La Transformation

De nombreux vaisseaux sanguins éclatèrent dans ses yeux, et ses pupilles se dilatèrent, le rendant soudainement bien plus sensible à la lumière. Sa mâchoire se mit à lui faire horriblement mal, ainsi que ses mains. Les douleurs dans son ventre devinrent brûlantes, et même en tentant de se contrôler, Eliott ne parvint pas à empêcher un gémissement constant de sortir de ses poumons. Sa plainte continua de s'amplifier, alors que son corps entier lui semblait se consumer. Sa peau perdit toute couleur et se couvrit progressivement d'une fine fourrure grise éparse, alors qu'il sentait ses dents pousser dans sa mâchoire qui ne s'était elle pas encore agrandie. Au bout de ses doigts, ses ongles durcirent et se mirent à pousser rapidement. Il ne parvint plus à se retenir et poussa un cris de douleur déchirant, se tordant dans de nombreuses positions sans atténuer sa souffrance. Il n'arrivait plus à respirer, ses poumons lui semblaient compressés dans une cage thoracique trop petite.

Emily le regardait, impuissante, les larmes aux yeux, crispée devant le calvaire de son ami. Il tomba à genoux tandis que son dos s'arquait et grandissait, et que sa peau s'étirait très rapidement, lui faisant vivre une véritable torture. Chacun de ses membres, de ses muscles, chaque articulations, s'était mise à grandir, et dans un affreux concert d'os se craquelant et de cartilage tordu, ses pieds, puis ses jambes et ses bras se mirent à s'allonger et s'affiner. Sa collone vertébrale lui sembla, pour le peu de perception qu'il possédait encore et qui n'était pas que martyr, prendre vie et se tordre. Sa machoire se mit enfin à grandir, et son crâne s'allongea, lui donnant l'impression que ses yeux allaient éclater et que ses dents allaient sortir de leur emplacement. Aveuglé par la souffrance, et tandis que la transformation s'achevait progressivement, il hurla encore avec le peu d'air qui lui restait. Il déchira sans le vouloir la serviette qui était tombée au sol depuis quelques instants déjà de ses mains griffues dans un geste compulsif.

Les bruits horribles d'ossements changeant de place se mirent alors à diminuer, et en quelques secondes la transformation fut achevée. Elle n'avait duré qu'une longue, très longue, interminable minute, le laissant, haletant et misérable, effondré sur le sol de son salon. Il lâchait de courts gémissement, tentant seulement de reprendre son souffle, tandis que son corps entier était parcouru d'une douleur sourde, incomparable avec celle qu'il avait éprouvé lors de la transformation, mais assez intense pour l'empêcher de faire tout mouvement brusque. Il ne parvenait pas encore à vraiment avoir conscience de son nouveau corps. Emily s'approcha légèrement, les joues humides et la main crispée sur sa baguette, avant de demander d'une voix tremblante :

« Eliott ? C'est encore toi ? »

Eliott redressa légèrement la tête avant de faire le code qu'ils avaient convenus, laissant ensuite sa tête retomber, les yeux fermés. Emily se précipita alors vers la cuisine et ouvrit les placards avant de saisir plusieurs fioles de potions anti-douleur pour lui apporter. Lui, de son côté, parvint à légèrement redresser son torse, s'aidant de ses bras. Son amie arriva vers lui et, pleine d'appréhension, ouvrit une des fioles avant de chuchoter, tremblante :

« Ouvre la bouche »

Eliott s'exécuta alors et elle versa la potion, qu'il avala. Une vingtaine de secondes plus tard, la quasi-totalité des douleurs avaient quittés son corps, tandis que Emily s'était éloignée à nouveau. Le jeune homme tenta à nouveau de se redresser, peu assuré dans ses gestes, avant de se mettre debout sur ses pattes arrières. Il retomba rapidement et décida de s'aider de ses mains, se tenant alors à quatre pattes, voûté, les oreilles basses, commençant à réussir enfin à respirer correctement. Après avoir un peu fixé ses mains et louché quelques secondes sur son museau, il tourna la tête vers Emily, sans oser la regarder dans les yeux. Un petit sursaut le prit quand il sentit ses oreilles bouger sur son crâne, et il tenta de faire quelques pas, lentement, honteux. Après un nouveau regard vers Emily, il détourna les yeux, et continua de se faire le plus petit possible, bien plus terrifié qu'elle.

« Ne t'inquiète pas Eliott. On savais ce que ça donnerait, je ne compte pas partir et te laisser tout seul.»

Il lui lança un nouveau regard, les oreilles légèrement redressées, sans oser, à nouveau, l'observer plus de quelques secondes et encore moins dans les yeux. Elle inspira lentement et, après une hésitation, s'approcha de lui et tendit sa main, paume ouverte, pour lui prouver et se prouver à elle-même qu'il n'y avait aucun problème et que toute peur était irrationnelle. Il observa la main du coin de l'œil, baissa le regard et se tourna vers elle avant d'y coller doucement sa truffe. Elle eut un petit sourire nerveux et s'agenouilla devant lui avec des gestes un peu saccadés, plaçant son visage à quelques centimètres de celui de Eliott. Ce dernier hésita un instant et ferma les yeux avant de doucement baisser le museau et de poser son front contre celui de son amie, qui ferma à son tour ses paupières.

Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, décompressant progressivement, laissant partir la tension qui s'était accumulée. Finalement, Eliott se redressa, quelques larmes perlant sur la fine fourrure en dessous de ses yeux. Emily l'observa un instant avant de lui dire, avec un sourire un peu plus franc :

« Tu vois ? Quoi que puisse dire Martin, je ne vais pas te laisser. Tu es pas une bête sauvage, ni un monstre. Tu es Eliott, l'ami que je connais depuis Poudlard, et tu n'as jamais cessé de l'être.»

Eliott hocha légèrement la tête, et lui donna un très délicat coup de truffe sur le nez. Son amie sourit alors doucement et lui pinça affectueusement la joue avant de dire :

« Quand je te dis que je t'aime, ce n'est pas juste pour le dire, je le pense.»

Son ami tordit alors gauchement les coins de sa bouche, formant comme il le pouvait un simulacre de sourire. Elle se redressa, riant légèrement, et affirma :

« Bon, maintenant qu'on est tous les deux rassurés, il n'est encore pas du tout l'heure de dormir, tu voudrais manger un peu ? J'ai pris ce qu'il fallait.»

Eliott hocha un peu la tête et tenta à nouveau de se dresser seulement sur ses pattes arrières avec un peu plus de succès que la première fois. Emily sortit de son sac quelques boîtes en métal contenant plusieurs morceaux de pain, de la viande, des légumes et deux muffins. Elle lui montra et il les renifla, étrangement bien plus attiré par la viande qu'à son habitude. Elle lui tendit en le remarquant, mangeant de son côté un repas bien plus diversifié. Un peu maldroitement, et s'en étalant une partie sur les babines au lieu de la mettre dans sa bouche, Eliott mangea alors sa viande, avec quelques difficultés pour macher également, mais finit par y parvenir. Ils continuèrent et il parvint à manger son muffin sans trop de problème, terminant cependant le repas avec des miettes un peu partout dans sa fourrure. Manger avec un museau n'était pas tellement dans ses habitudes, et était bien plus complexe que ce qu'il aurait pu imaginer. Emily l'observait en rigolant légèrement, et la soirée continua mieux qu'elle n'avait commencé.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top