Eliott et Emily se levèrent alors, se demandant qui pouvait encore venir après cette longue journée. Le jeune homme ouvrit la porte et se retrouva face à son père, qui se tordait les mains. Ce dernier sembla surprit qu'on lui ouvre si vite et eut un petit sursaut. Son fils et lui se regardèrent alors durant quelques secondes sans rien se dire, puis Arnold demanda en begayant légèrement :

« Est-ce que... Est-ce que je peux rentrer ? »

Eliott le regarda encore et son père continua :

« J'aimerais... Qu'on discute. Un petit peu. S'il te plaît. »

Le jeune homme était encore sous le choc et inspira profondément avant de lui laisser le passage. Arnold entra alors, le regard fuyant, et se dirigea vers le salon. Eliott ferma la porte et le suivit, accompagné par Emily. Son père s'assit alors dans un fauteuil, penché vers l'avant et se tordant toujours les mains, tête basse. Eliott s'assit à son tour en face de lui et le regarda, tandis que Emily disait doucement :

«Je vais vous laisser discuter tranquillement.  »

Avant de quitter la pièce. Arnold resta près d'une minute sans parler, se tordant les mains, avant de redresser la tête, cherchant ses mots. Eliott inclina légèrement la tête sur le côté et son père se mit alors à parler, hésitant, la voix légèrement tremblante.

« Voilà je... Je suis venu pour m'excuser. Je me suis vraiment extrêmement mal comporté par rapport à toi et ce qui t'arrivait. J'ai mis ma peur avant l'amour que je te portais, en tant que père, et je me suis montré indigne. Je n'aurais jamais dû te parler comme je l'ai fait et je suis désolé.»

Eliott continuait de le regarder, sans dire un mot. Arnold regarda ailleurs avant de chercher à nouveau ses mots, la voix toujours tremblante :

« Quand j'ai vu ton nom arriver dans l'actualité, j'ai voulu essayer de reprendre contact avec toi. J'ai eu très honte de moi, tu aurais dû pouvoir compter sur mon soutient dans ce qui t'arrivait. Mais je n'ai pas eu le courage de sauter le pas, par lâcheté et par égo, également. Quand tu as donné cette interview, j'ai à nouveau été submergé par la honte. J'étais là, à avoir mes petits soucis et à avoir peur de te revoir alors que tu vivais pire que je n'ai jamais vécu chaque jour. Mais cette fois par peur que tu ne me rejette, en voyant ta détermination dans tes propos, je n'ai pas osé reprendre contact. Et aujourd'hui, je me suis rendu au ministère, pendant le procès. Je ne me suis pas approché, pour ne pas te déconcentrer, mais j'etais là, et j'ai lu le résumé dès lors qu'on nous l'a donné. J'ai rassemblé mon courage et je suis venu te voir maintenant. J'ai préféré ne pas te déranger pendant que tu recevais tes félicitations.»

Il se tut alors. Ses yeux étaient humides et il n'osait pas regarder Eliott, qui était toujours silencieux, et désormais pensif. Ils restèrent sans parler pendant plusieurs minutes, et Eliott finit par demander :

« Donc tu ne penses plus ce que tu m'as dit la dernière fois qu'on s'est vu ?

- Je... Non. J'ai compris avec ce que tu as vécu que tu n'étais ni un danger ni un animal ni quoi que ce soit d'autre que mon fils, celui que j'ai toujours connu et aimé, et que je t'avais abandonné quand tu avais le plus besoin de moi.»

Eliott hocha la tête puis dit :

« Si je te laisse une seconde chance... Tu me promets de ne plus jamais me faire un coup pareil ? Quoi qu'il m'arrive en rapport avec ma maladie ?

- Promis. »

Le jeune homme inspira puis déclara :

« Dans ce cas je te pardonne.»

Arnold eut un petit sourire, mais ses traits se décomposèrent rapidement et il se mit à pleurer, une main sur les yeux, dans son canapé. Eliott se leva alors et alla s'assoir à côté de lui avant de lui frotter un peu le dos. Arnold se redressa légèrement et le regarda, tandis que Eliott l'enlaçait, les larmes aux yeux. Son père finit par cesser de pleurer et inspira profondément, avant de déclarer :

« Je... Vais rentrer chez moi, du coup. Merci beaucoup. Et encore bravo.

- D'accord.

- Tu passes quand tu veux Eliott, je veux rattraper ces trois mois de perdus.»

Eliott acquiesça et son père se leva pour se diriger vers l'entrée. Son fils l'accompagna jusqu'à la porte, et au moment où Arnold allait sortir, il dit :

« Eliott... Je t'aime.

- Je t'aime aussi papa. »

Et son père descendit dans la rue, alors que Eliott fermait la porte. Emily rejoignit le jeune homme dans le salon où il était retourné et demanda :

« Alors ?

- Il s'est excusé. Je lui ai pardonné.»

Et un petit sourire s'inscrivit sur son visage tandis qu'il réalisait progressivement. Il dit alors :

« Donc maintenant c'est fini. Je n'ai plus de procès, un travail assuré, et mon père m'aime à nouveau. C'est vraiment fini.  »

Emily vint alors vers lui pour l'enlacer et ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes. Puis la jeune femme se recula et dit avec un petit sourire :

« Fini... Tout n'est pas fini, il y a encore des histoires en cours.

- Pardon ? Comment ça ?

- Disons qu'elles en sont à leurs début.

- Mais de quoi tu parles ? »

Emily mit ses mains dans son dos et balança ses épaules en souriant avant de dire d'un air taquin :

« Je vous vois vous tourner autour avec David tu sais. »

Eliott, prit au dépourvu, ne sut pas quoi répondre.

« En fait, tout le monde vous voit vous tourner autour, j'ai même entendu Shaun prendre un pari sur le temps avant que vous ne sautiez le pas.»

Eliott rougit légèrement, surprit, et finit par demander :

« Mais tu... Du coup tu penses que ça serait possible ? Je veux dire... J'ai pas encore de sentiments véritablement mais... »

Emily fit un petit saut de joie avant de répondre :

« Ce serait totalement possible ! »

Eliott eut du mal à dissimuler son sourire et admit :

« Bon d'accord, oui tu as raison, j'aimerais bien que ça aille plus loin.  »

Emily fit un petit geste de victoire en serrant le point avant de dire :

« Oui ! Ça serait vraiment génial, tu le mériterais, après tout ce qui est arrivé. Enfin trouver quelqu'un, et qui en plus ne te jugerais pas !

- Oui c'est vrai. C'est gentil de t'inquiéter comme ça de mes petites histoires de cœur »

Répondit Eliott en riant. Il avait l'impression que cette soirée était parfaite. La journée avait déjà été fantastique, dans tout son déroulement, avec le visage déconfit de Hunting, les félicitations de tout le monde, le courage qu'il avait prit pour faire son discours durant le procès, et maintenant son père qui venait s'excuser et se faisait pardonner et Emily qui lui confirmait que David s'intéressait également à lui. Il lui semblait qu'il n'aurait plus jamais de soucis, et les pleines lunes à venir ne lui apparaissaient que comme quelques événements désagréables entachant à peine sa vie. Il avait été paranoïaque, presque au bord du suicide, de l'alcoolisme, il avait désespéré, puis avait combattu courageusement pour arracher son droit de vivre cette vie sans problèmes. Comme l'avait dit Emily, il méritait ce qui lui arrivait, car il s'était battu pour l'avoir, et plus important : il avait gagné.