Chapitre 7.

Nathan

J'adore cet endroit et je l'ai toujours adoré. C'est magnifique et chaque fois, Elya dit que c'est trop magique et que c'est trop bien d'être dans l'eau mais pas mouillé.

Quand je réfléchissais à ce que je pourrais faire avec Gaëlle, j'ai repensé à sa peur de l'eau et l'idée m'est apparue immédiatement. Peut-être que grâce à aujourd'hui, ça s'améliorera un tout petit peu. Je l'espère en tout cas. Et j'espère aussi qu'elle ne paniquera pas.

- Waouh ! C'est immense ! s'exclame-t-elle face au premier aquarium.

Le premier et pas le plus grand. Il ne mesure qu'un mètre de haut mais ça me fait rire de la voir s'extasier pour si peu. Elle est toujours très expressive et je suis persuadé qu'elle ne fait pas semblant. Elle est réellement impressionnée

- Tu aimes ? lui demandé-je tout en connaissant la réponse.

- Oui c'est trop beau. Je déteste les poissons d'habitude mais ceux-là sont magnifiques et ne nagent pas autour de moi. Alors eux, je les aime bien. Il y en a d'autres ? me questionne-t-elle les yeux brillants de joie.

- Plein d'autres, et même des plus grands.

- Cool ! On va les voir ?

Je hoche la tête et elle s'empare de ma main pour me trainer derrière elle. C'est ainsi durant toute la visite et je ne m'en plains pas du tout. Elle me pose des centaines de questions pour savoir le nom des poissons, pourquoi celui-ci est jaune, pourquoi l'autre ressemble à un requin alors qu'il est miniature. Tous les détails sont sur des fiches descriptives alors je me retrouve à les lui lire pratiquement toutes.

Il n'y a qu'une seule fois où elle se met à paniquer. C'est lorsque nous nous installons à une table du café de l'établissement qu'elle commence à angoisser. En attendant notre commande, Gaëlle lève la tête et la tourne dans tous les sens. De droite à gauche, de haut en bas, derrière et devant elle ; elle observe chaque recoin. Puis elle perd des couleurs petit à petit et devient de plus en plus blanche lorsqu'elle écarquille les yeux en grand et croise mon regard.

- Et si ça s'effondre ? S'il y a un problème et que les vitres se cassent ? Tu imagines ? On va être sous l'eau, et on va se noyer avec les poissons, Nathan. Je ne sais pas nager, je te rappelle. Toi, tu sais nager alors tu remonteras à la surface, mais pas moi.

- Je te promets que c'est solide, lui assuré-je en levant les yeux à mon tour.

Tout autour de nous et au dessus de nos têtes se trouve un immense aquarium plein de poissons de toutes les couleurs et de toutes les tailles. C'est vraiment magnifique, mais visiblement dangereux pour Gaëlle.

- Comment tu peux en être sûr ? me défie-t-elle.

- Parce que ça fait des années que je viens ici et ça n'a jamais cédé.

- Justement ! Ça fait des années que ça tient, c'est vieux maintenant. Ça risque d'exploser à tout moment. On s'en va ?

- Je te jure que ça ne cassera pas, répété-je en prenant sa main posée sur la table.

Ses yeux se posent sur nos mains liées puis elle me sourit en croisant mon regard.

- Tu ne peux pas en être certain.

- Les personnes qui ont construit ça savent ce qu'ils font et si les visites sont autorisées, c'est que c'est sécurisé. Personne ne laisserait autant de monde se promener et risquer sa vie. Regarde le monde qu'il y a ici.

A nouveau, elle regarde autour d'elle et voit plusieurs familles, des enfants, des personnes âgées ou des adolescents. Puis elle fixe ensuite les vitres derrières lesquelles les poissons nagent tranquillement. Gaëlle prend ensuite une longue inspiration et se résous enfin.

- Je vais essayer de te faire confiance, soupire-t-elle.

- Tant mieux.

- Mais si je meurs, ce sera de ta faute. Tu iras expliquer ça à ma mère.

- Tu ne vas pas mourir, ricané-je.

Le serveur interrompt notre conversation en déposant nos commandes. Chocolat chaud et pain au chocolat pour elle, smoothie à la menthe et pain aux raisins pour moi.

- Comment tu peux manger ça ? grimace-t-elle avec dégout en me regardant avaler un morceau de ma viennoiserie.

- C'est trop bon ! m'exclamé-je. Tu ne sais pas ce que tu rates.

- Si. Je t'assure que je le sais ! s'esclaffe-t-elle.

Je suis obligé de relâcher sa main pour la laisser manger et malgré mes arguments minables pour la rassurer, elle continue de jeter quelques coups d'oeil furtifs autour d'elle. Probablement pour s'assurer qu'une fissure n'est pas en formation.

- On peut refaire un dernier tour avant de partir ?

- Je ne comptais pas repartir avant un dernier tour, annoncé-je en me levant.

***

Après ce dernier tour, nous prenons la route du retour. La conversation est animée de tout ce que nous avons vu aujourd'hui et elle me demande comment je connais cet endroit.

- Ma mère m'y a emmené quelques fois quand j'étais plus jeune et j'adorais.

J'y emmène moi-même Elya de temps en temps. Elle demande souvent à aller voir les poissons mais comme c'est assez loin, je ne peux pas l'y conduire tous les jours.

- Et tu continues d'y aller parfois ?

- Oui. Il n'y a pas d'âge, pas vrai ?

Elle me le confirme d'un hochement de la tête avant de m'annoncer qu'elle avait tout de même eu la trouille que l'aquarium s'effondre. Ça ne m'était jamais venu à l'esprit avant qu'elle ne m'en parle. J'ai passé des heures dans cet endroit et jamais je n'ai crains que tout s'écroule. Il n'a pas fallu longtemps à Gaëlle pour imaginer le pire.

- Un ciné ? lui demandé-je après plusieurs minutes de route supplémentaires.

- Quoi ?

- Dans dix minutes, on passera à côté du cinéma. Je te demande si tu veux qu'on s'y arrête, lui souris-je.

Je n'avais pas prévu ça mais je me rends compte que je n'ai pas envie de la ramener chez elle maintenant. Il n'est même pas six heure, je veux passer un peu plus de temps avec elle.

- Seulement si je paie les places ! impose-t-elle.

- Comme tu veux, ricané-je.

Je ne souhaite pas me battre avec elle pour savoir qui achètera ces deux places alors je la laisse donner un billet à la jeune femme qui nous accueille et je la laisse aussi choisir le film. Un film d'amour.

Ça ne me dérange pas, j'aime toutes sortes de films, en passant de l'action à la science-fiction, et de l'amour à la guerre aussi. Sans oublier les incontournables dessins animés que je me tape à longueur de journée ! Les Disney me sortent par les yeux à cause de Max qui s'obstine à vouloir acheter l'intégralité de ces films à sa nièce. Il y a certains DVDs que je connais par cœur à force de les avoir vus et revus.

Le film que je regarde avec Gaëlle est le film cliché où deux adolescents tombent amoureux mais le destin vient s'immiscer entre eux et ruiner leur vie à cause d'un accident de voiture. Le mec se retrouve dans le coma, et la fille refait sa vie de son côté quelques années plus tard après avoir pleuré toutes les larmes de son corps sur son lit d'hôpital.

À cet instant du film, j'ai entendu plusieurs reniflements de la part de ma voisine, alors j'ai tourné la tête et découvert qu'elle pleurait presque autant que la comédienne. Je sors un mouchoir en papier de ma poche et lui tends. Gaëlle s'en empare, surprise, et se mouche bruyamment, avant de s'essuyer les yeux avec le dos de sa main. Tout ce temps, je l'ai regardée en souriant alors qu'elle gardait les yeux rivés sur l'écran, s'imprégnait de chacune des paroles de la brune à l'écran avec une facilité étonnante.

Je suis surpris lorsqu'elle laisse tomber sa tête sur mon épaule, mais ne la repousse pas pour autant. Ça ne me dérange pas du tout. Quand mes yeux se reposent sur le grand écran, l'actrice a été vieillie de plusieurs années et elle semble en couple avec un autre mec.

Mais, comme tout bon film d'amour qui se respecte, le mec se réveille de son coma des années plus tard et retrouve sa chérie qui est encore et toujours amoureuse de lui.

Et Gaëlle pleure encore, mais de joie cette fois. Comme l'actrice, en fait.

En sortant de la salle, mon amie semble sur un nuage, heureuse que tout finisse bien pour ce couple.

- Ça va ? lui demandé-je tout de même.

- Oui, très bien, sourit-elle. Ne t'inquiète pas, je suis toujours très émotive devant les films.

- J'ai remarqué, ris-je doucement.

- Hé ! s'écrit-elle en me donnant une tape sur le bras. Ne te moque pas de moi.

- Je n'oserais pas.

Elle me fait une grimace puérile et je lui prends la main pour l'entrainer dans la pizzeria juste à côté du cinéma. Elle ne rechigne pas à me laisser payer et nous dégustons chacun notre plat.

Pendant le repas elle me parle avec un enthousiasme non feint du film que nous venons de voir, me disant à quel point c'était triste que leur histoire se soit terminée si rapidement alors qu'elle avait si bien commencé, mais qu'elle était heureuse qu'ils se soient retrouvés.

Elle me refait littéralement tout le film, comme si je ne l'avais pas vu mais, à la fin de son récit, mon téléphone vibre dans ma poche et le nom de mon interlocuteur interrompt la conversation.

- Excuse-moi, je... Je dois vraiment prendre cet appel. Tu peux commander les desserts ? demandé-je en me levant de ma chaise.

- Oui, bien sûr, répond-elle un peu prise de court. Tu veux quoi ?

- N'importe. J'aime tout.

Et c'est vrai. J'adore les desserts.

Je la remercie et m'éloigne de la terrasse où nous sommes attablés pour répondre.

- Oui ?

- Coucou Papa ! Je voulais te dire bonne nuit avant d'aller dormir.

Je souris immédiatement en entendant sa voix enjouée mais tout de même ensommeillée.

- Coucou mon ange. T'es pas encore couchée ?

- Je vais y aller. On vient de rentrer avec tonton.

- Tu t'es bien amusée dans les manèges ?

- Oui ! Trop bien ! J'ai mangé une barbe à papa et une sucette multicolore. Je te raconterai tout demain parce que c'est trop long.

D'un côté, je suis un peu déçu de ne pas savoir maintenant, mais de l'autre, je suis soulagé qu'elle ne se lance pas dans une histoire interminable alors que Gaëlle m'attend, à quelques mètres seulement.

- D'accord. Tu m'appelleras dès que tonton sera réveillé alors.

- Il a une amoureuse, murmure-t-elle dans le téléphone.

J'entends mon frère la gronder gentiment en lui disant qu'elle lui avait promis de ne rien dire mais ma fille éclate de rire.

- Je te le passe, il est en colère, rit-elle. Je t'aime plus haut que les étoiles mon Papa d'amour.

- Je t'aime aussi mon petit cœur. Bonne nuit. À demain.

Elle me souhaite une bonne nuit et me passe mon frère. Il me demande de patienter le temps qu'il la couche dans son lit et lorsqu'il reprend le téléphone, je le chambre immédiatement.

- Alors comme ça, tonton à une amoureuse ?

- Oh ça va ! Je sors avec elle, mais il y a rien de très sérieux pour le moment.

- Pourquoi je n'étais pas au courant ?

- Et moi, pourquoi je n'étais pas au courant que tu passais l'après-midi avec une fille ?

Je déglutis en silence et pose mon regard sur Gaëlle qui patiente à la table en tripotant sa cuillère.

- Ce n'est rien de sérieux non plus.

Pourquoi ces mots me laissent un goût amer dans la bouche au moment où la fille en question croise mon regard et me sourit ?

- T'es toujours avec elle ?

- Oui. Ça s'est bien passé aujourd'hui ?

- Oui, comme d'habitude. Mais on en parlera demain après-midi, au cas où ta copine décide de rester avec toi cette nuit. Retourne à ton rencard, je m'occupe de ta fille !

- Ce n'est pas un...

Il raccroche.

- ... rencard.

Ou peut-être que si. Je ne sais pas.

Quand j'ai proposé à Gaëlle de passer une journée avec moi, la semaine dernière, c'était parce que je savais que Max allait prendre Elya chez lui pendant la première semaine de vacances. Je l'ai emmenée chez lui hier et je suis donc sorti avec Gaëlle aujourd'hui. Et je ne regrette pas. Parce que j'ai passé une excellente journée et que le sourire qu'elle m'offre en ce moment me fait sourire à mon tour et la rejoindre à la table sans aucune hésitation.

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