Eliott et Emily apparurent quelques secondes plus tard dans l'entrée du cabinet des Al-Mansur et se précipitèrent à l'intérieur en poussant la porte. Dedans, l'avocat était toujours sur sa chaise, qui s'était allongée pour lui permettre d'être semi-couché, du sang séché sur la tempe, les yeux fermés mais visiblement conscient. Sa compagne lui parlait et se retourna vers eux immédiatement à leur entrée, d'un air à la fois inquiet et en colère :

« Nous venons d'arriver, merci d'être venus si vites.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Eliott, inquiet.

Kader se mit à faiblement parler :

« Nous étions au Chemin de Traverse pour nous rendre à Gringott. Quand nous étions au pied de la banque, une personne m'a lancé un pavé au visage. »

Samra continua, furieuse :

« Il était avec deux amis, ce lâche. Et bien sûr ils ont crié quelque chose juste avant de transplaner, vous vous doutez de la teneur je pense.»

Eliott serra légèrement les poings.

« Collabo de velu, quelque chose du genre ?

- Traitre à ta race, sang de bourbe. »

Emily mit sa main devant sa bouche d'un air horrifié alors que Kader parlait à nouveau :

« Je suis un sang pur, tout comme ma femme. C'est parce que je vous défend, Monsieur Lynch, que ceci est arrivé.»

Un poid sembla tomber dans la poitrine du jeune homme, qui demanda piteusement :

« Alors vous abandonnez ? Je comprends si c'est le cas.

- Je ne suis plus en état de prendre votre défense, je ne suis malheureusement plus dans ma prime jeunesse Monsieur. Je m'en excuse.»

Eliott baissa la tête, tout comme Emily. Puis il dit tristement :

« Je comprend, désolé que ceci vous soit arrivé. Merci de m'avoir aidé, je ferais de mon mieux de mon côté.»

Kader se redressa légèrement, d'un air circonspect et demanda :

« Je vous demande pardon ? Il n'a jamais été question de clore votre dossier Monsieur Lynch.

- Mais... Vous venez de dire que vous ne prendriez pas ma défense.

- En effet. Mais mon travail ne s'arrête en aucun cas là.»

Samra s'avança légèrement :

«C'est moi qui me chargerais de la plaidoirie.»

Kader sourit légèrement et affirma d'un air sûr de lui :

« Samra est dotée d'un grand talent. Elle a même su sauver plusieurs nés-moldus durant le règne de Vous-Savez-Qui.»

L'espoir renaquit en Eliott aussi vite qu'il l'avait quitté. L'avocat continua :

« De plus, même si elle ne m'est pas très agréable, cette agression est un point pour vous, Monsieur Lynch. Je suis connu, et votre affaire qui a déjà eu un certain retentissement dans les médias pourra bénéficier d'une meilleure couverture. L'opinion et la pression populaire peuvent se montrer d'excellentes alliées. Alors faites en sorte de médiatiser ceci.»

Eliott hocha la tête et l'avocat continua encore :

« Et si vous vous en sentez capable, pour aider votre cause, faites en sorte de faire de ce procès non pas simplement votre procès, mais celui des lois de 1993. La couverture médiatique vous sera favorable, avec la défense de Samra vous avez vos chances de réussir à l'emporter. Il serait possible de faire enfin bouger l'opinion générale en votre faveur dans le débat sur la lycanthropie.»

Le jeune homme se tourna vers Emily, un sourire de plus en plus présent sur ses lèvres. Son amie également souriait, malgré l'inquiétude qu'elle manifestait à l'égard de Kader. Samra prit la parole :

« Monsieur Lynch, nous avions également un autre élément à vous partager : le juge Beckett, qui s'est chargé de votre procès durant la première audience, s'est avéré être un proche de Madame Hunting. Il y a donc un conflit d'intérêt, et il s'agira d'une autre personne qui se chargera de votre procès en appel. De manière impartiale cette fois-ci. »

Kader approuva et continua :

« J'ai commencé personnellement à mener mon enquête afin de rassembler des témoins prouvant votre bonne fois même au sujet de votre vie privée avant la nuit de l'agression. À votre prochaine confrontation, Joanna Hunting ne pourra plus mentir à ce sujet. Le reste est à votre seule responsabilité Monsieur. J'ai appris que vous aviez de contacts à la Gazette : médiatisez cette affaire, qu'elle éclate et indigne. L'opinion sera de votre côté. »

Eliott hocha la tête et Emily et lui transplanèrent après que les Al-Mansur les aient salués, apparaissant alors dans la maison du jeune homme. Ils étaient tout deux très motivés, et Eliott alla immédiatement chercher du papier et une plume pour envoyer un hibou à Brendon. Il envoya la lettre et son ami arriva environ une heure après. Il salua joyeusement Emily, qu'il voyait pour la première fois depuis des années, puis il se mit à parler avec Eliott. Saisissant sa plume et son parchemin, il se mit à noter tout ce que Eliott disait sur l'affaire en cours. Son visage s'éclairait progressivement tandis que le jeune homme parlait, sentant le succès qu'allaient certainement avoir ces déclarations.

Eliott parla ainsi de ce qui lui était arrivé, de ce qu'il vivait au quotidien, et de l'injustice totale du procès, insistant bien pour rappeler que la répression des loups dans la loi n'était en rien une chose normale, mais plutôt un évènement récent dans sa forme la plus violente, et due surtout à la violence des personnes non infectées. Il parla de l'éloignement des familles, des amis, de la difficulté à l'embauche, de la difficulté d'obtenir des soins médicaux efficacement remboursés. Il parla de la haine qu'avait eu envers lui des connaissances, des collègues, et le ministère, à cause uniquement de sa particularité lycanthropique qu'il n'avait jamais choisi. Finalement il termina sur ces mots :

« Et si vous pensez que je ne devrais tirer aucune fierté de ma condition, laissez moi vous dire que je dois mener chaque jour un combat pour simplement exister. Le simple fait que je sois en vie est un objet de débat, la simple idée que je fréquente des gens sans les agresser fait rire, la simple évidence que je suis quelqu'un, avec des sentiments et une conscience semble inimaginable. Je dois me battre au quotidien, j'ai rencontré des gens extrêmement courageux qui le font également, pour vivre face à un système et une société injuste. Et j'y arrive. Je peux sortir la tête de l'eau. Je subit des choses qu'une majorité d'entre vous ne pourrait pas endurer une journée sans hurler au scandale, et pourtant je tiens toujours. Alors oui, et je me fiche de si ça peut vous offusquer, je suis fier de qui je suis, je suis fier d'être un loup.»

Brendon mit un point final et contempla le parchemin avant de le replier et de le ranger, puis de regarder Eliott. Il se mit à sourire.

« Eliott, c'était absolument fantastique. J'espère de tout cœur que tu vas gagner ton procès, en attendant j'ai un article à publier. Et s'il passe, ce dont je ne doute pas, il va avoir son succès.

- Merci Brendon ! Ça vous a vraiment plu ? »

Emily hocha vigoureusement la tête et lui fit un câlin.

« C'était génial Eliott, tu es le meilleur.»

Il lui rendit son étreinte puis ils raccompagnèrent le journaliste à la porte avant de se rassoir dans le salon. Emily continua de complimenter Eliott sur la force de sa déclaration, et il lui répondit :

« Sans toute l'aide que tu m'as apporté, je n'aurais jamais eu la force de le faire ce discours. Merci beaucoup à toi aussi. »

Elle sourit également et ils s'embrassèrent rapidement avant de vaquer à leurs occupations, Eliott écrivant à l'association pour les avertir de l'article à paraître.