Chapitre 4


Eliana et Henri partirent le soir même, en route vers sa ville natale de celui-ci. Mais avant de partir, ils prirent le soin d'emporter M. Fanfaron chez Vivianne afin que Maria s'en occupe le temps de leur absence. La jeune fille fut heureuse qu'on lui donne cette mission et promit d'en prendre soin.

Les deux hommes, eux, roulèrent derrière leur voiture, ils ne voulurent pas retourner auprès des leurs, sachant très bien ce qui les attendait. Émile promit de ne se mêler de rien et d'écouter les ordres avec soin ; tandis qu'Oscar rechigna qu'un chasseur lui donne des ordres, mais resta quand même à son poste. C'était un duo étrange, il fallait avouer.

Eliana posa sa tête sur le rebord de la fenêtre, en regardant le paysage défiler devant ses yeux. Dix ans, qu'elle n'était pas sortie de Sunshine, songea-t-elle. Sa main gauche joua avec le rebord de sa jupe, puis la jeune femme sentit la main chaude de Henri envelopper la sienne et elle acquiesça d'un faible sourire. Son fiancé tira la jeune femme vers lui et déposa un baiser sur le sommet de sa tête. Dans un souffle, il lui promit :

— Nous la retrouverons.

— Je ne mets pas en doute tes capacités, Henri.

— Quoi alors ?

— Le fait que je vais peut-être le revoir... Je ne sais pas comment...

— Tu réagiras ? continua-t-il pour elle. C'est normal. Tu as vécu quelque chose avec lui, tu ne peux pas oublier.

— C'est ce que je tente de faire, crois-moi. Mais lorsque je regarde Jade... C'est compliqué. Elle a ses yeux et son sourire.

— Tout va bien se passer et je serai auprès de toi.

— Je t'aime Henri.

— Je t'aime aussi Eliana.



*********



Alexander prit le plus court trajet pour se rendre dans sa ville natale. Du Maine, il entra à Sherbrooke, Montréal, Ottawa et traversa à nouveau les frontières terrestres. Le ventre d'Alexander se noua à l'approche de sa ville natale, deux jours de route n'étaient pas suffisamment éloignés. Devrait-il changer de continent si les choses s'envenimaient ? Il commença à y songer.

Le jeune chef poussa un soupir mélancolique, lorsqu'il aperçut l'affiche de la réserve amérindienne de sa famille. Alexander et ses compagnons descendirent de leur voiture et s'aventurèrent sur le territoire. Le jeune homme en tête de liste, ce fut comme s'il retournait loin en arrière. Il se vit fuir son lieu de naissance accompagné de Xan, sans jamais regarder en arrière.

— Qui êtes-vous ? Surgit soudain une voix prépubère.

Alexander fronça les sourcils en regardant l'horizon. Un jeune homme à peine âgé de douze ou peut-être treize ans se dressait devant eux. Il huma l'air discrètement, constatant que l'adolescent n'était pas l'un des siens, mais un membre de la tribu. Le jeune métis brandit une arme à feu vers Alexander et ses amis grognèrent furieux qu'une personne d'un tel âge puisse être en possession d'une arme. Le chef fit un geste de la main à ses amis et dit d'une voix calme :

— Je m'appelle Alexander, baisse ton arme, nous ne voulons pas te faire du mal.

— Je protège le territoire ! L'homme blanc n'est pas le bienvenu dans notre réserve. Grogna l'adolescent, mettant en joute son arme.

— Depuis quand, les anciens acceptent-ils de mettre des enfants comme bouclier ? murmura Xan surpris, mais surtout en colère.

— Je ne sais pas. Répondit son ami. Nous ne voulons pas nous battre. Dis Alexander à l'intention de l'enfant. Je suis venue voir ma famille.

— Ta famille ? Qui est-elle ?

— Mon père est Connor Wood.

Les yeux de l'enfant s'écarquillaient de surprise, il connaissait très bien Connor et sa femme. Cependant, celui-ci n'entendit jamais parler de leur fils et ne vit aucune photographie d'un quelconque fils dans leur maison. L'adolescent dévisagea un instant Alexander, remarquant la similitude avec un ancien portrait. L'homme devant lui ressemblait à l'un des anciens dont il ne se souvenait plus le nom. Ah oui ! James ou même Killian. Pourquoi Connor ne leur ressemblait-il pas? L'enfant baissa son arme, soufflant de frustration. Il n'eut pas le loisir de faire feu.

— Connor n'est pas ici.

— Comment pas ici? répéta Alexander surpris.

— Je ne sais pas.... On ne me dit rien.

— Amène-nous chez moi.

— Vous n'y trouverez pas grand-chose, mais c'est d'accord.

L'adolescent mit son arme sur son épaule, mais avant de prendre le chemin, il dit avec un air sérieux :

— Ne vous transformez pas. La plupart des gens de la tribu n'ont jamais vu de loups-garous. Vous faites partie que des légendes et des histoires au coin du feu.

Le petit clan grommela des jurons en n'en croyant pas leurs yeux. Ils savaient que les humains avaient tout, oubliés du passé, mais croyaient que les tribus amérindiennes le savaient. Ils suivirent le garçon pendant quelques kilomètres avant de trouver le petit village. Les jeunes enfants dévisagèrent les inconnues, tandis que les plus âgés plissèrent les yeux. Alexander entendit quelques-uns lui proférer des jurons. Il fit semblant de ne pas les entendre, préférant continuer son chemin.

L'adolescent ne les amena pas à l'ancienne demeure d'Alexander, mais à celle du chef. Il ne reconnut pas celle-ci, sûrement une nouvelle demeure, songea-t-il. Les hommes pénétrèrent dans la maison où ils furent accueillis par une femme. Une femme un peu trop belle pour une humaine, elle aurait pu plaire à Alexander si ce n'avait pas été du lien familial.

— Tante Liev!

— Alexander. Répondit-il d'une voix douce.

Liev était la jeune sœur de son grand-père Killian Wood, sa situation l'obligea à ne plus vieillir à partir d'un certain âge et à être immunisé contre les maladies humaines. Alexander fut un temps, très proche de sa tante, tellement qu'il la considéra comme sa mère. On reprocha à Liev d'être le portrait de sa mère, mais avait la dureté de son père. Elle était devenue une personne de confiance, même si certaines personnes des tribus s'en méfiaient. La femme regarda Alexander d'un regard tendre et maternel. Tout comme il la considérait comme sa mère, elle le considéra comme son propre fils.

— Il y a si longtemps que tu n'es pas revenu. Le réprimanda-t-elle.

— Je suis désolé. Baissant la tête.

— Pourquoi t'es-tu décidé à revenir que maintenant ? Si, c'est pour cette querelle entre ton père et toi, sache que celui-ci n'en a plus rien à faire.

— Si je suis venu... c'est justement parce que je veux le voir.

Elle fronça les sourcils.

— Tu ne l'as pas vu ? s'étonne-t-elle.

— Non, secouant la tête, pas depuis que je suis partie.

Soudain, un bruit les firent détourner la tête vers la droite. Une jeune femme de leur âge venait d'entrer dans la pièce. Une bêta se tenait dans la pièce, dévisageant un instant les étrangers avant de grogner. Celle-ci s'avança vers l'un d'eux et gifla Xan qui couina le prénom de la jeune femme.

— Isabelle.

Alexander étouffa un rire qui lui coûta un regard meurtrier d'Isabelle.

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