Le désespoir arrive.

Deux jours plus tard, Eliott se leva pour la dernière fois de son lit et quitta sa chambre. Il parcouru lentement les couloirs de l'hôpital, saluant d'un signe de tête ou d'un sourire les médicomages qui l'avaient aidé pendant son séjour. Il arriva enfin à l'accueil, où il regarda autour de lui en cherchant le lieu où on lui donnerait ses potions, l'ordonnance à la main. Un petit sorcier l'interpella depuis un guichet tout aussi petit et le jeune homme alla vers lui. Il lui tendit l'ordonnance, hésitant, et reçut en échange une petite besace remplie de sept fioles d'une potion à l'air peu ragoutant. Eliott le remercia et sortit enfin dans la rue, avant de se diriger vers sa maison, dans laquelle il entra et s'affala presque sur le canapé. Il posa la besace à coté et ferma les yeux, poussant un grand soupir. L'épuisement le rattrapa et il s'endormit quelques instants plus tard d'un sommeil lourd et sans rêve. 

Il se réveilla seulement le lendemain matin, une fois l'heure déjà très avancée. Le jeune homme se leva, alla changer de vêtements et retourna dans son salon, se plaçant en face la cheminée. Après avoir lancé une poignée de poudre de cheminette, il se retrouva au Chaudron Baveur. Après quelques pas dans la foule, une sensation étrange l'envahit. Il lui semblait que chaque personne qu'il croisait le dévisageait, était parfaitement au courant de la maladie dont il était atteint. Il voyait chaque regard comme un coup d'oeil méfiant, chaque changement de direction comme un mouvement de dégout ou d'évitement. Une impression paranoïaque d'être observé lui pesait, et il sortit rapidement de l'établissement pour se mettre à l'écart dans une ruelle, le temps de se calmer. Eliott s'assit contre un mur et prit son visage dans ses mains, se forçant à respirer doucement. Il était insensé que les gens sachent tous pour sa maladie, c'était simplement une impression. Il finit par se relever et marcha à nouveau dans le chemin de Traverse jusqu'à la boutique de Farell'ixir, dans laquelle il entra timidement, un peu hésitant. Rachel le remarqua et se dirigea vers lui d'un air anxieux et malheureusement un peu méfiant. 

- Bonjour...Comment tu vas Eliott ?

- Je vais bien... je voulais savoir si je pourrais reprendre bientôt travail.

La jeune femme le regarda d'une expression désolée avant de dire doucement :

- J'ai dû dire à Farell ce qui était arrivé et... je ne sais pas vraiment si tu vas reprendre.

- Pardon ?

- Je l'appelle, attend. 

Elle se tourna vers le fond de la boutique et appella le gérant, qui arriva quelques secondes après. Ses traits s'affaissèrent légèrement lorsqu'il remarqua Eliott, et il lui mit la main sur l'épaule pour l'emmener à l'écart. Une fois dans le petit local de stockage, il prit la parole d'un air un peu gêné.

- Eliott... Rachel m'a raconté ce qui t'était arrivé et je suis vraiment désolé pour toi. C'est terrible ce qui t'es arrivé. Et je n'ai pas envie d'en rajouter encore mais je pense me séparer de toi pour travailler à la boutique. 

- Quoi ? Mais pourquoi ?

- Je suppose que tu comprendra, tu es un loup garou. Tu vas toucher les ingrédients, préparer les potions....

- Mais...Farell, on ne transmet pas la lycanthpopie par le toucher !

- Je le sais bien Eliott, je le sais bien. Mais tu sais que je ne veux prendre aucun risque. Et si jamais les clients apprenaient que j'emploie quelqu'un...comme toi... ils se méfieraient. Ils ne viendraient pas acheter des potions dont les composants ont été en contact avec toi. 

- Je ne peux même pas rester à la vente ?

- Non. Les gens n'entreraient même plus. Je suis désolé Eliott. 

Les épaule du jeune homme s'affaissèrent et un mélange de colère et de tristesse le prit. Farell lui tapota le bras d'un air rassurant.

- Je peux cependant te faire un prix d'ami sur les Tue Loup. Jusqu'à trois fois moins cher si je peux me le permettre. 

Eliott le remercia d'un air maussade, agacé, ce que le commerçant remarqua.

- Bah alors, qu'est-ce qui ne va pas Eliott. Si tu pense trouver mieux va à la concurrence.

- Non non...merci Farell, c'est gentil de ta part.

Ce dernier hocha la tête et lui tapota encore le bras avant de le raccompagner à la sortie, le laissant dehors. 

- C'était plaisant de travailler avec toi Eliott. Bon courage.

Et il rentra, retournant dans le local de préparation. Eliott fixa la devanture du magasin pendant un long moment avant de se détourner et de repartir, rentrant rapidement chez lui. Il s'effondra sur le canapé, le torse oppressé. Cela avait mis du temps à venir mais ça arrivait finalement. Tout lui échappait. Son travail, sa santé, bientôt ses amis et sa famille. Un profond désespoir l'emplit. Les paroles de Farell sur la possible contamination lui donnaient l'impression d'être pestiféré, sale et dangereux. Il se rendait maintenant compte du soutiens incroyable que lui avait apporté Emily, d'à quel point sans elle il n'aurait pas réussi à tenir la pression du diagnostic. Mais maintenant, la réalité le rattrapait. Il était malade, c'était son identité unique et exclusive. Il pouvait faire du mal aux personnes qui l'entouraient, qu'il aimait. Il pouvait potentiellement leur transmettre à tous la lycanthpopie, coutant même la vie à certain. Il entoura la zone de son bras mordue de sa main et serra le plus fort possible, jusqu'à se faire mal et que ses muscles tremblent sous l'effort, avec l'impression d'étouffer. Il avait envie que tout disparaisse, qu'il disparaisse également et que ce soit terminé. Moins de deux semaines après sa morsure il avait déjà l'impression de tout perdre. 

Il resta des heures sur son canapé, recroquevillé, serrant sa morsure le plus fort possible, et les yeux fermés, laissant perler quelques larmes de temps en temps. Il voulait oublier. Une fois ses yeux ouverts, le jeune homme se redressa doucement, prit de l'argent, enfila une cape et reparti sur le chemin de Traverse. Dans le Chaudron Baveur, il alla s'assoir au bar, la capuche dissimulant en partie son visage, et commanda du whisky pur feu. La chaleur de l'alcool lui remonta un peu le moral et doucement les brumes de l'ivresse envahirent son esprit. Il commanda à nouveau et continua à boire aussi longtemps que sa coordination lui permettait de faire parvenir le goulot de la bouteille à ses lèvres. La pensée de sa maladie lui revint doucement et les larmes montèrent à ses yeux, avant que son esprit saoul lui retire la dignité lui restant. Il se mit alors à pleurer seul, au milieu de l'après midi, pathétique et pitoyable dans son désespoir.

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