Chapitre 4
Une partie.
Puis deux.
Et trois.
— Je m'en vais.
— Pardon ?
Mon ami pose sa manette contre la moquette de sa chambre avant de lourdement me dévisager.
— Qu'est-ce que tu racontes Li' ?
— Mes parents m'envoient dans une sorte de camps de vacances pour enfants difficiles ou un truc comme ça.
— Comme les trucs à la télé ? Là où les marmots passent leur temps à geindre ou à faire des conneries ?
— Peu flatteur mais je crois bien.
— Bordel.
— Tu l'as dit...
— Tu pars quand ?
— Jeudi prochain.
Un soupir nous échappe simultanément, et après un silence aussi court que pesant, il prononce :
— C'était certain que ça allait t'arriver...
Mes sourcils se froncent tandis que ma voix s'exprime :
— Pourtant je ne comprends pas. Je ne suis pas comme ces gosses, je ne me mets pas à chialer et à hurler parce-que maman m'a dit de me taire ou quoique ce soit d'autre.
— Non c'est sûr. T'es dix fois pire mec. Tu sors en douce presque tout le temps, insolence devient ton second prénom, sans oublier tes « tests » divers de toutes substances présentes à n'importe quelles soirées. Ah les soirées, parlons-en
— J'ai compris.
Je le coupe sans hésitation mais il reprend :
— Ce n'est pas parce-que tu es mon ami que je ne vois pas tes conneries, j'y ris souvent, c'est vrai. Mais combien de fois j'ai eu la trouille parce-que tu es totalement irresponsable.
— Oh t'y vas un peu fort là, je ne suis pas si irresponsable.
Ses yeux tentent d'accrocher les miens. En vain. Je détourne la tête pour attraper mes chaussures et descends vers la porte d'entrée afin de finalement rentrer chez moi. Quand j'entends la voix de Dan dans les escaliers :
— Tu fuis comme hier soir !
Je passe mon tour pour les moralisateurs.
Alors que je pousse la porte sombre, mes oreilles découvrent qu'un lourd silence englobe la maison. Je me déchausse rapidement et, profitant de l'hypothétique absence de mes géniteurs, me dirige à grands pas vers la cuisine dans le but d'engloutir une bonne partie de cette foutue tarte. Je la trouve, posée négligemment sur le rebord du plan de travail, mes doigts s'en empare, accompagnés d'un léger bruit de métal produit par les bijoux ornant mes mains puis je déplace le plat froid jusque sur la table et enfourne une part grossièrement découpée dans ma bouche.
Je sors mon téléphone de ma poche et choisis une musique pour accompagner mon festin improvisé. Une fois terminé, je repose le plat presque vide à sa place initiale et retire enfin mon sweat dans lequel il fait beaucoup trop chaud pour un mois de juin. Je laisse l'épais tissu reposer sur le dos d'une chaise et remonte dans ma chambre afin d'aller prendre une douche bien méritée.
La salle de bain s'emplit d'une douce vapeur lorsque la porte vitrée coulisse pour me laisser sortir, une serviette nouée autour de la taille. Je me dirige vers ma chambre quand un cliquetis familier se fait entendre, quelqu'un déverrouille la porte d'entrée que je n'ai pas fermée, il peut toujours s'obstiner, c'est déjà ouvert.
Mes mains saisissent rapidement de quoi se vêtir et une fois enfilé je descends d'un air innocent, histoire de savoir qui est rentré. Ma mère se trouve dans la cuisine, des sacs pleins les bras et le souffle court. J'entreprends de l'aider à ranger les diverses choses achetées en silence, mais ce n'est pas de son avis puisqu'elle prononce doucement :
— C'est toi qui as mangé presque toute la tarte ?
— Ouais. Désolé j'avais faim.
Le dialogue est tendu mais ça nous suffit. Le rangement s'achève et avant que je ne puisse remonter dans ma chambre elle me dit :
— Tu sais, c'est pour ton bien.
Et voilà le retour du sujet épineux. Je ne réponds rien et remonte à la vitesse de l'éclair afin de me protéger d'une énième dispute.
Les gouttes d'eau glissent le long de ma nuque avant d'être doucement absorbées par mon débardeur blanc, mes yeux, eux, glissent sur la valise ouverte au sol. Complètement vide. Ce n'est pas comme si je partais dans six jours.
Une légère vibration me sort de ma torpeur, un message de Dan. Je le lis rapidement et surprise, une adresse, un horaire vague, à peine ai-je terminé la lecture de ce petit texte que je saisis déjà un jeans noir pour troquer mon jogging, ma main ébouriffe les mèches blondes qui tombent devant mes yeux tandis que le bout de laine se pose sur mon épaule. Mes doigts pianotent sur l'écran et mes pas dévalent les escaliers, une fois en bas ma mère passe la tête par-dessus le canapé et soupire en m'observant me chausser à la hâte, un regard rapide sur l'appareil électronique m'indique que le message voulu ne ressemble pas à ce que je m'imaginais, je prends le temps de le corriger pour que Dan m'attende comme prévu puis claque la porte.
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