Chapitre 3



Le bruit de la porte d'entrée fit sortir Eliana de ses pensées. Henri était de retour en compagnie de ces hommes venus d'ailleurs. Elle le dévisagea une seconde, constata que quelque chose avait changé chez lui, mais ne savait pas quoi. La jeune femme se leva pour l'accueillir, mais fut prise froidement dans ses bras. Henri ne le regarda pas, il venait de voir la boite posée sur la table basse du salon.

— Eliana, qu'est-ce que c'est ?

— Je ne sais pas. Avoua-t-elle désemparer sur le moment.

— Je t'avais dit de ne pas ouvrir la porte ! lui grogna-t-il furieux. Pourquoi ne m'as-tu pas écoutée ?

— Je n'ai pas pensé... Je l'ai prise sans réfléchir.

— Si cette boite avait été piégée ? S'il t'était arrivé malheur ? Eliana, bon sens !

Il fronça les sourcils et baissa la tête. C'était la première fois qu'il s'emportait et c'était tout à fait légitime. Eliana avait ouvert la porte, sans même réfléchir aux conséquences qui auraient pu en découler. Henri revint vers elle, en s'adoucissant. Il souffla un bon coup avant de dire avec douceur :

— Tu ne sais pas à quel point, tu es importante pour moi, Eliana. Jamais, je ne pourrais me pardonner s'il t'arrivait quelque chose. Tu es mon soleil dans l'obscurité. Jade et toi, vous êtes ma famille.

— Je... te demande pardon. Dit-elle d'une petite voix.

Il déposa un chaste baiser sur ses lèvres et alla regarder de plus près la boite. Elle n'avait rien de particulier, même que celui-ci se demanda si ce n'était pas qu'un vulgaire colis provenant de l'un de ses fameux sites internet. Toujours en la fixant, Henri demanda d'une voix froide :

— Émile. Oscar ! Votre flair de chien ne sent-il pas quelque chose d'anormal ?

Ils grognèrent, mais s'approchèrent tout de même afin de renifler la boite. Les deux hommes la contournèrent, mais ne remarquèrent rien d'anormal. Émile secoua la tête en disant d'une voix empreinte de confiance :

— Non, c'est une boite tout à fait normale. Il y a seulement une odeur humaine, probablement le facteur.

— Eliana, tu as vu qui l'a déposé ? demanda Henri irrité de la situation.

— Non. J'étais dans sa chambre. C'est un bruit qui m'y a fait sortir. J'ai fait le tour des fenêtres et je n'ai rien vu.

Henri hocha la tête et ouvrit la boite avec précaution. Il fallait tout de même faire attention, on ne savait pas qui l'avait déposée. Celui-ci fronça les sourcils, puis enfonça son bras dans la boite avant d'y sortir une tablette électronique avec un petit mot écrit à la main attachée à celle-ci. Henri regarda Eliana qui osa les épaules. Le jeune homme lit donc à voix haute : « Humaine au cœur d'or, vous avez fait l'erreur de pénétrer dans un monde qui vous est totalement inconnu. Vous avez fait confiance à une famille qui vous a trahis pour le prix du pouvoir. Je vais prendre ce que je n'ai pas réussi à prendre dans le passé. La famille Wood sera enfin qu'une oubliette.

Eliana se mit à trembler et des larmes coulèrent sur son visage tandis que les hommes grognèrent mécontent. Tremblante comme une feuille, elle se rapprocha de Henri qui la prit dans ses bras. La jeune femme se sentit en sécurité, mais songea à Jade qui n'eut pas le luxe de l'être. Henri resserra son emprise sur sa fiancée avant d'ouvrir la tablette électronique. Une vidéo joua sous leurs yeux : Jade était attachée, bâillonnée, les mains liées sur une chaise. Elle pleurait à chaud de larmes ne comprenant pas ce qui se passait.

Eliana s'effondra sous le poids de ses jambes, regrettant cette fameuse nuit, où elle s'était à Celui-dont-elle-ne-voulait-plus-prononcer-le-nom. Bien qu'il fût un amant torride dans le passé, elle ressentit de la rancœur, et pria que celui-ci ne croise jamais son chemin. Henri jeta, de colère, la tablette électronique sur le canapé et s'accroupit afin de prendre Eliana dans ses bras.

— Nous allons la retrouver, je t'en donne ma promesse. Nous allons retrouver notre fille.

— Je jure... sanglota-t-elle dans ses bras, que s'il croise mon chemin, je ne donne pas cher de sa peau.

— Ne jure jamais Eliana. Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques. Ne le fais jamais !

— Je m'en fais la promesse Henri ! Il n'avait pas le droit.

— Non ! grogna celui-ci.

Eliana essuya ses larmes du revers de la main, puis fronça les sourcils en regardant Henri. Elle comprit à ce moment-là, ce qu'il lui avait échappé, lorsque celui-ci était entré quelques minutes plutôt ! Ses yeux étaient noirs, signe que son ombre avait disparu. Ce n'était pas la première fois qu'Eliana le remarquait. La seule fois, ce fut, lorsque Jade, comme tout enfant, avait joué à la cachette et qu'on la retrouva que quarante-huit heures plus tard, dans les bois. Elle comprit que le chasseur en lui venait de reprendre du service. Malgré tout, la jeune se leva en furie et hurla d'une voix empreinte de colère :

— Ma fille s'est fait kidnapper à cause de lui ! Ce lâche. Jamais, je ne lui pardonnerai pas ce qu'il a fait ! Jamais ! Tu m'entends, Henri ? Je jure qu'il....

Henri attrapa les mains d'Eliana, la suppliant de ne pas dire un mot de plus. Il connaissait les promesses murmurées dans le noir, dans le cœur des hommes, et il était hors de question que quelqu'un l'écoute. Eliana n'était pas de la noirceur, elle était de lumière et devait rester sur cette route. Henri prit le visage de sa fiancée entre ses mains, écartant quelques mèches rebelles de sa figure et lui dits doucement :

— Ne fais jamais de promesse, Eliana. Tu connais peut-être le monde de ces hommes derrière toi, mais tu ne connais pas les autres. Ils sont dangereux, vils et attendent que les humains succombent pour les approcher. Je t'en supplie, ne fais pas de promesse. Donne-la-moi et je serais en mesure de la respecter. Je vengerais ceux qui te feront du mal de quelle manière qu'il soit.

Eliana comprit le supplice dont elle venait affliger son fiancé, puis ferma les yeux avant d'acquiescer. Elle était humaine et ne pouvait guère se battre dans un monde inconnu. La jeune femme devra maintenant, avoir une confiance aveugle à l'homme qui partageait sa vie. Elle voulut le remercier de ne pas l'avoir fait succomber, mais le moment ni l'heure n'était approprié pour ce que la jeune femme voulait faire. Eliana enlaça donc Henri dans ses bras, sentant son cœur s'alléger un moment. Il caressa ses cheveux et sa voix retentit dans la pièce.

— Que connaissez-vous de cet homme ? demanda-t-il aux deux autres.

— Peu de chose, avoua Émile. Il y a des secrets qui sont très bien cachés.

— Et dès que nous questionnons, renchérit Oscar, on mérite des punitions. Le dernier à avoir demandé quelque chose sur le passé, nous l'avons revu que dix ans plus tard.

— Mais vous qui avez pourchassé les nôtres et les autres, vous ne savez rien ?

— Ma famille tient des archives.

— Ta famille ? répondit Eliana surprise qu'il la mentionne.

— Ouais. Je crains qu'il faille aller là-bas.

— Tu as tourné le dos à ta famille Henri ! Ils ne te laisseront jamais revenir.

— Je sais Eliana. Pour sauver notre fille, je dois faire un sacrifice et aller auprès de ma famille.

— Je ne te laisserais pas aller seule. Je t'accompagne. Dit-elle déterminer en se détachant de son fiancé.

— Je savais que tu allais dire ça. Lui dit-il caressant sa joue.

— Quand partirons-nous ?

— Le plus vite possible. Cette nuit, demain...

— Je vais faire ma valise... Je ne veux pas perdre une minute de plus sans savoir où est ma fille.



*******


Alexander laissa quelques-uns de ses compagnons de bataille derrière lui, afin de rejoindre quelques membres de sa famille dans le Montana. C'est avec le cœur lourd qu'il voyagea en compagnie de Xan et trois de ses confrères. Il n'avait jamais remis les pieds dans la communauté qui l'avait vu grandir, depuis une dizaine d'années. Il espérait ne jamais revenir dans son patelin; à croire qu'il ne fallait jamais dire, jamais. Alexander songea à cette fameuse nuit et grogna contre lui-même. Avec le recul, le jeune comprit qu'il avait peut-être fait le mauvais choix et que l'amour aurait dû le mener plus loin. Mais trop jeune et inexpérimenté, le jeune chef voulait prouver sa force, mais ce qui le perdit. Cette fameuse nuit, il perdit, le seul et unique amour de sa vie au prix de rien. Il ne posséda pas de maison, ni attachement ni personne pour partager les nuits froides d'hiver.

— Qu'as-tu ? demanda soudain la voix de Xan.

— Rien, grommela-t-il, pourquoi ?

— Nous avons failli percuter un arbre. Tu devrais peut-être te reposer et me laisser le volant.

— Pardon. Tu as peut-être raison.

Alexander stationna la voiture en bordure de chemin afin de donner le volant à son meilleur ami. Ils avaient encore de longues routes à faire et le jeune homme regretta de ne pas pouvoir prendre sa forme originale. Il n'avait jamais connu l'époque où les humains et les siens se côtoyaient sur leur forme première, mais y rêva souvent. Celui-ci se disait que c'était la belle époque ; libre de toute chose. Si seulement, il avait su que la réalité était tout autre.

— Tu y pensais, n'est-ce pas ? l'interrogea son ami.

Il fronça les sourcils ne sachant pas à quoi Xan faisait allusion.

— À Eliana ?

— Non.

— Moi si ! avoua le nouveau chauffeur. Je me demande souvent ce qu'elle est devenue, et, si elle a quelques dans sa vie ou même d'autres amis. Elle me manque parfois.

Alexander grogna face aux aveux de son meilleur ami. Il s'en voulait de ne pas dire ses vrais sentiments à voix haute, même si Xan le savait très bien. Le jeune homme regarda dans le miroir de côté afin de voir si ses compagnons les suivaient toujours, mais surtout pour penser à autre chose.

— Je ne sais pas si elle m'en veut toujours. Souffla son ami.

— De qui parles-tu ?

— Isabelle.

— Qui ?

— Tu ne te souviens pas d'Isabelle ? ça m'étonne de toi. Isabelle, la fille du bêta de ton père.

— Oh ! celle-là. Mais pourquoi, tu me parles de cette fille ?

— Il n'y a pas que toi qui es parti à contrecœur, je te rappelle.

Le jeune chef fronça les sourcils ne comprenant pas ce qu'il disait. Celui-ci essaya de se remémorer les faits de la dernière année, vécus là-bas, mais ne s'en souvint pas. Il se rappela ; d'une Isabelle fière de reprendre le flambeau familial et qu'elle avait été promise à un autre clan, mais ennemi, des leurs. Pourquoi parla-t-il d'elle ? Xan ne se montra jamais avec une fille, préférant cacher sa vie sentimentale. Non ! cria-t-il dans sa tête. Elle et lui ?

— Non ! Isabelle et toi ? s'écria Alexander surpris de cette soudaine révélation.

Xan haussa les épaules en faisant un sourire en coin. Il ne s'étonna pas plus que son ami ne soit pas au courant de sa relation passée avec Isabelle. Celui-ci avait déjà des déboires à vivre entre sa famille et Eliana.

— Isabelle et toi ? Eh bien, dit donc ! Je n'en reviens pas. Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Je voulais qu'elle devienne mienne, mais elle n'a pas voulu.

— Pourquoi ?

— Elle voulait faire son devoir de bêta avant tout. Lorsque j'ai appris qu'elle allait aller dans l'autre clan, je lui ai donné un ultimatum.

— Je vois.

— Le soir avant qu'elle parte, avant même de me dire sa décision, Isabelle est venu me trouver dans mon lit. Se remémora-t-il en souriant. La plus belle nuit. J'ai pété un câble lorsque j'ai appris qu'elle était partie. Je suis allée la relancer là-bas, mais Isa m'a foutu un vent énorme et la surprise de l'avoir au bras d'un autre et bien, ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté. Disons lorsque tu as annoncé que tu partais, je n'ai pas posé plus de question et je suis partie. En fait, ça tombait bien.

Il regretta à ce moment-là de n'avoir rienremarqué à l'époque, comme tant de fois, il l'avait fait. Alexander manquabeaucoup d'évènements à force d'être aveuglé par le pouvoir ou même l'amour qu'ilportait pour la jeune femme. Plus les années passèrent, plus qu'Alexander s'éloignade sa famille et de ses principes. Au départ, il voulait avoir cette âme sœur quetout le monde recherchait à tout prix. Croyant qu'Eliana était la sienne, celui-cilui avait fait découvrir son monde, sans se douter un seul instant qu'ils allaientse séparer. Bien sûr, lors de leur séparation, il entra dans une dépression incroyablequi dura près de quatre ans. Xan et ses amis le convainquirent de se battre pourune cause. Peut-être, sa motivation fut égoïste, mais lui permit de ne pas sombrer. 




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Eh oui, ça fait un moment que je n'avais pas posté. Trop prise dans la réécriture de Lyra et dans l'écriture d'une nouvelle histoire en parallèle n'ayant aucune fantaisie. Vous allez mieux comprendre les personnages principales, je vous rassure.

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