Chapitre 23
Eliana se réveilla brusquement, car elle sentit la voiture aller dans tous les sens. La jeune femme regarda le loup qui dormait à point fermer, puis posa le regard sur Henry qui avait les yeux vitreux. Elle l'appela, mais il ne semblait pas l'entendre. Un camion semi-remorque klaxonna devant eux, ils étaient du mauvais côté de la route. Pas une minute à perdre, la jeune femme agrippa le volant, le tirant de toutes ses forces vers elle.
La voiture fit une embardée dans le fossé et la jeune femme se cogna la tête contre la vitre passagère. En aucun moment, le loup s'était réveillé, ni qu'Henry n'était revenu à lui. Elle ne réalisa pas que la portière fut coincée avant que celle-ci s'arrache à la voler par un Alexander qui lui paraissait inquiet. La jeune femme sortit de la voiture un peu sonnée et celui-ci, lui prit son visage entre ses mains en lui disant :
— J'ai eu peur qu'il te soit arrivé malheur !
Avant même qu'elle puisse répondre quelque chose, Alexander la plaqua contre son torse afin de s'assurer que celle-ci est bien. Eliana prit quelque temps avant de reprendre ses esprits et se décala du loup en s'exclamant comme une hystérique :
— Henry ! C'est Henry...
Eliana contourna la voiture et essaya d'ouvrir la porte, mais aucune chance. Elle aussi fut coincée.
— Mais qu'est-ce tu attends ! cria-t-elle à Alexander. Ouvre-la !
Le loup grogna contre la jeune femme, mais obéit quand même à celle-ci. Il ouvrit la porte sans misère et Eliana le poussa pour aller voir l'état de son fiancé. Les yeux toujours vitreux, il n'avait pas lâché le volant une seule seconde. Que lui arrivait-il ? Elle essaya de lui faire relâcher les commandes, mais encore une fois, ce fut un échec. Eliana attrapa ensuite le visage de son fiancé entre ses mains et cria son prénom afin de le faire réagir. Henry poussa un cri de mort et ses yeux revinrent normaux. Il posa son regard sur la jeune femme qui était inquiète, puis regarda autour de lui. Celui-ci avait eu une absence, mais pas que ça.
— Henry, que s'est-il passé? demanda Eliana inquiète.
— Ils ont essayé de lui faire du mal. Souffla ce dernier. Il l'a protégé et sans m'en rendre compte, je me suis connecté avec mon ombre.
— Que voulait-il lui faire ?
— Je n'ai pas eu le temps de tout saisir, mais ils ont compris qu'une entité protégeait Jade.
— J'ai eu tellement peur! sanglote-t-elle.
— Il n'y a rien...
— Rien ? Hurla Alexander ou Dark... Eliana ne pouvait pas savoir que le loup pouvait prendre les commandes. Tu as failli les tuer ! Pire quelque chose de grave aurait très bien pu arriver à Eliana.
— Ne te mêle pas de ça le chasseur ! Elle va bien.
— Non... Il vaut mieux pour que le reste du voyage qu'elle le fasse avec moi.
— Non. Elle n'ira pas avec toi.
Le chasseur se leva pour se mettre droit devant le loup. Celui-ci comprit que le loup d'Alexander avait pris le contrôle. Ils se jonchèrent du regard pendant un moment, jusqu'au temps que son arrière-grand-père tonne d'une voix empreinte de dominance :
— Ça suffit ! L'humaine est entière, même si je n'avais pas fait l'effort de la sortir de là. Un enfant est en danger et nous n'avons pas fait tout ce chemin pour nous entretuer, attrapant les deux hommes par la peau du cou. Entretuez-vous après, ça m'est égal !
Alexander baissa la tête.
— Toi, louveteau, reprends tes esprits. Ce n'est qu'une humaine! Toi, chasseur, prends ta place. Nous ne travaillons pas avec des êtres comme toi.
— Non, vous tuez vos semblables, et ceux, qui vous sont différents. Répliqua Henry se dégageant de James. Oui, je connais votre histoire et elle est très loin d'être élogieuse comme certains semblent le croire.
— C'était à une époque !
— Pas si loin.
Craignant une nouvelle prise de bec, Eliana se mit entre les deux dans l'espoir de les apaiser. Elle savait de quoi pouvait être capable son fiancé et ne voulait pas qu'il ne se batte pour rien.
— Henry, ça suffit ! ne les laisse pas t'embrouiller la tête.
— Oui, tu as raison. Souffla-t-il.
— C'est bien, soit soumis à cette femme. Cracha James.
— Henry. Ne l'écoute pas.
Il souffla, mais l'écouta.
— Ça suffit vous tous ! grogna l'arrière-grand-mère d'Alexander. Cette voiture ne fonctionnera plus. Vous allez tous remonter dans une voiture, sans parler.
— Non, je ne monte pas avec un sac à puces qui se prend pour un alpha.
— Le sac à puces, grogna Alexander, va te mettre la raclée de toute ta vie.
— Je n'attends que ça. Le nargua Henry.
— Monter ! hurla Lyra en déployant son aura.
Tout le monde, excepté Henry et Eliana, baissa leur tête. La jeune femme supplia le chasseur de ne pas parler et de ne pas faire de vague.
— Je suis désolée, Eliana, mais je ne monterai pas avec d'autres chiens. Ton ami était suffisant.
— Henry. Le supplia-t-elle.
— Non, Eliana. Mon instinct va me pousser à le tuer et je te ferai de la peine, ce que je ne veux pas.
— Henry...
— Non, répéta-t-il encore une fois en encadrant le visage de la jeune femme. Je vais vous rejoindre d'une autre manière.
— Et personne ne se demande si je vais bien. Pesta le bêta en descendant de la voiture.
Quelques-uns d'entre eux sourirent à la remarque du bêta et Henry embrassa Eliana avant de disparaitre dans une brume mauve. Elle sentit son cœur se déchirer et en voulut à Alexander.
— Bon, le problème est réglé. Dis Alexander se tapant dans les mains. Xan monte. Eliana, tu viens avec moi.
Sans qu'elle puisse avoir le temps de répondre, il l'agrippa par un bras pour la faire monter à l'arrière. Eliana croisa les bras tel un enfant boudeur et n'accorda aucun regard à Alexander. Celui-ci souffla avant de prendre place au volant de la voiture. Xan les avait accompagnés sous les ordres de son ami.
Quelques heures plus tard, Eliana croisa enfin ou par malheur le regard d'Alexander. Comment pouvait-elle savoir que les yeux qui la fixaient étaient ceux du loup? Elle ne l'avait jamais vu.
— Tes yeux sont toujours aussi beaux. Dit-il en la regardant par le rétroviseur.
— Et toi, toujours aussi con. Tu ne changes pas.
— Tu l'as bien aimé pour ça, non ?
La jeune femme fronça les sourcils ; de qui parlait-il ? Elle comprit comme Henry lui avait mentionné que le loup d'Alexander avait pris le dessus. Allait-elle être capable de les différencier ?
— Tu es le loup. Souffla-t-elle.
— C'est péjoratif. Pour les autres, je suis Dark, mais pour toi, chère gazelle, je suis amour ou âme sœur.
— Âme sœur ? rigola-t-elle. Je ne crois pas que nous avons la même définition d'âme sœur.
— Éclaire-moi, je te pris.
— Une âme sœur doit être là dans le meilleur et dans le pire. Il fait partie intégrante de la personne, comme si leurs âmes se complètent. Ils forment un tout.
— Et ils s'aiment pour toujours, oui, je connais ce baratin. Permets-moi de souligner ton erreur, les âmes des âmes sœurs sont bel et bien complémentaires. Nos âmes ont été séparées par notre Déesse mère afin de trouver notre moitié sur la terre.
— Tu parles comme si elle existait.
— Elle existe.
— Ah oui ! Tu as déjà vu ta Déesse ? Les dieux ne sont que des mythes.
— Mes aïeuls l'ont déjà vu, à une époque. Celui qui a enlevé notre fille..
— Ma fille. Rectifia-t-elle.
— L'enfant. Est une créature créée par le dieu Soleil, il y a des millénaires. Dès que nous aurons retrouvé cette fillette, tu seras à moi.
— Tu crois vraiment que je vais me remettre avec l'homme qui m'a jeté comme un vulgaire os... Tu te fourres le doigt dans le cu...
— Stss... claqua-t-il de la langue. Pas de vulgarité. Les femelles sont faites pour être douces.
— Et soumise ?
— Exact. Mais, je sais que toi, tu ne l'es pas. Bien que tu ne m'aies pas vue dans le passé, j'étais là. Je me souviens de tes talents, en sourcillant, je te goûterai à nouveau.
— Je vais me marier avec Henry.
Le véhicule s'arrêta brusquement sur le bas-côté, faisant Eliana et Xan grincer des dents. Ils entendirent Alexander ou plutôt son loup pousser un grognement bestial qui fit hérisser les poils des bras de la jeune femme. Les yeux de Dark prirent une teinte rougeâtre, signe qu'il allait bientôt plus se contrôler. Le nerf de sa tempe droite sursauta de rage et son regard croisa à nouveau et une tension se fit sentir dans la voiture.
— Tu m'appartiens, gazelle ! Je n'autoriserai jamais un mariage, si ce n'est que le nôtre.
— Tu crois vraiment que je vais te demander permission. Alors là, loup, tu ne sais pas à qui tu t'adresses. Je ne suis plus la petite Eliana. Je vais me marier avec Henry que ça te plaise ou non !
Comment, elle ne le sut pas. Dark venait de bondir derrière son siège pour agripper Eliana par la gorge. Au départ, il scruta ses yeux, puis descendit son regard vers ses lèves et sa poitrine qui se soulevait à chaque respiration. Eliana fut coincée entre la porte et Dark qui était à demi allongé sur elle. La jeune femme le défia du regard, sentant très bien la tension entre elle et lui et cette chose dure qui se frottait contre sa jambe.
— Alpha ! interrompit Xan au grand soulagement d'Eliana. Nous devons sortir... Alpha Liev prétend que nous sommes tout près.
— Toi et moi, gazelle. Ce n'est que partie remise.
Dark ouvrit l'une des portes arrière de la voiture sans jamais détourner son regard de celui de la jeune femme. Un coup sortit, elle reprit son souffle et Xan lui demanda inquiet :
— Ça va ?
— Oui, ne t'inquiète pas.
— Il fera tout.
— Je sais.
— Ne lui tient pas tête, je t'en supplie Eliana.
— Je ne suis pas sa chose, Xan. Je ne me laisserai pas faire. Mes sentiments ont changé.
— Et tu n'es plus une petite fille.
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