Chapitre 46

PDV Akali

Après le déjeuner, ce fut à mon tour d'intervenir auprès d'Ana. D'après Ahri, elle avait dormi quatre heures et venait tout juste de prendre un rapide encas. Il était presque quatre heures et demi de l'après-midi. Pile le meilleur moment pour aller se balader à moto.

Je sortis de notre monde et apparus dans la maison où vivait le groupe d'Ana durant son séjour en Chine. Par la fenêtre, je vis Ana dans le jardin alors je la rejoignis.

"Salut Akali !"

Son enthousiasme était bien moins présent que d'ordinaire, mais déjà plus qu'avant l'intervention de Kai'sa. Elle avait fait du beau boulot.

"Coucou Ana. J'avais envie de visiter Shanghai en faisant de la moto et je me disais que tu voudrais peut-être venir.

- De la moto ? Pourquoi pas, je n'ai pas franchement mieux à faire en ce moment."

Je lui pris la main et l'entraînai à ma suite après m'être assurée que sa tenue était convenable pour faire de la moto. Je n'allais pas l'emmener si elle avait été en tongs... heureusement, elle portait un short en jean, un tee-shirt et des Converses.

Une fois dehors, je claquai des doigts pour faire surgir de notre monde ma moto. Dans le petit coffre attaché à l'arrière, il y avait deux casques : le mien et un supplémentaire pour la personne qui m'accompagnerait. J'enfilai mon casque et donnai le second Ana. Hésitante, elle finit par le prendre et enfourcha la moto à ma suite. Elle s'accrocha à ma taille lors que je fis vrombir le moteur. Quelques secondes après, nous étions parties à travers Shanghai.

"Tu pars souvent te promener en moto Akali ?

- Oui, cela m'aide à garder les pieds sur terre tout en me sentant plus libre que je ne l'ai jamais été. Les gens me collent une image de "fille cool", parce que c'est comme ça qu'on qualifie les personnes qui font de la moto ou qui s'habillent dans un style hip-hop et branché comme moi. Quand j'arpente les rues sur ma moto, rie ne compte plus pour moi que le bien-être que je ressens. Au fond, je m'en fiche de comment me voient les gens. Je m'habille comme ça parce que c'est comme ça que je me sens bien dans mes baskets, je rappe pour ne pas oublier que, même si j'ai du talent, je reste une fille de la rue avant tout. Et si j'ai une moto, c'est parce que j'ai l'impression de pouvoir m'envoler quand je suis dessus et, quand je ne me sens pas bien, faire vrombir le moteur de ma moto en sentant le vent frapper ma peau me fait un bien fou.

- C'est comme si faire de la moto te permettait de te décrocher de tes problèmes, de tes soucis.

- C'est ça.", affirmai-je en accélérant. "Kai'sa dit qu'elle laisse ses soucis aux vestiaires pour pouvoir danser de tout son être. Moi, je délaisse mes soucis quand j'enfile mon casque de moto. C'est important de savoir décrocher, d'avoir une bulle où se réfugier en cas de soucis ou si la vie nous oppresse. On n'a pas à être parfait. Juste à être nous-mêmes. Quand Ahri et Evelynn m'ont recruté pour K/DA, dans mon monde, elles n'ont pas cherché à modifier ma personnalité, à m'imposer un style musical qui ne me convenait pas. Elles ont accepté mon rap, le fait que je chantais et dansais du hip-hop. Et au fond, c'est mieux comme ça. Ce sont nos différences qui rendent K/DA unique, et je suis certaine que c'est le cas pour ton groupe K/DA.

- C'est vrai. Souvent, j'ai les idées folles et, en ajoutant les leurs, on arrive à avoir un concept de chanson réalisable assez facilement. Sans ça, Lolirock n'aurait pas été pareil, tout comme K/DA. Si je n'avais pas proposé qu'on devienne qui l'on voulait lorsqu'on était K/DA, le groupe n'aurait pas été le même. Aloïse voulait rapper, Wendy voulait avoir l'air plus dangereuse qu'elle ne l'est, Kyoka plus offensive qu'elle ne l'est en réalité.

- Et toi ? l'interrogeai-je.

- Moi ? Je voulais avant tout honorer mon héritage, en portant les oreilles de renard et la queue de cristal que ma mère biologique m'avait laissé. Ma voix, c'est d'elle que je la tiens. Je l'ai quasiment renié pendant tant d'années, je voulais l'honorer, même si elle n'est pas là pour le voir.

- Et l'idée des neuf queues, quelqu'un t'en a donné l'idée ?"

Je la sentis sourire dans mon dos.

"Pas vraiment. J'ai plusieurs alters, mais pour moi, aucun n'est supérieur à un autre. Ensemble, ils forment un tout encore plus puissant que séparément. Au départ, j'étais partie pour garder une seule queue, puis je me suis dit que plusieurs pourraient représenter le fait que j'ai plusieurs alters que je considère comme égaux. Des queues qui peuvent s'unir tout comme mes différents alters.

- Alors pourquoi les queues d'Ahri se déploient quand elle attaque, si tes alters sont plus puissants quand ils sont unis ?

- Hm... j'en sais trop rien. Des fois, quand j'unis mes alters et que je scinde l'attaque en résultant en plusieurs parties, l'attaque finale est encore plus puissante, comme pour Urano Metria. C'est peut-être pour ça. A vrai dire, je n'avais pas imaginé Ahri comme étant une "arme". Pour moi, elle était juste l'identité que je prenais face au monde quand j'étais accompagnée des K/DA. Mais d'après Kai'sa, elle existe depuis mon arrivée à Fairy Tail quasiment... depuis quand tu existes, toi, exactement.

- Depuis qu'Aloïse a formé avec des camarades de classe True Damage pour le festival musical de d'Asie du Sud-Est, il y a six ans. C'est là que j'ai commencé à exister, quelque part en elle. J'ai rejoint le monde des cartes à peu près au même moment, où j'ai continué à rapper et à danser du hip-hop dans la rue, pour m'amuser. Le groupe n'avait été fondé que pour une représentation et il n'a plus existé depuis, mais moi je suis restée."

J'appuyai sur un bouton pour lancer la chanson de True Damage, GIANTS. Comme si elle la connaissait par coeur, Ana chanta sur toutes les parties féminines, hormis la mienne où se fut moi qui chanta.

https://youtu.be/sVZpHFXcFJw

"J'aime beaucoup cette chanson, elle donne la pêche je trouve.

- Oui, tout comme la première chanson de K/DA.", approuvai-je. "C'est ce genre de chanson qui fait du bien, qui touche les gens. C'est pour ce genre de chansons que tout musicien ou chanteur travaille toute sa vie, seul ou en groupe. Avec K/DA, vous avez su trouver l'harmonie parfaite entre vos différentes personnalités et les identités que vous vous étiez choisies en tant que K/DA.

- C'était pareil pour vous ?

- Evidemment. Entre une diva, une chanteuse déjà connue qui était enfermée dans sa carrière parce qu'elle ne pouvait pas être elle-même, une danseuse qui a parcouru tout le globe et une rappeuse venue tout droit de la rue, cela n'a pas été facile de trouver comment s'accorder, mais le jeu en valait la chandelle.

- Ce que tu viens de dire d'Ahri... j'ai l'impression que cela fait écho à ce que j'ai vécu jusqu'à présent."

Puisque nous étions arrivées à l'endroit où on avait la meilleure vue possible de la ville, je m'arrêtai et on descendit pour observer le ciel et l'immense ville qui s'étendait à nos pieds.

"Jusqu'à présent, je cherchais à être celle que les autres voulaient, celle dont ils avaient besoin. Je ne m'en étais pas rendue compte. Dans la communauté des sans-alters avec alters, j'étais pas mal connue mais tout compte fait, j'étais enfermée dans l'idée que je devais être celle qu'on attendait de moi : une héroïne imbattable, inébranlable, toujours optimiste, courageuse, leader et j'en passe et des meilleurs.

- Du coup, maintenant que tu t'en ais rendu compte, tu te demandes qui tu es, parce que tu ne sais si tu es cette personne que les autres veulent. Je comprend, c'est normal. Et puis, l'adolescence, c'est la période où l'on se cherche, où l'on ne se reconnaît plus, où l'on ne reconnait plus les lieux où on a grandi. Où on a l'impression d'être sans abri, sans maison. C'est la période où toutes nos croyances volent en éclats et qu'on se retrouve avec les morceaux en se demandant si les pièces viennent du même puzzle. Quand cela m'est arrivé, la musique et mes escapades en vélo, puis en moto, sont devenus mes échappatoires, mes moyens de me trouver.

- La musique a un pouvoir que même le plus puissant des alters ne peut égaler. Mais je ne sais pas en jouer.

- Cela s'apprend, et puis la musique inclut le chant aussi. Et il me semble que c'est ton truc, le chant, fis-je remarquer.

- C'est vrai, j'adore chanter ! Je me sens bien quand je chante, comme si plus rien n'avait d'importance, comme s'il n'y avait que moi. Moi et ma voix, ainsi que mes amies quand nous chantons ensemble. Je pourrais chanter durant des heures sans me lasser !

- Le chant est ton moyen d'échappatoire, ça fait aucun doute. Mais il ne suffit pas de s'échapper spirituellement quand on est célèbres, il faut surtout réussir à garder les pieds sur terre.

- Pour ça, j'y arrive, crois-moi. Je sais que j'ai l'alter le plus puissant qui existe, les autres estiment que je suis la meilleure des super-héros. Mais pourtant... je ne me considère pas comme tel. Et même si c'était officiel, je ne pense pas que cela changerait. Mon objectif était de devenir la numéro une du Japon, mais j'ai l'impression de ne pas avoir les épaules pour une telle pression finalement. Etre numéro une, risquer tout ce à quoi on tient, ça craint !

- Je sais, c'est pour ça que, malgré mon alter, je n'ai pu me résoudre à devenir une super-héroïne. Je suis une virtuose avec des kunais, des shurikens et un kama, mon alter me donne les compétences du parfait assassin, des compétences que je pourrais utiliser pour combattre les super-vilains dans mon monde, sans les tuer pour autant. Mais je ne voulais pas risquer le peu que j'avais et l'idée d'être une super-héroïne ne me réjouissait pas vraiment. Par contre, rapper et danser me rendaient heureuse. Cela ne veut pas dire que je n'aime pas combattre : quand tu m'invoques pour me battre à tes côtés, je suis plus que ravie de mettre mes talents à contribution, mais je ne pourrais pas faire ça au quotidien comme le font les super-héros. C'est vraiment pas une carrière pour moi.

- Au moins, tu en es sûre. Moi, je n'ai plus aucune conviction... je veux continuer à faire de la musique avec K/DA, mais je ne sais pas si je veux devenir une héroïne finalement. Cela implique trop de responsabilités et je ne me sens plus prête à les endosser. Je ne sais plus vraiment qui je suis, je ne sais pas si j'ai le coeur d'une vilaine ou d'une héroïne. Je n'arrive plus à savoir si mes actions passées étaient égoïstes ou charitables, quand je pensais bien agir.

- Tu es jeune, tu as encore le temps. Même si tu obtiens ton diplôme en héroïsme et ton permis définitif entièrement complet, rien ne t'oblige à l'utiliser, à devenir une héroïne. Tu as le droit de changer de voie en cours de route, rien n'est figé. Au fond, on est tous un peu égoïste : on fait le bien autour de nous parce que cela nous fait nous sentir bien. Ce n'est pas ça qui détermine si on est bon ou mauvais, et un vilain n'est pas forcément mauvais. Souviens-toi de Xavier, l'ami de Rui. Enfin, je ne suis pas sûre qu'on puisse le qualifier comme ça mais bon... c'est un vilain, mais c'est quelqu'un de bien. Les vilains ne sont pas tous méchants, certains sont des personnes qui ont juste fait de mauvais choix. Et les héros ne sont pas tous d'une âme charitable, beaucoup font ça pour l'argent de nos jours. La barrière qui sépare les héros des vilains est bien plus floue et poreuse qu'on veut bien le croire. Qu'on soit héro ou vilain, ça n'a pas d'importance. Le tout, c'est de ne pas oublier ça."

Je désignai la ville d'un large geste de la main et Ana haussa un sourcil.

"Ne pas oublier quoi ?

- Que nous ne sommes pas un grain de sable balayé par le vent, mais un grain de sable faisant partie d'un immense tout, d'une immense dune. Qu'on soit héro ou vilain, nous ne sommes pas seuls, chacun de nous fait partie d'un tout plus grand qu'il ne pourra jamais l'être. Un vilain n'est pas le seul vilain, pareil pour un héro. Qu'on soit héro ou vilain, il est important de ne pas oublier combien nous sommes minuscules par rapport à l'univers, peu importe notre puissance ou notre célébrité, tout comme il est vital de garder à l'esprit que, pour être heureux, il faut se ficher des attentes des autres, les balayer du revers de la main, les ignorer. Il faut se ficher du regard qu'ils nous portent, des espoirs qu'ils placent en nous. Aussi doués ou puissants que l'on soit, les autres n'ont pas le droit de nous imposer des responsabilités que nous ne voulons pas ! Tu ne veux pas être une héroïne, même si c'est ce que tout le monde attend de toi ? Ne deviens pas une héroïne, c'est aussi simple que ça. Tu préfères le style branché mais les autres attendent de toi un style mignon ? Jette aux orties ce qu'ils attendent de toi. Que tu sois une héroïne ou une vilaine ne changera pas l'opinion que ceux qui t'aiment vraiment ont de toi. Ton alter ne te définit pas, ne le laisse pas contrôler ta vie. T'imagines si Zeleph était devenu un super-vilain, juste parce que son alter pouvait être qualifié de "maléfique" ? Deviens ce que tu veux être, fais ce que tu veux du moment que cela ne fait de mal à personne. Notre liberté existe tant que nous n'empiétons pas sur celle des autres. Les choses se passeront toujours mieux si tu fais les choses comme tu veux, telles que tu le désires. Cela mène à faire des erreurs, mais c'est en se trompant qu'on apprend.

- On n'apprend rien si on échoue jamais, je sais. Mais tout le monde s'attend à ce que, justement, je n'échoue pas. Même Natsu. Je ne pense pas pouvoir endosser davantage le rôle de l'aîné à sa place. Avec Shoto, j'avais le sentiment que je n'avais pas besoin de me cacher derrière un rôle, il n'attendait rien de plus de moi que ce que je pouvais offrir en laissant tomber les masques. Il n'attendait pas de moi que je sois la meilleure des profs, la meilleures des héroïnes, la meilleure des chanteuses, la meilleure leader ou quoi que ce soit d'autre. Il m'acceptait juste telle que j'étais, même si j'étais une vraie gamine.

- Cesse de porter ces différents masques, tu verras que tout te paraîtra plus simple. Cela ne veut pas dire que ces différents rôles ne font pas partie de toi, juste que tu n'as pas à te forcer à les endosser. Garde ça à l'esprit et si le coeur t'en dit, rebelle-toi contre la société. Que ceux qui ne t'acceptent pas comme tu es aillent aux orties !

- Haha ! C'est promis Akali !", rit Ana.

Je ris avec elle.

"Tu es du genre je-m'en-foutiste et rebelle, mais je pense que je devrais prendre un peu exemple sur toi. J'aurais évité pas mal de problèmes comme ça.

- On me dit souvent que je suis une source d'inspiration.", plaisantai-je.

On se remit à rire joyeusement et Ana m'adressa un sourire plus large qu'avant que je ne l'emmène en balade.

"Je crois que je vais m'offrir une moto, c'est vrai que c'est génial de s'évader comme ça.

- Je viens d'y penser mais, t'as pas le mal des transports normalement ?

- Si, mais comme ta moto provient du monde des cartes, un monde lié à mon alter, j'imagine qu'inconsciemment, je la considère cme une alliée."

Tiens, ça me donnait une idée...

"Akali, on peut rentrer s'il te plaît ? Je dors déjà pas beaucoup en ce moment et entre la danse avec Kai'sa ce matin et cette balade maintenant, ce n'est pas une sieste de quatre heures entre les deux qui va réellement me rendre des forces.

- Pas de soucis, allons-y !"

Je lui tendis son casque avant de mettre le mien. On enfourcha la moto avant de filer à toute vitesse vers notre point de départ.

Le chemin du retour se fit en silence, mais c'était un silence plutôt agréable. Une fois arrivées, je déposai Ana et elle me salua avant de s'éloigner. A la dernière seconde, elle se retourna.

"Akali, merci pour tout ce que les K/DA font pour m'aider à remonter la pente pendant que mes amies avancent un maximum sur l'album. J'adorerais y participer, mais je ne me sens pas encore prête...

- Tu le seras bientôt, ne t'en fais pas. Mais tu savais depuis quand ?

- Depuis que tu m'as proposé de m'emmener faire un tour en moto. J'ai hâte de voir ce que vous me préparez pour demain, mais en attendant, je vais rattraper mes heures de sommeil. Passe le bonjour à Ahri et Evelynn !

- Ce sera fait. Dors bien !

- Merci !"

Sur ces mots, elle pénétra dans la maison et, moi, je retournai dans mon monde rejoindre mes trois colocataires et meilleures amies.

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