Chapitre 31

Point de vue de James:

Je ne veux pas partir...

Mais je ne peux pas rester.

***

Lee et Gabriel se fixaient. Ils se fixaient comme si il n'y avait qu'eux sur terre, comme si il n'y aurait toujours qu'eux.

-Lee, est-ce que ça va? demanda calmement Gabriel sans la quitter des yeux.

-James, m'interpella-t-elle, Peux-tu dire à Gabriel comment je vais.

-James, lança à son tour ce dernier, Peux-tu dire à Lee qu'elle peut me parler directement.

L'adolescente serra les poings, énervée et repris.

-Oh, James, Peux-tu dire à Gabriel que je n'ai aucune envie de lui parler.

-Très bien, et James...

-Non, non, non et non, le coupai-je en m'interposant entre eux, Je ne suis pas un hibou, je ne suis pas la poste, je ne suis pas un pigeon voyageur et je ne suis pas non plus Messenger. Je ne peux pas le supporter, vous vous êtes retrouvés depuis à peine cinq minutes et vous vous disputés déjà? Vous croyez pas qu'il y a autre chose à faire que de se comporter comme deux gamins insupportables. Je suis vraiment désolé de devoir vous engueuler comme ça, je suis désolé que vous soyez obligé de vous parlez, je suis désolé que vous soyez connecté... Mais c'est le cas, et personne ne peut changer ce qui est arrivé alors arrêtons, une minute, de nous prendre la tête et parlons sérieusement.

Ils me regardèrent, tout deux, penaud.

-Quoi? m'exclamai-je devant leurs airs ahuris, Je ne peux pas toujours jouer le gentil qui ne s'énerve jamais. Maintenant, Lee, dis nous, Est-ce que ça va? Car je pense que l'on peut dire que la dernière fois que l'on t'as vu ça n'allait pas exactement bien.

-Pas exactement bien?! intervint Gabriel, Elle baignait dans un marre de sang... Je répète, puisque personne ne semble réagir; Elle baignait...

-Dans une marre de sang, on sait, le coupa Lee.

-Mais comment est-ce arrivé? l'interrogeai-je.

-C'est Harry.

-Harry!? m'exclamai-je en même temps que Gabriel.

-Oui, il m'a attaqué... Il a fait exprès de devenir ami avec mon frère pour pouvoir s'approcher, apprendre des choses sur moi. Puis il m'a attaqué...

-Dans une salle de bain, rétorqua Gabriel, sceptique, Charmant!

Lee soupira.

-Oui, il m'a attaqué. Et oui, c'était dans une salle de bain, il a essayé de me tuer.

-Essayer? intervins-je.

-Oui, mais il a échoué. Parce que... Parce que j'étais en colère et que j'étais perdue, et que je ne savais plus où j'allais, et aussi que je savais que personne ne viendrait me sauver. Alors, je me suis débrouillée seule, j'ai utilisé mes pouvoirs et j'ai fait du mieux que je pouvais.

-Mais où est passé Harry? s'écria Gabriel, aussi perdu que moi.

-C'est là que l'histoire se complique, nous expliqua Lee, Je ne me souviens plus vraiment... J'étais dans le flou, mais Harry était inconscient et moi aussi... Et puis il y a eu cet homme. Celui qui a emmené Harry.

-Quel hommes? lança Gabriel avant même que je puisse le faire.

-Mon père, mon vrai père, répondit Lee en nous fixant.

Un silence de mort régna dans la pièce.

-Lee, ton père a été banni, expliqua calmement Gabriel.

-Eh bien, à l'évidence, non, conclu Lee.

-Il... Il faut que j'aie voir Nathanel et Salazar, je dois les prévenir, m'exclamai-je.

-Oh attend! Je viens avec toi, m'avertit Gabriel alors que j'enjambais la fenêtre.

-Non, tu restes, m'exclamai-je, Vous deux, vous avez des choses à régler, puis je sautai sur l'avant-toit et refermai la fenêtre d'un coup sec.

***

Point de vue de Lee:

Je ne peux pas empêcher les gens que j'aime de partir.

Cependant, je peux les empêcher de rester.

Les empêcher de me briser.

***

Nous nous fixâmes, ça aurait pu durer une seconde comme ça aurait pu durer une éternité.

Je crois, qu'au fond, nous craignions tout les deux, d'affronter la dure réalité.

-Je suis désolé, commença Gabriel, la voix tremblante.

-Désolé... Désolé?! explosai-je, Tu es parti, tu es parti pendant presque trois mois et tu reviens en disant simplement que tu es désolé. Eh bien, moi aussi je suis désolée, je suis désolée que ça ne suffise pas.

-Lee, écoute moi, essaya Gabriel en se rapprochant de moi.

-Non, Gabriel, j'en ai marre, marre de devoir rester là, de devoir écouter sans cesse les autres, de devoir faire comme ci tout allait bien, devant mon père, mon frère, mes amis, alors qu'au fond, nous savons tous que rien ne vas plus, que rien n'ira jamais plus.

-Tu as raison, acquiesça doucement Gabriel, Tu as raison et c'est cela qui fait tellement mal, qui fait le plus mal. Je ne voulais pas t'abandonner, je te jure Lee. Je tiens à toi plus que tout et c'est pour cela que je t'ai laissé. Je ne pouvais pas te voir devenir comme moi. Tu ne mérites pas de devenir un monstre, tu n'en ai pas un.

Un éclat de tristesse traversa son regard océan , une larme coula sur sa joue.

-J'ai toujours cru que... Que vivre c'était dure, tellement plus difficile que de mourir, J'ai toujours penser que la mort était paisible, simple, commençai-je sereinement, Pourtant... Regarde toi, tu es mort, et tu souffres plus que tout, plus que la plupart des gens. Ça ne devrait pas être comme ça, ça ne devrait pas être aussi compliqué. Il devrait y avoir un après et un avant... Mais pas d'entre deux.

Il s'approcha et me pris dans ses bras, m'attirant à lui.

Nous restâmes comme ça; une seconde, une minute, une heure, un jour, une vie. Il n'y avait plus que nous, le reste du monde semblait s'être évaporé, éloigné dans une autre galaxie.

-Il faut savoir laisser partir les gens qu'on aime, si on les aimes vraiment... Pas vrai? lançai-je, toujours dans ses bras.

-D'ou tiens tu cela?

-Liam... Je crois me souvenir qu'il me l'ait dit une fois et je pense que je viens seulement de comprendre ce que ça signifie. Pars Gabriel, une fois pour toute, Va-t-en, fait comme si rien n'était arrivé, reprend ton rôle de démon insensible et ne reviens pas. C'est ce que tu devais faire depuis le commencement, c'était ton rôle, murmurai-je en m'accrochant à lui.

-Je ne veux plus t'abandonner...

-Tu ne m'abandonnes pas. Je te le demandes, pour toi, pour moi, pars. Pars et oublie nous.

Il se détacha lentement de moi, ses yeux brillants d'une lueur de tristesse.

-Au revoir, Lee, chuchota-t-il alors que je fermais les yeux et qu'il déposait un dernier, un ultime baiser sur mon front.

Puis je sentis un courant d'air frais, j'entendis le bruit d'une fenêtre qui s'ouvre, de quelqu'un qui s'en va. Quand je rouvris les yeux... Il avait disparu.

Je me laissai tomber contre le sol froid. C'était mon choix, ma décision, je ne pouvais pas me plaindre.

Cependant,  je ne pouvais pas me mentir à moi même

Ça faisait mal.

Mais au fond, quoi qu'on fasse, on finira par avoir mal.

-Au revoir Gabriel.


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