Flashback.
Bonjour à tous !
Aujourd'hui, c'est un chapitre un peu particulier que je publie puisqu'il s'agir d'un petit retour dans le passé, il y a quatre ans. Le moment où Elya a chamboulé la vie de Nathan ;)
Il n'est pas du tout essentiel à l'histoire mais je voulais tout de même le partager avec vous :) Deux personnes m'ont suggéré d'ajouter quelques éléments du passé de notre jeune papa, alors j'ai voulu essayer ! J'en ferai certainement d'autres comme celui-ci, s'il vous a plu.
Bonne lecture ! ;)
***
Nathan
Quatre ans plus tôt
- Maman ! hurlé-je plus fort que le bruit assourdissant autour de moi.
Elle sort de la cuisine pour me rejoindre dans le salon et me demande ce qu'il m'arrive.
- Tu me demandes vraiment où est le problème ? Elle pleure depuis un quart d'heure ! m'écrié-je tant énervé que fatigué. Je lui ai donné à manger, j'ai mis dix minutes pour réussir à la changer et elle pleure toujours. Je n'en peux plus Maman. Dis moi ce qu'elle a, s'il te plaît.
Ma mère ricane gentiment de mon air abattu et dépité et s'installe près de moi, sur le canapé où je tiens un minuscule petit bébé dans les bras. Minuscule mais très bruyant ! Comment un être aussi miniature peut pousser des hurlements aussi stridents ? C'est insensé. Une semaine qu'elle est à la maison et donc une semaine que je ne dors plus, et je suis à bout. Vraiment. Cette petite va m'achever.
- Tu ne la portes pas bien, m'apprend ma mère.
Elle m'aide à installer correctement le bébé dans mes bras mais ce n'est pas pour autant qu'elle cesse de pleurer.
- Berce la, parle lui et ne t'énerve pas, mon chéri. Elle ressent tout ça.
- Oui mais elle n'arrête pas de pleurer, Maman et j'en ai marre. Qu'est-ce que je fais de mal ?
- Rien du tout, Nathan. Tu ne fais absolument rien de mal. Tu apprends, tu as besoin de temps et elle aussi. Vous devez tous les deux vous adapter. Ça peut être long, mais tu finiras pas y arriver, j'en suis persuadée.
Je soupire longuement et berce nerveusement et maladroitement le bébé. Le bébé qui est ma fille. C'est ma fille. Je suis Papa depuis bientôt deux semaines, mais je ne le sais réellement que depuis hier.
Manon m'a rendu visite la semaine dernière et je n'ai pas perdu de temps pour faire un test de paternité sur cette adorable fillette qui a pourtant les yeux de la même couleur que les miens. D'un bleu clair totalement identiques et semblables aux miens. C'est ce qui m'a frappé en premier quand elle s'est réveillée et j'en ai été très surpris.
Lorsque j'ai compris que cette enfant n'avait pas de nom, je me suis empressé de lui en trouver un, une fois ma paternité confirmée. J'ai eu beaucoup de mal. Il est vrai que quelques jours pour obtenir quelques choses que les couples mettent des mois à trouver est plutôt compliqué. Mais j'ai décidé que le prénom d'Elya était bien. Je ne souhaitais pas quelque chose de commun mais pas non plus un nom farfelu.
Elya est parfait pour cette enfant. Pour ma fille. J'ignore d'où il me vient mais je l'aime bien.
Je commence peu à peu à prendre conscience que je n'ai que quatorze ans et que je suis papa. Je ne sais absolument pas comment fonctionne un bébé, mais en une semaine, j'ai appris énormément de choses.
Préparer un biberon, c'est super simple. Mais le faire cinq ou six fois par jour c'est chiant.
L'entendre pleurer est agaçant. Et quand ce ne sont pas ses pleurs qui me réveillent, ce sont mes interrogations. Vais-je tout faire foirer ? Vais-je devenir un bon père ? Vais-je réussir à rendre mes parents fiers de moi ?
Le pire de tout reste la couche à changer. La première fois, j'en ai vomi mes tripes et c'est ma mère qui a terminé. J'ai mis des heures à m'en remettre. La seconde fois aussi d'ailleurs. Les suivantes, je me suis contenté de quelques haut-le-cœur incessants. J'espère que je parviendrai bientôt à faire cette tâche quotidienne sans broncher !
Après de longues minutes à la bercer, Elya a fini par s'endormir dans mes bras. Enfin ! Mais je fais comment moi, pour la poser dans son lit sans qu'elle ne se remette à pleurer ? J'ai les bras en compote et la tête qui va exploser.
Ma mère, ayant pitié de moi, prend en charge la suite et emmène le bébé dans ma chambre. Nous n'avons pas encore eu le temps d'aménager une pièce rien que pour elle étant donné que nous ne savions pas réellement si elle allait rester parmi nous. Tant que nous n'avions pas les résultats du test de paternité, nous n'étions sûrs de rien. Je n'allais pas garder une enfant qui n'était pas à moi. Mais maintenant que je sais qu'elle est mienne, elle reste. Et je partage volontier ma chambre.
- Salut, annonce mon frère en entrant dans la maison.
- Ne fais pas trop de bruit, elle vient de s'endormir, soupiré-je en rejetant ma tête en arrière et fermant les yeux.
Max s'installe près de moi et ricane.
- C'est du vomi sur ton tee-shirt ?
- Probablement, réponds-je sans prendre la peine de regarder.
Elya a régurgité son biberon tout à l'heure, alors j'en ai certainement reçu sur moi. Je n'en ai que faire ces derniers jours. Je suis dégueulasse à longueur de journée, je pue soit le vomi, soit le pipi - oui, il y a eu un léger accident au moment de changer une couche - soit... Eh bien, tout et n'importe quoi. J'ai des cernes immenses et je n'en peux plus. Je ne sais même plus à quand remonte ma dernière douche !
Et ça ne fait qu'une semaine ? Putain... Quand je vois tout ce que je suis censé faire et ce que je suis incapable de faire correctement, je me questionne beaucoup. Mes peurs et mes doutes sont omniprésents dans ma tête et j'ignore si je serai capable de bien faire.
- Le jeune papa n'a pas l'air très en forme, constate-t-il amusé.
- Il se trouve qu'il n'en peut plus.
- Mais tu t'en sors pas trop mal, ne t'inquiète pas.
Je m'esclaffe, ne le croyant que moyennement, mais le remercie tout de même. Ça fait toujours du bien de se sentir soutenu par quelques personnes au moins.
- Je pense qu'on va commencer à avoir quelques problèmes d'argent, très bientôt, annoncé-je. Avec les vêtements, les couches, le lait et tout le reste, ça va être compliqué.
- Maman a dit qu'elle s'en occupait.
- Elle le dit pour ne pas m'inquiéter davantage mais je sais qu'elle va bientôt être à cours. Elle ne peut pas tout prendre en charge. Et je ne peux pas travailler. Tu crois que je peux en tirer combien de tout mes jeux vidéos ?
Max écarquille les yeux, sous le choc.
- Tu vas tout vendre ?
- Oui. Elle a besoin d'un vrai lit, de peluches, de jouets et d'autres conneries du même genre. Et elle va grandir ! Plus elle grandira, plus elle aura besoin d'affaires. Je ne peux pas laisser maman tout prendre en charge. Elle n'y arrivera pas. Surtout si papa n'en a rien à foutre.
Mon père a pété un plomb en voyant un bébé à la maison la semaine dernière, et c'était encore pire hier lorsque la confirmation de ma paternité a été annoncée. Il a dit qu'il ne débourserait pas un seul centime « pour de telles conneries de gamin immature ». J'ai été surpris, non seulement par ses mots violents, mais aussi parce que j'ai éprouvé une immense colère en l'entendant qualifier ma fille de « conneries ».
C'est moi qui ait fait une connerie, ma fille n'y est pour rien. Elya n'a rien demandé. Elle est simplement venue au monde, elle n'est responsable de rien.
Quand ma mère lui a annoncé que nous allions transformer le bureau de mon père en chambre pour bébé, ce matin, il a menacé de mettre les voiles si ce n'était pas ma fille qui dégageait. Ça m'a déchiré le cœur. Lui qui a toujours été un père aimant et protecteur avec mon frère et moi, il rejette ma fille comme une malpropre ? Je suis d'accord que c'est difficile à encaisser. Moi, le premier j'ai eu du mal. Mais depuis les résultats du test, je suis boosté plus que jamais et je compte bien assumer mes responsabilités.
J'ai décidé de suivre mon frère à cette soirée du nouvel an. J'ai accepté de rejoindre une fille à l'étage. J'ai voulu coucher avec elle. Nous nous sommes protégés ce soir là, mais on oublie souvent que, quelque soit la protection ou le contraceptif utilisé, ce n'est pas fiable à cent pourcent. Moi, je l'ai compris.
Et j'assume.
Contrairement à Manon, j'assume.
J'essaie de la joindre depuis quelques jours. Mon frère a contacté ses amis pour avoir son numéro de téléphone, mais elle ne décroche pas. Depuis deux jours, son numéro n'est même plus attribué. Elle a abandonné sa fille. Notre fille.
Mon bébé.
Alors je prendrai soin d'elle puisque sa mère n'en est pas capable. Heureusement, ma mère m'a assuré qu'elle me soutiendrait et qu'elle resterait à mes côtes pour m'apprendre et me faire avancer dans le droit chemin. Max aussi. Mais pas mon père. Il a annoncé ce matin qu'il déménagerait si Elya restait.
Ma mère lui a souhaité une bonne continuation.
Je m'en veux terriblement d'être responsable de leur rupture mais elle affirme ne pas vouloir vivre plus longtemps avec un homme aussi égoïste.
Il n'a jamais été égoïste par le passé. J'ignore pourquoi il le devient soudainement avec l'arrivée de ma fille.
Toujours est-il que je compte bien devenir un bon père malgré mon jeune âge.
- Je connais un mec qui revend pas mal de choses. Je pourrai lui en parler si tu veux, m'apprend mon frère.
- Merci c'est gentil.
- Tu n'es pas obligé, Nathan, intervient ma mère. On s'en sortira sans que tu n'aies à vendre tes affaires.
- Je veux participer. Je veux t'aider. Et c'est le seul moyen. Je ne peux pas travailler alors c'est la moindre des choses.
- Je gagne assez d'argent pour le moment et...
- Tu viens de prendre des jours de congés pour m'apprendre à m'occuper d'elle, la coupé-je. Tu dois retourner travailler et on ne pourra pas prendre une baby-sitter alors je vais arrêter le lycée et...
- C'est hors de question ! s'exclame-t-elle indignée. On se débrouillera mais tu n'arrêtes pas ta scolarité.
- Je n'ai pas le choix ! Ça coûte cher de faire garder un bébé qui vient de naître. J'ai seulement besoin d'encore un petit peu de temps pour apprendre comment elle fonctionne mais je m'en sortirai. Je n'ai pas le choix, Maman. Si tu arrêtes de travailler, ce sera pire. Alors que si c'est moi qui arrête le lycée, il y aura moins de répercussions.
Elle soupire longuement et se frotte le visage. Elle aussi est exténuée.
- Je suis heureuse que tu assumes tes responsabilités, Nathan et je suis très fière de toi, mais ta scolarité est importante.
- Mais je suis papa, maintenant. Et c'est plus important, je pense.
C'est étrange de prononcer ces mots à voix haute alors que la semaine dernière, je galérais avec mes devoirs de maths. À quoi il me sert le théorème de Pythagore pour changer la couche sale de ma fille ?
- Je suis fière de toi, mon chéri mais...
- Juste un an, Maman. Juste le temps qu'elle grandisse un peu, s'il te plaît. On aura le temps de comprendre comment gérer l'argent, et de faire toutes les démarches administratives pour obtenir des aides sociales ou un truc du genre. J'ai fait des recherches sur internet et les parents y ont droit. Alors pourquoi pas moi ? Ça nous reviendra moins cher si je reste à la maison.
Je sens qu'elle hésite. Elle jette un coup d'œil à mon frère derrière moi qui se contente de hausser les épaules, puis elle prend une longue inspiration.
- Je vais y réfléchir, dit-elle simplement.
- Merci, Maman ! m'exclamé-je. En attendant, je vais voir ce que je peux vendre parmi mes affaires.
- Nathan...
- Laisse le, Maman, l'interrompt Max lorsque je me redresse. Ça lui tient à cœur.
Je m'éloigne d'eux pour m'approcher de la télévision et débranche ma Playstation, sans hésiter. Elle n'est pas vieille, je l'ai eue pour mon anniversaire il y a quelques mois. Je pourrai certainement en tirer un bon prix. Je la mets dans un carton et y ajoute tous les jeux qui vont avec, ainsi que les manettes. Dans ma chambre, je sais que j'ai de nombreux CD et DVD. Ça ne vaut pas grand chose, mais c'est toujours ça. J'ajouterai aussi ma télévision ainsi que ma chaîne Hi-Fi.
Lorsque je termine de fermer les carton, j'entends des pleurs provenant de l'étage.
- Non... gémis-je en me laissant tomber au sol, dos au meuble de télé. Elle vient de s'endormir, pourquoi elle pleure encore ?
Ma réaction amuse mon frère et ma mère.
- Tu sais, elle n'a peut-être que deux semaines, mais elle a subit beaucoup de changement d'un seul coup elle aussi. Ça peut jouer sur son humeur. Il faut être patient le temps qu'elle comprenne ce qui lui arrive.
Je grimpe à l'étage en trainant des pieds et entre dans ma chambre où Elya s'égosille à plein poumons. Je m'accroupi pour la porter, comme maman me l'a appris - avec amour et précaution - et la soulève dans mes bras. Elle cesse immédiatement de pleurer alors je m'allonge dans mon lit, l'installant près de moi. Je me couche sur le côté et passe un bras en travers de son petit corps pour qu'elle ne tombe pas. Je sais qu'à son âge, elle ne peut pas encore se retourner mais je préfère être prévenant.
- Tu voulais seulement de la compagnie, on dirait, murmuré-je en caressant son front.
Elle est tellement mignonne. Je n'arrive pas à admettre qu'elle est réellement ma fille. Des joues toutes rondes, de grands yeux bleus déjà bien expressifs et éveillés et une fine chevelure brune. Maman dit que je lui ressemblais beaucoup quand j'étais bébé. J'ai vu des photos et c'est peut-être vrai. Un petit peu.
- J'ai l'impression que tu vas m'en faire voir de toutes les couleurs, pas vrai ?
Ses paupières se ferment doucement et elle finit par se rendormir. Oh oui, elle va me faire tourner en bourrique !
- Dans quelques jours, tu auras un vrai lit, continué-je plus pour moi que pour elle. Pas ce petit berceau d'appoint où tu dors mal. Je suis sûr que c'est pour cette raison que tu pleures. Donc quand tu auras un vrai lit de bébé, tu n'auras plus le droit de te réveiller avant le matin, c'est d'accord ?
Je n'ai pas obtenu de réponse, bien entendu, mais j'ai pu constater, deux semaines plus tard lorsque j'ai acheté ce lit, que j'avais raison. Avec mes affaires que j'ai réussi à vendre, j'ai pu récupérer cinq cents trente-deux euros. Je lui ai donc acheté un lit de bébé, un vrai, avec des barreaux et même ce truc qui tourne et qui fait de la musique suspendu au dessus du lit. Et elle fait ses nuits depuis ce jour là ! Je lui donne son dernier biberon à vingt-trois heure et elle ne se réveille pas avant six heures du matin ! Je suis au paradis.
Ma mère a finalement accepté que j'arrête les cours pendant un an, elle a repris le travail et j'ai l'impression d'être devenu pro pour m'occuper de ma fille. Je sais tout faire maintenant, et même parfois, je parviens à faire deux choses en même temps.
Pour ce qui est de mon père, il a déménagé ses affaires petit à petit, comme promis.
Et mes amis du collège ? Eh bien... Je n'en ai plus. Ils ne savent pas que je suis père et je ne compte pas leur dire. Ils ne se donnent même pas la peine de prendre de mes nouvelles, c'est donc qu'ils n'étaient pas de vrais amis.
Tout ce qui compte pour moi aujourd'hui, c'est de devenir un bon père pour ma fille. J'y arriverai, je n'ai pas droit à l'erreur.
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