Chapitre 8 - Killarney

Coucou!!!
Je voulais dédier ce chapitre à ma FrancescaTJ adorée.
Je suis sûre que tu vas comprendre pourquoi en lisant.
Biz
Poledra

***

Le réveil est un peu difficile. Asa a mal à la tête. Elle n'est pas habituée à boire autant. En se rendant dans la cuisine pour le petit déjeuner, elle se dit qu'elle aurait mieux fait de s'abstenir.

-    Salut.
-    Salut John.
-    Bien dormi ?
-    Ouais mais la soirée a été un peu trop arrosée.
-    Tu veux quoi pour le petit déjeuner ?
-    Un café s'il te plait.
-    Je te l'amène. Prends ce qui te fait plaisir.
-    Merci.

Asa attrape un plateau et y dépose un verre de jus d'orange et des viennoiseries. Elle va s'installer dans la salle à manger. Certains de ses compagnons de la veille sont déjà attablés. Elle se pose à côté d'eux.

-    Hello.
-    Toi aussi ?
-    Moi aussi quoi ?
-    T'as mal aux cheveux ?
-    Un peu ouais.

Ils se regardent tous et se marrent. Graciela tend un paracétamol à Asa. Elle la remercie silencieusement.
Seul le bruit de la vaisselle résonne dans la pièce.
Asa apprécie ce calme relatif.
John s'assoit à côté d'elle et lui donne son café.

-    Merci.

Elle boit une gorgée du liquide brûlant et se sent tout de suite un peu mieux. John discute un peu avec les autres en buvant aussi son café. Il leur demande leur programme de la journée maintenant que le soleil est revenu. Asa n'avait même pas fait attention qu'il faisait beau. Pourtant ce genre de détails ne lui échappe pas d'habitude. Elle a vraiment trop bu hier soir.

-    Asa, j'ai une question.
-    Oui ?
-    Quand tu es arrivée hier, j'ai pas tilté tout de suite. Ton nom de famille, il vient d'ici ?
-    Oui. Mon grand-père est né là.
-    Fuck, c'est marrant ça.

Asa n'aurait pas cru que son nom serait reconnu. Elle se demande si John connait des O'Sullivan. Elle n'ose pas lui demander devant les autres. C'est quelque chose qu'elle veut garder pour elle. Elle finit son petit déjeuner et salue tout le monde après leur avoir souhaité une bonne journée.
Son programme est prévu depuis longtemps. Aujourd'hui, elle va faire des recherches. Elle veut en apprendre plus sur son nom, sur ses ancêtres.
Après un rapide passage par la salle de bains et son dortoir, elle prend la direction de la bibliothèque. Elle déambule sans se presser dans les rues.
Elle admire les devantures colorées des magasins. Les fleurs qui pendent dans les jardinières. La brique qui est présente un peu partout.
Quand elle se retrouve dans des rues moins fréquentées, elle se permet de la toucher. Ses doigts glissent sur les murs.
Elle aime la sensation de la pierre sur sa peau. Elle se dit que les gens qu'elle croise doivent penser qu'elle est folle. Elle s'en moque.
Rien ne compte plus que ses sensations.

Quelques minutes plus tard, elle arrive à destination. La bibliothèque est un bâtiment moderne. Elle est un peu déçue. Elle avait imaginé un vieux manoir reconverti en gardien des temps anciens. Il y aurait eu des livres débordants de vieilles étagères. L'odeur aurait été caractéristique. Un mélange de vieux papier et de bois vernis.
Il n'en est rien.
Elle pénètre dans le bâtiment et se rend directement à l'accueil. Elle ne veut pas perdre de temps en recherches inutiles.

-    Bonjour.
-    Bonjour. Que puis-je pour vous ?
-    Ma famille a habité ici par le passé et je voudrais savoir si je peux trouver quelque chose sur elle.
-    Il faut vous rendre aux archives. Ils conservent les actes de naissance et de mariage.
-    Merci. Bonne journée.
-    Merci. A vous aussi.

Asa suit les panneaux qui indiquent le secteur des archives. La pièce est immense. Un homme assis à un petit bureau lève les yeux vers elle. Elle recommence le même cirque qu'à l'accueil. Devant sa requête, l'homme lève un sourcil étonné.
Il n'est pas habitué à ce genre de demande. Tout le monde se connait ici. Pas besoin de faire des recherches. D'autant plus que cette fille ressemble à un paquet de jeunes femmes du coin.
Il ne comprend pas. Alors, il veut savoir. Il a toujours été curieux de nature.

-    Mais vous n'êtes pas d'ici ?
-    Non. Mes grands-parents sont partis quand ma mère devait avoir cinq ou six ans.
-    Ah...

Il cherche dans son ordinateur et lui indique les rangées où elle pourra trouver des informations.
Les bras chargés, Asa s'assoit à l'une des petites tables qui occupent la pièce.
Elle se plonge dans sa recherche.
Après une bonne heure, elle tombe enfin sur quelque chose d'intéressant.
Un article qui semble parler de son grand-père. A moins qu'il y ait d'autres Adam O'Sullivan à Killarney marié et papa d'une petite fille qui soit parti travailler à l'étranger.
Elle regarde, attendrie, la photo qui accompagne l'article. Ils étaient beaux. Ils souriaient à l'objectif et sa mère tenait une poupée en chiffon à la main.
Elle se lève et demande à l'homme de l'accueil si elle peut photocopier l'article. Il acquiesce et tend le bras pour lui montrer le copieur.
Elle range la feuille dans une pochette en carton recouverte de dessins.
Elle remonte dans le temps et trouve l'acte de naissance de sa mère et celui de mariage de ses grands-parents.
Le mariage fait également l'objet d'un article. Sa grand-mère était belle dans sa robe de mariée en dentelle.
Elle en fait une copie et recommence son manège. La naissance de son grand-père. Et enfin, ce qu'elle voulait trouver plus que tout.
Son arbre généalogique.
Encore une fois, la photocopieuse fait son travail. Asa se rassoit. Elle détaille les noms, fait des recherches sur internet.
Les résultats s'affichent. Ils sont nombreux. Elle décide de continuer ses investigations à l'auberge. Elle en a marre d'être enfermée ici.

Elle quitte la bibliothèque après avoir remercié l'homme derrière son bureau et la dame de l'accueil.
Le soleil est radieux et haut dans le ciel quand elle sort. Il l'éblouit. Elle plisse les yeux.
Son ventre crie famine. Elle regarder l'heure et s'aperçoit qu'il est presque quinze heures.
Comment le temps a-t-il pu filé à ce point ?
Elle s'arrête dans la première sandwicherie qu'elle croise, passe sa commande, paie et s'en va. Un autre jour, elle aurait parlé avec la serveuse, lui aurait dit que ses tatouages lui allaient bien, elle aurait cherché à en savoir plus sur elle juste comme ça. Parce qu'elle aime les gens.
Mais aujourd'hui, elle est obnubilée par tout ce qu'elle vient de trouver. Alors elle fait comme tout le monde. Comme tous ces gens pressés qui ne prennent plus le temps de rien. Comme tous ces gens préoccupés seulement par eux-mêmes et qui ne remarquent plus les autres autour d'eux.
Cela ne durera qu'un temps. Elle n'est pas comme ça, Asa.
Elle mange en marchant et finalement s'arrête et s'assoit sur un banc à côté d'un vieux monsieur. Elle le salue, lui sourit. Passé le premier instant de surprise, le vieil homme engage la conversation. Ils parlent du temps, de l'ancien temps.
Une fois de plus, Asa se dit qu'elle aurait dû vivre à une autre époque. Une où l'on était moins superficiel et plus ouvert aux autres. Elle aurait été à sa place. Mais c'est comme ça.
Au bout d'un moment, l'homme se lève difficilement. Asa se précipite pour l'aider.

-    Merci jeune fille.

Il sourit et part sans se retourner. Elle reste encore un peu là, à faire glisser ses doigts sur le bois vieilli par le temps. Toujours le temps. Puis se lève à son tour et retourne à l'auberge.
Une fille qu'Asa n'a encore jamais vu est à l'accueil.

-    Salut.
-    Salut.
-    J'ai vu sur le site qu'il y avait un jardin, je peux y aller ?
-    Oui, bien sûr. C'est la porte tout au fond pour y accéder.
-    Merci.

Asa s'y rend directement.
A peine la porte franchie, elle tombe amoureuse de cet endroit. Il y a d'abord cette pelouse parfaitement tondue, la terrasse et ses tables et chaises colorées.
Elle avance et hésite à s'asseoir dans l'herbe quand elle aperçoit le potager tout au fond. Il y a des choux, des blettes, des salades et un poulailler à côté.
Elle s'accroupit devant les gallinacés. Elle les regarde picorer les quelques graines disséminées par terre. Elle leur jette de minuscules cailloux et rit de les voir avoir peur puis ne pas résister à l'envie de voir si ce n'est pas de la nourriture.
Elle se lasse au bout d'un moment et passe à côté de la serre à laquelle elle n'avait pas prêté attention.
Elle jette un coup d'œil à l'intérieur. Des pieds de tomates poussent, bien à l'abri des intempéries. Mais le plus intéressant se trouve à l'entrée.
Asa jubile quand elle voit les hamacs. Il n'y a personne alors elle en choisit un, s'installe et sort sa pochette. Elle relit chaque photocopie en détail plusieurs fois. Pour bien s'imprégner de son histoire.
Plongée dans sa lecture, elle n'entend pas John arriver et sursaute quand il lui adresse la parole.

-    Je voulais pas te faire peur, désolé.
-    C'est pas grave.
-    Alors, ces recherches ?
-    Elles ont été fructueuses.
-    C'est vrai ?
-    Oui.

John a envie d'en savoir plus mais il n'ose pas lui poser d'autres questions. Ce n'est qu'une cliente parmi tant d'autres. Une cliente particulièrement jolie.

-    J'ai trouvé mon arbre généalogique.

Asa pique la curiosité du jeune homme. Il met de côté ses réticences.

-    Je peux voir. Si ça se trouve, je connais certaines personnes.
-    Tu es d'ici ?
-    Ouais.
-    Tiens.

Il prend les feuilles qu'Asa lui tend et s'assoit dans le hamac à côté d'elle. Ses yeux parcourent les noms, les dates de naissance, les mariages. Tout à coup, il lève les yeux et regarde la belle rousse à côté de lui.

-    Asa ?
-    Oui.
-    On est cousins.

Asa le dévisage. Elle essaie de parler mais sa gorge est nouée. Elle qui n'a jamais connu sa famille en dehors de ses parents, qui est toujours restée à l'étranger, qui est fille unique, vient de trouver l'un des siens.

-    Cousins éloignés mais cousins quand même. Putain ! J'y crois pas.

John se lève et s'accroupit à côté d'elle.

-    Tu vois là ?

Il pointe deux noms. Andrew Byrne, Elisabeth O'Sullivan.

-    Ce sont mes grands-parents.

John relève ses yeux vers Asa. Elle a l'air ailleurs. Il aimerait qu'elle parle, qu'elle lui saute au cou ou n'importe quoi d'autre. Mais elle reste figée.
Il ne sait pas quoi faire. Il l'appelle par son prénom mais elle ne réagit pas. Alors, sans même y penser, il lui prend la main.
Ce contact rappelle Asa à la réalité. Un sourire, ce sourire qui n'appartient qu'à elle, se dessine sur son visage.

-    Faut qu'on fête ça.

Son sourire s'agrandit aux paroles de John.

-    Ouais. Excuse-moi mais c'est tellement énorme. Tellement inattendu.
-    Pour moi aussi.

Il se relève et lui tend la main.

-    Punaise, je vais avoir plein de gens à te présenter.
-    Comment ça ?
-    Ben, je suis pas tout seul Asa. On vit ici depuis tout le temps. T'as une famille, une grande famille.

C'est un peu trop pour la jeune femme. Elle a besoin de quelques minutes. Pour assimiler et se remettre.

-    Tu me donnes un moment ?
-    Evidemment.

John s'éloigne. Quand il disparait à l'intérieur de l'auberge, Asa saisit son téléphone. Ce qu'elle va faire est complètement fou. Mais elle en a envie. Elle a besoin qu'il sache. Avant même l'image de ses parents, c'est la sienne qui est apparue.

« Je les ai trouvés, Marec. Je les ai trouvés. Tu n'en as certainement rien à faire. Je ne sais même pas pourquoi je t'écris. Tant pis si tu me prends pour une folle. Je voulais te le dire. Je les ai trouvés. J'espère que tu vas bien. Asa »

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