Emily se rua en direction de la porte en continuant de lancer des charmes de bouclier derrière elle, ne parvenant à ralentir la créature que le temps d'une seconde ou deux. Elle atteignit enfin la porte et tenta de la claquer mais le loup passa son museau en hurlant, empêchant sa fermeture. La jeune femme tenta de le retenir quelques secondes puis prit son courage à deux mains avant de se reculer soudainement, la baguette pointée devant elle. Le lycanthrope eut alors le temps de la frapper d'un brutal mouvement de griffe, qui envoya Emily à terre, trois grandes marques rouges sur le visage. Tentant de se reconcentrer, elle envoya par reflexe un expulso en sentant les griffes de la créature se poser sur son torse pour l'immobilier.

Elle cria alors de douleur quand, repoussé par le sortilège, le loup partit en arrière en contractant ses griffes, labourant le torse de Emily. Terrifiée, la jeune femme cessa de se retenir face à ce qui était normalement son ami et envoya de nombreux maléfices à la suite, des expulso, diffindo, stupefix ou oppugno. La créature tenta encore de s'approcher mais Emily fit éclater les restes de la vitre précédemment brisée et envoya les morceaux sur le loup, qui hurla à nouveau avant de détaler en geignant, des plaies sue tout le corps et de nombreuses marques douloureuses à cause des maléfices. Emily reboucha alors les fenêtres avec quelques sortilèges, faisant apparaître des branches sur le bois du chalet, tandis que le lycanthrope fuyait.

Il continua de errer parmis les arbres nu le reste de la nuit avant de finalement s'effondrer tandis que l'aube approchait, redevenant humain. Eliott, se rapellant désormais de tout, refis le chemin inverse de celui dans sa mémoire, frigorifié en tremblant de tout son corps tandis que la neige commençait à tomber de plus en plus fort. Il finit par arriver en vue du chalet, ses pieds ayant perdu presque toute sensation tant ils étaient gelés. Approchant lentement, il revit la fenêtre bouchée et avança vers la porte, terrifié à l'idée de rentrer mais complètement frigorifié. Après une hésitation, il tourna lentement la poignée et ouvrit la porte. Le salon était silencieux et aucune bougie n'était allumée. Emily gisait sur le canapé, le ventre et le visage couverts de sang. Catastrophé, Eliott se précipita vers elle mais vit à son grand soulagement qu'elle respirait, endormie. Après quelques secondes sans savoir comment réagir, il se rendit compte qu'elle avait rapporté ses vêtements et sa baguette pour les lui redonner quand il reviendrait. Le jeune homme s'habilla alors, réparant tant bien que mal les vêtements déchirés et se refaisant un pantalon de fortune grâce aux lambeaux qui entouraient ses jambes.

Une fois habillé, il observa Emily, qui dormait toujours, éreintée par sa nuit et la veille prolongée qu'elle avait dû tenir à surveiller que le loup ne revienne pas. Une culpabilité douloureuse grandit en lui, alors qu'une terreur et un désespoir intense se frayaient un chemin dans son cœur. Ses mains se mirent à trembler et il detourna le regard avant de se diriger vers la porte. Alors qu'il allait sortir, la voix endormie de Emily retentit :

« Eliott ?»

Le jeune homme se retourna immédiatement et vit son amie se redresser lentement, en le regardant d'un air exprimant une inquiétude extrême. Perdant ses moyens, il quitta alors la maison, se mettant à courir dans la forêt et la neige qui s'épaississait malgré sa douleur et sa fatigue, sans laisser le temps à Emily de le suivre. Une fois assez loin, il transplana et disparut de ce lieu, apparaîssant au milieu de son salon. L'image de Emily toute ensanglantée par sa faute le hantait, persistant devant ses yeux, et il alla alors vers sa chambre avec l'impression d'étouffer. Une fois arrivé, il resta simplement debout, décontenancé et perdu, avant de prendre la décision de simplement partir, prendre quelques affaires puis s'en aller loin afin de ne plus faire de mal à personne.

Le jeune homme sortit alors sa valise d'un placard et la posa sur son lit avant d'y envoyer ses vêtements pèle mêle, sans organisation. Alors qu'il arrachait presque les chemises des cintres, il finit par s'adosser à un mur et se laissa glisser jusqu'au sol, remontant ses genoux contre son torse, prit de violents tremblements. Il baissa la tête et posa ses mains brunies par le sang séché sur sa nuque, de grosses larmes rendant sa vision floue. Et il resta ainsi, pleurant au milieu de ses vêtements en désordre dont la moitié sur le sol.

Une quinzaine de minutes plus tard, un craquement se fit entendre dans le salon, et Emily entra peu après dans la chambre, se maintenant grâce aux murs. Elle trouva Eliott toujours au même endroit, se balançant légèrement d'avant en arrière, et s'approcha lentement après une petite hésitation. Il ne la remarqua d'abord pas, et elle lui dit avec une grande douceur, à quelques pas de lui :

« Eliott, je ne t'en veux pas »

En l'entendant, il se redressa légèrement et se colla au mur le plus fort possible, comme pour la fuir. Elle répéta, avec le plus grand calme possible :

« Je ne t'en veux pas. Ce n'est pas de ta faute.»

Incapable de répondre, il se contenta de secouer la tête, puis ferma les yeux le plus fort possible, les joues humides. Emily demanda :

« Est-ce que je peux m'approcher ? »

Il secoua à nouveau la tête, l'air prêt à paniquer. Elle l'informa alors :

« Je vais redescendre pour aller m'appliquer du dictame. Tu devrais venir, on a besoin de parler. Mais tu n'as pas intérêt à partir, ça n'aboutirait à rien de bon.»

Et elle quitta la chambre, dissimulant ses grimaces de douleur. Désemparé, il resta de longues minutes à simplement fixer le vide puis se leva, se sentant à la fois terrifié et complètement sans émotion, et descendit les escaliers, avant de trouver Emily dans le salon, diverses fioles autour d'elle, étalant des cataplasmes et crèmes coagulantes sur les longues et profondes plaies de son ventre. L'entendant arriver, elle releva la tête et l'observa. Elle avait déjà soigné les trois balafres de son visage, qui laissaient de longues traces rouges en travers mais désormais sans aucune goutte de sang sur sa peau. Eliott n'osa pas venir vers elle et resta debout un peu plus loin. Avec un petit soupir, continuant d'appliquer des crèmes sur ses blessures, elle dit avec une autorité qui ne lui était pas vraiment familière :

  « Je sais ce que tu vas penser de cette nuit, ce que tu vas te dire sur toi. Alors laisse moi te dire immédiatement, avant que tu ne decides quoi que ce soit dans la hâte : tu n'es responsable en rien du tout de ce qui est arrivé. En absolument rien. La transformation n'est pas de ta faute. Le fait que tu n'ai pas eu de Tue Loup non plus. Le fait que Hunting soit arrivée au dernier moment et t'ai empêché de t'enfermer n'est pas ta faute. Et tout, absolument tout ce qui est arrivé durant la transformation n'est en rien ta faute. Tu ne l'as jamais voulu et ne le voudra jamais. Ce qui est arrivé est la faute de Hunting, de Martin, de leurs collègues, peut-être même de Farell, qui n'a pas réduit autant ses prix que dans sa promesse, mais pas la tienne.»

Sans laisser à Eliott, culpabilisant énormément malgré la sensation qui lui chuchotait que Emily avait raison, le temps d'émettre une quelconque objection, elle continua :

« Je comprend si tu n'oses pas m'approcher pendant quelques temps, ou même me regarder en face. C'est humain et je serais dans ton cas. Mais ce qui est arrivé n'est pas ta faute. Alors ne t'avise pas une seule seconde de faire reposer la culpabilité des événements ou de mes blessures sur tes épaules, d'accord Eliott ? »

Il hocha faiblement la tête, sentant qu'elle avait raison, mais sans arriver à ne pas se sentir extrêmement coupable. Elle insista alors, en le regardant intensément :

« Tu me le promet ? »

Il inspira profondément puis lâcha piteusement :

« Promis. »

Avec un petit sourire de soulagement malgré la douleur de ses plaies, elle dit alors gentiment :

«Tu devrais te reposer. Demain c'est le Réveillon et je ne compte pas te laisser seul.»

Figé, il se rappella alors qu'elle disait vrai et que Noël était dans deux jours. Il articula faiblement :

« Merci beaucoup.

- C'est normal. Je t'aime.»