Chapitre 6
Nous arrivons dehors tandis qu'un silence nous englobe, soudain, je me souviens d'une chose : je ne connais même pas son prénom.
— Et sinon, c'est quoi ton nom ?
Sa tête se tourne vers moi rapidement avant de prononcer sa réponse :
— Simone.
Je tente misérablement d'étouffer un éclat de rire entre mes doigts mais elle y fait attention et un soupire s'échappe de sa bouche rosée. Mes excuses se fraient un chemin compliqué entre les gloussements jusqu'à ce qu'elle s'arrête net au milieu de la rue bétonnée.
— C'est bon ? On a bien rigolé, on peut continuer ?
— On peut dire que ce n'est pas commun. Simone.
Si ses yeux le pouvaient, ils me tueraient sur place.
Nous reprenons notre route vers la destination qu'elle seule connaît et par précaution, je préfère la fermer désormais.
Après quelques minutes de marche en direction d'un endroit inconnu nous arrivons devant un petit immeuble, elle pousse la lourde porte métallique et se glisse à l'intérieur de la cage d'escalier, je lui emboîte le pas afin de ne pas me retrouver seul ici puis la suis dans son ascension.
Ses fines jambes se mouvent à une vitesse fulgurante, tandis que mes jambes, elles, peinent à la suivre dans la pénombre, quand soudain, elle s'engage dans un couloir, au troisième et apparemment dernier étage. Son poing frappe une porte identique aux autres lorsqu'un petit gars blond ouvre, laissant un air de rock s'échapper dans le corridor. De faibles faisceaux lumineux courent sur son visage alors qu'il s'écrit :
— Oh Mona ! Ça fait un bail !
Mona ? Serait-ce son surnom ? Ou peut-être un diminutif.
Je n'ai pas le temps d'y penser d'avantage que sa main me fait signe de venir et nous pénétrons dans l'appartement assez exiguë aux couleurs neutres mais à l'espace bien rempli. Des personnes inconnues se tiennent semi-assises et semi-couchées sur le sofa brun tandis que deux enceintes synchronisées crachent un vieux rock des années 80, je n'ai pas le temps de me familiariser avec ces lieux enchanteurs que l'hôte nous invite à le rejoindre dans la cuisine.
— Alors qu'est-ce qui t'emmène ici ? Demande-t-il
— On s'ennuyait pas mal et puis ici il y a toujours du mouvement, quelque soit le jour ou l'heure.
Son regard souligné d'un léger eyeliner balaie la pièce avant de demander :
— Dit-moi, tu n'aurais pas un truc à boire ou à manger ?
Mon attention se recentre rapidement sur son pote qui semble farfouiller dans les placards en bois, il cherche quelque chose, sûrement à manger, mais ma seule envie c'est de boire pas de manger. Je lâche un soupir malgré moi alors que la musique dans la pièce d'à côté se coupe soudainement, la tête du blondinet se relève en quatrième vitesse mais heurte le haut du contenant de plein fouet. Sa main se porte à l'arrière de son crâne tandis que nos regards se remplissent d'incompréhension, il se dirige vers la source du silence et l'on entend :
— Mais qu'est-ce que vous foutez, là ?
Seul un silence lui répond, Simone me fait signe de ne pas bouger mais je ne l'écoute pas et marche à sa suite. Nous arrivons dans le séjour où nous trouvons les personnes qui étaient sur le sofa, en train de dormir profondément. Je remarque que l'une de ces personnes appuie son bras sur le petite enceinte Bluetooth, ce qui a eu pour effet de l'éteindre, d'où le silence soudain.
Simone s'empare de l'enceinte sans ménagement, laissant un mec glisser le long du canapé en simili cuir pour se retrouver à moitié sur le sol. Nous repartons dans la cuisine afin de se mettre enfin quelque chose sous la dent, mais notre hôte n'a pas l'air d'avoir grand-chose à part un sachet de chips molles et un bocal de saumure où devait séjourner des olives il y a quelques temps. Il décapsule trois bières qu'il pose sur la table et ma main, de prime abord dans le paquet de chips, se dirige rapidement vers la petite bouteille brune.
— Au fait, c'est quoi ton nom à toi ? Fit le blond en me désignant.
— Elio.
Je prononce ce prénom entre deux petites gorgées, déshydraté par notre long périple. Les chips sont trop molles à mon goût mais je m'en empiffre tout de même, n'ayant rien avalé de la journée à part une tarte aux pommes. Chips molles et bière tiède, ma soirée s'annonce mal. Mon téléphone émet un léger bruit, indiquant la réception d'un message, je l'extirpe de ma poche et m'aperçois que Dan me demande où je suis. Curieux de se demander où je peux être alors qu'une heure auparavant, monsieur faisait des courbettes devant Barbie en violet, tout en m'ignorant royalement. Le portable retrouve sa place initiale, c'est-à-dire au fond de la poche gauche de mon gilet, sans qu'une réponse ne soit envoyé à mon cher ami.
La soirée se passe tranquillement, interrompue de temps à autre par les ronflements des dormeurs d'à côté. Il ne reste que quelques bières et j'ai mangé toutes les chips, on discute de tout et rien à la fois, des choses impersonnelles et banales à souhait. Je ne les connais pas du tout, alors qu'eux ont l'air de se connaître depuis des années, alors je reste là, à boire de la bière même pas bonne et lancer une phrase pour avoir l'air d'alimenter la conversation. Une once de culpabilité commence à se pointer lorsque l'idée d'avoir laissé mon meilleur ami seul et inquiet me frappe. Je saisis mon portable, jette un œil à l'heure : 4h17, tant pis je lui envoie un message :
« Je suis parti avec Simone, la soirée est aussi nulle que celle de ta copine. »
Je n'attends pas de réponse immédiate alors je replace l'objet là où il était. Mes pensées m'absorbent rapidement, à tel point que je n'entends plus leur conversation, laquelle dérive de plus en plus sur leurs souvenirs communs, je ne me sens définitivement pas à ma place ici. Je n'attends qu'une seule chose : que le soleil pointe le bout de son nez pour que je puisse rentrer plus facilement.
Oh et puis merde, j'ai rien à faire ici il faut que je me barre.
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