Une excellente journée

«Eliott, va t'occuper deux secondes de la caisse ! La potion de gonflement est presque finie, je vais arrêter le feu !»

Farel Wats, l'employeur du jeune homme, disparut alors dans la fumée de l'arrière boutique, où il se mit à peaufiner la potion en cour de fabrication. Eliott laissa en plan les derniers œufs séchés de doxy qu'il était en train de découper afin de les mettre en boîte et se dirigea vers la caisse de la boutique. Il était d'une taille moyenne, les cheveux courts et bruns et son visage était doux, aux yeux rieurs. Il s'assit derrière la caisse et regarda la boutique en attendant que les clients présents viennent régler leurs achats.

C'était un grand local sombre, avec plusieurs rayons d'étagères en bois sombre remplies de fioles de toutes formes et tailles pleines de liquides multicolores et aux textures tantôt liquides et pures, tantôt visqueuses et grumeleuses. De nombreux ingrédients étaient accrochés au plafond, dans des filets, des chaudrons et même quelques cages contenant des animaux vivants. La vitrine contenait plusieurs chaudrons dégageant une fumée aux couleurs vives afin d'attirer la clientèle, ainsi que plusieurs ingrédients de choix. Une grande cuillère remuait doucement les potions, animée par magie et le tout baignait dans une fumée empêchant de distinguer trop loin. L'arrière boutique, où Farel était parti, contenait deux pièces : l'une d'entre elles servait à créer des potions et était donc occupée en permanence par plusieurs récipients bouillonnant ainsi que des employés très affairés à leurs décoctions. La deuxième était pleine à craquer de caisses, paniers, cages, ustensiles, agglomérats, en bref tout le nécessaire pour créer des potions.

Une vieille sorcière se dirigea vers Eliott et posa sur le comptoir une fiole de potion opaque brillant d'une lumière violette, ainsi qu'un petit couteau extracteur de jus. Il prit les deux objets délicatement et regarda leurs étiquettes avant de demander en souriant aimablement :

«Cinq gallions s'il vous plaît madame.»

Elle protesta quelques secondes et finit par payer, emportant ses achats en grommelant des propos outrés sur le prix qu'elle trouvait exorbitant. Eliott attendit qu'elle soit partie et appela Farel en riant :

«Eh Farel ! La cliente avait pas l'air contente du prix !

- Elle avait prit quoi ?

- Un repousse gnomes de première qualité et un couteau extracteur de jus, elle en a eu pour cinq gallions !»

Un rire retentit dans la fumée, ainsi que le gloussement de quelques autres employés. Farel fit quelques tâches pendant une dizaine de seconde avant de sortir de l'arrière boutique et d'arriver devant Eliott, en riant. Il avait la cinquantaine, une barbe de trois jours et une mâchoire carrée qu'il ouvrit pour dire de sa voix légèrement enrouée :

« Cinq galions pour ça et elle se plaint... Hoho, je me demande ce qu'elle aurait dit chez d'autres ! Hâte de la voir comparer chez la concurrence tiens !»

Et il se remit à rire, ainsi que les différents employés avant de reprendre sa place derrière le comptoir, pendant que Eliott retournait dans l'arrière boutique pour découper les œufs de doxy. Il y mettait du cœur, appliqué dans sa tâche et passionné par la confection de différentes potions. Quelques temps après, il se rendit compte que son stock d'oeufs était vide, même dans la réserve et il en avertit Farel qui répondit en haussant les épaules en même temps qu'il rendait sa monnaie à un client :

«T'iras demain en chercher, je te passerais l'adresse de plusieurs éleveurs.»

Eliott le remercia et se remit à créer différentes potions avec les autres. Quelques heures plus tard, alors que le soleil commençait à se coucher et embaumait la rue d'une belle atmosphère rouge, Eliott retira son tablier et ses gants en peau de dragon, enfila une cape et sorti dans la rue. Les dernières personnes présentes pour leurs achats sur le chemin de traverse étaient en train de quitter les lieux, tandis que les échoppes et bars recevaient leur clientèle. Eliott marcha plusieurs minutes dans la grande rue pavée, croisant de nombreux sorciers, habitués ou non aux sorties du soir pour boire un verre. Il arriva enfin au chaudron baveur et s'assit à une table, avant de retirer sa cape et de la poser près de lui.

«Coucou Eliott !»

Ces mots furent prononcés par une voix féminine joyeuse qui fit monter un sourire sur le visage du jeune sorcier. Il se tourna vers l'origine de cette apostrophe : c'était Emily, une vieille amie qu'il avait connu à Poudlard. Elle était petite, aux longs cheveux blonds attachés en une tresse. La jeune femme s'assit à côté de lui et posa ses bagages sous la table, portant encore sa robe noire de travail et un petit sac plein de parchemins.

«Épuisante cette journée !»

Elle sourit et passa une main sur son front en faisant semblant de chasser la sueur de son effort.

«Ça arrête pas ! Il y a plein de contrats en ce moments, Gringott est en ébullition ! J'ai l'impression de n'avoir pas eu cinq minutes pour moi aujourd'hui. Enfin bref, et toi Eliott ? Ça s'est bien passé ta journée ?»

Il acquiescea avant de raconter brièvement sa journée, évoquant avec un sourire l'anecdote de la vieille femme et sa notion relative des pris de potions. Alors que Emily se mettait à rire, un jeune sorcier aux cheveux châtains s'assit en face d'eux, lui aussi en robe de travail. Il leur sourit avant de dire d'un air un peu grandiloquent :

«Bonsoir chers amis ! Le ministère de la magie allemande a accepté notre demande, on va enfin pouvoir commercer plus facilement dans le domaine des balais. Et vous, ça va ?

- Saaalut Martin !»

Fit Emily en lui souriant aussi.

« Ça va bien, je me porte super bien !»

Elle raconta quelques anecdotes sur sa journée, puis Eliott fit de même et les trois amis se mirent à discuter, commandant des whisky pur-feu au bout de quelques minutes. Ils plaisantèrent gentiment les uns sur les autres pendant longtemps avant de commenter l'actualité politique, la reformation du ministère après la chute de Vous-Savez-Qui et les dernières aventures de leurs connaissances. Quand la nuit fut complètement tombée et que le bar se vidait tandis que les tables se remplissaient pour le dîner, ils se laissèrent et partirent chacun de leur côté, échangeant une ou deux autres plaisanteries.

Eliott transplana et arriva directement dans son grand salon bien meublé, aux couleurs chaudes et aux divers bibelots grinçants trônant dans les bibliothèques au milieu des livres de magie et de potion. Il avait économisé longtemps pour cette maison dans Londres et en était bien content. Le jeune homme se fit à manger et dîna tranquillement, puis monta dans sa chambre en commençant à fatiguer. Il se changea, mettant son vieux pyjama Poufsouffle qu'il avait gardé de ses années d'études. Il se glissa sous les draps de son lit, prit quelques minutes la peine de lire et finit par souffler sa chandelle. Quelques minutes plus tard, il s'endormait le sourire au lèvres après cette bonne journée.

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