Chapitre 3 - Roxane

« T'as entendu? me souffla Jessica à la sortie des cours.

- De quoi tu parles?

- Bah tu sais... le grand titre des journaux en ce moment, me répondit-elle, éxaspérée. Tu sais, cela ne te ressemble pas d'être dissipée comme ça...

- Ah bon?

- Hé, j'te cause, lança-t-elle, m'arrachant ma casquette, ce qui lui valut un regard noir de ma part.

- Laisse-moi! je m'écriai.

- Qu'est-ce qui ne va pas, Roxane? elle commença à s'inquiéter, voyant que je restais muette.

- Mais rien, juste... rien.

- Ok. Voilà ce qui va se passer. On va rentrer chez moi - il y a personne - et tu vas TOUT me déballer. Capiche?

- Si tu veux,» je grommellai. Je n'avais pas envie de l'accabler de mes problèmes, encore et toujours.

Nous marchâmes en silence, enmurées dans nos pensées. Jessica se retournait souvent vers moi, pour vérifier que je la suivais, sûrement. Je n'en pouvais plus. J'avais envie de hurler. Ma mère m'avait annoncé hier que comme Annabelle, ma grande soeur, avait reçu son diplôme de  médecin en chef à seulement 20 ans, chose extraordinaire, une grande fête serait tenue chez nous pour célébrer cette occasion, en la présence des plus grands diplomates du pays, qui voyaient en elle une opportunité pour notre nation. Bien sûr, je n'étais pas invitée à cette célébration. Ma mère m'avait explicitement ordonné de me tenir loin de la maison pendant une semaine, se fichant d'où je serais, et m'avait même refusé l'autorisation de voir Annabelle pour la féliciter.

Annabelle, la surdouée. Elle avait sauté 3 classes, passant son DOG (Diplôme Officiel de Graduation) à seulement 15 ans et réussissant en seulement 5 ans des études censées en prendre une dizaine, elle annonçait à notre mère une nouvelle source de vantardise. Pour ma part, j'avais déjà sauté 2 classes, mais bon, rien d'extraordinaire. Je passerais mon DOG l'année prochaine, à 16 ans. Là encore, j'étais un raté. Emile et Annabelle avaient tous les deux eu leur DOG à 15 ans. Emile était un homme politique réputé, Ministre de l'Intérieur à 25 ans. Il était présentement en vacances, raison pour laquelle il se trouvait à la maison.

« Alors, dis-moi ce qui se passe,» me commanda Jessica lorsque nous fûmes installées sur son lit.

Sans hésitation, je lui racontai tout. Elle m'écouta sans m'interrompre, jouant inconsciemment avec une mèche de ses cheveux aux pointes blondies par le soleil radieux de la plage, les yeux fixés sur un point de la moquette, le front plissé et la bouche légèrement entrouverte. Quand j'eus fini, elle braqua ses yeux noisette sur moi et soupira. Elle aurait dû avoir l'habitude, depuis le temps, mais je savais qu'une partie d'elle refusait d'admettre que mon traitement soit possible.

«T'as de la chance, mes parents sont en voyage d'affaires et mon frère est en pensionnat. Tu peux rester avec moi, ici. Enfin, si tu veux, bien sûr.»

J'acquiesçai avec un sourire de gratitude. Que ferais-je sans elle? Elle me prit par le bras et me traîna jusqu'à la chambre d'amis.

«J'imagine qu'elle ne t'a même pas laissé prendre des affaires, comme d'hab,» cracha-t-elle, fouillant le placard. Ce n'était pas la première fois ni la dernière fois que j'avais dû passer quelque temps chez elle.

Une fois de plus, je dus acquiescer, gênée. Elle me répondît par un regard triste qui en disait long, et jeta sur le lit une grande chemise noire m'arrivant aux genoux malgré ma taille appartenant à son frère Fred, et un short de pyjama gris assez court en coton, que j'enfilai avec gratitude.

Quelques heures plus tard, après avoir fini nos devoirs pour le lendemain et mangé une assiette entière de macaroni 'n cheese, nous étions affalées sur le canapé devant mon film préféré. Jessica savait vraiment comment me remonter le moral, c'était indéniable.

«Donc, tu me disais, pour les journaux, je l'interrogeai lorsque le film fut fini, léchant de mes doigts les restes de sauce au fromage.

- Enfin tu te réveilles! rigola-t-elle, avant de se renfrogner d'un coup. C'est un gang venu de Diphékos, ils ont tenté un attentat. Rien de grave, ils n'ont pas réussi, mais tout Fluxel est sur les dents. Ils disaient agir pour attirer l'attention sur le risque que court leur pays, mais bon, qui va les croire après ça et les parades nationales? Moi, tu sais ce que j'en pense. Ils n'ont aucune chance. Peut-être, je dis bien peut-être, que c'est vrai, que Fluxel veut les attaquer, mais cela me semble peu probable. Ils n'ont aucune raison de le faire. Bref, fais gaffe avec tes yeux, les gens vont être encore plus violents en ce moment,» finit-elle.

Je la remerciai, pensive, et nous montâmes nous brosser les dents en synchronisation sur un air de Michael Jackson, comme nous le faisions à chaque fois que je venais chez elle. J'avais ma propre brosse à dents ici, pour témoigner de la quantité de temps passé dans cette maison.

Je me faufilai dans le lit chaud de la chambre d'amis. En réalité, je me sentais plus à l'aise ici que dans ma propre chambre, où à chaque seconde, ma mère pouvait surgir par la porte avec une nouvelle remarque acerbe à me faire, comme «T'as encore grossi, regarde toi on dirait une baleine» ou «Qu'est-ce que c'est que ce 98% en maths ça va pas d'avoir des notes pareilles». Chacune, bien sûr, était assortie d'un retentissant «Tu es une disgrâce à cette famille, une disgrâce».

Enfin, après de nombreux changements de position, je m'endormis dans le confortable lit double avec ma meilleure amie à mon côté.

(....)

NDA: Wahou, j'ai vraiment l'impression que cette histoire s'écrit toute seule!
Pour le prochain chapitre, je ne vous promets rien, tout dépend de mon inspiration.
J'espère sincèrement qu'aucun(e) de vous ne vit ce que vivent Lia et Roxane dans ce livre et j'espère que tout se passe pour le mieux dans votre vie.
On commence à rentrer dans l'action, donc ça va commencer à s'accélérer...
Merci de me lire, et n'hésitez pas à me poser des questions si il y a quelque chose qui n'est pas clair, j'adore vous entendre!!!
À la prochaine ❤️

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