faire attention. Même si parfois, il ne pouvait pas se maîtriser...

***

Comme c'était convenu, Aedan avait envoyé son adresse par mail à Summer. Le jeune homme ne s'était plus approché d'elle, c'était à peine s'il l'avait regardé. Il n'était pas du style à la fuir, Summer savait qu'il ne fuyait personne, cela se constatait dans son caractère. Par contre, elle, l'avait évité le plus possible.

La jeune femme était toujours blessée quant à la manière dont il s'était adressé à elle. Elle n'aimait pas qu'on utilise autant de dureté envers elle, pourtant, elle y était habituée. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir mal. Rien qu'en y repensant, sa poitrine se comprimait.

Elle se trouvait devant chez Aedan et n'avait pas encore appuyé sur la sonnette. L'angoisse passait par tous les pores de sa peau. Elle ignorait de quelle humeur il serait, et le fait de se présenter chez lui la stressait. Elle aurait vraiment voulu éviter cela. Elle préférait de loin qu'ils se retrouvent dans un lieu public, et non chez lui. Elle aurait pu lui dire qu'elle préférait qu'il vienne chez elle, mais cela, c'était hors de question. Un homme n'entrait pas chez elle, hormis son frère. Une personne à qui elle donnait sa confiance les yeux fermés.

Summer inspira un bon coup. Elle n'allait pas poireauter éternellement devant la porte de son collègue. De plus, il faisait froid et elle était frigorifiée. Elle appuya sur la sonnette et patienta. Aedan ne la fit pas attendre, à peine deux minutes plus tard, il lui ouvrit la porte.

Leurs regards se plongèrent l'un dans l'autre. Elle baissa les yeux, sentant ses joues chauffer, bien que sa peau fût glaciale. Le jeune homme était vêtu d'un jean et d'un tee-shirt, mais même habillé de la sorte, elle le trouvait à tomber. Quoi qu'Aedan porte, ça le sillait à merveille. C'était la première fois qu'elle le voyait en tee-shirt, et même comme ça, un charme indéniable s'échappait de sa personne. Sous l'effet qu'il lui prodiguait, son cœur pompa à vive allure, et elle serrait de ses doigts la lanière de son sac.

Aedan garda dans un premier temps le silence. Il était toujours irrité d'être autant attiré par sa collègue et ne comprenait toujours pas pourquoi ça s'amplifiait de jour en jour. Son cœur loupa un battement en constatant que les joues de Summer se coloraient. Il la trouvait belle, comme à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle.

Toutefois, il n'en montra rien de l'effet qu'elle lui produisait. Il resta de marbre. Il ouvrit la porte en grand et s'effaça pour la laisser entrer. Après quoi, il referma la porte derrière elle. Elle ne posa pas les yeux sur lui, mais il la vit regarder l'intérieur de son appartement. Il l'invita à le suivre. Ils quittèrent le petit corridor pour déboucher sur le salon.

— Tu peux mettre ton manteau et tes affaires sur le divan.

Summer constata que cette fois, il ne s'adressait pas à elle froidement. Mais sa voix n'était pas douce non plus, seulement neutre. Elle se demanda où était passé le Aedan gentil, prévenant, qui s'adressait à elle avec gentillesse. Est-ce que c'était dans son caractère de passer du chaud au froid ? Elle l'ignorait, et tout ce qu'elle espérait, c'était qu'il ne s'adresse pas à elle avec rudesse. Elle n'aimait pas cela, ça l'intimidait encore plus et la renfrognait. Ça l'amenait automatiquement à son passé. Un passé qu'elle voulait oublier.

Elle fit ce qu'Aedan lui avait dit de faire. Elle retira son écharpe et son manteau qu'elle posa sur le fauteuil. Le jeune homme ne put faire autrement que la regarder faire. Et une fois de plus, il fut saisi par tant de charme et de sensualité. Il en venait même à se demander si elle était consciente de l'effet qu'elle pouvait produire.

Il secoua la tête et pour reprendre contenance, partit vers la cuisine leur chercher à boire. Lorsqu'il revint au salon, Summer s'était installée sur le divan, le postérieur sur le rebord. Il arqua un sourcil, se demandant pourquoi elle ne s'installait pas mieux que cela. Mais en la regardant de plus près, il constata, par son corps droit comme un piquet, qu'elle était tendue. Mais aussi, par ses mains pressées l'une dans l'autre, qu'elle avait froid. Ce qui n'était pas étonnant vu le temps qu'il faisait dehors. Novembre touchait à sa fin et le gel prenait tout doucement place.

Il déposa les sodas sur la table basse et s'installa près d'elle. Toutefois, en gardant un certain écart. Rien que de l'avoir ainsi à côté de lui tendait tous ses muscles. Il n'avait qu'une envie, se rapprocher d'elle, la toucher. Il se mordit l'intérieur de la joue. Ça n'allait vraiment pas le faire d'avoir de telles envies ! Ce n'était que sa collègue bon sang !

— Tu préférerais avoir une boisson chaude ? lui proposa-t-il.

— Euh... non merci... ça ira.

— Tu as pu finir de lire le manuscrit que je t'ai filé hier ? continua-t-il.

— Euh... oui. J'ai pris des notes pour te donner mes impressions dessus.

Summer fouilla dans son sac à la recherche de son calepin. Pendant ce temps, Aedan but une gorgée de son soda tout en glissant un regard à la jeune femme. Il ne pouvait s'empêcher de l'observer, c'était plus fort que lui. Elle l'attirait tel un aimant.

Il était rare qu'un collègue vienne chez lui, ou plus précisément, qu'il invite l'un de ses collègues. Il n'y avait que Terrence par ce qu'il le connaissait depuis de nombreuses années et que c'était son ami le plus proche. C'était une règle qu'il avait instaurée pour séparer boulot et vie privée. Pour Summer, il avait fait une exception, sans trop savoir pourquoi. Et ce n'était certainement pas à cause du fait qu'elle l'attirait. Non... certainement pas..., se disait-il en boucle.

— Je n'ai pas vraiment accroché, lui dit-elle.

— Pourquoi ?

— Les rebondissements sont un peu abracadabrants et le récit fait penser que c'est un adolescent qui a écrit ce manuscrit. C'est trop... simpliste.

— Hum... tout à fait, j'ai eu la même sensation.

Ils continuèrent à discuter sur les manuscrits au moins deux bonnes heures. Et cette fois, aucun des deux ne leur avait vraiment plu. Ils échangèrent argument sur argument et Aedan était ravi que sa collègue ne s'adresse pas à lui en bégayant. Certes, elle avait toujours ce côté timide qui ne la quittait pas, mais lorsqu'ils discutaient boulot, elle avait une certaine assurance qui n'était pas déplaisante. Au contraire.

Il ne s'adressait pas à elle froidement comme la veille, ce qui plaisait à Summer et l'avait détendu au fil des deux heures. Elle ne savait toujours pas pourquoi il s'était comporté ainsi, et ne comptait pas le lui demander. Summer était ainsi, elle ne cherchait pas à savoir au risque de se faire rembarrer.

La sonnerie d'un téléphone les coupa. Aedan poussa un soupir et se saisit de son portable qui était posé sur la table. Il ne fut pas étonné de voir le nom qui s'y affichait et décrocha.

— Ouais ?

— Salut mon pote, je ne te dérange pas ?

— Tu sais bien que je bosse ce soir.

— Je sais, rigola Terrence. Tu n'es pas trop dur avec Summer j'espère ?

— C'est pour ça que tu m'appelles à... passé vingt-deux heures ? demanda Aedan en regardant l'heure sur sa montre.

— Ben ouais ! Pour te rappeler à l'ordre et ne pas la faire bosser trop tard. La pauvre...

— Terrence..., souffla le jeune homme entre ses dents.

— Il faut lever le pied de temps en temps Aedan !

— C'est bon, tu as fini de m'emmerder ?

— Que tu es ronchon ! rigola le jeune homme. Je vais te laisser, mais soit un gentleman et ramène-la !

— Va te faire foutre !

Aedan raccrocha ensuite, sous le fou rire de son ami. Ce dernier était le premier à l'emmerder. C'était tout lui ça ! Il savait qu'il bossait avec Summer et il fallait qu'il l'appelle ! Il poussa un soupir et glissa un regard vers sa collègue. Celle-ci n'osait pas le regarder, même si elle n'avait pu faire autrement que d'écouter la conversation. À part ce qu'Aedan avait répondu, elle ignorait ce que Terrence lui avait dit et ne voulait pas le savoir. Ça ne la regardait pas.

— Il est tard, lui dit-il. Je pense qu'on a fait le tour et qu'il n'y a plus rien à rajouter.

— Oui..., murmura Summer. Je vais rentrer.

— Tu es venu comment ?

— Je... en bus, répondit la jeune femme en rangeant ses notes dans son sac.

— Il n'y a plus de bus à cette heure-ci, rétorqua Aedan en fronçant des sourcils. Tu n'as pas de voiture ?

— Non.

— Je te ramène dans ce cas.

Aedan se leva et Summer releva la tête. Le cœur de cette dernière battait à nouveau la chamade, et rien que parce qu'il lui avait dit qu'il la ramenait. Elle agita la tête négativement et se leva à son tour.

— Ne te dérange pas pour si peu.

— Summer ! tonna Aedan, ce qui fit sursauter la jeune femme. Tu ne vas pas rentrer à pied quand même ! Ne discute pas, je te ramène.

Sous ce ton autoritaire, Summer se mordilla la lèvre, ce qui donna un élan de désir au jeune homme. La voir se mordiller la lèvre ainsi lui donnait bien des envies... Il pesta et partit chercher son veston. Il lui en fallait peu pour qu'il la désire à nouveau. Ça n'allait vraiment pas !

Quand il revint au salon, Summer était prête et l'attendait. Elle n'avait même pas riposté, ce qui ne l'étonnait pas plus que cela. Il n'avait encore jamais été confronté à une femme si docile... Certes, il ne comptait pas la laisser rentrer à pied, encore moins aussi tard le soir. Il lui avait imposé le fait qu'il la ramène, son ton avait été sans appel. Toutefois, il ne put s'empêcher de la traiter de soumise dans sa tête... Une autre femme qu'elle aurait bataillé pour qu'on ne lui donne pas d'ordre. Mais pas Summer, et cela, ça faisait bien longtemps qu'il l'avait constaté...

****************

Coucou mes petits chats! Me voici déjà avec le chapitre suivant. Il vous a plu? On a le retour du Aedan ronchon, mais cette fois, sa froideur est bien expliqué, c'est parce qu'il est irrité d'être autant attiré par Summer.

N'hésitez pas à me laisser vos avis. Je vous kissouille.

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