Chapitre 47

Point de vue de Lee:

On autant responsable des choix qu'on fait...

Que de ceux qu'on ne fait pas.

***

Un silence.

La lumière aveuglante.

Le banc.

Ma mère.

Les ténèbres.

L'éclair.

Et puis le noir...

J'ouvris difficilement les yeux alors que ma tête me tournait d'une façon étrangement agaçante. Je m'appuyai difficilement sur les coudes afin d'observer les lieux qui m'entouraient. Je n'étais venue qu'une seule fois ici mais je reconnaissais la pièce sans l'ombre d'une hésitation: «La fameuse Salle en Blanc». C'était ici que j'avais rencontré Cyclen, c'était ici que je m'étais souvenue, que j'avais découvert la vérité.

Gabriel et James se trouvaient respectivement à ma droite et à ma gauche alors que Nathanel, Salazar et d'autres personnes dont j'avais oublié le prénom se tenait devant moi.

-Lee, est-ce q... commença Gabriel quand il fut interrompu par Salazar.

-Pas d'influence, Gabriel. Tais-toi!

-Mais! Il a le droit de savoir si...le défendit James,  en s'avançant, avant d'être coupé à son tour par Nathanel.

-James, s'exclama ce dernier en lui faisant signe de cesser.

-Bien, acquiesça James en se remettant à sa place.

Pendant quelques instants un silence pesant régna dans la salle alors que je me relevai, en regardant autour de moi, intriguée.

-Leah Lydia Sharpin, lança alors Salazar, J'imagine que tu connais la raison de ta présence ici...?

-Non... enfin oui, mais je croyais que j'étais morte. Hors, tant que je n'ai pas fait mon choix, je suis mortelle alors... Je suis morte, je ne devrais pas faire de choix, évoquai-je d'une petite voix-

-C'est vrai, si tu mourrais avant tes dix-huit ans, avant de pouvoir faire ton choix, tu aurais été définitivement morte, m'expliqua Nathanel, Cependant John avait mal calculé son coup, en effet quand il t'as tué il était 00:02.

-En clair, ces deux minutes ton sauvée la vie, conclut Salazar, Pour l'instant, ton esprit est avec nous alors que ton corps est encore sur terre, en salle d'opération, entre la vie et la mort. Tu décéderas au moment où tu auras fais ton choix puis tu te réincarnera sous la forme d'un âge ou d'un démon.

-Et je suis sensée choisir comme ça? Vous ne me faîtes pas de petite introduction sur le monde obscur, sur «Pourquoi il faudrait nous choisir», sur tout... m'inquiétai-je.

-Tu as eu des mois pour y songer, Lee, murmura Gabriel, Ils ne pourront pas te donner plus temps.

-Je sais pas... chuchotai-je pour mon ange et mon démon.

-Peu importe ce que tu choisis on sera là, me répondit doucement James alors que Gabriel acquiesçait.

-Peu importe où tu seras, quoi que tu fasses on sera là, repris ce dernier, Nous ne sommes pas juste tes gardiens, Lee. Nous sommes tes amis, affirma-t-il calmement en plantant ses yeux bleus dans les miens.

-Dans ce cas, commençais-je en relevant la tête pour fixer Nathanel et Salazar, Je crois que je sais, enfin non, je suis sûre que je sais.

Je sentis Gabriel et James se figer à mes cotés dans l'attente d'une réponse.

Tous les regards étaient braqués sur moi.

Mais ça m'importais peu, j'était prête à présent. Enfin prête.

-Et? s'exclama Salazar, de plus en plus stressé.

-Je...commençai-je.

Une seconde.

Deux secondes.

Trois secondes.

Quatre secondes.

Cinq secondes.

J'expirai un grand coup comme on le fait lors d'une complétion de natation juste avant de plonger dans l'eau.

-Je ne suis pas fait pour être un ange, soupirai-je sous les regards ahuris de tout le monde.

-Tu es sû... commença Nathanel avant que je ne l'interrompis-je.

-Mais je ne suis pas non plus formée pour être un démon, conclu-je.

-Quoi?! réussit difficilement à prononcé Salazar, Mais c'est impossible.

-Je ne vous demande pas de comprendre, m'expliquai-je, Car vous ne le pourrez pas. Mais je vous demande d'accepter. Le truc c'est que je n'ai jamais été conditionnée à être comme vous, ou pour le mal, ou pour le bien. Je n'ai pas les même valeurs, les même idées. Réfléchissez une seconde, je ne pourrais jamais être un bon ange. Je ne supporterais pas d'être comme James; toujours calme, toujours à réconforter les gens, à les aider. Je ne suis pas du genre à régler les conflits mais plutôt à les engendrer. Et ne parlons même pas de devenir un démon, ce serait une catastrophe. J'ai pitié d'un chat coincé dans un arbre, d'un enfant dont la glace est tombé par terre, d'une grand mère qui ne traverse pas assez vite la route... Comment voulez-vous que je fasse mon choix alors que je ne viens pas de chez vous. Nous ne venons pas du même monde, nous sommes trop différent. Je ne veux pas juste être le bien ou le mal: Je veux être cette part entre les deux. Je ne veux pas être le soleil ou la lune: je veux être un milliard d'étoiles. Je ne veux pas être le jour où la nuit: Je veux être ce petit moment au crépuscule ou à l'aube, ces moments entre les deux. Je ne veux pas être un ange ou un démon: Je veux juste être moi. Alors si je dois choisir, je choisis d'être humaine, pas parce que c'est ce que j'ai envie d'être mais parce que c'est ce que je suis.

Petit à petit, je sentis une étrange sensation m'envahir. Tout commençait à tourner autour de moi, tout devenait flou. Je sentais la puissance, la force, le pouvoir se propager en moi.

Je me sentais vivante.

Une étrange tornade se formait autour de moi, faisant voleter mes cheveux, libérant mon corps.

Je sentais mes yeux me brûler.

Je me sentais changer.

***

Point de vue de externe:

Les gens changent.

C'est humain.

***

La Salle en Blanc, Monde des non-vivants, 16 janvier, 00:25

Lee semblait avoir disparut derrière cette sorte de brouillard, de bulles de puissance. Petit à petit, la tornade dans laquelle elle se trouvait commençait a devenir électrique.

Des éclairs envahissait la pièce, envahissait ce monde.

-Que ce passe-t-il, cria Gabriel pour couvrir le bruit de la tempête en se protégeant du vent.

-Ils ont choisit, lui répondit Nathanel d'une voix forte en évitant les bourrasques du mieux qu'il pouvait.

-Qui ça « ils»? les interrogea James en se cachant de la violente charge d'électricité qui déferlait dans la Salle en blanc.

-Les grands Patrons, répondit Salazar en se plaquant contre le mur pour éviter un éclair.

Puis d'un coup, tout s'arrêta.

Le corps de Lee retomba inerte sur le sol.

Inconscient.

Gabriel et James se précipitèrent vers elle dans un même temps.

-Son coeur ne bats plus, s'exclama l'ange gardien en prenant son pouls, Que ce passe-t-il, s'écria-t-il à l'adresse de Nathanel qui s'éloignait petit à petit du corps de l'adolescente.

-Je suis désolé, James, chuchota-t-il, Elle a fait son choix. Nous ne pouvons plus rien faire.

-Comment ça, mais... Mais non, il y a bien un moyen, elle ne peut pas mourir, cria Gabriel, C'est impossible. Elle n'a pas le droit.

***

Salle d'opération, Californie, Monde des humains, 16 janvier, 00:25

«Bipppppppppppppppppppppppppppp...»

-Docteur, s'écria la jeune infirmière, On la perd.

Le médecin releva précipitamment la tête de la poitrine ouverte de la jeune fille qu'il était en train d'opérer.

-Clamper l'aorte, signala-t-il, il faut faire repartir ce coeur.

Un des infirmier fit passer la dose de médicament à travers les petits tuyaux reliés au pâle corps inconscient de l'adolescente alors que le chirurgien se préparait a défibriller.

-200, indiqua-t-il, On dégage.

Rien.

-300. On dégage.

Rien.

- Allez Lee, Tu dois te battre... 400. On dégage.

Rien.

L'homme regarda attristé le corps de la jeune fille. Elle était si jeune, si innocente et pourtant elle avait déjà vécu tant de choses, peut-être trop?

L'infirmière songea tristement à l'adolescente pendant quelques instants avant de se rappeler qu'elle devait acheter des carottes pour le souper du soir. Personne ne pouvais l'en blâmer, après tout des gens meurent tous les jours dans les hôpitaux, dans le monde...

Le chirurgien s'apprêta à annoncer l'heure de la mort alors que tout le monde semblait s'être tût pour accueillir la fin de la fille au cheveux de sang.

Puis d'un coup, un bruit déchira le silence.

Explosant dans la pièce.

Relançant l'espoir.

Ce bruit c'était le son d'un coeur, d'un coeur qui battait.

«Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Bip.Bip»

***

Chambre d'hôpital, Californie, 17 janvier, 16:40

La jeune fille ouvrit un oeil, puis l'autre.

L'un était bleu métallique, bleu comme l'océan, bleu comme un ciel d'été.

L'autre était noir, noir comme la nuit, noir comme la peur.

Elle était devenu le bien et le mal.

Elle était devenu humaine.

Elle regarda autour d'elle désemparée.

-Que c'est-il passé? chuchota-t-elle difficilement en sentant une violente douleur dans sa poitrine.

James, Gabriel et Ryan était assis auprès d'elle alors que leurs yeux exprimaient l'inquiétude, la peur et l'incertitude.

-Tu as réussi, Lee! Tu es humaine, souffla Gabriel en lui prenant la main alors que James demandait à l'infirmière d'aller prévenir son père et son frère qui parlaient actuellement au médecin, Tout est fini maintenant.

-Chouette, murmura-t-elle exténuée, Pourquoi j'ai si mal au coeur?

-Les médecins ont dû retirer la balle de ta poitrine, lui expliqua Ryan, Elle avait perforé l'aorte.

La jeune fille le regarda perdue, sans comprendre, elle était si fatiguée, si vidée.

Elle voulait juste dormir.

-Une balle? Mais...Mais il y a eu deux coups de feu, non? s'exclama-t-elle soudainement en tentant de s'asseoir dans son lit malgré la douleur qui l'envahissait tout en se remémorant la scène.

-Lee, écoute... commença James.

-Où est Liam? demanda-t-elle brusquement en l'interrompant.

-Lee... tenta à son tour Ryan.

Mais l'adolescente à le chevelure rouge ne les écoutait pas.

Elle devait savoir.

-Où est-il?

-Leah, souffla doucement Gabriel, trop doucement, Je suis désolé... Les médecins n'ont rien pu faire, ses blessures étaient trop grave.

Un sanglot déchirant monta dans la gorge de la blessée.

-Il était mortel, Lee. Il savait les risques qu'il prenait... Mais il l'a fait pour toi, continua son démon en essayant maladroitement de la réconforter.

L'adolescente commença à se débattre dans son lit, elle s'agrippa au barreau du lit comme si ils étaient sa bouée de sauvetage, son seul moyen de ne pas sombrer. Des cris s'échappèrent de sa bouche.

Des cris de désespoirs.

-Non, c'est impossible, s'écria-t-elle, Mourir... Mourir ça n'arrive qu'aux autres.

-Lee... murmura la garçon aux yeux bleu métallique.

-Dis-le, Gabriel. Dis-le, chuchota-t-elle d'un coup, d'une voix glacial, d'une de ces voix que l'on entend que dans les pires films d'horreur alors que des larmes silencieuses coulaient sur ses joues comme du sang qui s'écoule d'une blessure.

-Lee, je ne sais pas si...

-Dis-le.

Les deux adolescents se fixèrent muets pendant un instant, pendant une vie.

-Liam est mort.



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