Chapitre 16
Alexander parcourut le terrain de la demeure de son oncle, sous sa forme lupine. Rien de plus revigorant. Comme la plupart des lupins, Alexander avait, lui aussi, une autre personnalité. Leurs noms leur étaient donnés lors de la première lune. On regardait le pelage et surtout la personnalité de celui-ci. Pour Alexander, ce fut différent. Le loup lui imposa le nom de Dark, sans savoir pourquoi. Il songea que ce fut en hommage à son aïeul, mais non. En fait, le loup ne lui expliqua pas, préférant laisser sa partie humaine dans l'ignorance. Bien que puissant, il se montra que très peu, ce qui fit questionner sa meute. Un loup devait sortir, c'était dans leur nature.
Les pattes d'Alexander se prirent dans une racine, le faisant rouler par terre. Celui-ci grogna, puisque peu vigilant, son orgueil en prit un coup. Regardant autour de lui, il se rendit compte que ce n'était pas une racine, mais une plante grimpante affaissée qui venait de le faire trébucher. Étrange pour un coin de territoire? songea-t-il. Alexander prit son apparence humaine et se mit à suivre la plante, jusqu'à un mausolée. Que faisait ce genre de bâtiment en plein milieu de la forêt ? Ne voulant pas attirer les foudres de sa grand-mère, il hurla en précisant sa position.
Quelques minutes plus tard, Lyra, James, Xan et sa tante Liev furent à ses côtés. Son arrière-grand-mère s'approcha de lui en disant :
— Qu'avez-vous trouvé ?
— Ça ! se décalant sur la droite.
— Un tombeau ? s'étonna sa tante. Nokomis ? Cela se peut-il ? Je n'ai jamais su, où il avait enterré son corps. J'ai toujours cru qu'oncle Marcus l'avait enterré dans un cimetière amérindien.
— Il faut croire que ton oncle ne faisait pas les choses dans la normalité.
Lyra s'approcha du mausolée prudemment afin de ne pas déclencher d'éventuel piège. Tout le monde fut sur le qui-vive et attendait que quelque chose se passe. Ne voulant que rien n'arrive à sa compagne, James la devança en ouvrant la porte par lui-même. La porte grinça et un nuage de poussière s'éleva. James entra dans le mausolée, suivi de sa femme. Voyant qu'ils ne ressortaient pas, Alexander pénétra dans ce lieu. Il vit son arrière-grand-mère essuyer des larmes qui coulaient le long de ses joues, devant le tombeau de la femme de son oncle. Étaient-elles vraiment proches ? Le jeune homme inspecta les lieux, mais ne trouva rien d'inhabituel. C'était un lieu de recueil comme tous les autres.
— Il n'y a rien. Dit-il un peu découragé de n'avoir rien trouvé.
— Nous trouverons bien, ce qu'ils cherchaient, ne t'en fais pas neveu. Dis sa tante qui l'avait suivi. Oncle Marcus n'aurait pas voulu qu'on s'apitoie sur notre sort.
— Il pourrait apparaître, non ? Ça fait assez longtemps qu'il est parti. Nous serions déjà partis, s'il était là pour nous aider. Pourquoi n'essayiez-vous donc pas de contacter, grand-père Killian ? cracha le jeune loup à ses arrière-grands-parents.
— Parce qu'il ne souhaite pas être retrouvé. Cela fait des années que notre fils s'est coupé de notre lien familial.
— Et l'on se demande bien pourquoi ! râla Alexander.
— Je te prie d'être respectueux envers ton arrière-grand-mère, louveteau. Gronda James.
— Et quoi encore ?
— Tu vas en baver mon petit, je te le jure.
— Je n'ai pas peur d'un vieux loup sur le point de perdre ses dents.
— Je vais te montrer !
James se transforma fou de rage du non-respect de son arrière-petit-fils. Jamais personne ne lui en avait manqué. Non seulement James était fou de rage, mais Darkane se réveilla également. Déjà, que sa conversation avec l'humaine de toute à l'heure lui eût hérissé les poils, il ne fallait pas en ajouter davantage. Alexander se transforma à son tour sous les yeux de son aïeul. Malgré sa différence de taille, le jeune loup ne flancha pas, déterminé à lui montrer que lui aussi, il était puissant. Darkane bondit sur Alexander qui l'esquiva sans problème, ce qui fit rager encore plus le loup devant lui. Le jeune loup nargua son aïeul en allant même jusqu'à lui mordre la fesse. Une offense pour Darkane. Son aura se déploya, et se concentra sur le jeune homme. Darkane réfléchit un instant, regardant ce dernier. Il était puissant et une bonne correction lui apprendra. Le loup entendit la voix de sa femme dans sa tête, grimaça, mais lui promit ce qu'elle venait de lui demander.
— Mère ! s'exclama Liev. Faites quelque chose. Père va le tuer.
— Cela lui apprendra à nous manquer de respect. Ne restons pas là.
— Mais...
— Pas de mais Liev.
Sa tante fronça les sourcils en regardant son père se battre contre son neveu. Comment en était-on rendu là ? Elle savait qu'Alexander était aussi coincé et dominant que son père, mais celle-ci lui avait montré le respect auprès des siens. Qu'est-ce qui était donc arrivé ? Liev souffla et sortit du mausolée, indignée de la situation. Tout près de Xan, elle lui ordonna :
— Reste ici. Préviens-moi, si cela dégénère.
— Oui Alpha Liev. Et je n'aurai jamais laissé Alexander tout seul.
— Bien.
Liev se transforma pour rejoindre sa mère qui était déjà à mi-chemin vers la maison.
**********
Eliana souffla un bon coup, après que les loups furent partis de la maison, celle-ci se retourna pour regarder sous le couvert du piano. Elle y découvrit un cahier de notes caché intentionnellement sous une touche. Que faisait-il là et pourquoi l'avait-on caché à cet endroit ?
— Qu'as-tu trouvé ?
La jeune femme sursauta et son cœur bondit dans sa poitrine comme si l'on venait de la surprendre à commettre un délit. Elle était convaincue d'être seule dans la maison, au moins seule avec leurs compagnons de route. Eliana se retourna vers Henry le carnet serré contre sa poitrine.
— C'était caché dans le piano ?
— Dans le piano ? répéta-t-il surpris. C'est de ce demi-vampire ?
— Je ne sais pas. Attends.
Fébrilement, ses mains détachèrent le lacet du livre et l'ouvrirent tranquillement. Celle-ci fronça les sourcils, comprenant que ça ne provenait pas du propriétaire de ces lieux.
— Qu'est-ce que ça dit ?
— Vingt-huit novembre mille neuf cent quatre-vingt-six. Je m'appelle Pierre Legris et je suis un métamorphe. Il reste peu des miens, les chasseurs nous protègent, mais les loups nous exterminent. Cependant, ce n'est pas ça le plus dangereux. Depuis que nous avons trouvé refuge dans cette maison, il y a un an, Louisa s'est alliée à ce vampire. Je n'y fais pas confiance, mais elle est aveuglée par sa haine. Louisa est une bonne sorcière, mais avec le massacre de sa famille par les loups, elle n'est plus la même et ne jure que vengeance. Moi aussi, je voulais me venger, mais pas comme ça. Si, je suis resté, c'est parce que je suis fou amoureux de Louisa, mais elle ne me voit pas. Je suis certain que ce vampire ne nous dit pas tout. Je reste donc dans l'ombre pour observer ce qu'il prépare, mais je n'ai aucune intention de les aider.
— Un métamorphe et une sorcière. Comment ont-ils trouvé cette maison ?
— Je ne sais pas... Peut-être que c'est écrit plus loin.
— Hmm... Garde-le avec toi.
— Pourquoi ?
— Je ne fais pas confiance à l'alpha dominant.
— Tu parles de James.
— Oui. Quelque chose cloche avec lui et je n'arrive pas à savoir quoi. J'ai l'impression que son loup fut brisé, et que le vampire, que nous recherchons n'est pas étranger de son état.
— Je te fais confiance là-dessus.... Je ne l'aime pas, moi non plus.
— Garde toujours ton arme avec toi, mon amour. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur.
— Toujours... Je dormirai même avec.
Henry sourit aux paroles d'Eliana, mais la jeune femme ne savait pas dans quoi elle s'embarquait. La jeune femme s'approcha de lui, le prit dans ses bras afin d'y trouver réconfort. Elle était certaine que l'on pouvait trouver des indices grâce à ce métamorphe.
Soudain, la porte d'entrée claqua et le jeune couple alla vers celle-ci, découvrant deux femelles alpha ; l'une, amusée, mais refermé sur elle-même, tandis que l'autre paraissait plutôt inquiète. Eliana se demanda ce que ça signifiait, ne voyant personne d'autre arriver. L'inquiétude se lit dans ses yeux et Henry comprit. Il prit donc sur lui et lui murmura :
— Je vais aller voir ce qui se passe.
— D'accord.
Eliana regarda Henry sortir de la maison, non, qu'elle fût inquiète pour Lui, mais plutôt de ce qui pouvait se trouver sur le terrain de cette demeure. Même si Henry en croyait le contraire, la jeune ne ressentait aucune once d'amour pour son ancien amant.
Une main se posa sur l'épaule de la jeune femme qui sursauta à ce contact. Liev se tenait près d'elle, les yeux rivés sur la porte d'entrée. Eliana la dévisagea une seconde, se demandant ce que celle-ci guettait. Avaient-elles croisé la route d'individus qui ne devaient pas s'y trouver ? Liev secoua sa tête, puis regarda Eliana en lui disant :
— Viens. Nous devons parler.
Sans un mot, Eliana suivit Liev, jusqu'au salon. Tous les deux prirent place sur des fauteuils différents, sans même se regarder. Eliana anticipa la conversation, elle n'était pas dupe. Celle-ci allait lui parler de son neveu, ce que la jeune femme ne voulait pas. Eliana se mit donc à triturer les rebords du cahier de notes à l'aide des doigts.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda la tante de son ancien amant.
— Rien. Un cahier de notes que je traine pour écrire nos indices en commun.
— Tu n'as pas besoin de ça. Ricana-t-elle.
— Peut-être pas toi, mais moi, oui. Je ne laisserais rien passer.
— Je vois.
— Tu sais, je suis vraiment désolée.
— De quoi? répondit Eliana avec un ton sec.
— J'aurais dû t'en parler, te dire adieu. Expliquer le choix de mon départ. Si j'avais su que tu étais sortie avec Alexander, jamais je ne t'aurais approché.
— Et jamais tu n'aurais gardé Jade.
— Aussi.
— Nous nous attentions si bien... pourquoi...
— Tu ne vois pas ce qui a changé ?
— Pas à mes yeux.
— Tu fais partie de la famille qui m'a rejetée pour avoir plus de pouvoir. Je suis une humaine, tu es une louve.
— Mais je suis la même. Je suis la même que tu as connue, il y a quelques années.
— Tu m'as menti...
— Et tu m'as caché le fait d'être.
— Non. Henry est son père. Je ne t'ai pas menti. Il est là depuis le début. Celui qui m'a accompagnée en salle de travail, celui qui s'est occupé de Jade, lorsque j'étais malade. C'est son père, point barre. Alexander a peut-être déposé sa graine, mais c'est Henry son père.
— Alexander est...
— Non. Tu n'étais pas là. Tu ignores comment ça s'est passé. Comment est-ce que Connor m'a menacée de ne plus revenir ou de chercher à le retrouver. Non, tu ignores tout. Hurla Eliana, telle une hystérique. Alors, arrête de prétendre que ta famille est admirable, car ce n'est pas le cas. Henry, lui, s'est détourné de sa famille pour moi... Parce que lui, il m'aime!
Liev regarda la jeune femme sans broncher, ne trouvant pas les mots pour l'apaiser. Il était vrai qu'elle ne savait pas que Connor l'avait menacée, mais elle se demandait bien pourquoi. Toutefois, elle sentit la présence de son neveu qui avait tout attendu. Sans le faire exprès, celle-ci lui avait fait écouter la conversation durant sa bataille avec son arrière-grand-père.
Eliana prit une grande respiration avant desortir de la pièce. Elle avait horreur qu'on dise qu'Henry n'était pas le pèrede Jade. Il ne l'était peut-être pas biologiquement, mais pour elle, celui-ci l'était.La jeune femme sortit de la maison et alla s'asseoir au pied d'un arbre.
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