Un Visiteur Du Ministère
Le lendemain, Eliott retourna normalement au travail. Alors qu'il allait entrer dans la boutique de Rolf, un sorcier habillé d'une longue robe noire le bouscula en en sortant, avant de s'éloigner et de rejoindre le Chemin de Traverse sans s'excuser. Eliott le regarda partir en fronçant les sourcils avant d'entrer dans son lieu de travail, y trouvant Rolf déjà bien affairé sur son chaudron. Alors que le jeune homme contournait le comptoir pour aller voir la liste des tâches assignées pour sa journée, son patron l'interpella de sa voix rauque :
«Tu t'es attiré des ennuis avec le ministère, Lynch ? »
Eliott se figea et se tourna vers lui, demanda en hésitant :
«Pourquoi cette question ?»
Rolf montra vaguement la porte de sa main décharnée avant d'expliquer :
«Le type qui vient de sortir de la boutique, il venait du ministère. Du département de la justice magique en particulier. Et il m'a posé des questions sur toi.»
Le jeune homme sentit l'angoisse monter en lui et comme un poid lui tomber dans l'estomac, avant de de demander :
«Pardon ? Quel genre de question ? »
Rolf eut un petit mouvement exaspéré de la tête et résuma sur un ton agacé :
«Depuis combien de temps tu travailles ici, si tu travailles bien, ta paie. Tu me réponds maintenant ? Tu as des ennuis avec le ministère ? »
Eliott sentit une certaine colère monter en lui et répondit alors :
«Pas véritablement. Il y a juste une employée qui m'a pris en grippe et je pense qu'elle essaie d'en savoir un peu plus sur moi, peut-être pour trouver un moyen de m'envoyer à Azkaban.»
Rolf l'écouta et lâcha un soupir ennuyé :
«Je ne veux pas que le ministère ne fouille trop ici, Lynch. J'ai des clients qui veulent rester discrets sur leurs commandes, et une perquisition ne serait pas bonne pour mes réserves de divers ingrédients, tu as dû le voir. Si le ministère devient trop insistant avec cette boutique pour la seule raison que tu y es, je devrais te virer.»
Eliott serra un peu la mâchoire et hocha la tête, montrant qu'il comprenait la décision de Rolf, puis dit :
«Je vais voir ce que je peux faire pour que ces inspections cessent. Si l'employée prend un rappel de sa hiérarchie, elle arrêtera certainement.»
Rolf pointa alors le jeune homme de son index tordu et affirma alors :
«J'espère bien. Dans mon intérêt, autant que dans le tien. Bon, il y a des commandes, va travailler. Je ne tolèrerais pas longtemps ce genre de visite de larbin fouille-merde.»
Et il retourna à son chaudron, continuant sa recette. Eliott alla alors dans la petite salle à côté et commença à travailler, hachant quelques pousses de tentacula. La pensée de Hunting envoyait des personnes sous ses ordres enquêter sur lui jusqu'à son travail provoquait en lui une haine grondante. Elle cherchait certainement le moindre petit élément susceptible de le faire tomber, passant sa vie à la loupe pour y trouver un accroc. Alors qu'une rage intense montait dans son cœur, le souvenir du fait que Dolores Ombrage, exactement le même type de personne, pourrissait à Azkaban, lui remonta légèrement le moral. Si une femme aussi affreuse mais puissante avait pu être envoyée en prison, alors faire cesser Joanna Hunting devrait être possible, peut-être même en lui imposant une sanction ou une amande. C'est en se raccrochant à cette idée que Eliott termina sa journée sans faire de crise de colère ou d'angoisse.
En fin de journée, il sortit de la boutique après avoir réitéré à Rolf sa décision d'aller au ministère tenter de faire changer les choses, et alla au Chadron Baveur pour y attendre Emily. Il y commanda un whisky pur feu et le vida presque d'un trait, quand son amie arriva et le rejoignit. Après qu'elle lui ait brièvement raconté sa journée, il dit alors :
«Tu sais qu'il y a un gars du ministère qui est venu à mon travail aujourd'hui ? Il a posé des questions à mon patron, sur moi évidemment. Mon comportement, ma paie, mes capacités de travail. À tout les coups c'est Hunting qui l'a envoyé.»
Emily fronça les sourcils et demanda, interloquée :
« Quoi ? Mais pourquoi est-ce qu'elle ferait ça, tu l'as croisée une fois !
- Deux. Je suis allé au ministère corriger une erreur sur un papier administratif relatif aux traitements et elle m'a attrapé au vol. C'était presque pire que la dernière fois, et je pense qu'apprendre que j'allais relativement bien, que j'avais un travail, ça l'a énervé. Elle me déteste encore plus que les autres loups j'ai l'impression.
- Fais attention à toi Eliott.
- Promis. J'en parlerais à l'assos, pour savoir si elle a été pareil avec eux, ou si ils connaissent simplement son nom. »
Emily eut alors un petit sourire et demanda en se penchant légèrement plus vers Eliott :
« Oh, tu y as vraiment été alors ! Comment tu as trouvé ça ?
- Très agréable. J'ai peu parlé mais je me suis senti compris, et sans personne pour avoir peur de moi. Comme si j'étais normal en fait.
- Tu es déjà normal. Avoir ça ne fait pas de toi une anomalie. Juste quelqu'un de malade, comme n'importe qui peut l'être.
- Tu n'as pas tort. Mais bon, de toute façon, c'est à Joanna Hunting de le faire comprendre, moi je le sais déjà. Et sinon, il faudrait que sa hiérarchie lui tape sur les doigts, qu'elle me laisse tranquille. Parce que là elle commence doucement, en interrogeant mon patron. Mais si on la laisse faire, on sais bien qu'elle va profiter de sa position pour aller jusqu'à faire des perquisitions chez moi, voire m'arrêter préventivement pour je ne sais quoi. Il faut l'arrêter maintenant.
- Je pense que tu as entièrement raison. Tu voudrais que je t'accompagne ? »
Eliott demanda alors :
«Attends, on ferait ça quand ?
- Pourquoi pas demain ? Sortons du travail et transplanons directement devant l'entrée des visiteurs du ministère, puis allons nous plaindre ou déposer une plainte ou quelque chose dans le ministère. En cas de problème, tu ne serais pas livré à toi-même si je suis là aussi. Alors, qu-est-ce que tu en dis ? »
Eliott sourit alors et répondit en lui prenant la main :
«J'en dis que je suis complètement partant pour faire ça. Elle n'a qu'à bien se tenir, on va lui en faire baver ! »
Emily serra doucement sa main en retour et eut un sourire en coin avant de dire :
«Tu vas lui montrer de quel bois tu te chauffes. Tu n'as pas survécu à cette rencontre avec un lycanthrope pour te plier devant cette horrible bonne femme incapable d'avoir une once de compassion. Oh, et si demain nous croisons Martin, je m'en occuperais. J'ai quelques mots à lui dire, par rapport à ce que tu m'as rapporté l'autre fois.
- Alors, rendez vous demain, à cinq heure et demi, devant la cabine ?
- Ça me va, alors faisons comme ça.
- Fantastique ! »
Et ils se levèrent en souriant, motivés pour arrêter Hunting avant qu'elle ne se sente pousser des ailes. Avant de rentrer l'un chez l'autre, ils se serrèrent mutuellement dans les bras et chuchotèrent à nouveau leur détermination quant à la réussite du projet du lendemain. Dans le cœur de Eliott, la haine et la colère avaient laissé la place à l'impatience et à la rage de vaincre.
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