Point de vue de Lee:

Il y a forcément un moment dans la vie où tout change...

Où on sait que quoi qu'il arrive, plus rien ne sera comme avant.

Généralement cette période survient pendant l'adolescence.

Il y a ce moment où l'on commence à prendre conscience, des choses, de la vie...

C'est ce moment où l'on est plus vraiment un enfant.

Mais pas tout à fait un grand.

Ce moment où l'on arrête d'aller jouer au parc avec ses amis, pour passer, à la place, des heures, à discuter.

Ce moment où l'on grandit...

***

J'ai toujours faire croire que ma vie était parfaite, absolument parfaite.

Tout le monde y croyait, même si ce n'était qu'un stupide mensonge, aussi bête qu'inutile.

J'ai toujours voulu tout contrôler.

Être parfaite.

Je crois qu'au fond je voulais que ma mère soit fière de moi, où qu'elle soit.

Pourtant, je me rend bien compte maintenant.

Ma vie est loin, mais alors, très loin d'être parfaite.

Même l'exact opposé.

Je suis bien consciente que je ne devrais pas me plaindre. J'ai un toit au dessus de la tête, de quoi manger, de quoi vivre.

J'ai une belle vie.

Des amis.

Une famille.

Et pourtant... Je crois qu'au fond c'est cela qui me fait le plus peur; c'est de devoir quitter cette vie que je chéris tant pour devenir Ange ou Démon.

C'est de devoir tout abandonner.

***

Assise sur mon lit, je fixe cette saleté de boîte qui me pourrie la vie.

Premièrement, parce que je suis curieuse ,et donc, je meurs d'envie de déchirer le beau papier bleu afin d'y découvrir l'intérieur, alors que je ne peux pas.

Deuxièmement, parce qu'il y a quelque chose dedans qui provient de mes parents -mes vrais parents- et que si j'ouvre cette boite j'aurais l'impression de trahir mes parents adoptifs.

Troisièmement parce que... Bon d'accord, je vous l'accorde, il n'y a pas de troisièmement. Mais les deux premiers point sont déjà bien assez embêtant.

Posant la boîte à terre je m'appuie contre mon mur fixant le vide, quand mon regard tombe, par hasard, sur une photo de Liam et moi.

Pourquoi faut-il toujours que tout revienne à Liam?

Je crois qu'au fond je connais la réponse.

Une réponse qui m'effraie plus que tout, que aucun de nous deux n'avons jamais osé affronter.

Une réponse directement liée à cette photo, prise à une fête quand j'avais seize ans.

Liam était le premier...

Californie, 15 Avril 2014.

C'était une fête, comme il en existe tant d'autres.

Il devait être à peine minuit, mais la plupart des gens étaient déjà à la limite de l'évanouissement.

Des jeunes, déchainés, dansaient un peu partout dans le salon, alors que la pelouses étaient recouvertes de détritus et de gobelet rouge.

La musique résonnait à mes oreilles, fortes, puissantes, alors que j'étais assise à une table en compagnie de John et Ryan -mes deux partenaires de fêtes, comme j'aimais les surnommés. Ryan, totalement déchiré, chantait machinalement une reprise d'une des chansons de ''Grease''. John, quant à lui, était totalement sobre, c'était lui le plus responsable du groupe.

Et moi...?

Personnellement, j'avais beau rétorqué à qui veut l'entendre que je n'étais absolument pas bourré, c'était un mensonge effronté.

-Tu sais Lee, m'avertit John, Tu ne devrais pas boire autant...

J'avala une gorgée de ma cinquième bière... ou sixième, peut-être?

-T'inquiète, je gère, lui rétorquai-je en rigolant, je vais danser. Tu viens?

-Je crois que je vais me contenter de... te surveiller de loin, me répondit-il en sortant son téléphone.

Je haussais les épaules et me dirigeais vers la piste de danse en criant:

-Je ne suis plus une enfant!

Puis retrouvant une bande de fille, avec qui il m'arrivait de passé du temps, je commençai à me déchainer sur une chanson de Bruno mars.

La fête battait son plein et je devais danser depuis une bonne heure quand je sentis des mains passer autour de ma taille et quelqu'un se coller à moi.

Un souffle chaud se fit sentir dans mon cou alors qu'une voix murmurait à mes oreilles.

-Franchement, tu as des progrès à faire en danse...

J'éclatais de rire et me tournais, accrochant mes bras autour du coup de Liam.

Nous dansions au rythme de la musique.

-Je te déteste, tu sais, m'exclamai-je en lui tirant la langue.

-Non c'est faux! Tu m'aimes, m'accusa-t-il avec un sourire en coin.

-Non, enfin... Oui, peut-être un peu.

-Un peu totalement, oui, s'écria-t-il en me serrant d'avantage contre lui.

-Oui, c'est vrai... Je t'aime, rigolai-je.

Puis d'un coup, la tension monta d'un cran, l'air semblait plus électrique, les corps en chaleurs se déhanchaient plus vite sur la piste, les yeux de Liam semblait me fixer plus intensément.

-On devrait rentrer, déclara-t-il en me guidant hors de la maison, sa main dans la mienne.

Nous rentrâmes, déambulant calmement dans les rues silencieuse.

Nos mains ne se lâchèrent pas.

Arrivé devant nos maisons respectives, nous nous fixâmes un long moment, une éternité.

-Eh bien... Bonne nuit, m'exclamais-je, pas tout à fait sobre.

-Bonne nuit, me répondit-il doucement, une étincelle indescriptible dans les yeux.

Je commença à marcher en direction de chez moi, chancelante, traversant la route, quand tout à coup, sans crier gare, une main me retint. Liam me tira contre lui et ses lèvres se posèrent sur les miennes.

Je répondis à son baiser. C'était passionné, ardent, brulant...

C'était puissant.

C'était magique.

Le reste est quelque peu flou.

Cependant, il y a des instants qui me reviennent parfois... Des souvenirs, des flahbacks.

Les marches de l'escaliers que nous avions tenté de gravir, sans cesser de nous embrasser.

Nos rires étouffés sous les draps.

Ses mains sous mon t-shirt, laissant une sensation de brulure sur ma peau.

Ses yeux plongés dans les miens.

Cette douceur.

Son sourire.

Et ce murmure, au bout de la nuit.

«Je taime, Lee...»

Le lendemain matin nous avions fait comme si rien ne c'était passé, comme si rien n'était jamais arrivé. Nous avions repris notre vie, calmement, gentiment.

Comme ça devait être...

Pourtant quelque chose avait changé.

Tout avait changé.