Chapitre 18.

Gaëlle

Nathan a refusé de fêter le nouvel an avec nous, préférant rester avec Elya, ce qui ne m'étonne pas du tout. Je m'attendais déjà à cette réponse lorsque je lui ai demandé s'il souhaitait venir avec nous, mais j'avais tout de même un petit espoir.

Je pense qu'au fond de lui, il doit avoir envie de venir faire la fête chez Romain avec nous, mais son amour pour sa fille et sa volonté d'être un bon père pour elle le suit et l'obnubile chaque jour, ce que je trouve admirable et totalement adorable. Même s'il me manque. J'aimerais le voir un peu plus avec nous. Avec moi. Mais entre sa fille et sa petite-amie, le choix est fait. Et je le comprends.

Je fête donc cette nouvelle année sans lui, me contentant de lui envoyer un message - qui n'arrivera probablement que dans quelques heures à cause de la saturation du réseau - avant de rejoindre les filles pour danser. Nous sautons, nous déhanchons, rions pendant des heures et des heures. C'est génial et je m'amuse beaucoup, mais il ne manque qu'une seule personne pour que tout soit parfait, et il n'est pas là. Il a certainement passé sa soirée devant les dessins animés Disney comme il l'avait promis à Elya.

Après cette excellente soirée, je ne rentre chez moi qu'en fin de matinée et je m'écroule sur mon lit pour dormir jusqu'au soir. C'est mon portable qui vibre sur ma table de nuit qui me réveille. Je l'attrape en soupirant mais le nom de mon petit-ami m'empêche de lui en vouloir.

- Salut.

- Oh mince. Je te réveille ?

Je ris doucement, à moitié endormie.

- Oui. Mais ce n'est pas grave.

- Je suis désolé. Mais il est sept heure et demi quand même !

- Et alors ? Tu serais venu, toi aussi tu serais en train de dormir.

- Pourquoi venir faire la fête avec mes amis alors que j'ai pu regarder Le Roi Lion, Le Monde de Dory, Vaiana et La Belle et la Bête ?

J'éclate de rire et lui rappelle qu'il a vu le dernier de ces quatre films la semaine dernière, lorsque j'étais là.

- Elya peut mettre le même film quatre jours de suite, ça ne la dérangera jamais.

- Je sais, réponds-je en baillant longuement.

- Et toi, tu as passé une bonne soirée ?

Je lui raconte alors que c'était génial mais qu'il ne manquait que lui, ce qui le fait rire et s'excuser.

- Tu as bu beaucoup ? me questionne-t-il en constatant ma voix toujours aussi pâteuse.

- Seulement deux ou trois verres. Mais je ne suis rentrée qu'à onze et demi tout à l'heure, alors je suis aussi crevée que si j'avais bu toute la nuit !

Je m'étire de tout mon long avant de me rouler en boule dans mon lit, sous ma couette. Je suis dans un état lamentable.

- Tu m'étonnes ! ricane-t-il. Donc je devine que tu refuses notre invitation à dîner pour ce soir ?

- Demain, si tu veux, grimacé-je.

- Ça marche. Mon frère sera là aussi.

- Oh ! Ce n'est pas grave alors, une prochaine fois.

- Non non, ne t'inquiète pas. Je pourrai te le présenter. Il meurt d'envie de rencontrer ma petite-amie, ça tombe bien.

Je ris nerveusement et accepte son invitation que je n'appréhende pas du tout. Je connais déjà la mère de Nathan pour l'avoir vu plusieurs fois et d'après ce que j'entends sur son frère, il a l'air très sympathique.

Mon petit-ami me dit ensuite de venir à l'heure que je veux dans l'après-midi avant de raccrocher en me souhaitant une bonne nuit. Je ne perds pas une seconde de plus avant de me rendormir.

***

Le lendemain matin, je me réveille peu après cinq heure. C'est très tôt, mais compte tenu du nombre d'heures que j'ai passé à dormir, c'est tard. Cette longue nuit/journée de sommeil m'a fait un bien fou malgré l'appel de Nathan.

Lorsque ma mère se réveille, je lui parle de l'invitation de mon petit-ami et elle accepte que j'y aille. Je pars alors vers quatorze heure trente afin de rejoindre sa maison et c'est Elya qui m'ouvre la porte.

- Dis donc, je croyais que tu n'avais pas le droit d'ouvrir la porte, lui rappelé-je en m'accroupissant à sa hauteur.

- Papa m'a dit oui ! s'exclame-t-elle fièrement avant de m'embrasser la joue. Tu viens ?

Elle me prend la main et me tire à l'intérieur. Je retire rapidement mes chaussures et suis la fillette dans le salon où je me retrouve face à une version plus âgée de Nathan.

- Salut ! Je suis Gaëlle, lui souris-je en me présentant.

- Et moi, Max, se annonce-t-il avant de me faire la bise. Et voici Emma, ma petite-amie.

Je m'approche d'elle pour la saluer à son tour. Cette fille est aussi jolie qu'Elya me l'avait dit. De longs cheveux blonds dorés, de grands yeux bleus et un magnifique sourire ; le portrait craché de la Reine des Neiges selon la plus grande fan présente dans cette maison.

Nathan arrive près de moi et pose sa main sur ma hanche afin de déposer un baiser sur ma bouche.

- Enfin réveillée ! constate-t-il amusé.

- Je suis une grosse dormeuse, me justifié-je.

Je me retrouve ensuite entrainée par Elya à l'étage sans que je n'ai le temps de prononcer le moindre mot. Elle m'emmène dans sa chambre pour me montrer son chat, qui dort paisiblement dans ce qui me semble être un petit lit improvisé. Je m'assieds en tailleur pour caresser Polly qui s'étale de tout son long.

- Je lui ai fait un lit, tu as vu ?

- Oui, c'est très joli. Elle dort toujours ici alors ?

- Non. Elle n'y va presque jamais ! s'exclame-t-elle indignée. Elle dort soit dans le lit de Papa, soit dans mon lit, soit sur le canapé. Jamais avec Mamie parce qu'elle ne veut pas d'elle.

- Tu t'occupes bien d'elle ?

- Oui !

Elle m'explique ensuite tout ce qu'elle fait pour s'occuper de son chaton et je l'écoute en souriant. A la fin de son récit, je lui propose de descendre rejoindre les autres et elle me suit après une dernière caresse au chat.

Au rez-de-chaussée, je salue la mère de mon petit-ami que je n'avais pas vu en arrivant et nous nous installons tous au salon. On me pose quelques questions et je me rends compte que j'avais raison de ne pas me faire de soucis pour Max. Il est très sympa et j'adore sa relation avec sa nièce. Ils sont adorables tous les deux et j'ai l'impression que le frère de Nathan perd dix années à chaque fois qu'il a une conversation avec Elya.

Je reste avec eux pour dîner et me retrouve seule avec mon copain lorsque tout le monde monte se coucher. Je remonte mes jambes par dessus les siennes et entoure son cou de mes bras pour me blottir contre lui, une de ses mains caressant ma cuisse, l'autre le bas de mon dos.

- Mon frère veut prendre Elya le week-end prochain, m'apprend-il. D'habitude, il la prend toujours pendant la moitié des vacances, mais pas à Noël. Donc il la veut un week-end.

- Il l'adore, dis-je simplement.

- Et c'est réciproque. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si lui aussi s'était mis à détester ma fille.

- Ceux qui ne l'aiment pas sont des idiots, murmuré-je sérieusement.

Je l'entends soupirer puis avouer qu'il est entièrement d'accord.

- Je me demandais... commence-t-il en me faisant relever la tête.

Son sourire timide et son hésitation me font penser qu'il veut me proposer quelque chose, comme ce jour où il m'avait demandé de sortir avec lui la première fois. Il bafouillait et hésitait tellement que c'en était drôle, même si je me suis retenue de rire pour ne pas le contrarier.

- Comme Elya ne sera pas là, continue-t-il, est-ce que ça te dirait de venir à la maison ?

Pourquoi est-il à ce point hésitant alors qu'il me propose simplement qu'on se voit ? Je ne comprends pas mais accepte tout de même. Il m'éclaire en ajoutant quelques détails.

- On pourrait passer tout le week-end ensemble et tu pourrais dormir à la maison.

D'accord. Là, c'est différent des autres fois, en effet.

- Je ne voulais pas te demander ça tant que ma fille était présente. Alors comme mon frère l'emmène...

- Tu en profites ? complété-je.

- Ouais, rit-il. Ça fait des jours que j'ai envie de te demander ça, mais si tu ne veux pas, c'est pas grave. Une autre fois.

- Non ça me va. D'accord.

Je vois un réel soulagement de ne pas m'entendre rejeter sa proposition et pour être honnête, je suis heureuse qu'il m'ait fait cette demande. J'ai envie de passer plus de temps seule avec lui.

- Ok, c'est cool ! Depuis le temps que j'ai envie de te poser cette question !

- C'est vrai ? Pourquoi ça ? le défié-je amusée.

- Parce qu'il se trouve que j'ai très envie de dormir avec toi.

- Moi aussi j'ai bien envie de passer la nuit dans tes bras.

- Et j'ai hâte de voir quelle tête tu as au réveil, ajoute-t-il.

- Parle pour toi ! m'exclamé-je faussement indignée. Moi je veux savoir ce que tu prends au petit déjeuner.

- Et moi, connaitre la couleur de ton pyjama .

- Je n'ai pas de pyjama, rétorqué-je en fronçant les sourcils.

Un sourire ironique se dessine sur son visage.

- Encore mieux !

- Non ! m'esclaffé-je. Je dis seulement que je n'ai pas un pyjama précis. Je prends un tee-shirt et c'est tout.

- Ça me va aussi, répond-il en déposant un baiser sur mes lèvres.

Nous nous regardons silencieusement pendant de longues secondes et je sens peu à peu une tension étrange et surtout agréable s'installer entre nous. Son regard change et se fait soudain plus vif, plus perçant, plus envoûtant.

- Et qu'est-ce que tu attends de plus de ce week-end, à part la couleur de mon pyjama ? le défié-je sérieusement afin de comprendre ce qu'il se passe dans ses beaux yeux.

- Savoir si tu ronfles. Très important pour savoir si on reste ensemble ou non, ajoute-t-il d'un ton solennel me faisant rire.

Sa main remonte sur ma hanche et il me rapproche de lui avant qu'il ne reprenne, toujours avec autant de sérieux :

- Pourquoi cette question ? Tu attends quelque chose en particulier, toi ?

Je sens mes joues rougir face à cette question implicite et, prise d'un élan de courage, je me redresse afin de me hisser sur ses genoux, une jambe de chaque côté des siennes. S'il en est surpris, il ne laisse rien paraitre et déplace ses mains sur ma taille, son sourire s'élargissant de plus en plus.

- J'attends la même chose que toi, j'espère, lui dis-je pleine d'audace.

- Je n'attends rien de plus.

- Ah oui ? reprends-je en me rapprochant de lui, me mordant la lèvre d'une façon aguicheuse que je ne me connaissais pas.

Il soupire longuement tout en remontant ses mains le long de ma colonne vertébrale sans cesser de me regarder dans les yeux, puis embrasse délicatement ma mâchoire.

- Ne serais-tu pas en train de m'allumer, par hasard ?

- Moi ? Je suis outrée que tu me penses capable de ça, m'exclamé-je exagérément.

Il éclate de rire.

- Outrée que j'aie découvert la vérité ?

- Ouais ! assuré-je en riant à mon tour et me laissant tomber sur le canapé, la tête sur l'accoudoir et mes deux jambes en travers des siennes. Mais si tu ne veux pas, il n'y a aucun problème.

Sa main se pose sur l'intérieur de ma cuisse et il me caresse doucement tout en gardant le regard ancré dans le mien. J'adore ses yeux, d'un bleu foncé profond et sincère.

- Donc tu ne viens que pour coucher avec moi ?

- Évidemment ! m'écrié-je en levant les yeux au ciel, ce qui le fait exploser de rire.

Il se penche ensuite vers moi pour murmurer contre mes lèvres :

- Ça tombe bien parce que c'était en réalité mon seul et unique but.

- Qui allume qui maintenant ? le défié-je.

- Un partout, répond-il avant d'embrasser mes lèvres chastement.

Son regard se fait tout de suite plus sérieux.

- Est-ce que tu l'as déjà fait ?

J'acquiesce sans attendre. Je ne vais pas faire durer le suspens inutilement.

- Je ne te retourne pas la question.

- Tu sais, à part Manon, je n'ai eu personne, avoue-t-il en reprenant sa place contre le dossier du canapé.

- Ah bon ? reprends-je réellement surprise.

- Je t'ai dit que je n'avais jamais eu de petite-amie. Ce n'est pas tout à fait vrai en réalité. Je suis sorti avec une fille l'année dernière, mais ça n'a duré que quelques jours. Elle m'a largué parce que je refusais de la voir en dehors des cours.

- Tu ne lui avais rien dit pour Elya, comprends-je.

Il secoue la tête.

- Tu es la seule à qui je l'ai dit, si on ne compte pas les gars.

- Mais même sans avoir de petite-amie, tu n'as jamais...

- Non, me coupe-t-il. J'avais Elya et honnêtement, je ne pensais pas du tout à ça. Je ne pensais qu'à ma fille.

- Et avant qu'elle n'arrive ?

- J'avais treize ou quatorze ans, rit-il. Les filles de cet âge ne pensent pas beaucoup à ça.

- C'est vrai ! admets-je en réalisant que c'était aussi mon cas il y a trois ou quatre ans.

Cependant, il n'oublie pas sa première question et souhaite en savoir plus sur mes ex. Je n'ai pas envie de parler de ça avec mon petit-ami, mais il ne m'en laisse pas le choix. Je lui parle alors du garçon avec qui je suis sortie au collège, en troisième, mais comme l'a si bien dit Nathan, à cet âge là, je ne voulais rien d'autre que des bisous. Je pense que ce qu'il souhaite connaitre, c'est la suite.

- Le dernier été que j'ai passé à Brest, juste avant que je ne passe en Première, j'ai commencé à sortir avec un garçon qui était au lycée avec moi. On est resté ensemble huit mois environ.

- Comment il s'appelle ?

- Yann.

- Pourquoi vous vous êtes séparés ?

Il semble réellement intéressé par ma réponse alors je la lui donne, tout en restant hésitante.

- Au début, on était vraiment bien tous les deux. On passait beaucoup de temps ensemble et honnêtement, je ne sais pas comment... Comment on a fait pour s'éloigner. Ça s'est fait progressivement, je pense. Sans m'en rendre compte, on s'éloignait petit à petit jusqu'au jour où on en a discuté et on a décidé d'en rester là et de devenir de simples amis.

- Tu lui parles encore ?

- Oui, mais rarement. Je prends de ses nouvelles de temps en temps, comme pour mes autres amis. Mais tu n'as pas à te faire de soucis, je te le promet.

Il me sourit et me certifie qu'il me fait confiance.

- Il n'y a eu que lui ?

- Oui, ricané-je. Promis !

- Je te crois, assure-t-il. Mais c'est gênant, tu sais.

- Qu'est-ce qui est gênant ?

Cette fois, c'est à lui de rougir et d'esquiver mon regard. Je l'incite à parler et il finit par céder après de longues minutes.

- Je n'ai été qu'avec Manon et... Et c'était il y a longtemps. Alors que toi, c'est différent. T'avais un petit-ami avec qui tu passais beaucoup de temps, je suppose. Ça me gêne parce que... Je ne connais pas grand chose dans ce domaine, en fait. J'ai beau être papa, ça ne change rien à la situation.

Il est tellement mignon d'être embarrassé pour si peu ! Je conçois que ce soit quelque chose d'important pour lui et c'est adorable qu'il se sente aussi gêné, mais je ne veux pas qu'il soit mal à l'aise.

- Ce qui te gêne là-dedans c'est que je l'ai fais plus de fois que toi ? annoncé-je avec hésitation. Ce n'est pas un concours ! m'exclamé-je en riant.

Je me redresse pour être près de lui.

- On s'en fiche de ça. Je n'en ai rien à faire, je te le promet.

- Tu ne comprends pas, soupire-t-elle en détournant les yeux. Je ne veux pas tout gâcher en te décevant.

Je ne retiens pas mon sourire sincère sous cet aveux. Je comprends alors que non seulement il s'inquiète du fait que je pourrais avoir plus d'expérience que lui mais en plus, il craint de ne pas assurer, en quelques sortes. Il devient soudainement très timide et est à mille lieues du papa autoritaire et sûr de lui ! Et ça, j'adore. Ça le rend un peu plus adolescent et un peu moins adulte. Mais je préfère le rassurer.

- Je te le répète, Nathan. Je m'en fiche de ce qui s'est passé avant. Tout ce qui compte, c'est maintenant, pas vrai ?

Il hoche la tête sans conviction alors je prends son visage entre mes mains pour embrasser fougueusement ses lèvres. Il me serre contre lui et répond à mon baiser avec ardeur avant je n'y mette fin.

- Tu as changé d'avis maintenant que je suis passée aux aveux ?

Il secoue négativement la tête en souriant.

- Non. On se voit toujours le week-end prochain.

Un week-end complet, seule avec Nathan. Que demander de mieux ?

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