Chapitre 47
PDV Evelynn
Après une bonne nuit de sommeil et une réunion avec les trois autres K/DA pour mettre en commun les informations glanées par Kai'sa et Akali et décider de la prochaine phase, il fut convenu que la prochaine à intervenir auprès d'Ana serait moi. Elle ne savait plus si son âme était celle d'une héroïne, et c'était à moi d'y remédier.
Personnellement, je trouvais que l'état d'Ana était un peu exagéré d'un point de vue omniscient. Ce n'est pas parce que ton copain te largue que toute ta vie doit être remise en question. Enfin bon, nous avions une mentalité et une façon de penser différentes et si Shoto était vraiment la seule personne avec qui elle s'autorisait à être vraiment elle-même, l'état quasi-légumineux d'Ana était légitime, d'après Ahri.
En attendant, j'allais devoir faire ce que je faisais de mieux. Mon alter me donnait des facultés de démons. Après tout, Wendy m'avait imaginé comme une diva, une succube. En tant que tel, mon alter me permettait de séduire mes victimes pour les attirer et ensuite les faire souffrir après qu'elles soient tombées sous mon charme. Je me repais ensuite de cette souffrance. D'après ce que j'ai pu lire, les victimes meurent mais j'ai toujours fait attention pour ne tuer personne, sans pour autant qu'ils ne se souviennent de moi. Comme ça, personne ne meurt et ne se souvient d'avoir souffert à cause de moi, et moi j'ai droit à un festin (si je choisis bien ma victime). Je ne me nourris de la souffrance des autres que pour les grandes occasions, la nourriture ordinaire me suffit pour le reste du temps. Mais ça, c'est un détail qu'Ana ne sait pas.
"Dis Kai'sa, tu as commencé à exister quand exactement ? voulut savoir Akali.
- Quand Kyoka s'est rebellée contre ses parents parce qu'elle ne voulait pas être une musicienne comme eux.
- Finalement, on dirait qu'elle a changé d'avis, fis-je.
- Non, elle a juste grandi entre temps et comprit qu'elle pouvait faire de la musique et être une super-héroïne en même temps.", contredit Kai'sa.
Lorsque midi approcha, je décidai de rejoindre Ana. Je la retrouvai à regarder un film sur la télé.
"Coucou Evelynn ! Tu vas bien ?", me sourit Ana en se retournant.
Je souris légèrement. Son moral semblait être pas mal revenu.
"Très bien, tout comme toi à ce que je vois.
- Oui, passer du temps avec Kai'sa et Akali m'a beaucoup aidé. Pas à savoir qui je suis, mais plutôt à apprendre de mes erreurs et à ne plus prêter attention à ce que les autres pensent de moi.
- C'est déjà ça, tu as vraiment meilleure mine. Bon, suis-moi. On va en ville.
- Ok !"
Ana sauta légèrement pour se lever du canapé et enfila ses baskets avant de me rejoindre. Une de mes nombreuses voitures de luxe nous attendait devant la maison.
"Cela ira pour la voiture ?
- Comme pour Akali je suppose, on verra bien."
Je hochai la tête et montai côté conducteur avant qu'elle ne fasse de même de l'autre côté. Je démarrai la voiture et on alla vers le centre-ville, dans un endroit que je savais vide à cette heure-ci. C'est ainsi qu'on arriva dans un bar, vide jusqu'à ce soir au moins. Ana me regarda, ne comprenant pas ce qu'on venait faire ici, mais me suivit quand même à l'intérieur. On s'installa au bar. Le barmaid était assez jeune, vingt-cinq ans je dirais, et plutôt beau garçon. A moi de jouer.
Jouant de mes charmes et faisant les yeux doux au barmaid pour éviter qu'il ne demande l'âge d'Ana, je lui commandai un verre de bière et un verre de Malibu. Cette dernière fronça les sourcils lorsque son verre d'alcool doux fut glissé vers elle.
"Evelynn, je tiens très, très mal l'alcool.
- Juste un verre, pour te décoincer ma belle."
Elle soupira de résignation et porta le verre à ses lèvres. Elle prit une minuscule gorgée et esquissa un sourire.
"C'est pas si mauvais.
- Tu vois ?"
On discuta de tout et de rien et j'attendis qu'elle eut fini son verre pour passer à l'action. Durant toute notre conversation, j'avais discrètement joué de mes charmes comme je savais si bien le faire, si bien que les yeux du barmaid brillaient désormais de désir et de luxure.
"Il est temps de placer au plat de résistance, murmurai-je très bas, sachant qu'Ana mais pas le barmaid m'entendrait.
- Hein ?", fit Ana.
Mes deux cirres se déployèrent et Ana ouvrit des yeux ronds. Quand, avec un sourire sadique, je pointai mes armes sur le barmaid plus hypnotisé par mon corps qu'effrayé par mes cirres, Ana sembla se décider à intervenir.
"Evelynn, qu'est-ce-que tu comptes faire ?"
Je ne répondis pas et elle utilisa sûrement son alter télépathique pour savoir ce que j'avais en tête car, moins d'une seconde après, comme mûe par son instinct, elle avait sauté par dessus le bar pour s'interposer entre mes cirres et le barmaid.
"N'y penses même pas Evelynn. Se nourrir de la souffrance des autres, c'est bas !
- Mais c'est comme ça que je me nourris chérie.", répondis-je. "Maintenant, pousse-toi, j'ai faim."
Comme je m'y attendais, Ana ne bougea pas.
"Je ne te laisserai pas t'en prendre à un innocent. Il ne t'a rien fait. Je sais que Wendy t'a imaginé comme étant une succube, mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Tu ferais mieux de te contenter de la nourriture ordinaire, comme tout le monde !
- Chérie, tu te nourris principalement de feu et de glace, moi de souffrance. Alors ne te mêle pas de mes affaires !"
La rose esquissa un sourire. Un sourire plein de défi, celui qu'elle réservait aux adversaires qui osaient la défier.
"Tu aurais dû y penser avant de m'emmener avec toi alors, Evelynn. Ne m'oblige pas à employer la manière forte."
Elle prit instantanément sa forme de fée-ange, celle qu'elle avait prise en débloquant sa Seconde Origine, de ce que j'en savais. Elle me toisait de toute sa hauteur, inconsciente de la pression qu'elle exerçait sur moi. J'arrivais juste à respirer et à parler, ce qui fit que mes cirres se rétractèrent.
"Si tu veux te nourrir de la souffrance des autres, choisis des personnes qui méritent de souffrir. Les autres n'ont pas à te servir de garde-manger.
- Pitié, personne ne mérite de souffrir selon toi ! ricanai-je avec difficulté, jouant de mon image de démone.
- C'est vrai, personne ne devrait souffrir. Il y a déjà trop de souffrance dans ce monde, mais je ne peux pas tout contrôler. Ce que je peux faire, c'est t'empêcher de faire du mal à n'importe qui !
- Et tu veux que je fasse quoi ? Tu m'étouffes pratiquement avec la pression que tu m'imposes.
- Je sais, c'est justement parce que je sais que mes ennemis subissent une forte pression quand je suis sous cette forme que je l'ai endossé. Faire souffrir des innocents... tu n'as donc pas d'honneur ?
- Pas vraiment, non. Et je suis vraiment une ennemie pour toi ?
- Si tu cherches à t'en prendre aux autres, oui, tu deviens mon ennemie ! rétorqua sans hésitation Ana.
- Pas de doute, tu as le coeur d'une héroïne, souris-je légèrement.
- Et alors ? Attends... tu n'as quand même pas fait tout ça juste pour que je me rende compte que j'avais le coeur d'une héroïne ?
- Si. Le meilleur moyen pour savoir si tu as le coeur d'un vilain ou d'un héro, c'est encore de te mettre à l'épreuve. Tu peux me lâcher maintenant ?"
Elle s'exécuta mais me jeta quand même un regard d'avertissement, semblant douter un peu de la véracité de mes propos. Après tout, je restai une démone et je comprenais sa méfiance, elle était parfaitement justifiée puisque, en effet, je me nourrissais de la souffrance des autres parfois.
Elle reprit sa forme normale et hypnotisa le barmaid pour qu'il ne se souvienne pas qu'on soit passées. Elle déposa néanmoins son dû sur le bar avant de m'entraîner à l'extérieur.
"Tu es vraiment sadique Evelynn.
- Je sais, mais le résultat est au rendez-vous. Il est vrai que je me nourris de la souffrance des autres, mais uniquement pour des occasions spéciales et je m'assure que la personne ne se souvienne de rien après. Je ne suis pas du genre à chasser constamment, la nourriture ordinaire me suffit généralement.
- Tu m'en vois rassurée. Mais tu étais vraiment obligée d'aller jusque-là ?
- Oui, parce que tu ne m'aurais pas cru si je t'avais affirmé que tu avais le coeur d'une héroïne. Tout le monde sait que tu as le coeur d'une héroïne. Même les héros font des erreurs et blessent les gens parfois. Mais pour être honnête, je trouve ta réaction vis-à-vis de ta rupture vraiment pathétique.
- Bah merci ! C'est gentil ! s'offusqua Ana.
- Je ne dis pas ça pour être gentille. Ce n'est pas parce qu'un gars te largue qu'il faut remettre toute ton existence en question. Ok, tu étais fusionnelle avec lui, ok tu étais toi-même avec lui. Mais tu ressembles juste à ces filles clichées qui ne savent plus quoi faire sans leur homme en te mettant dans un tel état juste parce qu'il t'a quitté. Ce n'est pas parce que Shoto t'a quitté que ta vie s'effondre complètement pour autant et que tu dois remettre en question ce que tu es au plus profond de toi. Remettre en question tes priorités, oui, mais remettre en question le fait que tu as l'âme d'une héroïne ? Pff !
- Dis comme ça...", reconnut Ana. "Mais cette rupture a fait voler en éclats ce en quoi je croyais. J'ai peut-être l'âme d'une héroïne, mais avec le recul, je ne crois pas être capable de porter tant de responsabilités. Le concept de héro est assez restreint de nos jours, mais on peut aider les autres sans combattre les super-vilains. Je serai toujours prête à mourir pour les miens, mais je ne suis plus capable d'assumer les responsabilités qui vont avec le fait d'avoir le plus puissant des alters.
- Alors ne le fais pas.
- C'est bien ce que je compte faire. Je crois que je vais faire carrière dans la musique.
- C'est un chemin semé d'embûches également, et vu ton talent, la pression sera toujours là.
- Je sais, mais celle là, je pense être en mesure de l'assumer sans faillir. Au début, je voulais être une héroïne mais j'ai grandi et j'ai été dégoûtée de ce métier en quelque sorte, à force d'endosser les responsabilités qui vont de pair avec mon alter. J'ai toujours priorisé mes progrès avec mon alter à tout le reste, cette fois je ne ferai pas passer ma carrière musicale avant ce qui est vraiment important. Je vais aussi arrêter d'accepter d'être celle que les autres veulent. D'autres sont plus à même d'endosser la responsabilité de "meilleure héro", d'être le symbole de la paix. Des personnes comme Izu et Shoto sont taillés pour ça, mais pas moi.
- Effectivement, tu n'as pas les épaules assez solides pour ça. Laisse ça à ceux qui sont fait pour. Et ne te remets plus jamais autant en question pour un garçon. S'ils sont incapables de comprendre tes motivations, c'est qu'ils ne sont pas faits pour toi.
- Tu es rude. Personnellement, je comprends pourquoi Shoto s'est senti trahi. La dernière fois que je n'avais pas demandé de l'aide à notre classe pour une grosse bataille, j'ai failli y passer et il s'est fait un sang d'encre pendant des semaines. J'espère que lui aussi comprend pourquoi j'ai fait ça.
- Tu ne pourras le savoir qu'en allant le voir, mais c'est encore trop tôt. Laisse le temps passer, prends le temps de grandir, de te reconstruire. Concentre-toi sur toi, cela ne te fera pas de mal pour une fois.
- C'est vrai. Et maintenant que j'ai pu prendre du recul par rapport à tout ce que j'ai fait jusqu'à présent, j'ai l'impression qu'il me manque une partie du puzzle, qu'il manque des pièces dont je n'avais pas conscience jusqu'à présent.
- Tu verras ça avec Ahri demain, elle sera la plus à même de t'aider de ce côté-là.
- Tu as raison.
- Bon, allons au restaurant. Je t'invite.
- Pas de soucis Evelynn ! Allons-y ! La dernière à la voiture !"
Sur ces mots, la rose se mit à courir et je secouai la tête, souriant légèrement, avant de la suivre en marchant. Direction le restaurant !
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