17.
Un prénom un de plus : Hacen. Tobin relut plusieurs fois les cinq lettres inscrites sur la tablette, comme hypnotisé. C'était familier sans vraiment l'être. Il était certain de n'avoir jamais entendu ce prénom avant. Mais il le connaissait.
La voix de Tilya le sortit de son état de transe.
- Hacen est capable de nous faire sortir d'ici ? demanda-t-elle, ne perdant pas son objectif.
Timothy haussa les épaules avant d'écrire :
"Je ne sais pas vraiment comment il fonctionne, on m'a juste appris à l'activer, mais normalement, oui, Hacen est la base de données d'ELIT."
Tobin était mal à l'aise, on parlait de lui comme une machine. Il tira un des fauteuils de la chambre pour s'asseoir et mieux encaisser la nouvelle. Au fond de lui, il avait espéré s'être trompé. Mais c'était Tilya qui avait eu raison finalement : ELIT l'avait manipulé et il s'était lamentablement laissé utiliser comme une marionnette.
Il joignit les mains et réfléchit avant de déclarer :
- Si Hacen, enfin l'autre moi, sait comment sortir d'ici, alors qu'est ce qu'on attend pour... m'activer ?
Timothy soupira avant de tapoter sur son écran. Il n'y avait rien de plus frustrant que de le voir écrire une réponse sans pouvoir la lire. Le niveau de stress montait un peu plus chaque seconde, Tobin faisait de son mieux pour le dissimuler.
Tilya croisa les bras, très préoccupée, c'était le bien-être de ses personnes qui était en jeu, elle était peut-être même plus inquiète que le principal intéressé.
Timothy retourna enfin sa tablette pour laisser ses amis lire ses mots :
"Je peux pas te laisser devenir Hacen. Il a été conçu par ELIT et pour ELIT. Hacen est un soldat, il n'a aucune empathie et n'hésitera pas à avoir recours à la violence. C'est une bombe à retardement, si je libère Hacen, mon père gagne."
- Depuis quand on sait jouer autant avec les cerveaux ? questionna Tilya qui avait subitement pâli.
- Depuis toujours, répondit Tobin, c'est juste qu'avant, on avait pas les machines pour nous aider. La manipulation, c'est juste le niveau en dessous du lavage de cerveau.
Il ne savait même pas pourquoi il avançait ces propos. Il imaginait que c'était son moyen d'encaisser.
Comment avait-il pu laisser ELIT s'introduire dans son esprit et créer une personne à part entière ? Il était censé voir les mensonges, comment avait-il pu passer à côté d'un cas aussi énorme ? Tobin commençait à douter de lui-même et de ses capacités.
Timothy agita la main et les deux participants reportèrent leur attention sur le garçon qui avait écrit.
"Tu n'utilises pas ton talent assez souvent, et ça a énervé Sifrey, en te recrutant, il pensait avoir un garçon stratège qui sondait les gens à chaque instant. C'est pour ça qu'il a créé Hacen, il voulait que tu te serves de ce don pour l'aider dans sa quête de pouvoir. Après, il a fait d'une pierre deux coups en lui transmettant les secrets de l'organisation. Il savait que Hacen serait capable de garder ces secrets."
Tobin fronça les sourcils, perplexe. S'il n'utilisait pas tout le temps son don, c'était qu'il n'en voyait pas l'intérêt, il n'avait pas envie de devenir la police des mensonges et donner une amende à chaque personne qui ne disait pas la vérité.
Tilya intervint :
- Attends trois secondes, si Sifrey voulait Hacen à ce point, pourquoi est-ce qu'il ne l'a pas activé plus tôt ?
Ils attendirent la réponse du génie de l'informatique.
"Tobin devait devenir Hacen lorsque tous les participants étaient dans les Bunkers, mais il y a eu un changement de programme et Sifrey a décidé de le garder pour plus tard. Il ne voulait pas abattre toutes ses cartes en même temps."
- De quelles cartes tu parles ? interrogea Tobin que ces derniers mots avaient intrigué.
Timothy s'acharna sur cette pauvre tablette.
"Le virus de Lillian, les Bunkers pour protéger les participants de ce virus, puis ELIT Beauté pour préparer la reconstruction du monde après le virus, et enfin Hacen, je ne sais pas ce qu'il veut en faire."
Tilya trouva bon de s'asseoir également, elle prit une longue inspiration avant d'expirer très rapidement, le visage enfoui dans ces mains. Tobin tenta une pression rassurante sur l'épaule de la jeune fille. Elle finit par relever la tête, les yeux brillants à cause de la panique et la fatigue.
- Comment est-ce qu'on peut résister à ça ? dit-elle la voix blanche. Je ne sais pas même pas tout ce que ça signifie, mais j'ai compris qu'on a aucune chance face à Sifrey, ou les autres directeurs qui approuvent ce qu'il fait. Le mieux, c'est d'attendre qu'il réussisse son plan et espérer qu'on survivra.
- Quoi ? s'étonna Tobin. Non, tu peux pas abandonner tous tes espoirs comme ça. Timothy, c'est quoi cette histoire avec Lillian ?
Content qu'on lui demande, le garçon rédigea rapidement sa réponse :
"Mon père a demandé à Lillian de créer un virus mortel. Il voulait ravager la population mondiale pour ne laisser que les participants d'ELIT sur Terre et récréer l'humanité, en plus talentueuse."
- Ils doivent être joyeux vos repas de famille, lança Tilya pour détendre l'atmosphère.
Malgré lui et l'ambiance pesante, Tobin esquissa un sourire, amusé par l'humour de la jeune fille. Elle lui rendit son rictus, pourtant un peu gênée.
Il revint au sujet de la conversation après cette pause agréable.
- Lillian l'a fait ? demanda-t-il.
Il n'y croyait pas, il connaissait le médecin, il était bien trop bon pour ravager l'humanité, même dans ses mauvais jours.
Timothy secoua la tête.
"Non, mais il a trouvé une alternative qui peut être dangereuse, je ne sais pas si mon père l'a retenue. On m'a transféré ici avant qu'il prenne sa décision."
Tobin soupira, heureux. Il nota mentalement qu'il devait trouver Tabatha pour la rassurer : Lillian allait bien, elle allait pouvoir arrêter de se faire un sang d'encre. Tilya était toujours aussi pâle, Tobin reprit les choses en main :
- Si on arrive à faire sortir les participants des Bunkers et qu'ils retournent chez eux, tout le plan de Sifrey tombe à l'eau. Tilya, tu as raison, on doit absolument sortir d'ici, on peut tous les sauver. Timothy, active Hacen, je vais le faire.
Il ne savait même pas d'où lui venait cet élan de courage mais il avait été déterminé en voyant la jeune fille au bord des larmes à cause de l'horreur de la nouvelle. Il était capable de les faire sortir de cet endroit et faire couler Sifrey dans un même temps ; il n'allait certainement pas se gêner.
"Si tu deviens Hacen, il n'y a plus de retour en arrière." lui montra Timothy en lui tendant sa tablette.
- Alors on prend pas le risque, dit Tilya, catégorique. Je ne vais pas te laisser devenir un psychopathe pour nous aider, on va trouver une autre solution, on va transférer Timothy au service des machines, il trouvera la sortie.
- Je ne vais pas non plus rester là à jouer à la police alors que je peux me rendre utile, la contredit Tobin, je suis sûr que je pourrai me contrôler. ELIT ne peut pas me changer complètement.
Timothy eut une moue signifiant qu'il n'en était pas aussi certain. Tilya se leva de son fauteuil.
- Je ne veux même pas t'entendre, affirma-t-elle, je ne te laisserais pas faire ça. Point final.
Le jeune homme voulut répliquer et se défendre mais elle se boucha les oreilles et affirma qu'elle ne l'écoutait pas. Tilya sortit de la chambre, laissant les deux garçons ensemble.
Le muet tapota sur l'épaule de Tobin pour lui faire lire les mots inscrits sur sa tablette.
"Elle est canon."
Tobin leva les yeux au ciel avant de changer le sujet de la conversation, soudain mal à l'aise.
- Tu peux marcher ? questionna-t-il.
"J'en sais rien, ils m'ont coupé les jambes aussi ?" répondit Timothy dans les vingt secondes qui suivirent.
- Oh, très drôle, ironisa Tobin, on voit que tu as pris des cours avec Eoghan.
En mentionnant le nom du garçon, le cœur de Tobin se serra, il n'avait pas eu de ses nouvelles depuis le soir où ils étaient censés s'échapper du complexe d'ELIT. Tout ce qu'il espérait, c'était qu'Eoghan allait bien et qu'il ne s'était pas attiré des problèmes en ouvrant la bouche au mauvais moment.
- Lève toi, ordonna-t-il à Timothy après avoir repris ses esprits. Tu as besoin de sortir de cette chambre.
Le jeune homme ouvrit un placard qu'il avait remarqué lors de son propre séjour à l'hôpital et y trouva des vêtements presque neufs qu'il lança sur le lit. Il fit dos à Timothy, le temps que ce dernier se change et les deux amis – qui l'aurait pensé ? - sortirent dans les couloirs du Bunker.
L'ambiance n'était pas retombée, Tobin n'arrivait pas à déterminer si l'endroit était animé par la joie de l'arrivée des participants d'ELIT Beauté ou par la panique. En vérité, il s'en moquait pas mal, il avait un autre problème en tête : convaincre Tilya de le laisser adopter sa troisième personnalité.
Il était persuadé qu'il pouvait contrôler Hacen. C'était de son corps et son esprit dont on parlait. Il ne pouvait pas devenir une toute autre personne.
**
Cléo observa le cadavre du véhicule, les bras croisés. Il se mordit la lèvre inférieure, confus, avant de se tourner vers Io.
- Comment tu as pu tomber dans le fossé ? Les voitures se conduisent pratiquement toutes seules désormais, elles sont bourrées de gadgets et détecteurs et sont construites pour ne jamais s'éloigner de la route. Alors dis moi, COMMENT TU AS FAIT ?
La jeune fille eut un mouvement de recul, se sentant inutilement agressée.
- Je n'ai jamais appris à conduire, se défendit-elle, et si je n'apprends pas, comment est-ce que je peux me souvenir ?
Cléo prit une longue inspiration pour se contrôler, il n'avait pas envie de crier sur Io.
Non, en vérité, il en mourait d'envie mais il n'était pas persuadé que c'était la meilleure technique à adopter dans ce genre de situations. Finalement, il ne tint plus, et explosa :
- Tu devais juste mettre le contact, la voiture allait faire le reste ! C'était pas compliqué. Maintenant on est au milieu de nulle part, sans véhicule, sans moyen de contacter quelqu'un, sans aucune ligne de tramway ou de train à proximité !
Io fronça les sourcils avant d'enfoncer les mains dans sa veste, elle en ressortit un fin appareil électronique.
- J'ai un téléphone, déclara-t-elle en le portant dans le champ de vision de Cléo.
Ce dernier prit sur lui et arracha le téléphone des mains de la jeune femme dans un sourire faux.
Il inscrivit le premier numéro de téléphone qui lui venait à l'esprit : celui de Simon Reynolds. Son ancien tuteur répondit dans les dix secondes qui suivirent.
- On t'envoie une voiture, dit-il sans laisser le temps à Cléo de s'expliquer.
- Tu ne sais même pas où je suis, remarqua l'adolescent, perturbé.
- Bien sûr que si, c'est moi qui aie piraté votre véhicule pour vous forcer à vous arrêter et aller vous chercher par la suite.
Cléo écarquilla les yeux et jeta un regard désolé à Io, qui n'avait jamais été aussi heureuse de lui avoir prouvé tort.
- Très bien, souffla Cléo, on vous attend.
Simon Reynolds lui raccrocha presque au nez et le jeune homme se laissa tomber sur le sol en position assise. Io le fixait dans un sourire mauvais, comme attendant quelque chose de sa part. Cléo soupira avant de lui avouer, à contre-cœur.
- Je suis désolé.
Elle ne dit rien et s'assit à ses côtés, sans pour autant effacer son rictus de ses lèvres.
Un véhicule de la Contre-ELIT arriva en l'espace de dix minutes. Cléo comprit pourquoi quand une fois monté à l'intérieur, leur chauffeur programma la voiture pour qu'elle ne freine pratiquement jamais.
Le QG américain de la Contre-ELIT était étrangement proche du complexe d'ELIT, dans la ville voisine. La voiture alla se garer dans un parking souterrain et le chauffeur accompagna les deux adolescents à travers un dédale de béton d'un bâtiment datant de plusieurs décennies. Ils empruntèrent des escaliers et arrivèrent devant une porte transparente donnant sur un sas ; deux personnes en combinaisons intégrales les attendaient. Leur chauffeur fit demi-tour.
Quand ils passèrent la porte, cette dernière se referma aussitôt. Les personnes en combinaisons s'approchèrent et leur donnèrent à tous deux des vêtements neufs dans des sacs plastiques hermétiquement fermés. Puis on les sépara et Cléo partit seul dans une nouvelle pièce, qui n'existait pas lors de sa précédente visite. On lui demanda de se déshabiller, ce qu'il fit avec une certaine gêne. On le désinfecta et il voulut poser des questions mais la femme chargée de lui dirigea le jet d'eau sur son visage, il manqua de s'étouffer en respirant au même moment.
Il se rhabilla, se disant que de toute façon, il n'avait plus aucune dignité et la touche finale fut une piqûre au niveau de son épaule. Juste après cette étape, il put intégrer les locaux de la Contre-ELIT. Il retrouva Io, rouge de honte.
- Désolé, pour toutes ces précautions, mais on évite au maximum les risques de contagions, leur annonça une voix derrière eux.
Les deux adolescents se retournèrent pour découvrir Simon Reynolds. Il n'avait pas changé, mis à part une barbe un peu plus longue.
Cléo ne se gêna pas pour demander :
- C'est quoi ce bordel ? Depuis quand vous violez l'intimité des gens ?
Simon Reynolds fronça le nez, se sentant agressé. Il finit par retrouver son sourire enthousiaste aussi rapidement qu'il l'avait perdu.
- Mauvaise nouvelle, Sifrey a lancé le virus, pour le moment, il est en Chine et au Japon mais il devrait commencer à arriver chez nous dans les deux prochains jours. Les femmes enceintes perdent leur bébé et celles qui ne le sont pas deviennent stériles. Bonne nouvelle par contre, on a récupéré la seule personne qui sait comment créer un vaccin contre la maladie, vaccin qu'on vous a injecté, pour plus de sécurité.
Approuvant ces propos, Lillian apparut au coin d'un couloir. La première chose que Cléo remarqua fut les cernes qui lui barraient le visage. Le jeune homme était sûr que le médecin pouvait compter les heures de sommeil de sa semaine sur les doigts d'une seule main.
Lillian se dirigea vers Io et l'enlaça avant de serrer simplement la main de Cléo. Ce dernier ne pouvait pas lui en vouloir : ils n'avaient pas vraiment eu le temps d'apprendre à se connaître.
- Je dois te montrer quelqu'un, annonça-t-il à Io.
Cléo ne prit pas cette marque d'ignorance personnellement.
Au même instant, un bruit mécanique se fit entendre et une silhouette massive apparut à l'endroit par lequel était arrivé Lillian. C'était un garçon comme un autre, à un gros détail près : autour de son corps, une carapace mécanique l'enveloppait, formant une espèce d'exo-squelette. Il marcha son chemin jusqu'à eux d'un pas saccadé. Io le reconnut en premier :
- Tegan ! s'exclama-t-elle.
Elle s'avança jusqu'à lui et voulut le prendre dans ses bras avant de se rétracter, empêchée par l'énorme monstre de machines autour de lui.
Le nom était familier à Cléo, puis tout lui revint. C'était le garçon dont il avait pris la place, celui qui était devenu tétraplégique à la suite d'une blessure par balle.
Io s'émerveilla devant les miracles de la technologie.
- Ils n'avaient jamais dit pourquoi tu avais quitté le programme, lui avoua-t-elle.
- Quitté le programme ? s'étonna Tegan. Non, c'est eux qui m'ont renvoyé. Sifrey pensait que j'étais fichu. Et je l'étais, jusqu'à ce que la Contre-ELIT me paie les soins, et maintenant, je suis en pleine forme et toujours aussi bon tireur !
Un de ses bras se souleva, aidé par le dispositif électronique et le jeune homme fit un pistolet avec ses doigts.
Même Cléo était heureux pour lui, alors qu'il ne le connaissait pas. Lillian intervint :
- Je dois y retourner, on est six à bosser sur les vaccins à plein temps mais c'est toujours pas assez, alors quand quelqu'un s'éclipse, c'est la catastrophe. C'est sympa de vous revoir !
Il disparut en courant et les trois autres se retrouvèrent seuls, Simon Reynolds s'était enfui pendant les retrouvailles.
Tegan décida de leur faire visiter, Cléo se retint de dire qu'il connaissait déjà l'endroit. Il y avait passé plusieurs mois lors de sa préparation et de ses cours intensifs.
Lorsqu'ils marchèrent devant le bureau de Simon Reynolds, Cléo se sépara discrètement du groupe et y entra. L'homme était dans le noir, avec pour seule source de lumière les écrans de ses ordinateurs. Cléo appuya sur l'interrupteur pour attirer son attention.
- Excellente nouvelle ! s'exclama Simon Reynolds en se retournant. On a libéré le Bunker des "E" ! Ils vont être vaccinés, puis rapatriés. Dans tes dents, Sifrey ! Mauvaise nouvelle, ce même Sifrey vient de faire exécuter tous ces collègues directeurs pour être sûr qu'ils ne vendent pas l'emplacement des Bunkers comme le norvégien. Aïe, j'aurais pas aimé être à leur place. Mais la libération du Bunker "E" reste une très bonne nouvelle.
Cléo était un peu perdu face à ce charabia mais il imagina que les mots avaient leur importance. Il finit par revenir sur certaines paroles de son tuteur.
- Sifrey a fait exécuter tous les autres directeurs ? Comment tu peux lâcher une bombe comme ça sur un air aussi joyeux, s'énerva-t-il. Sérieusement, il vient de tuer une trentaine de personnes et on a l'impression que tu as gagné un voyage au Brésil !
Simon Reynolds haussa les épaules avec une mimique d'enfant avant de rétorquer :
- Meilleure nouvelle encore ! Pita Tran arrive dans cinq jours et on a prévu d'aller capturer Sifrey directement dans ses locaux pour le faire parler. Enfin, bien sûr, moi je vais rester au QG, je suis pas doué sur le terrain, mais n'est-ce pas excitant ? Ça va être un massacre, génial !
Cléo jeta un coup d'œil au bureau de son tuteur et aperçut une bonne dizaine de tasses à cafés vides. Il comprenait mieux l'attitude décalée de Simon Reynolds. Calmement, le jeune homme lui demanda :
- Simon, depuis combien de temps tu n'a pas eu une nuit de sommeil complète ?
- Quatre, non, cinq ! Cinq jours ! Cinq jours, c'est énorme, ça se fête ! Wouhou !
L'adolescent lui répondit dans un sourire avant de prudemment s'emparer de la dernière tasse de café qu'il n'avait pas encore bue. Il la cacha derrière son dos et s'éclipsa du bureau de Simon Reynolds sans que celui-ci ne remarque rien.
Il passa la soirée en compagnie d'Io et Tegan, les locaux de la Contre-ELIT étaient calmes, la plupart des soldats étaient partis accompagner la division qui devait libérer les Bunkers. Pour la première fois depuis des semaines, Cléo se sentit bien. Même lorsqu'il était aux côtés d'Airla, il avait toujours été mal à l'aise, comprenant que tout autour de lui n'était pas naturel.
La Contre-ELIT ne possédait pas cette ambiance artificielle. C'était rassurant, il vit même Io afficher de larges sourires francs, il n'était même pas sûr d'en avoir déjà vu un de sa part.
En repassant devant le bureau de son tuteur, il le remarqua écroulé sur son bureau, la tête sur un clavier. Il ronflait et Cléo sortit le téléphone d'Io pour le prendre en photo.
Il savait que ce bonheur n'allait pas durer, alors il essayait d'en profiter au maximum.
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