Chapitre 2


Trois jours...déjà trois jours qu'elle était partie et je n'avais pas réussi à quitter mon appartement. J'avais l'impression de vivre en enfer. La douleur était tellement vive au fond de moi. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Ma coéquipière, ma meilleure amie, mon pilier, ma raison de vivre m'avait abandonné sans même me dire au revoir.

Quand je m'étais réveillé ce matin-là et que je ne l'avais pas vu près de moi, je ne pensais pas que je ne la trouverai pas. Je ne pensais pas qu'après la nuit que nous avions passée tous les deux qu'elle serait partie avec juste une lettre pour m'expliquer les raisons de son départ.

Quelqu'un frappa à la porte. Mais comme toutes les fois depuis trois jours, je ne voulais voir personne. Je n'en avais vraiment pas envie.

- Jay, c'est moi. Je sais que t'es là. Ouvre-moi s'il te plaît. M'implora mon frère depuis le palier.

- Rentre chez toi Will.

- Je ne bougerai pas de là tant que tu ne m'auras pas ouvert Jay.

Ce fut alors à contre cœur que je me dirigeais vers ma porte. Je connaissais mon frère et je savais à quel point il pouvait être têtu. J'ouvrai la porte sans un mot et retournai m'asseoir sur mon canapé.

- Waouh ! Y a eu une tornade ici ou quoi ?

Je le fusillai du regard et il comprit que je n'étais pas d'humeur à plaisanter. Il referma la porte derrière lui et vint prendre place dans le fauteuil à côté de moi.

- Jay...

Je n'avais absolument pas envie de lui parler. Je ne savais même pas pourquoi je lui avais ouvert la porte d'ailleurs. Peut-être que j'espérais qu'après ça il me laisserait tranquille.

- Jay, tu ne peux pas t'enfermer comme ça. Ça fait trois jours que tu sors plus. Tu vas même plus au boulot.

- J'en ai rien à foutre de ce boulot Will.

Ma voix était remplie d'amertume et ça n'échappa pas à mon frère.

- Tu sais que ce n'est pas vrai Jay. Je te connais depuis toujours et depuis tout petit tu voulais être flic. Me dit-il avec douceur

- Mais ça c'était avant. Aujourd'hui c'est plus le cas. J'ai tout perdu à cause de ce maudit boulot.

- T'as pas tout perdu Jay, t'as pas le droit de dire ça. Tu as des amis qui tiennent à toi là-bas.

- Des amis ? Tu parles...j'en ai pas vu un seul depuis...depuis...

- Qu'elle est partie ?

- Je t'interdis de parler d'elle ! répondis-je avec fureur.

Il me regarda d'un air désolé mais je savais très bien qu'il n'allait pas s'arrêter là.

- Je sais que tu souffres Jay mais t'as pas le droit de dire que personne n'a cherché à te joindre ! Ils m'appellent tous les jours pour savoir si j'ai des nouvelles. Je suis sûr qu'ils ont aussi essayé de t'appeler !

J'attrapai mon téléphone qui se trouvait sur la table basse.

- T'as l'impression qu'on cherche à me joindre là peut-être ?

- Ça fait des jours que je tombe sur ton répondeur mec. T'as pensé à charger ton téléphone au moins ?

Charger mon téléphone ? Franchement non je n'y avais pas pensé. De toute façon je savais très bien que la seule personne que je voulais, ne m'appellerait pas. Will attrapa mon téléphone de mes mains et le brancha avant de l'allumer. Des centaines de notifications retentissaient dans le salon.

- Tu vois Jay, t'es pas tout seul. Me dit-il en mon montrant l'écran de mon portable.

Adam, Will, Kevin, Al...même Voight sont les noms qui s'affichaient. Mais le sien à elle n'y était pas. Je me levais pour me rendre dans la cuisine, ouvrai la porte de mon frigo pour attraper une bière et retourna m'asseoir.

- Il n'est pas un peu tôt pour ça Jay ?

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

- Jay...il faut que tu me parles. Tu ne peux pas rester comme ça. Qu'est ce qui s'est passé ?

Flashback

Je m'asseyais sur le canapé d'Erin, mes mains étaient tremblantes quand j'attrapais la lettre posée devant moi. Je l'ouvrais délicatement et commençais à lire.

Mon amour,

Je ne sais pas quand tu liras cette lettre mais ça voudra dire que je suis partie...et je suis désolée de te faire vivre ça.

Je ne sais pas ce que t'as dit Hank au sujet de mon départ mais il le faut, j'ai pas le choix. Le comité m'a interdit de reprendre mon boulot aux renseignements. Il voulait me mettre dans un bureau Jay, un bureau ! Tu m'imagines derrière un bureau ? ! Alors quand Hank m'a dit que le FBI voulait que je les rejoigne, ça m'a fait réfléchir. Je me suis dit que c'était le moyen de tout recommencer à zéro. D'oublier les démons qui me pourchassent ici à Chicago...

Et puis j'ai pensé à nous...enfin il n'y avait plus vraiment de nous dernièrement. Mais tu sais que je t'aime Jay, je t'ai toujours aimé. Avant qu'on soit ensemble, pendant qu'on était ensemble et encore aujourd'hui. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée à Chicago.

Et ça m'a vraiment fait hésiter sur ma décision, car je sais que si je pars, je vais te faire souffrir. Et je m'en veux terriblement pour ça. Mais je ne peux pas continuer ici.

J'ai beaucoup trop de mauvais souvenirs qui me hantent tous les jours. Ça fait des semaines que je ne dors plus. Et je sais que je suis à deux doigts de faire une bêtise si je continue ici.

Tu sais comment je suis Jay. Tu sais à quel point je peux me détruire. Et je ne veux pas revivre ça. Je n'en aurai pas la force.

Alors oui je pars. Je pars sans te dire au revoir car c'est trop difficile de te quitter. Je sais que tu aurais fini par me faire changer d'avis mais je ne peux pas me le permettre.

N'en veux pas à Hank, s'il te plait. Je sais que ça sera difficile mais pour lui aussi ça n'est pas facile à vivre, même s'il ne laisse rien paraître.

Et surtout, ne t'en veux pas à toi-même, mon amour, tu as fait tout ce que tu pouvais faire au vu de la situation. J'ai passé une nuit fabuleuse dans tes bras et je n'aurai pas pu rêver mieux.

Pardonne-moi. Je t'aime.

Erin

Je parcourus la lettre plusieurs fois. Jusqu'au point où mes yeux me firent mal de lire et que ma vue se brouille. J'attrapai machinalement l'écrin de la bague de maman et ouvrai la boite pour y découvrir le vide. La boite était vide et je ne comprenais pas pourquoi.

Fin du flashback

Pour seule réponse, j'hochai les épaules. Car en fait, je ne savais pas ce qui se passait.

- Je...je...

Mes mots n'arrivaient pas à franchir mes lèvres. Mon réflexe fut de plonger ma tête dans le creux de mes mains.

- Prend ton temps Jay. M'encourageait-il.

- Je l'ai vu. Le soir...le soir où Hank nous a dit qu'elle...qu'elle partait. Je l'ai retrouvé chez elle, elle était en train de faire ses cartons.

Les images de cette soirée se bousculaient dans ma tête et Will dû comprendre que c'était difficile car il déposa sa main sur ma jambe pour me donner du courage à raconter la suite.

- J'ai voulu qu'elle me dise que ce n'était pas vrai. Que Voight nous avait raconté des conneries. Mais je n'ai pas pu lui dire tout ce que j'avais sur le cœur.

Instinctivement mon regard se posa sur l'écrin qui trônait au milieu de ma table basse.

- Erin ne voulait pas parler. Alors on a fait l'amour longuement...avec amour, urgence, pardon...

Je ne cachais rien à Will, alors lui parler de ces moments intimes ne me gênait pas. Bien sûr je n'allais pas entrer dans les détails. Mais bizarrement je ressentais le besoin de ne rien omettre.

- C'était tellement incroyable. Tu ne peux même pas t'imaginer. Le vide que j'avais en moi, depuis qu'on s'était séparé, avait enfin disparu. Et j'ai fini par m'endormir... mais à mon réveil elle n'était plus là.

Et là sans crier gare, des larmes coulaient sur mon visage. C'était la première fois que je pleurais depuis qu'elle n'était plus là. Will me rejoint sur le canapé et me prit dans ses bras.

- Ça va aller Jay, ça va aller. Essaya-t-il de me rassurer.

Je me laissai aller sans aucune retenue dans les bras de mon frère. Plusieurs minutes s'écoulèrent sans qu'aucun de nous ne parle. Mais je finis par briser ce silence.

- Elle a pris la bague de maman.

- Quoi ?

- J'ai trouvé une lettre et la boite sur sa table.

Ne voulant toujours rien lui cacher, j'attrapai la lettre et la tendis à Will. Je le voyais prendre le temps de lire chaque mot et à la fin il tourna sa tête vers moi.

- Je ne comprends pas Jay...si elle est partie, pourquoi elle a pris la bague de maman ? dit-il abasourdi.

- Je ne sais pas Will. Je suis complétement perdu.

- Mais tu as essayé de la joindre ?

- Son numéro n'est plus attribué. Dis-je avec tristesse

****

Will resta encore quelques temps avec moi avant de devoir partir travailler. Il avait fini par me convaincre de contacter l'unité pour leur donner signe de vie et les rassurer un minimum. Après avoir envoyé quelques messages à l'équipe, je terminais par ces quelques mots.

« Bonjour patron, je démissionne. Jay »

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