Chapitre 2 - Lia


« Ca va ma louloute? » me demanda ma mère avec douceur, traçant du doigt la balafre qui traversait ma joue gauche.

- Ouais ça va, je lui répondis.

- Qui t'a fait ça? dit-elle, les sourcils froncés et les lèvres serrées, inquiète.

- Juste... dans la rue... » répondis-je évasivement. Ce n'était pas son problème, et je ne voulais pas la fatiguer encore plus. De plus, j'avais l'habitude, donc ce n'était pas grave.

Elle soupira tristement, prenant sa tête dans deux mains. Je savais que c'était dur pour elle. Nous avions du quitter Diphékos à mes cinq ans, car le gouvernement voulait des informations sur le risque qui le menacait. Ma mère s'était proposée, pensant qu'ici, j'aurai une éducation plus complète, mais c'était sans compter le racisme qui y sévissait.

Sans desserrer les lèvres, elle me tendit un sandwich que j'acceptai avec gratitude.

« Bonne nuit ma louloute, » murmura-t-elle alors que je rentrais dans ma chambre.

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« Lia Charity, bienvenue au lycée Godot » annonça le détecteur d'empreintes digitales. Je me faufilai vers le fond de la classe, sous les injures et les lancers de stylos de mes « camarades de classe ». Mes origines étaient évidentes: yeux bleus, peau mate et petit gabarit. Je me glissai tout au fond à gauche, timidement. Je n'avais pas d'amis ici, et par ici, je voulais dire le pays, pas juste l'école.Je m'accoudai confortablement contre la fenêtre et me laissai aller à la rêverie.

Hier, j'avais dû assister à la parade nationale obligatoire. Cela me faisait mal au cœur, d'entendre parler de Diphékos de cette manière. Je brûlais d'envie de leur crier ce que Diphékos était vraiment, mais j'étais vouée au secret diplomatique.

En réalité, Diphékos était la seule démocratie significative à avoir résisté à la domination du Fluxel. Depuis quelques années déjà, cet empire surpuissant cherchait un prétexte pour envahir Diphékos. Comme il n'en trouvait pas, il attisait la haine envers les Diphékens dans le cœur de leur peuple.

La cloche de fin des cours retentit, me faisant sursauter dans mon siège. Je me levai et abattis mon sac sur mon épaule, sortant de la salle en me collant aux murs pour éviter les petits mots salés
que l'on avait tendance à me coller dans le dos, du genre « Tapez-moi, je suis Diphékienne » ou « Faites gaffe, je suis une terroriste ».

C'était l'heure du déjeuner donc je me dirigeai vers la cafétéria, non sans une certaine appréhension. C'était mon jour de chance, Laure n'était pas venue au lycée, donc je puis manger tranquillement, pour une fois. En sortant, je remarquai que Roxane n'avait rien mangé ce midi, comme d'habitude. Je l'enviais, cette fille. Elle était super belle, sympa, et tout le monde l'aimait bien. Elle avait sa casquette sur la tête, évidemment, et sa longue frange lui mangeait la moitié du visage. Pourquoi se cacher quand on a le physique d'une déesse ?

Ok. Je l'enviais beaucoup. Elle était tout ce que je n'étais pas: sociale, intelligente, populaire. Le pire étant qu'il était impossible de ne pas l'aimer. Une physionomie franche et ouverte, des paroles aimables en toute circonstance...

Je sortis de l'enceinte du lycée, moment le plus dangereux de la journée. C'était mardi aujourd'hui, lendemain du jour de match, jour ou les hommes bourrés sortaient dans la rue, de bonne humeur quand la capitale gagnait, d'humeur bagarreuse quand elle perdait.

Malheureusement pour moi, on avait perdu hier, et la coupe nationale s'annonçait mal pour Laeluma. Je pris soin d'emprunter les plus petites ruelles, les chemins tortueux où peu de Fluxeliens s'aventuraient à cause des chiens des rues.

Je parvins à la fin de la rue sans encombre, et me laissai espérer que tout allait bien se passer. Un soupir m'échappa. Cela ne s'était rarement passé aussi bien. J'avais encore sur tout le corps d'énormes contusions d'hier, le jour de la parade, que j'avais soigneusement cachées à ma mère fragile.

Mon soulagement fut de courte durée. Comme je sortais de cette ruelle, un homme surgit devant moi, chancelant, puant la vodka à plein nez. Il m'agrippa par le devant de ma chemise et siffla:

« Où est-ce que tu vas comme ça ma p'tite dam'selle, hein? Tu vas où? Hé j'te cause réponds moi j'te vois cherche pas à te faire pitit pitit j'te vois. Tu sais que c'est à cause d'ordures comme toi qu'on perd hein tu sais ça 'spèce de traîtresse? »

Sûrement lassé de voir que je ne me débattais pas, restant inerte sous sa poigne de fer comme une poupée de chiffon, il passa à l'acte. Il m'accabla de coups de pieds de plus en plus violents après m'avoir jetée au sol, me laissant écroulée sur le sol froid, incapable d'émettre un son ou de bouger un seul muscle de mon corps, brisée.

(....)

NDA: Voilà Lia, votre deuxième personnage principal.  Pour elle, pas d'inspiration particulière. Encore merci à that_alien_me qui représente quand même une grande partie du personnage de Roxane et bien sûr à Roxane elle-même à qui j'ai emprunté le nom....
Je voulais dire que cette histoire ne serait pas là sans certaines personnes qui vont se reconnaître * hum hum that_alien_me et 10224perfected
Merci à tous...
PS: quand je dis une grande partie c'est une GRANDE partie.
À la prochaine ❤️

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