Chapitre 19
— Bien sûr des explications. Répéta Eliana sur ton ironique. Peu importe, ce que je te dirais, je veux que tu comprendre, que j'aime Henry.
— Henry... Ouais. Grogna-t-il. Alors, mon père était au courant et tu es revenue ?
— Oui pour les deux réponses.
— Comment l'a-t-il su ?
— Je ne sais pas. Je sais seulement que lorsque je me suis présentée de nouveau chez toi, il m'attendait. Je me souviens que Connor a reniflé les alentours pour me jeter un regard mauvais. Je venais de l'apprendre, j'ai passé une semaine dans un motel miteux à pleurer parce que je me retrouvais enceinte et que le père de mon enfant m'avait rejetée. J'ai pris mon courage à deux mains et la force qu'il me restait pour t'annoncer la nouvelle. Je me disais que tu aurais pu changer d'idée...
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Il m'a menacée de ne jamais essayer de te retrouver, sous peine de m'enlever ou de tuer l'enfant à naître. Il disait que je n'allais pas y survivre de toute façon et que mourir n'était pas une si grande perte. Je t'ai vu passer par la fenêtre, j'ai essayé de sortir, mais l'un des bêtas m'a attrapée en me couvrant la bouche. Il m'a amenée dans une autre pièce; et je t'ai entendu entrer. Tu fulminais. Tu me traitais de tous les noms impossibles et tu as dit quelque chose à ton père que je n'ai pas réussi à comprendre. Ensuite, tu as claqué la porte et tu es parti. Connor s'est assuré que tu sois assez loin pour me laisser sortir. Je suis partie en larme et je ne suis jamais revenue. J'ai rencontré Henry un mois plus tard, il m'a sauvée. Je ne vivais plus, je survivais. J'ai cru même un moment que j'étais devenue folle. Je me suis accrochée à lui et lui à moi. Quand elle est née, j'ai vu tout de suite qu'il ferait un bon père et je ne suis pas trompée. Il l'a aimé dès leur premier regard.
Alexander fit les cent pas devant Eliana marmonnant des insultes contre son père, mais aussi contre lui-même. Le jeune loup se détesta d'avoir choisi le pouvoir au lieu de la fille qu'il aimait. La rage le consuma, mais celui-ci ne devait pas laisser cours à ses émotions. Pourtant, Alexander avait appris à les canaliser, mais les révélations dites ne l'aidèrent pas. Eliana le regarda sans broncher ; que pouvait-elle faire de plus ? La jeune femme croisa ses bras sur sa poitrine et dit d'une manière détachée :
— Arrête de t'en faire... C'est du passé, maintenant. Le mal est fait.
— Tu ne te rends pas compte ! s'écria-t-il à bout de nerfs.
— Tu crois que je ne me rends pas compte ? Vraiment ?
— Non ! Il a volé ma vie. Voler mes ambitions. Ce que je voulais vraiment. Il m'a forcé à faire un choix. J'aurais dû rester avec toi... J'aurais dû...
— Mais tu ne l'as pas fait. Trancha-t-elle, d'un ton sec. Tu as choisi le pouvoir au lieu de moi.
— Et c'est une erreur que je regrette.
— Oh pitié Alexander ! On sait très bien tous les deux que le pouvoir passait avant moi. Tu ne voulais même pas de moi au départ, c'était pour tenir tête à Connor si tu es sortie avec moi... Je ne suis pas idiote.
— Non. Je t'aimais... Et je ...
— Non, ne le dis pas. Lui ordonna-t-elle. Je ne veux pas entendre que tu m'aimes et que tu as toujours passé à moi ces dernières années.
— J'ai toujours pensé à toi.
— Tu n'as jamais fréquenté d'autres filles ?
— Non.
— Fréquenter, ce n'est pas le bon mot, je dirais. S'exclama Xan en ricanant qui était resté jusque-là silencieux.
— Xan ! grogna Alexander.
— Elle a le droit de savoir.
— Non...
— Nous savons tous que tu n'es pas un saint.
Eliana soupira devant les réactions puériles des deux hommes. Elle avait pris connaissance qu'un loup ne pouvait pas avoir une vie d'abstinence et qu'il devait assouvir ses besoins. Oui, la jeune femme n'était pas dupe, mais cela lui pinça le cœur quand même. Elle aimait Henry, mais Alexander restait son premier amour. Toutefois, sa trahison lui avait laissé un arrière-goût amer dans la bouche.
— C'est bon, merci, Xan. Siffla-t-elle entre les dents. J'ai compris tes allusions. C'est comme ça.
— Mais c'est toujours à toi que je pensais, lorsque j'étais avec elles.
— Et c'est un détail que je ne voulais pas savoir.
— Ose me dire que tu ne m'aimes pas ou que tu ne ressens rien pour moi.
— Je...
Alexander s'approcha de la jeune femme en la surplombant. Il la regarda droit dans les yeux, mais bifurqua son regard quelques secondes vers ses lèvres. Oui, le jeune loup eut envie de l'embrasser, la caresser, sentir ses lèvres contre les siennes, mais il ne pouvait pas le faire sans son consentement. Le jeune homme voulait avoir la preuve qu'elle ressentait encore quelque chose pour lui, infime est-il.
— Dis-moi droit dans les yeux que tu ne m'aimes pas...
— Je...
— Mademoiselle Eliana ! s'écria la voix d'Émile.
Eliana qui avait le regard rivé à celui d'Alexander secoua sa tête à la prononciation de son prénom. Elle regarda par-dessus l'épaule du loup et aperçue Émile l'air inquiet.
— Que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle.
— C'est le chasseur. Il faut vite que vous veniez.
La jeune femme quitta Alexander et son bêta sans avoir pu lui dire ce qu'elle ressentait vraiment. Mais que ressentait-elle vraiment pour lui ? De la haine, sans doute pour lui avoir brisé le cœur, de la rancœur, pour l'avoir traité comme un déchet, une once de pitié pour être l'impétueux, arrogant, égoïste et macho loup de toute ses connaissances et un peu d'amour, car il lui avait donné la chance d'avoir un enfant. Lui avouer devait être trop dur pour la jeune femme. Elle s'était reconstruite dans les bras du chasseur et celle-ci s'y sentait si bien.
Eliana enjamba le pas d'Émile, jusqu'à la maison où elle trouva Henry devant son téléphone enflammé d'une flamme bleue. Ce fut la première fois qu'elle voyait ce genre de chose et sur le moment, la jeune femme trouva ça magnifique. Qu'est-ce qui pouvait le mettre dans un état pareil ? Eliana fut surprise d'entendre la voix de Vivianne au téléphone. Pourquoi appelait-elle ? Lui avait-on fait du mal ? Eliana s'approcha donc de son fiancé et à son contact ses flammes s'éteignirent comme par magie.
— Henry, que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle d'une voix douce.
— C'est Vivianne.
— Ne me dit pas qu'on la... s'inquiéta la jeune femme.
— Non, ça va ! dit la voix de l'intéressée.
Henry redressa le téléphone cellulaire pour que Vivianne puisse les voir tous les deux. Celle-ci paraissait inquiète, mais pas plus, qu'à l'habitude.
— Nous ça va.... Comment dire... Euh, c'est Monsieur Moustache.
— Monsieur Moustache. Répéta Eliana. Il doit seulement s'ennuyer de Jade.
— Non non... Ce n'est pas ça. Regarde.
Vivianne tourna l'écran de l'appareil, vers Monsieur Moustache qui était assis sur le canapé les yeux blancs vitreux, comme si la vie s'échappait de lui. Eliana se fut surprise de le voir ainsi et pensa à la peine de Jade si Monsieur Moustache venait à mourir. Elle l'eut chaton ; en fait, celui-ci l'avait suivi jusqu'à chez la jeune fille sur le chemin de l'école. Il fit craquer toute la maisonnée avec sa petite bouille et le duo mère-fille avait convaincu le père de le garder.
— Depuis quand est-il comme ça ? demanda Eliana.
— Une dizaine de minutes. Il a commencé à miauler comme un hystérique, puis ce chat est monté sur le canapé. J'ignore ce que le chat de ta fille a. Je te jure que je n'ai rien fait, Eliana.
— Je te crois. Répondit Henry à sa place. Tu ne lui as rien fait.
— Tu sais ce qu'il a ?
— Je crois oui. J'ai déjà assisté à ce genre de phénomène.
— Alors qu'est-ce qu'il a ? Renchéris Eliana.
— Vivianne, touche tranquillement la tête de Monsieur Moustache.
— Mais ça ne va pas ! cria-t-elle. J'ignore comment il va réagir.
— Ça va bien se passer. Rien ne se passerait avec un humain...
— Mais Vivianne est une humaine.... Coupa Eliana.
— Je t'expliquerai plus tard ma chérie. Vivianne le temps presse. Touche-le.
Le jeune couple vit la main de leur amie se déposer tranquillement sur la tête de leur chat adoré.
— Oh mon dieu ! Je la vois... Je vois Jade. S'écria Vivianne.
— Comment est-elle ? Va-t-elle bien ? s'empressa de demander Eliana.
— Elle est attachée... Jade a pleuré.
— Où est-elle ? Tu vois quelque chose ?
Un moment de silence.
— C'est sombre... Je ne vois pas grand-chose. On dirait, qu'il l'on enfermé dans une cave. On dirait qu'il y a d'anciens instruments de torture. Ça fait vraiment peur. Ohh! Attendez !
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je crois... Oui... Attendez, il y a une vieille affiche de Boston.
— Boston ? répéta une voix masculine qu'Eliana n'aimait pas.
— Que vois-tu d'autre ? lui demanda Henry
— Je...
Tout à coup, Eliana et Henry, virent un homme s'approcher de leur fille, et qui attrapa le chat en disant d'une voix nasillarde :
— Espèce de chat de gouttière ! Tu leur donnes notre position. J'ignore pourquoi elle persiste à te garder.
Le jeune couple entendit Victoria étouffer un cri et Monsieur Moustache revint à lui. Leur amie s'était connectée au chat et s'en était fait déconnecter d'une façon si violente qu'elle en eut le mal de cœur. Eliana s'inquiéta pour son amie qui était à plusieurs heures de route.
— Victoria, ça va ? lui demanda-t-elle inquiète.
— Oui, oui, ça va ! Il faut que vous fassiez vite. Je crains que Jade coure un énorme danger.
— Grâce à toi, nous avons un indice sur l'endroit où elle est. Lui Henry.
— Je vais prier pour vous.
— Prie pour Jade.
— Je le ferai.
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