Mot de l'auteur

J'ai toujours été fasciné par le majestueux lustre en cristal qui pendait fièrement au milieu du salon de mes grands-parents écossais. Bien que la pièce ouvrait sur le Nord, les pampilles et pendeloques projetaient leur danse aux multiples éclats sur les murs. On m'avait raconté que cet héritage datait du début du dix-neuvième siècle, forgé, coulé et taillé quelque part en Angleterre.
L'objet devint particulièrement intrigant quand, à la mort de mes grands-parents, mon père le récupéra et l'installa dans notre maison. Je comprenais le besoin de conserver ce souvenir de famille, mais de là à aller l'accrocher dans une construction récente. Privé de ses moulures et de ses trois mètres de plafond, il trônait au centre de la pièce avec le peu de fierté qu'il lui restait, tel l'albatros de Baudelaire. Et je vis, année après année, mon père entretenir ses agrafes de cuivre, nettoyer un par un ses coussins, chasser la moindre araignée qui lèverait la patte sur sa relique.
Ne tenant plus, je finis par demander à mon père ce qui rendait ce lustre si particulier.
— Ne t'inquiète pas, un jour, tu comprendras.
Quelle réponse inutile ! Je me languis de ce jour pendant quelques décennies et compris trop tard que ce jour serait un deuil. J'héritai à mon tour du mystérieux lustre, ainsi que d'un coffret en bois. J'y trouvai ce que je pris pour un cristal de rechange, accompagné de plusieurs carnets et liasses de feuilles jaunies, rédigés dans un vieil anglais. J'ouvris le premier calepin au cuir usé. En haut à droite, sur la première page, était inscrit d'une écriture maladroite Eli.
Le récit qui suit reprend ce que j'ai déchiffré de ces lignes. Il raconte l'histoire de ce lustre, l'histoire de ma famille.

Kenneth McAllow

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