2.
La vérité était que Sym n'avait pas pu se résoudre à laisser sa mère. Elle avait eut l'air tellement inquiète en remarquant ce fourgon que les radars du jeune homme s'étaient alarmés. Quelque chose de dangereux tournait autour de leur maison, il n'avait pas voulu fuir et laisser sa mère l'affronter, quoi ou qui que ce soit.
Jusqu'à la dernière seconde, elle essaya de le pousser en dehors de la maison mais ne parvint à le bouger que de quelques centimètres. Un groupe de personnes en combinaisons bleu marine, assorties au fourgon débarqua dans le salon. Certains d'entre eux étaient armés. Jean, Jahan et Wanda apparurent dans le salon, le visage inquiet, Sym leur fit un signe discret de retourner dans leur chambre. Même s'il était doué pour dissimuler les apparences, cacher sa peur était trop difficile, l'adolescent n'avait jamais été aussi effrayé de sa vie.
Un homme portant une combinaison plus claire que les autres s'avança et se présenta.
- James Sifrey, programme ELIT. Vous êtes Sym Wellington ?
- Ne le touchez pas ! s'exclama sa mère en se plaçant devant lui pour faire rempart.
Le dénommé James Sifrey secoua la tête, comme s'il allait faire quelque chose qu'il regrettait déjà. D'un signe, il ordonna aux hommes derrière lui de se saisir de la mère de Sym. Ce dernier devina que celui en combinaison claire était le chef des opérations.
Lorsque deux des soldats s'emparèrent de sa mère, Sym voulut les en empêcher et essaya d'en immobiliser un. Son élan de courage fut bref et inutile, l'homme se dégagea de son emprise comme s'il chassait une mouche. Dans la seconde qui suivit, on saisit les bras de Sym et on le traîna jusqu'à l'endroit où s'était tenue auparavant sa porte d'entrée. Le garçon tenta bien de se débattre mais il remuait les pieds dans le vide. Il avait été pris comme un enfant de quatre ans, il n'arrivait pas à croire que tout avait été aussi facile pour le groupe. À l'intérieur, il entendait les cris déchirants de sa mère qui hurlait qu'on lui ramène son fils. Épuisé, le jeune homme fit une dernière tentative pour se dégager de l'emprise des trois hommes qui le maintenaient. Toujours en vain.
- MAMAN ! cria-t-il à son tour.
La silhouette de la femme apparut jusqu'à la porte d'entrée, elle entreprit de courir jusqu'à lui mais un des soldats de ce James Sifrey lui fit une clé de bras et elle se retrouva à terre. Elle hurla et pleura, de douleur physique ou de tristesse, Sym ne le savait pas. Désormais, sa gorge était si nouée qu'il ne parvenait même plus à parler. Les trois hommes le balancèrent dans le fourgon et grimpèrent avec lui avant de refermer les portes.
Sym fit un rapide calcul mental, il n'était pas aussi intelligent que Cléo mais il devina qu'entre le temps pendant lequel tout le monde prenait place dans le véhicule et celui où il démarrait, il pouvait facilement s'enfuir. Il se leva difficilement et à l'aveugle, se jeta contre les portes du fourgon. Il chercha à tâtons les poignées pour les ouvrir mais lorsqu'il posa les mains dessus, on le saisit par les épaules et l'envoya dans le fond de la petite pièce. Son crâne heurta ce qu'il imagina être une barre en fer, dans le noir, il ne voyait rien mais il était presque sûr de s'être ouvert la tête.
Les portes du fourgon s'ouvrirent de nouveau et deux autres hommes grimpèrent. Anticipant la réaction de l'adolescent, un des soldats se jeta sur lui pour l'empêcher de s'échapper. Sym n'était pas sûr qu'il l'aurait tenté un nouvelle fois, le choc l'avait assommé.
Quelqu'un frappa contre la carrosserie, c'était la mère de Sym.
James Sifrey faisait partie des quatre hommes montés à l'arrière avec lui. Il s'agenouilla et afficha un sourire franc, Sym aurait voulu lui cracher à la figure mais il n'en avait pas la force mentale, ni physique d'ailleurs car un des soldats était toujours allongé sur lui, l'immobilisant.
- Bonjour Sym ! le salua le chef de l'opération d'un ton enjoué. Je suis le directeur du programme ELIT. Tu en as déjà entendu parler ?
- Vous m'emmenez où ? interrogea Sym en ignorant la question de James Sifrey.
- Tu le découvriras bien assez tôt, ne t'inquiète pas, le trajet ne sera pas long, du moins pas pour toi.
Pour accompagner ces paroles, un de ses soldats fit glisser avec son pied une mallette jusqu'au directeur. Celui-ci l'ouvrit devant les yeux du jeune homme et dévoila une série de seringues remplies d'un liquide transparent. Comprenant ce qui allait suivre, Sym se débattit une nouvelle fois. Il capitula après une dizaine de secondes, incapable de bouger.
- Avant ça, expliqua James Sifrey avec un regard pour les seringues, je vais te demander de faire un choix. À partir de maintenant, tu dois abandonner toute trace de ton passé. Nous allons te proposer une liste de prénoms, tu vas en choisir un, choisis celui que tu préfères car c'est sous cette appellation qu'on te désignera pour le reste de ta vie.
Sym n'aimait pas la manière dont ce directeur s'adressait à lui, comme s'il était un enfant de dix ans. Mais il était tellement épuisé qu'il n'avait pas la force d'être cynique.
Un des soldats sortit de sa poche de combinaison une petite tablette, l'écran s'alluma et éclaira son visage. Il se racla la gorge et commença à énumérer :
- Tobin, Toby, Tomac, Tomas, Torian.
Une fois sa liste terminée, tous les regards se tournèrent vers l'adolescent. En vérité, celui-ci n'avait jamais pu quitter des yeux les seringues. James Sifrey en avait sorti une et s'apprêtait à l'utiliser ; d'un signe de tête, il encouragea Sym à faire un choix.
Il n'avait pas envie de changer de prénom. Cela lui avait pris plusieurs années mais il avait fini par apprécier celui que ses parents lui avaient donné. Voyant qu'il n'y avait aucune réaction de la part du jeune homme, le soldat répéta :
- Tobin, Toby, Tomac, Tomas, Torian. Veuillez choisir un prénom.
- Tu ferais mieux de te dépêcher, lui conseilla le directeur, sa seringue à la main.
Sym commençait sérieusement à paniquer. Agacé, le soldat lista les prénoms une troisième fois :
- Tobin, Toby, Tomac, Tomas, Torian.
- Tobin ! hurla l'adolescent. Je choisis Tobin.
C'était le seul qu'il avait réussi à retenir dans sa panique. Le soldat fit une manipulation sur sa tablette et James Sifrey se rapprocha, pointa l'aiguille de la menaçante seringue vers lui.
Le reste fut flou. Sym - ou désormais Tobin - ferma les yeux et sentit la pointe de l'aiguille s'enfoncer dans son cou. Une dizaine de secondes plus tard, ses paupières s'alourdissaient et il tombait dans un profond sommeil.
**
Tobin se réveilla dans une chambre aux murs vert amande. Il était allongé dans un lit assez large pour deux personnes. Il se leva, sa tête lui tournait. Le jeune homme chercha du regard s'il y avait une salle de bain, il aperçut une porte ouverte d'où il distinguait une douche. Il accourut dans la pièce et vomit dans l'évier. Il ne savait pas si c'était le produit qu'on lui avait injecté ou simplement la peur qui avait provoqué sa nausée.
Il baissa les yeux vers le contenu de l'évier et afficha une moue de dégoût. Il ouvrit le robinet pour que l'eau nettoie, ce fut la pire idée qu'il eut. Il boucha le lavabo. Tobin préféra ne pas aggraver la situation et détourna le regard. Il porta sa main à l'arrière de son crâne et sentit qu'une croûte s'était formée à l'endroit où il avait heurté la barre de fer.
Il retourna dans la partie chambre de l'endroit où on l'avait enfermé et referma la porte pour contenir les odeurs dans la petite salle de bain. La pièce était assez luxueuse : le lit était en bois, un matériau un peu vieillot mais qui valait son quota. En fait, tout autour de lui semblait passé. Tobin était dans une pièce meublée comme les chambres d'hôtel qu'on aurait trouvées soixante-dix ans auparavant. Il n'y avait aucun appareil électronique dans les alentours, les meubles étaient eux aussi en bois et non pas en aluminium. Un immense miroir couvrait un pan entier de mur sur sa droite. Tobin s'approcha pour s'observer de plus près.
Les vêtements qu'il portait lorsqu'on l'avait arraché à sa famille avaient été remplacés. Il était désormais vêtu d'un pantalon fluide bleu clair et d'un tee-shirt blanc à manches longues où il était inscrit en lettres foncées sur le côté gauche de sa poitrine « Tobin ». Son nouveau prénom. Il baissa les yeux sur l'écriture et l'effleura du bout des doigts. Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ? La veille, Airla était presque en train de tomber sous son charme. Du moins, il présumait que c'était la veille, combien de temps était-il resté inconscient ?
En se regardant de plus près, il remarqua qu'il y avait une autre inscription en dessous de son prénom, plus petite cette fois-ci. Dans le miroir, il n'arrivait pas à la déchiffrer, il saisit donc son tee-shirt et lut à l'envers. « Groupe 4 ». Qu'est-ce que cela signifiait ? Il y avait des groupes ? Ces personnes avaient-elles déjà enlevé d'autres innocents?
Dans la glace, Tobin se lança un regard à lui-même, comme si sa réflexion pouvait avoir une idée de ce qui était arrivé. Alors il le remarqua. Sous le choc, il recula et se laissa tomber dans un des luxueux fauteuils qui meublaient sa chambre. Il se demanda comment il avait pu passer à côté, comment il avait pu se focaliser sur ses vêtements alors que ses cheveux étaient devenus blonds. Il passa les doigts sur son crâne et se rendit compte que ses cheveux avaient moins de consistance que dans ses souvenirs. Non seulement on lui avait fait une teinture, mais on les lui avait aussi coupés. À quoi jouait ce James Sifrey ?
On frappa à la porte à côté du miroir. Sans qu'il ne réponde, une femme entra, elle portait le même genre de tenue que Tobin, mais son tee-shirt était à manches courtes. Elle tenait un plateau qu'elle déposa sur la table basse près du jeune homme avec un sourire rassurant. Sans un mot, elle fit demi-tour et referma la porte derrière elle. Tobin était perdu et confus. Du regard, il fit plusieurs allers-retours entre la porte et le plateau où trônait un repas entier, il hésitait entre s'enfuir et manger. Son estomac gargouilla à la vue de cette nourriture et fit le choix à sa place. Il s'enfuirait après avoir mangé.
Ce ne fut que lorsqu'il porta la première bouchée qu'il comprit qu'il n'avait pas dû manger depuis plusieurs jours. Il engloutit le repas proposé en quelques minutes. Cela ne valait pas la cuisine de sa mère mais c'était déjà un début.
Sa mère. Il repensa à la manière dont on l'avait arraché à elle, ses cris, ses pleurs, comment elle avait essayé de le protéger, de le forcer à sortir par la porte de derrière. C'était comme si elle avait su ce qui allait se passer à la seconde où elle avait vu le fourgon. Pourtant, Tobin n'arrivait pas à ressentir une quelconque tristesse à son souvenir. Il se rappelait tout, son enfance et l'amour qu'elle lui avait porté mais c'était comme si lui ne l'avait jamais aimée en retour. Il n'était même pas triste de l'avoir quittée. Il était sûr qu'elle se portait bien. Elle ne lui manquait pas. Personne ne lui manquait. Même s'il était effrayé d'être dans cet endroit et qu'il avait conscience que ce qu'il lui était arrivé était totalement injuste et injustifié, sa vie passée ne lui manquait pas.
Soudainement, il n'avait plus envie de s'enfuir et se demanda même comment il avait pu y penser cinq minutes auparavant. Il se surprit même à sourire. Il s'adressa un regard dans le miroir, le blond ne lui allait pas si mal.
Tobin se leva et entreprit de rendre son plateau vide. C'était surtout un prétexte pour se dégourdir les jambes et céder à la curiosité. Il avait le sentiment d'être enfermé dans cette chambre depuis des jours entiers, il voulait savoir ce qu'il se trouvait derrière cette porte. Tobin saisit le plateau et au moment où il allait quitter la pièce, quelqu'un entra. Le jeune homme reconnut tout de suite le visiteur, il s'agissait de James Sifrey. Tobin eut un mouvement de recul, il se souvenait de l'immense seringue que cet homme lui avait plantée dans le cou. Il n'était pas persuadé qu'il lui faisait confiance, cependant, une partie de lui le voulait.
Le directeur de l'endroit afficha un sourire ravi.
- Tobin ! s'exclama-t-il. Heureux de te voir debout et en pleine santé.
Malgré lui, l'adolescent le sonda. Il ne mentait pas, James Sifrey était réellement heureux de le voir. Tobin se détendit, au moins, cette personne ne lui voulait pas de mal.
- En fait, répondit-il, j'ai vomi dans l'évier quand je me suis réveillé.
Le directeur acquiesça, il n'avait pas l'air étonné.
- Quelqu'un viendra nettoyer ça et débarrasser ton plateau, ne t'en fais pas.
Tobin déposa le plateau qu'il avait dans les mains sur la table basse. James Sifrey reprit :
- Maintenant, dis-moi, et si on allait faire un rapide examen des lieux pour que tu te familiarises avec l'endroit. Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux.
Le jeune homme haussa les épaules.
- Je n'ai rien de mieux à faire.
Son interlocuteur afficha un nouveau sourire franc et lui fit signe de sortir le premier.
James Sifrey referma la porte derrière eux et Tobin écarquilla les yeux lorsqu'il découvrit le lieu qui s'étendait devant lui. Il se trouvait sur une petite plate-forme, assez large pour passer trois hommes qui faisait le tour d'une immense pièce rectangle. Le long de cette plate-forme s'alignaient des portes semblables à la sienne, placées à intervalles réguliers. Il s'avança, une barrière métallique l'empêchait de basculer dans le vide. Sous lui, il y avait trois autres plate-formes similaires, avec les portes. Elles étaient reliées entre elles par des escaliers en aluminium. Le contraste entre sa chambre et le hall qui se déroulait devant lui était surprenant. Le vieux et le moderne. Tobin appréciait ça. Il n'était pas le seul à circuler sur les plate-formes, en fait, celles-ci étaient presque bondées par des personnes portant tous des tee-shirts à manches courtes.
Sans qu'il n'ait demandé d'explications, James Sifrey commença la visite.
- Ici, ce sont les appartements, derrière toutes les portes que tu vois, il y a une ou plusieurs personnes qui y vivent, parfois même des familles.
Tobin voulut les compter mentalement mais il y avait trop de portes et certaines d'entre elles ne se trouvaient pas dans son champ de vision.
- Combien de personnes vivent ici ? Et d'ailleurs, c'est quoi ce lieu ? Où on est ?
- Tu te trouves au Quartier Général du programme américain ELIT. Environ six cents personnes vivent ici, que ce soit des chercheurs, des techniciens ou des participants du programme.
Le jeune homme fronça les sourcils en voyant la foule s'animer. Il n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qu'il ressentait, tout autour de lui lui semblait si étrange, mais à la fois si familier.
- Le programme ELIT... commença Tobin, ma mère avait l'air de connaître.
« Mère », c'était un mot qui avait perdu sa connotation. James Sifrey confirma son impression quand il l'interrompit pour le reprendre.
- Nous évitons les mots « mère », « père » ou « famille » en général, ici. Nous leur préférons « géniteurs », mais dans tous les cas, tu te rendras compte que personne ne parle de son passé ici.
Dans son fond intérieur, Tobin était persuadé qu'il était censé trouver cela révoltant mais il n'y arrivait pas. Il se contenta de hocher la tête et rangea dans un placard de sa mémoire tout ce qu'il avait vécu avant de monter dans ce fourgon bleu.
C'était beaucoup plus facile qu'il ne l'avait pensé.
- ELIT, donc, reprit le directeur en faisant un signe de la main à Tobin pour qu'il le suive dans le dédale de plate-formes.
Celui-ci fit de son mieux pour garder le rythme mais James Sifrey était plus en forme qu'il ne le paraissait et malgré le fait qu'il s'arrêtait toutes les deux secondes pour saluer un de ses employés, Tobin avait toujours au moins un mètre de retard sur lui.
Enfin le directeur se stoppa une fois arrivé en bas des cinq étages qu'il venait de dévaler à toute vitesse. Tobin qui avait marché dans ses pas tout le long, s'appuya sur la rambarde des escaliers, à cinq marches du sol pour souffler. Il n'avait jamais été du type sportif.
- Après ça, tu as toujours des questions ? demanda James Sifrey en se retournant avec un grand sourire.
Tobin fronça les sourcils et soupira quand il comprit que pendant tout le trajet, l'homme n'avait pas cessé de parler. Dans le brouhaha ambiant, l'adolescent n'avait rien entendu.
- Vous pouvez répéter ? questionna-t-il en descendant jusqu'à la hauteur de son mentor.
Sans perdre sa bonne humeur (ce qui était aussi rassurant qu'effrayant), il recommença, comme s'il récitait un texte appris par cœur :
- ELIT est un programme créé il y a une dizaine d'années lors de la Conférence de Prague qui a pour but de mettre en avant les génies présents dans chaque pays. Depuis dix ans, notre établissement mène une chasse aux trésors, littéralement, sur notre territoire pour dénicher les jeunes les plus doués.
- À quoi ça sert ?
- Pourquoi ça serait inutile ?
James Sifrey commençait à être mal à l'aise, Tobin pouvait le sentir. L'homme avait arrêté de lui faire face et ne lui parlait désormais qu'en ayant le dos tourné. Ou il s'agissait d'une coïncidence, ou il évitait de montrer son visage à l'adolescent pour ne pas qu'il devine un mensonge. C'était ce que Cléo faisait le plus souvent.
Il ne devait plus penser à Cléo.
Tobin continua de suivre le directeur jusqu'à une grande arche qui séparait les appartements d'un hall, encore plus haut et impressionnant que la pièce précédente. Le bâtiment en lui-même devait être énorme. Soudain, James Sifrey s'arrêta et l'adolescent fut obligé de réagir rapidement pour ne pas le bousculer. L'homme en costume - le seul dans cette foule de tee-shirts blancs - jeta un coup d'œil rapide à sa montre à aiguilles. C'était sûrement pour se donner un genre, les montres à aiguilles étaient très rares et chères et la plupart d'entre elles ne marchaient même plus car le savoir-faire s'était perdu.
- Je dois y aller, expliqua-t-il toujours en faisant dos à Tobin. J'ai une vidéoconférence.
C'était plus fort que lui mais le jeune homme se contorsionnait pour voir son visage. Comme un sourd qui lirait sur les lèvres pour comprendre son interlocuteur. Il avait tellement pris l'habitude de décrypter chaque parole que c'était frustrant de ne pas pouvoir le faire.
Mais James Sifrey ne lui en donna pas l'occasion. Il se retourna bien au dernier moment pour lui dire qu'il pouvait se balader jusqu'à l'heure du dîner mais il n'y avait rien d'intéressant à en tirer. Tobin se surprit lui-même. En temps normal, il n'était pas obsédé par le fait de découvrir si les gens mentaient. Pourtant, ce directeur l'intriguait. Il haussa les épaules pour lui-même, peut-être qu'il cherchait à se rassurer sur la nature honnête de l'homme.
Tobin soupira et regarda autour de lui. Il était dans un lieu qui lui était inconnu mais tout lui paraissait normal. Même si les personnes qui s'activaient autour de lui ne cessaient de lancer des regards à son tee-shirt. Jusque là, il n'en avait pas rencontré d'autres avec des manches longues. C'était sûrement un truc de nouvel arrivant.
Il y avait une horloge laser qui affichait l'heure sur le mur en face de lui. C'était le début de l'après-midi. S'il présumait que le dîner était servi à dix-neuf heures, alors il lui restait six heures à tuer. Tobin fit un tour sur lui-même pour évaluer ses possibilités d'exploration.
- Salut !
Une voix dans son dos le fit sursauter. Il se retourna et se retrouva nez-à-nez avec une fille, son âge environ, peut-être un an plus jeune.
Elle aussi portait un tee-shirt à manches longues.
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