Chapitre 13 - Roxane
Émile me tira brusquement en arrière et me souffla dans l'oreille:
« T'es sûre que tu veux toujours faire ça? Tu as encore le droit de changer d'avis.
Je le repoussai violemment car je ne supportais plus que l'on me touche et me retournai vers lui. N'avait-il toujours pas compris?
- Oui, je sifflai en lui assénant un regard meurtrier. Je sais ce que je veux.
- Oh c'est bon on se calme tout va bien, rigola Jessica en réajustant son costume et sa cravate.
Lia, quand à elle, resta silencieuse, l'air déterminé gravé sur son visage basané démenti par l'agitation nerveuse de ses mains fébriles.
- À partir de maintenant, vous n'avez qu'à acquiescer, d'accord? » nous informa Émile pour la millième fois.
C'est dans cette atmosphère tendue que nous entrâmes dans le Ministère des Affaires Étrangères. La présence d'Émile activa le coulissement des portes vitrées, laissant place à Jessica, puis Lia, puis moi. Je ne pus empêcher un petit soupir de m'échapper face à l'intérieur grandiose qui s'offrait à nous.
Le rez-de-chaussée était d'une superficie surréaliste, de l'ordre d'un petit champ de maïs. Devant nous trônait un bureau de bois sombre et ancien duquel dépassait à peine la tête d'une jeune femme. Il se trouvait au milieu du mur blanc qui nous faisait face et devait mesurer au moins quelques mètres de longueur. Derrière le bureau, le mur était couvert d'étagères noires d'où dépassaient des centaines de dossiers colorés, méticuleusement classés par ordre alphabétique.
Le sol était entièrement marbré de noir, et le contraste entre celui-ci et les murs blancs faisait ressortir davantage la multitude de tableaux colorés qui tapissait les côtés de la pièce. Ils représentaient le pouvoir sous toutes ses coutures: le diplomate saluant la foule suspendue à ses lèvres, le commandant dirigeant son armée, le maître d'école enseignant ses élèves...
En tant qu'artiste, je ne pouvais qu'admirer les coups de pinceau assurés et les touches de couleur éclatantes, mais le sujet de ces œuvres me dégoûtait, le fait qu'un artiste, libre aux yeux de la loi, accepte de produire des tableaux de propagande me répugnait.
J'entendis les portes vitrées se fermer derrière nous d'un glissement feutré et arrachai mon regard des peintures. Deux escaliers menaient au deuxième étage, se rejoignant au milieu du mur au-dessus du bureau. Les escaliers étaient du même bois sombre que le bureau et l'encadraient des deux côtés. Ils avaient chacun une rampe de bois sculpté qui se terminait par un poteau agrémenté d'une sphère représentant le monde actuel et étaient couverts d'un même tapis rouge.
Émile nous guida sans hésitation jusqu'au bureau d'information et nous présenta à la secrétaire en chef, Henriette. C'était une jeune femme du même âge que mon frère à peu près, de petite taille et frêle en apparence. Ses cheveux châtain clair s'étaient échappés de son chignon en mèches fines et encadraient son visage en forme de cœur. Sa peau ivoire faisait ressortir ses grands yeux marron piqués d'or et ses longs cils noirs. Elle fronça les sourcils en voyant ma casquette, que j'enlevai avec hésitation, la tête baissée pour m'assurer que ma frange cache mes yeux. Jessica vit ce geste et me lança un clin d'oeil discret. Henriette nous alors offrit un sourire resplendissant, laissant entrevoir ses petites dents régulières et blanches.
« Monsieur Marchand, c'est un plaisir de vous revoir. Vous avez passé de bonnes vacances j'espère?
- Excellentes, Henriette, excellentes, répondit mon frère sur un ton chaleureux et mondain qui m'était inconnu jusqu'alors. Ma sœur et ses amies son venues visiter mon bureau, il expliqua avec un geste vague dans notre direction.
- Je me disais bien qu'il y avait un air de famille, elle rit, ses yeux pétillant d'amusement. Monsieur le Président passera vous voir vers 11 heures 30, c'est important et surtout confidentiel, donc elles ne pourront pas assister, je suis navrée.
- Ce n'est rien, elles comprendront, » il la rassura doucement.
Elle nous indiqua l'ascenseur situé à droite, caché sous l'escalier, avec un sourire aimable et nous nous mîmes en route. J'entendais mes talons claquer sur le sol de marbre et en cet instant je brûlais de les arracher et de les dépecer sadiquement à mains nues, mais je contrôlai mes pulsions meurtrières et me concentrai sur l'ascenseur. Plus que 10 mètres, 9 mètres, 8 mètres... je priais que rien ne se mette en travers de notre passage, dans tous les sens du terme.
4 mètres, 3 mètres... je gardai mes yeux férocement braqués sur les portes de verre qui me narguaient. À chaque cliquetis de mes chaussures sur le sol, mon cœur accélérait de quelques km/h.
« Monsieur Marchand? nous interrompit une voix d'homme autoritaire.
J'enfonçai alors douloureusement mes ongles dans mon bras, et inspirai profondément avant de me retourner lentement.
L'homme que je découvris m'était complètement inconnu, mais sa ressemblance avec Lia me sidéra. Ils partageaient le même teint basané, les mêmes pommettes hautes et le même timbre grave et mélodieux. Je me tournai aussitôt vers elle et vis que Jessica faisait de même mais Lia ne semblait pas le reconnaître. L'homme, cependant, la dévisagea, abasourdi, avant d'interroger mon frère.
« Présentez-moi vos... invitées, monsieur Marchand, ordonna-t-il après les modalités d'usage.
- Voici ma sœur, Roxane Marchand, et deux de ses amies, Jessica Flamart et Lia...
- Charity, je complétai sèchement.
Émile pâlit subitement mais se reprit vite.
- Je me présente, Julien Charity, il rit en s'inclinant devant une Lia blême. Je vous emprunte celle-là pour le moment, monsieur Marchand, » lança-t-il avec un sourire carnassier en l'entraînant par le bras dans l'escalier avant qu'elle ne puisse réagir.
J'eus à peine le temps d'apercevoir son visage terrifié avant qu'ils ne disparaissent au tournant d'un couloir.
Sonnée, je fixai mon frère pour qu'il m'explique ce qui venait de se passer, mais son visage était fermé et il s'engouffra dans l'ascenseur en deux grandes foulées et frappa l'étage de son bureau dans le panneau de contrôle. Il donna alors un coup de poing de frustration dans la paroi de l'ascenseur qui décrocha un pan de verre du plafond de l'ascenseur. Nous restâmes debout au milieu des éclats de verre jusqu'à l'arrivée de l'ascenseur, sans un mot, sans un bruit.
(....)
NDA: J'ai ENFIN fini ce chapitre!!! *s'applaudit toute seule* Vous ne vous imaginez pas comment c'était difficile, il m'a prit hyper longtemps à finir et je n'arrivais plus à écrire plus d'une phrase par jour par manque d'inspiration.
Mais bon maintenant il est fini donc... j'espère que vous allez l'aimer!
Dites-moi ce que vous en pensez, s'il vous plaît!!!!
À la prochaine ❤️
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