Chapitre 9
Eliana parcourut les documents minutieusement afin de comprendre qui avait pu en avoir après sa fille. Au départ, elle ne trouva rien, mais resta interloquée devant une caricature d'un homme. À première vue, il ressemblait à Alexander, mais l'individu sur le papier était plus taciturne et refermé sur lui-même. Dans son regard, il y avait quelque chose d'animal, mais tous les deux avaient quelque chose qu'elle n'était pas capable de dire. Henry face au silence de sa fiancée, prit la feuille dans ses mains afin d'y jeter un coup d'œil. Le chasseur fronça les sourcils, il avait déjà vu, cet homme ou du moins, quelqu'un qui lui ressemblait.
— Qui est-ce ? demanda-t-il.
— Je ne sais pas...
Oscar s'approcha et jeta un regard sur la caricature par-dessus l'épaule du chasseur. Il savait très bien qui était cet homme. Celui-ci l'avait rencontré une seule fois dans sa vie et ne pouvait pas l'oublier.
— C'est James Darkane.
— Qui ? questionna Eliana.
— L'arrière-grand-père d'Alexander.
— Et celle-ci ? Tendant une autre caricature.
— Lyra Wood, son âme sœur. C'est la seule hybride à avoir tenu tête à James.
— Hybride ?
— Oui. Lyra est la fille du premier loup-garou. Mi-humaine, mi-louve, mais plus puissante que James.
— Elle est tellement belle.
— Oui. Elle l'est.
— Vous parlez comme si vous l'aviez connu.
— Non. Certains loups ont le droit de voir dans les souvenirs de nos anciens. Mais les secrets sont cachés jalousement, afin que les erreurs du passé ne se répètent pas.
— Quelles erreurs les loups ont-ils pu commettre ?
— Nous n'avons pas le droit de divulguer les secrets. S'empressa de dire Émile.
— Elle est en droit de le savoir. Cette femme a eu un enfant avec l'un des nôtres.
— Mais pas lui. Nous sommes chez les chasseurs, n'oublie pas ce qu'ils sont.
— Je ne l'oublie pas.
— Personne ne le saura. Trancha Henry en faisant un geste de la main. La pièce est maintenant contre les curieux.
Eliana regarda Oscar dans l'espoir d'avoir davantage d'informations sur la famille de sa fille. Elle le supplia du regard et Émile émit un grognement d'avertissement. Oscar n'écouta pas son ami de toujours et divulgua à la jeune femme quelques secrets de loups.
— Il y a des siècles, le père de James a voulu jouer les dieux en se reproduisant bien qu'il y eût une âme sœur. Pour avoir joué au créateur, notre mère la Déesse de la Lune a puni tous les loups, afin de ne plus pouvoir engendrer de descendances. Toutefois, le plus puissants lycans ou même vampire pouvait y arriver en trouvant la seule lignée dont la Déesse avait béni.
— Mais Jade est née, je ne comprends pas.
— Lorsque James et Lyra se sont retrouvés et lorsque leurs enfants sont nés, la Déesse de la Lune est revenue sur la terre afin de délivrer les loups de la punition. Lorsque leurs enfants furent en âge, Lyra et James disparurent dans la nature.
— Vous ne savez pas où ils sont ? Ils sont peut-être morts depuis des années.
— Non, impossible. Lyra partage son immortalité avec James. Des rumeurs laissent croire qu'ils se seraient terrés au fin fond de la forêt canadienne.
— Que des rumeurs.
Henry examina d'autres documents et trouva un passage étrange. Le nom de l'individu n'y figurait pas ni même sa race. Un dessin d'un homme ressemblant à la jeune femme de tout à l'heure, ayant le regard aussi sauvage qu'animal. Il se demanda si celui-ci pouvait être leur fils ? Mais conclus que non. Le chasseur se mit à lire à voix l'expertise :
— L'individu ici présent a été attrapé en cette nuit d'avril 1907. Nous ne savons pas à quelle espèce celui-ci appartient, mais on voit clairement qu'il possède une partie animale. Le chasseur Harmano l'a trouvé derrière une grange familiale, entrain d'éventrer une vache, sous forme humaine. Ce qui est étrange, il représente toutes les caractéristiques d'un loup, mais n'a pas l'apparence. Nous l'avons gardé quinze jours dans notre cellule d'observation. Il paraît plus jeune que les autres individus de son espèce que nous avons attrapés. Est-ce la fin qui l'a amené ici ? Nous l'avons nommé cas # X-1. Il ne semble pas parlé, du moins c'est ce que nous pensons. La fille d'Harmano semble avoir compris une syllabe de sa bouche '' Al'', mais nous ne savons pas ce que cela veut dire. Nous avons dû le relâcher, concluant qu'il n'était pas un danger pour les gens environnants.
— Qui est-ce ? demanda Eliana.
— Je ne sais pas.
— Et vous, vous le reconnaissez ? Tendant le dessin.
— Non. Dirent-ils ensemble.
— Étrange.
Eliana continua de parcourir les archives, peu perplexe de trouver quelque chose qui allait les aider. Elle se demandait s'il y eut vraiment des informations en ces lieux qui pouvaient donner des indices sur les kidnappeurs de leurs filles.
— Je crois que c'est ça que vous cherchez. Surgit une voix féminine sortant d'un coin sombre de la pièce.
— Mélanie ! gronda Henry.
— Quoi ? J'ai bien le droit d'aider mon fils, même celui-ci ne m'aime pas.
— Vous êtes ici depuis longtemps ? questionna Eliana.
— Ne vous inquiétez. Je ne répéterai rien à personne. J'ai déjà passé pour une folle dans le passé, je n'ai pas envie que ça recommence. Je crois que ce dossier pourrait vous aider.
— Sur le dieu Soleil ? Sérieux, il n'a rien à voir avec ça. Pouffa Henry comme une évidence.
— Je suis sérieuse Henry. Croisant les bras sur sa poitrine. Il te manque peut-être quelques notions sur les espèces. Le dieu Soleil est celui qui a créé les tout premiers '' vampires ''. Peut-être avons-nous déjà capturé un de leur nouveau-né ?
Henry fronça les sourcils.
— Ce n'est pas bête ! conclut Eliana. Nous avons très peu appris. Depuis des heures que nous épluchons ses dossiers et nous n'avons rien trouvé de vraiment utile.
— Très bien. Râla Henri.
Eliana prit entre ses mains le dossier, et le séparant avec son fiancé. À deux, ils avaient plus de chance de trouver quelque chose au plus vite. Le jeune couple éplucha le dossier minutieusement pendant près d'une heure et lorsqu'ils pensèrent perdre espoir, Eliana s'exclama :
— Écoutez, ce que j'ai trouvé.
— Qu'as-tu trouvé ? demanda Henri.
— L'une des créations a été attrapée avant de se faire tuer par, voyons, cherchant le nom du chasseur, par Kurtis. Un vampire terrorise la ville de Boston, il se nourrit sans vergogne de jeune femme âgée de dix-neuf ans. Pourquoi ? Nous ne savons pas. Il semble vouloir se faire remarquer ou attraper. Il est de notre devoir de cacher leur identité au reste de la populace. Nous l'avons attrapé grâce à Marina, elle a joué les victimes, mais celui-ci se laissa faire sans surprises. Nous l'avons enfermé dans notre cellule dans l'espoir de connaître son histoire. Il semble réciter un monologue déjà appris. Le vampire répète sans cesse que son maître, en fait le maître de tous, va bientôt revenir afin de se venger de la famille de chien. Nous n'avons pas trouvé qui est son maître, mais nous supposons qu'il parle en code. Comme le nom du premier mapot dadams, il engendra un enfant avec la lignée de la Corriveau et uau du Lucos.
— Qu'est-ce que ces mots veulent dire ? demanda Mélanie.
— Ce sont d'anciens dialectes de la meute originelle. Personne ne le parle maintenant. Beaucoup d'entre nous, avons oublié ce que nous étions avant. Expliqua Émile.
— Si nous trouvons ce que ces mots veulent dire, alors nous trouverons le responsable de l'enlèvement de notre fille. Trancha Eliana.
Tout à coup, l'ambiance de la pièce changea et un frisson parcourut l'ensemble de la tablée, sauf Henry. Celui-ci se leva sous le regard inquiet d'Eliana et se dirigea vers un coin sombre de la pièce. Le plancher craqua sous ses pieds et dans une fissure, l'ombre d'Henry en sortit. Elle n'avait rien trouvé, ce qui attisa la colère du chasseur. Néanmoins, il lui offrit une autre mission. L'ombre devrait découvrir ce que les mots représentaient tout en trouvant le coupable.
Henry revint par la suite à la table, mais ne s'assied pas. Il regarda Eliana et d'un ton sec et froid, il lui dit :
— Reste ici. Je reviens dans la soirée.
Eliana resta donc dans la pièce des archives en compagnie des deux loups et de Mélanie. Elle se maudit d'être tombée amoureuse de celui-qu'elle-ne-voulait-plus-prononcer-le-nom, pensant que rien ne ce serait arrivé, si la jeune fille n'avait pas accepté l'invitation de son ami. Elle se trouva idiote, par sa faute, Jade était en danger.
— Je ne te juge pas, mais tu es bien trop fragile pour être avec un chasseur. Résonna la voix de Mélanie.
— Pardon ! répondit Eliana en fronçant les sourcils.
— Tu sembles un peu trop coincée, ici, les femmes doivent être fortes et ne pas pleurer sur leurs sorts.
— Qui vous donne la permission de me juger ainsi. Je ne suis pas comme vous le croyez.
— Si vous vous étiez rencontré et marié à la façon chasseur, tu aborderais ses couleurs.
— Henry ne m'a jamais parlé de ça.
— Henry déteste tout ce qui se rapporte aux chasseurs. Je n'en reviens pas qu'il s'est passé pour mort pendant plusieurs années.
— Je ne le savais pas. Je croyais qu'il vous avait quitté pour moi.
— Henry avait ses raisons. Venez avec moi! si vous devez combattre des surnaturels, fringuée de la sorte, ça vous sera d'aucune utilité.
Eliana fut entraînée en dehors de la salle des archives par Mélanie. En quoi ses vêtements lui dérangeaient-elle ? La jeune femme se sentait bien dans ceux-ci et surtout, elle était libre de ses mouvements. La mère du chasseur l'entraîna dans ses appartements et la fit s'asseoir sur le lit avant d'aller dans sa penderie.
La jeune femme regarda le décor de la chambre ; un lit baldaquin, une secrétaire, un miroir fracassé et une tapisserie digne des années cinquante faisaient office de décoration. Eliana se demanda si elle fut toujours la chambre de Mélanie ou si celle-ci en avait hérité quelques années auparavant. La mère du chasseur ressorti de la penderie avec quelques morceaux de vêtements entre ses mains et lui dit :
— Essaie ça.
— Je ne crois pas que ça me fasse.
— Allez.
Eliana prit les vêtements dans ses bras avant de se diriger à ce qui sembla être une salle de bain. La jeune femme se dévêtit et enfila le pantalon de cuir, et le gilet de cuir qui lui moula la poitrine. À une époque, celle-ci aurait aimé ce genre de vêtement, non, elle en avait déjà porté avant même de faire la connaissance de Henry. Eliana voulait se ranger et avait tout fait pour changer sa garde-robe. Elle se regarda dans le miroir de la salle de bain et souffla. Comment avait-elle pu accepter ça ? La jeune femme en ressortit, tandis que Mélanie s'exclama de surprise :
— Dieu du ciel ! Tu es une bombe, ma petite. Je vois maintenant pourquoi, mon petit Henry a bien voulu de toi. Tu ferais une excellente chasseuse habillée de la sorte.
En guise de réponse, Eliana rougit et quitta la pièce sans demander son reste.
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