Chapitre 5

Une légère brise s'immisce dans mes cheveux tandis que nos pas, silencieux, nous portent vers le lieu tant convoité. Nous arrivons un quart d'heure plus tard et ma gorge, asséchée, ne réclame qu'un doux breuvage euphorisant, cependant Dan en décide autrement et me retient fermement le bras afin de me faire pivoter en sa direction.

— Fais pas l'abruti.

— Voyons Dan, mon cher ami, tu sais que ce n'est pas mon genre.

— T'as pas l'air de bien comprendre. Je suis sérieux. Je garde un œil sur toi toute la soirée.

— Ah je suis sous surveillance maintenant ? Trop cool !

Ses yeux roulent dans leurs orbites avant que son étau se desserre, je me libère sèchement et pars seul vers la porte déjà entre-ouverte. Mon frêle corps se fait une place parmi les nouveaux arrivants, la soirée n'a pas encore commencée, peu de personnes sont là et le volume n'est clairement pas poussé à fond. Je n'aime pas ça. Ma frustration me pousse à retrouver mon geôlier, je lance alors un regard circulaire autour de la pièce et l'aperçois enfin à travers le comptoir de la cuisine, une petite brune l'accompagne, sublimée par la robe mauve négligemment posée sur ses fines épaules.

Il me remarque alors et adresse un léger sourire à son interlocutrice avant de me faire signe de me rapprocher. Sa main large, contrastant avec la mienne, se pose sur mon épaule lorsqu'il prononce :

— Jeanne, je te présente Elio, mon meilleur pote.

— Salut, m'adresse-t-elle avec un sourire délicat.

Je lui retourne un sourire et demande :

— Tu sais si d'autres personnes vont arriver ?

Je me prends un discret coup de pied de Dan, sûrement pour me réprimander face à mon manque de tact, ou de politesse, je ne sais pas vraiment. Alors pour faire semblant de me reprendre, je prononce :

— Enfin, si tu en sais quelque chose.

— Oui j'en sais quelque chose, et non, personne d'autre ne doit venir. Je ne voulais pas faire une grosse soirée.

Son ton est agréable, et pourtant, je ne peux m'empêcher de lancer à Dan :

— T'es vraiment le roi des plans foireux.

— Et toi le roi des enfoirés.

Je tourne les talons et me dirige vers la sortie lorsque je percute une personne dans le coin de l'entrée. Je marmonne des insultes alors qu'on me retient.

— Tu vas bien ?

— Ouais super, allez lâche moi.

Je ne fais même pas attention à la personne qui me parle, mon seul but n'est pas de faire connaissance mais de me barrer.

—Jolis bijoux.

Cette fois, comprenant que l'on ne va pas me laisser partir je décide de relever la tête, une fille me fait face, une chemise élimée sur le dos et des cheveux mal attachés. Mon incompréhension doit se lire sur mon visage car elle réplique :

— Je parle de ça.

Son menton désigne mes doigts et je ne trouve rien d'autre à dire que :

— Tu fais quoi ici ?

Elle se met à rire puis élude ma question par une autre :

— Et toi ?

Sa main desserre enfin mon bras et alors que je m'apprête véritablement à sortir de cette maison trop calme, elle lance :

— Si tu veux, je sais où aller.

Je me retourne furtivement, puis avant de pousser la porte, je lui lance mon prénom.

La porte se referme derrière moi tandis que mes pas traversent la pelouse légèrement jaunie par les récentes chaleurs, la rue défile sous mes semelles usées quand soudain mon corps fait volte-face et se dirige de nouveau vers cette ennuyeuse maison. Ma main se pose sur la poignée grise puis après une grande inspiration, l'ouvre d'un geste déterminé. Mes yeux balaient le petit couloir à la recherche de cette fille, je m'avance dans le salon, toutes les têtes se tournent alors vers moi me donnant l'impression de ne pas être à ma place, ce qui est, je l'accorde, peut-être le cas.

—Faîtes comme si j'étais pas là, je cherche quelqu'un et je me casse. Adios !

Ma main se lève suivant mon minable accent espagnol, acquit grâce à des profs tous plus français que Victor Hugo.

Mes pas se dirigent rapidement vers la cuisine, où évidemment je ne trouve personne, alors je ne fais attention à aucuns mots prononcés par Barbie en robe violette et entreprends de monter l'élégant escalier en bois. Mes chaussures martèlent le parquet tandis que je cherche partout l'ombre d'une simple chemise, ou autre élément distinctif.

Je décide finalement de redescendre pour repartir bredouille mais une fois arrivé au milieu des marches, je surprends une conversation, légèrement masqué par un pan de mur. Mon corps s'accroupit sans un bruit puis je tends l'oreille, accordant toute mon attention à ces messes basses.

— Je pensais que tu viendrais seul.

Mon canal auditif reconnait la voix de Jeanne, celle-ci a l'air quelque peu furax. Mais quelques secondes plus tard, c'est la voix de mon ami qui entre en scène :

— Je ne fais pas une soirée sans lui.

— Tu devrais y songer. Je ne l'aime pas.

Ne t'inquiète pas ma belle, tu n'entre pas dans mon cœur toi aussi.

Mes genoux commencent à me faire souffrir alors je glisse légèrement jusqu'à me retrouver assis sur une marche, toujours concentré sur leur échange.

— Ce n'est pas son type de soirée, c'est tout. Tu ne le connais pas assez pour dire ça.

Ouais c'est clair que ce n'est pas mon style Dan, tu le sais pourtant !

— Oui je vois, ses soirées doivent se résumer à de l'alcool, du volume et je suis prête à parier qu'il se drogue.

Sa copine commence à me courir sur le haricot. Je ne suis pas un drogué bordel.

Ils décident de partir afin de ne pas se prendre la tête, et moi, moi je reste assis sur cet escalier. A mon avis ils m'ont carrément oublié.

Un bruit se fait entendre derrière moi et ma tête se tourne dans un geste vif, mon cœur s'emballe lorsque mes yeux découvrent une silhouette posée sur les marches du dessus. Je me retourne complètement pour découvrir que ce n'est que la fille de toute à l'heure, un sourire accroché aux lèvres.

— Putain tu m'as foutu la trouille ! Chuchotai-je

— J'ai vu. Je pensais que tu étais rentré chez toi et finalement je te retrouve à écouter aux portes. Pourquoi t'es revenu ?

— Tu m'as proposé d'aller quelque part il me semble.

— Tu ne perds pas le nord toi, tu veux vraiment y aller ?

— Oui.

Nos chuchotements me mettent mal à l'aise alors je lui propose de sortir définitivement.

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