La Plainte
Le lendemain, en sortant de la boutique de Rolf, Eliott ne prit pas la peine de s'éloigner un peu et transplana immédiatement une fois dans la rue, arrivant à quelques pas de Emily, qui l'attendait depuis quelques minutes à côté de la cabine de téléphone rouge. Ils se saluèrent en souriant, l'air déterminés, et entrèrent dans la cabine. Dans le hall, ils se présentèrent à l'examen des baguettes avant de se diriger d'un pas assuré vers les ascenseurs dorés que Eliott commençait à bien connaître, à son grand regret. Ils se mirent ensuite en chemin vers le département de la justice magique, arborant un badge "Déposition de plainte" sur leur torse. Au niveau 2, ils ressortirent et allèrent vers les bureaux de la police magique. Au bureau de déposition des plaintes, ils firent une queue d'un petit quart d'heure et Eliott se présenta finalement, Emily juste derrière lui pour le soutenir. Il dit alors au sorcier derrière son bureau :
« Je viens déposer une plainte contre madame Joanna Hunting, employée du ministère. Pour injures, interrogatoire illégal et humiliation.»
Le sorcier haussait les sourcils de plus en plus haut à mesure que Eliott parlait, et finit mar se pencher en avant discrètement avant de chuchoter :
« Vous savez que vous n'avez presque aucune chance de vous en sortir sur cette plainte ? »
Eliott haussa les épaules et le sorcier soupira avant de prendre la plainte et de plier le parchemin pour en faire un avion en papier, qui sortit rapidement de la pièce. Il l'avertit ensuite :
« Vous devriez partir le plus vite possible. Elle va l'apprendre en quelques minutes.»
Eliott haussa encore légèrement les épaules et dit :
« Je n'ai rien à me reprocher. Et si elle m'insulte encore, ou pire, ça fera toujours ça de plus contre elle.»
Le fonctionnaire serra la mâchoire et lui souhaita bonne chance avant de lui dire au revoir et de prendre la plainte suivante, alors que Eliott et Emily ressortaient du bureau. Ils ne surent pas trop quoi faire alors, et retournèrent dans le hall des ascenseurs pour repartir. Alors qu'ils attendaient, la voix affreusement acide de Hunting retentit :
« Lynch !»
Eliott se retourna et vit arriver l'affreuse sorcière avec un air enragé, accompagnée de quelques hommes. Elle le saisit alors par l'épaule comme à son habitude et le força à l'accompagner, prononçant simplement :
«Dans mon bureau. Maintenant.»
Emily les suivit, anxieuse, alors que Eliott conservait un calme étonnant, prenant sur lui malgré une haine bouillonnante, pour en faire un maximum afin d'amener Hunting à déraper. Elle le fit marcher durant plusieurs minutes sans cesser de le tenir et le fit finalement entrer dans un bureau sombre et sans fenêtre, en briques vertes. Un bureau en bois massif trônait au milieu de la pièce, et elle poussa Eliott vers un petit siège qui se trouvait devant, tandis qu'elle s'asseyait derrière le bureau, dans un siège plus surélevé, lui donnant une illusoire supériorité de taille, et surplombant ainsi Eliott. Elle verouilla la porte d'un mouvement de baguette, alors que Emily attendait dehors, tendue.
Hunting observa longuement Eliott, son visage tordu dans une expression de dégoût profond. Ses yeux perçants le fixaient et semblaient vouloir entrer dans sa tête pour lire dans son esprit, inspectant son âme consciencieusement. Eliott ne disait rien, bras croisés, et elle finit par parler.
«Lynch, il me semble vous avoir déjà parlé plusieurs fois de ce que je pensais quant à votre présence dans ce ministère.»
Il ne répondit pas, se contentant d'un hochement de tête, et elle poursuivit seule son monologue :
«Il me semble également vous avoir déjà dit à plus d'une reprise que votre dangerosité n'est pas acceptable dans un lieu comme celui-ci, où d'honnêtes gens travaillent.»
Une nouvelle fois, Eliott hocha simplement la tête sans rien dire, et Constance se pencha alors en avant et cracha :
«Alors dans ce cas, pourquoi une telle obstination ? »
Eliott se redressa doucement et répondit simplement :
«Parce que j'estime que vos injures sont hors-sol et non pertinentes. Je ne suis pas une vermine, je ne suis pas une bête sauvage incontrôlable. Je vous l'ai déjà dit : ma première lune s'est parfaitement bien passée. J'ai pris contact avec une association, et je m'y sens bien. Et vous savez que je travaille bien, étant donné que vous avez envoyé quelqu'un poser des questions à mon patron.»
Huntress inspira profondément et rétorqua :
« Vous vous donnez des airs, mais vous êtes un velu de plus. En effet, magnifique travail, dans l'Allée des Embrumes. Parfait, il est connu que tout sorcier honnête s'y rend chaque jour pour ses achats.»
Eliott sentit cette fois l'agacement le gagner et il répondit :
« Si les lois que vous supportez ne m'empêchaient pas de trouver un travail là où j'en ai envie, et si les gens comme vous ne me chassaient pas comme un vulgaire animal dès lors que je postule chez eux, peut-être que ce travail je n'aurais pas eu besoin d'aller le chercher jusque dans l'Allée des Embrumes. En vérité, sans les gens comme vous, je n'aurais même pas perdu mon travail en premier lieu, et je n'aurais jamais eu à en chercher un dans cet endroit.»
Huntress serra les poings et cria presque :
« Lynch, sachez que ce que vous appelez les gens comme moi sont la grande majorité de la population, et que nous hair de la sorte ne vous avancera pas. Si nous ne vous engageons pas, c'est parce que vous nous haïssez, la preuve, vous êtes dans une meute ! Vous vous rassemblez entre vous, sans rapport extérieur. Et ça, c'est du communautarisme.»
Eliott eut envie de se frapper le front de la main tant les paroles de Hunting étaient incohérentes, et il se redressa encore avant de dire :
« D'abord, être majoritaire ne signifie pas avoir raison, ça signifie juste être en majorité dans l'erreur. Ensuite, vous ne pensez pas que si nous nous rassemblons entre nous c'est justement car la population nous rejette dans sa plus grande proportion, comme vous l'avez fièrement affirmé ? Peut être que le fait de nous considérer comme des bêtes sauvages depuis des siècles n'aide pas à avoir envie de socialiser ? »
Huntress lui montra la porte et dit alors :
«Sortez. Vous êtes une vermine, vous haissez toute personne différente de vous et vous posez en victime. Sortez d'ici, et ne revenez pas. Vite.»
Eliott se leva lentement et sortit après que Hunting ait dévérouillé la porte, soufflant lentement une fois dans le couloir. Des voix lui parvinrent alors d'un peu plus loin, dont celle de Emily. Il arriva à un croisement et la trouva en pleine dispute avec Martin. Ce dernier était alors en train de lui dire :
« Un jour tu vas en mourir, alors que tu pourrais éviter ça si facilement !
- Je n'en mourrais pas car il n'y aura pas d'incident. Et même si il y en avait un, ça ne serait pas de sa faute. Maintenant laisse moi. Nous ne sommes plus amis. Si tu changes, peut-être. Mais actuellement tu es un danger pour Eliott et c'est tout ce qui compte.»
Et elle commença à repartir. Martin cria alors :
«C'est lui le danger, et pas juste pour moi !»
Eliott alla alors rattraper Emily, jetant un regard noir à Martin, qui recula légèrement, surprit et un peu apeuré. Les deux amis ressortirent alors du ministère, en colère mais cependant satisfaits de leur plainte.
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