Chapitre 24
Point de vue de Lee:
J'ai besoin de partir.
Je ne peux pas rester.
Cela fait trop mal.
Trop de souffrance, trop d'incompréhension, trop de mystère.
J'ai peur que plus rien ne soit comme avant.
Je veux m'envoler.
Je ne veux pas me réveiller.
***
Je ne sais pas depuis combien temps je suis là.
Une minute, une heure, un jour, une semaine, un mois, une année?
Je n'ai plus la notion du temps, je n'ai plus rien.
Je me sens bien, seule, assise, dans le noir.
Je ne veux pas revenir.
Je ne veux plus souffrir.
***
L'étrange bourdonnement qui envahissait mes oreilles, commençait à disparaître et je pouvais presque entendre des voix. Je tentais d'ouvrir mes paupières, en vain. Elles étaient trop lourdes.
-C'est de ta faute, tu aurais dû l'emmener à l'hôpital après sa chute, résonna une voix dans la pièce.
-Tu étais là aussi, je te rappelle, répondit une voix d'homme.
Il y a quelqu'un? Est-ce que vous pouvez m'aider? Que ce passe-t-il?
Mais les voix ignorèrent mes questions muettes et continuèrent leur dispute.
-Comment j'aurais pu savoir? se défendit l'autre voix.
-Et moi alors? s'exclama l'homme.
-Merde, James, tu es ambulancier, tu aurais du le savoir.
James?
Ce nom me dit quelque chose. Est-ce que je le connais?
Une porte claqua quelque part et j'entendis des pas.
-Bonjour, répliqua une voix de femme qui ne m'étais pas inconnue, Je suis le Dr Lawson, c'est moi qui me suis occupée de Leah la dernière fois. James je te connais mais vous, qui êtes vous?
Médecin? Est-ce que je suis à l'hôpital?
-Je m'appelle Gabriel Wingler, se présenta une voix, Je suis un ami. comment va-t-elle?
Gabriel? James? Est-ce qu'on se connait?
-Eh bien, Leah à eu un fort Traumatisme craniocérébral, expliqua le docteur.
Un cranioquoi? Quelqu'un peut répéter?
-Quoi? répliqua la voix du certain Gabriel.
-En clair, une commotion cérébrale, traduisit l'autre voix d'homme, probablement James.
-Sa famille a-t-elle été prévenus? interrogea la voix du médecin.
-Oui, répondit une nouvelle voix alors qu'une porte claquait, Je suis Bryan Sharpin, son frère, j'ai tenté de joindre notre père, en vain?
Bryan! C'est toi?!
-Eh bien, je parlais avec ces deux jeune hommes de l'état de votre soeur. Physiquement, malgré la commotion, son état est tout a fait stable, lança le médecin.
-Physiquement? répliqua mon frère, incompréhensif.
-Oui, disons simplement que psychologiquement, c'est plus compliqué. Votre soeur est plongé dans un coma. Cependant ce n'est pas un coma artificiel, provoqué par les médecins, c'est son corps lui même qui c'est plongé dans le coma afin d'atténuer la douleur, ce qui peut-être fréquent après une grave commotion.
-Quoi? Mais quand va-t-elle se réveiller? s'exclama mon frère, inquiet.
-C'est là que ça se complique, cela peut durer encore une heure ou bien vingt ans et nous ne pouvons absolument rien faire. Ce n'est pas comme si votre soeur était branchée à une machine et que vous pouviez la débrancher. Non, son corps va parfaitement bien, il est capable de respirer seul, de se débrouiller. En quelque sorte, c'est comme si elle dormait. Et dans ce genre de cas de coma, la raison peut-être, très souvent, psychologique. C'est comme si elle ne voulait pas se réveiller... Comme si elle refusait de revenir à la réalité. Cela est déjà arrivé, ça peut-être dû à une révélation très choquante ou à la perte d'un être proche.
C'est faux, je veux me réveiller... Enfin, je crois... Je ne sais plus, maintenant.
-Attendez, vous êtes en train de dire que Lee c'est auto plongé dans le coma pour éviter d'affronter la réalité, s'exclama mon frère, totalement perdue.
-Non, répondit mon docteur, Son corps l'a plongé dans le coma afin de la préserver de la douleur physique, mais ensuite, peut-être -et je dis bien peut-être- qu'elle s'est rendue compte que cela la protégeais également de la douleur mental, des choix, de la vie, de tout ce qu'il faut affronter. Et elle y a vu là un échappatoire. Vous savez, il arrive qu'on pense, que parfois c'est mieux de ne pas se réveiller.
Et si le médecin avait raison? Et si mon subconscient refusais que je me réveille? Mais pourquoi?
Et d'un coup, ça me frappai de plein fouet, ça revint à moi comme une évidence... Les anges, les démons, ma mère, Liam, James, Gabriel... Et d'un coup je commençais à comprendre pourquoi je refusais de me réveiller, pourquoi je refusais de revenir.
***
Point de vue de Gabriel:
Londres, 13 novembre 1937.
-Gabriel! je connaissais cette voix, c'était celle qui avait bercé mon enfance.
James était là juste devant moi.
-Je suis désolé, Gabriel, répliqua-t-il alors qu'une larme coulait sur sa joue. Ils n'ont rien pu faire, elle est morte... Angie est morte.
Angie. Est. Morte.
Trois petits mots et tout mon monde s'écroula.
***
Parfois, c'est mieux de ne pas se réveiller.
La phrase du docteur tournait en boucle dans ma tête, car au fond, elle avait raison. Je pouvais comprendre Lee, je pouvais tellement la comprendre. Je sais très bien ce que ça fait qu'on on ne demande plus qu'a abandonner.
Nous étions les trois à attendre, dans le couloir aux murs verdâtre de l'hopital, Bryan, James et moi, alors que le médecin était partit faire de nouveau scanner à Lee.
Je vus alors un homme courir de la porte jusqu'a la réception. Et d'un coup fondre en larme alors que le médecin lui parlait... Sa femme venait de mourir.
Cela ne me choqua pas, ça arrive tout les jours, dans tout les hôpitaux du monde, des gens courent jusqu'a la porte en priant pour que rien ne soit arriver aux personne qu'ils aiment. Et alors que le médecin viennent leur parler, certains seront soulagé en apprenant que leurs proches vont bien et d'autres verront leur monde se détruire en apprenant la mort d'un être aimé.
Un nouvel homme entra dans l'hôpital, en courant lui aussi, et sans passer par la réception, il se dirigea vers Bryan et le pris dans ses bras.
-Que c'est il passé? Est-ce qu'elle va bien? demanda-t-il en essayant d'étouffer un sanglot.
-Son état est stable, physiquement, mais elle est dans le coma. Ils... ils pensent que c'est psychologique, qu'elle ne veut pas se réveiller.
L'homme commença à pleurer dans les bras de son fils, je jetai un coup d'oeil à James. Ses yeux étaient rouges, il n'était pas loin de craquer lui aussi.
C'était de ma faute.
C'était moi qu'il l'avait retrouvé, c'était moi qui avais découvert son existence, c'étais moi qui avais lancé l'éclair sur elle.
J'avais voulu la détruire et j'avais réussi.
J'avais toujours eu le chic pour faire du mal au gens que j'aimais.
Angie, James et maintenant Leah.
Je me levai et commençai à partir, mais James me retint.
-Gabriel, qu'est ce que tu fais? Où vas-tu?
-Je ne peux pas James, elle ne mérite pas ça, dis-je froidement en cachant les larmes qui menaçaient de couler.
-Comment ça?
-Si... Si elle se réveille, je te laisserais faire, je te laisserai l'emmener vers le bien, vers les anges. Elle ne mérite pas de devenir comme moi. Je n'interférais plus dans sa vie.
Puis je m'en allai, j'entendis James crier mon nom mais c'était trop tard.
Mon monde s'était écrouler.
Pour la deuxième fois.
***
Point de vue de Lee:
Ils me demandaient tous la même chose, ils me disaient tous la même chose.
«Reviens»
«On a besoin de toi»
«Tu ne peux pas partir comme ça»
Mais c'était trop tard.
***
-Lee?
Cette voix me sortit instantanément du noir dans lequel je m'étais plongé. Il n'y avait que cette voix qui me puisse me faire réagir, les autres, je ne les écoutais même plus, mais lui...
Liam!
-On prétend que les gens dans le coma peuvent nous entendre alors... Même si j'ai l'air d'un idiot, je vais quand même essayer. Et puis de toute façon, j'ai déjà réagi comme un idiot alors je n'ai plus rien à perdre, chuchota la voix de mon ancien meilleur ami à mon oreille.
Qu'est ce que tu racontes? Qu'est ce que tu veux? Tu ne crois pas que tu m'a pas déjà fait assez de mal comme ça?
-Je regrette Lee, si tu savais à quel point je regrette. J'aurais du te retenir, je n'aurais jamais du te laisser partir, pas comme ça. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est de ma faute. Tu sais, tout ce que je t'ai dit, c'étais faux. Je n'ai jamais dû te supporter, au contraire, dès l'instant où je t'a rencontré je t'ai tout de suite apprécier. Comment ne pas t'aimer, comment ne pas aimé ton sourire, ton humour, ton intelligence? Pour la première fois, depuis ma naissance, à tes cotés je me suis réellement sentis à ma place. Vivre dans le monde des anges et des démons étaient extraordinaires... Mais vivre avec toi, c'était magique. Et pourtant je suis calé en matière de magie. Tu as tout changé Lee, tu as tout bousculé, et pas que pour moi. Tu ne t'en ai jamais rendue compte, mais tu as toujours enchanté le monde qui t'entourais. Tout le monde t'adorait, tout le monde t'adore... Mais quand tu es venues chez moi, l'autre soir, et que tu m'as accusé de toutes ces chose, ça m'a fait tellement mal. Et si ça a fait aussi mal, c'est parce que c'était vrai, j'aurais dû tout te dire, j'aurais dû t'apprendre la vérité. Je l'ai fait pour te protéger car je croyais que cela serait la meilleure des solutions. Je croyais que mentir, te cacher la vérité était ce qu'il fallait faire, mais c'était une erreurs. Je suis désolée Lee, sanglota-t-il alors qu'il pleurait silencieusement.
Liam, ne t'en veux pas, je t'en supplie, ce n'est pas de ta faute.
Je commençais à comprendre ce que Joe avait voulu me dire en me disant que si quelqu'un m'avait menti pour me protéger, ce n'était pas si horrible que ça.
Une larme coula sur ma joue.
-Lee, s'exclama Liam en cessant de sangloter, Tu pleures, tu m'entends pas vrai?! Alors écoute moi, je te demande de revenir. Je ne le fait pas pour moi, car même si c'est ce que je souhaite par dessus tout, ce serait trop égoïste de ma part. Non, je te le demande pour les autres, pour tout les gens qui t'aiment. Ton père, ton frère, tes amis, tu as pensé à eux, tu as pensé à John et Ryan, et James, et Gabriel. Ils t'aiment tous Leah, et ils souffrent eux aussi, et ils souffrent parce qu'il t'aime. Quand une personne qu'on aime souffre, on souffre aussi car on l'aime. Et même si c'est dure de vivre, tu dois te réveiller. Le plus dure ce n'est pas pour ceux qui partent, Lee, c'est pour ceux qui restent. Ils ont besoin de toi, ici, pas la-bas... J'ai besoin de toi.
Pendant une seconde, je songeai que ce serait plus simple, tellement plus simple, de partir, de rejoindre ma mère, de me laisser mourir.
Mais Liam, avait raison, je ne pouvais pas les laisser, pas comme ça, pas maintenant.
Alors aux prix d'un immense effort, J'ouvris les yeux.
Et je les garderais ouvert, tant qu'on aurait besoin de moi.
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