IV | Comment elle vivait avant que je la connaisse.

Avant que je la connaisse, elle était différente. Elle n'était certes pas vraiment autre, mais, avant que je la découvre, elle était moins triste.

Elle n'était pas gâtée par sa famille. Ses parents ne devaient pas s'inquiéter pour son devenir ; elle ne réclamait jamais quoi que ce soit d'eux, par ailleurs. Elle ne réclamait jamais rien, jamais quelque friandise et jamais quelqu'amour que ce soit.

Enfant, elle portait toujours des sabots noirs, dont les sangles lui étouffaient souvent les pieds, et qui se noyaient sous la pluie. Elle n'a jamais voulu de bottes en caoutchouc.

Très tôt, elle avait commencé à dessiner. D'abord des cœurs, puis des nuages. Les autres enfants peignaient le ciel en bleu et les nuages en blanc, mais elle ne les pensait pas ainsi. Elle savait que ses dessins ne correspondaient à aucune réalité, mais elle était incapable de séparer le réel du rêve. Elle ne l'a jamais pu. Elle n'était pas conçue pour cela.

Il n'y avait presqu'aucune photo d'elle. On pouvait s'estimer heureux quand on l'apercevait : elle ne restait jamais bien longtemps dans un unique champ de vision. Elle était cette fille qui toujours courait, sautait, marchait partout. Chacun pouvait tenter de la consulter un instant, mais elle ne voulait être retenue pour rien au monde.

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