Chapitre 2
Tout commença sur la planète bleue couramment appelée la Terre. Des créatures qui nous étaient jusque-là inconnues évoluaient aux côtés des Hommes sans que ceux-ci ne se soient doutés de rien. Sorciers, Fées, Alchimistes, Elfes, et bien d'autres luttaient au quotidien contre des êtres maléfiques et démons en tous genres. D'après l'analyse de plusieurs de nos spécialistes, la présence d'autant d'espèces hétéroclites était due à la singularité de la planète. Aussi étrange que l'ouverture de nos nénuphars célestes, la Terre ne possède qu'un seul astre de la nuit.
Basil ZIAD, Encyclopédie des créatures magiques
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La température chuta brutalement et l'étau qui l'immobilisait jusqu'à présent se desserra. Elle se sentit tomber et se retrouva ventre à terre parmi les hautes herbes. Elle avait sans doute été étourdie et avait par malchance glissé de son perchoir pour venir s'écraser plus bas, sur le bord du lac. Sa tête lui faisait encore mal lorsqu'elle se retourna sur le dos. Lydia resta allongée ainsi plusieurs minutes, le temps que ses vertiges s'évanouissent. Elle profita de ce moment pour admirer les étoiles qui scintillaient dans le ciel. Quelque chose clochait, elle ne reconnaissait pas l'alignement des astres. Le paysage n'était pas le seul à s'être modifié, le changement atmosphérique était plus que notable. D'une soirée douce au vent rafraîchissant, la pluie fine qui l'assaillait désormais lui glaçait les os. Le choc thermique la fit bondir à la vitesse de l'éclair. Elle se devait de trouver un abri avant de mourir de froid et il était hors de question de retourner à la chaumière. Elle patienterait dans le sous-bois le temps que l'averse passe son chemin.
Une fois sur pieds, elle resta figée devant le spectacle qui s'offrait à elle. La jeune femme ne pouvait plus ignorer l'étrange sensation qui fourmillait sous sa peau. Le lac s'était évaporé pour céder sa place à une prairie de hautes herbes. À quelques mètres sur sa droite, elle remarqua une forêt. Ce n'était pas sa forêt, elle aurait pu en mettre sa main à couper, et cette constatation lui hérissait les poils.
Prise de panique, elle tâta frénétiquement ses poches de jean pour trouver son téléphone portable. Ses doigts tremblants réussirent à composer, non sans mal, le numéro de Gloria sur l'écran tactile devenu glissant à cause de l'eau qui y ruisselait. Peine perdue, il n'y avait pas de tonalité. Lydia grimaça lorsqu'elle n'aperçut aucune barre de réseau sur son écran. Lâchant un juron, elle entreprit de se déplacer de façon aléatoire l'appareil à bout de bras dans l'espoir de récupérer un semblant de connexion. Elle abandonna bien vite cette idée et, d'un mouvement sec, rangea son téléphone dans une de ses poches. Son portable ne lui serait d'aucune utilité dans cette zone désertée par le réseau.
La pluie faiblissait à vue d'œil, seul aspect positif que Lydia pouvait noter. Le vent glacial et la nuit silencieuse lui donnaient la chair de poule. Elle devait l'admettre, elle était totalement perdue dans un lieu inconnu et qui plus est sans aucun moyen de demander de l'aide. Un scénario digne d'un film d'horreur... Il ne manquait que l'apparition du serial killer pour compléter le tableau anxiogène.
Ce fut alors qu'un bruit suspect dans son dos la fit se retourner à temps pour observer, les yeux écarquillés, une masse sombre se précipiter vers elle. La chose écrasait toute la végétation sur son passage, laissant un sillon dans les hautes herbes. Les grognements alarmants qu'elle émettait firent sortir Lydia de sa torpeur. Elle se saisit de sa sacoche abandonnée sur le sol et, sans aucune hésitation, s'élança en direction de la forêt. Elle avait fait une erreur, rester à découvert pouvait lui être fatal. Son cerveau commença à se libérer de sa tétanie pour délivrer les informations nécessaires à sa survie en territoire inconnu. Les enseignements de Gloria affluaient dans son esprit. Suivant la procédure établie, elle employa toute son énergie dans sa fuite.
À mi-chemin de son point de chute, elle fit l'erreur de jeter un coup d'œil rapide derrière elle. Chose qu'elle regretta amèrement, son poursuivant la pourchassait toujours. Ses chaussures martelaient le sol à la même cadence que lui. Elle savait pertinemment que, tôt ou tard, la chose la rattraperait, mais atteindre les bois pouvait lui être salutaire. Dans l'obscurité des lieux, Lydia pourrait se cacher et se mettre à l'abri de la bête, si son odorat n'était pas meilleur que sa vision. Pour le moment, au clair de lune, elle était aussi visible qu'une baleine au milieu d'une piscine.
À peine était-elle arrivée à la lisière de la forêt que la créature se jeta sur elle, réduisant à néant l'espoir de Lydia de s'en réchapper. Ce nouveau poids dans le dos la déséquilibra et la fit tomber en avant. Par réflexe, elle se mit en boule pour limiter les dégâts lors de son atterrissage. S'aidant de l'élan produit par sa chute, Lydia effectua une roulade. Elle essaya par la même occasion de prendre la bête au dépourvu et de la faire lâcher prise. Le mouvement eut l'effet escompté. La jeune femme exploita ses quelques secondes de répit pour se remettre debout. L'opération ne fut pas aussi simple, car les tremblements qui parcouraient ses muscles lui donnèrent du fil à retordre. La peur tétanisait son corps, si bien qu'elle ne put que se mettre accroupie. La créature en avait profité pour disparaître de son champ de vision. Tandis qu'elle s'était arrêtée dans une zone éclairée, la bête évoluait dans l'obscurité qui entourait Lydia.
Il était désormais inconcevable pour la jeune femme de se lancer à l'aveugle dans la végétation en espérant s'échapper. Elle n'était pas dupe concernant son habileté au sprint en milieu accidenté. La seule solution pour s'en sortir vivante était d'affronter la créature en face à face et en pleine lumière. L'obscurité n'était d'aucun secours à présent qu'il était évident que la bête possédait une vision nocturne. Capacité qui faisait défaut à la sorcière. Le prédateur tournait autour de la jeune femme en se gardant de rester dans l'ombre. Lydia reconnut le comportement de tout bon chasseur précédent l'assaut sur sa proie. C'est durant cette fenêtre réduite que Lydia devait agir. Elle se focalisa sur les légers bruissements de la végétation et se tint prête à défendre sa vie par tous les moyens. Un mouvement sur sa gauche la fit tressaillir. Elle était pourtant sûre que la créature se trouvait dans la direction opposée. Lentement, la bête s'avança dans la lumière permettant à Lydia de voir enfin à quoi elle avait affaire.
La surprise remplaça l'extrême concentration sur son visage. À présent face à elle, la créature pouvait être aisément assimilée à un gros chat. Un chat au pelage parsemé de motifs et couleurs improbables. Un félin sauvage, toutes griffes sorties, la fixant de ses pupilles dilatées. À bien y réfléchir, la bête se rapprochait plus d'un tigre de Tasmanie en version miniature qu'à l'animal domestique apprécié des familles. Lorgnant une nouvelle fois sur les griffes affûtées de la créature, Lydia déglutit. Le prédateur réalisa un pas en avant. La jeune femme s'efforça de ne pas bouger et de ne surtout pas laisser paraître sa peur malgré les gouttes de sueur qui coulaient le long de son front.
L'animal n'effectua aucune autre manœuvre pour s'approcher de sa proie. Prenant son courage à deux mains, Lydia se remit doucement debout et à son grand soulagement, cette fois-ci, ses membres lui obéirent. Le plus lentement possible, elle tenta un pas sur le côté afin de se rapprocher d'un arbre aux branches assez basses pour y grimper. La créature, toujours immobile, suivait du regard ses gestes tout en plaquant ses oreilles contre son crâne. Lydia enchaîna un deuxième décalage qui déplaisit à la bête et la força à se mouvoir pour se remettre face à elle. S'ensuivit une danse silencieuse entre la sorcière et la créature. Un pas à droite. Un pas à gauche. Un nouveau pas à droite. Pas de valse inutile puisque le félin calquait ses mouvements sur ceux de Lydia. Ne sachant plus quoi faire, la jeune femme s'immobilisa le temps de trouver une nouvelle stratégie. Le comportement agressif et à présent mimétique de la bête la déboussolait quelque peu.
– D'accord, détends-toi et réfléchis, se motiva-t-elle.
Après avoir effectué de profondes inspirations et expirations pour calmer son cœur, Lydia se reconcentra sur son problème. La créature la fit sursauter en poussant un rugissement, qu'elle aurait trouvé mignon dans d'autres circonstances, avant de disparaître dans la végétation.
Lydia plissa les yeux afin d'y voir davantage dans cette pénombre, mais ne trouva aucune trace du prédateur. Elle resta aux aguets plusieurs minutes, mais la créature ne donna plus aucun signe de vie. L'oreille tendue ne lui permit pas de savoir si elle était à présent bien seule dans l'obscurité. Elle hésita quant à la marche à suivre et demeurer sur place n'était pas une option. Elle se devait de trouver un endroit pour finir la nuit en toute sécurité. Déambuler ainsi dans le noir n'était pas l'idée du siècle, attendre que la forêt soit éclairée semblait être plus raisonnable en vue des récents évènements pour le moins incongrus. Lydia resta sur ses gardes avant de s'enfoncer dans les bois à la recherche d'un quelconque sentier, ou encore mieux, un abri. Pour son plus grand bonheur, après une vingtaine de minutes de bataille contre la végétation environnante, elle déboucha sur un chemin à demi éclairé. Elle n'était pas rassurée pour un sou en l'arpentant, surtout qu'elle entendait régulièrement des bruits à travers les buissons. Arrivée à un embranchement, Lydia s'apprêtait à s'engager dans l'allée de gauche lorsque la fameuse créature bondit des fourrés pour se percher sur un rocher juste à ses côtés. Elle ne put retenir un cri d'effroi qui se répercuta dans la forêt faisant s'envoler des volatiles dans un concert de piaillements. Pour la discrétion, elle repasserait. De peur d'attrouper d'autres bestioles plus dangereuses, elle prit ses jambes à son coup et courut un bon kilomètre sur le chemin de droite. Essoufflée, et ayant récolté une pointe de côté, la jeune femme reprit sa respiration, adossée à un arbre.
De nouveau, la créature réapparut face à elle et, après avoir effectué un gracieux tour sur elle-même, disparut derrière un amas de plantes exotiques. Lydia cligna plusieurs fois des paupières pour se convaincre qu'elle n'était pas en pleine hallucination. Quelques instants à peine après sa disparition, la bête était revenue sur ses pas pour se planter encore une fois devant la jeune femme. Un miaulement semblable, cette fois-ci, à celui d'un chat sortit Lydia de ses pensées. Le prédateur, qui ne semblait plus aussi prédateur que cela, la fixait avec insistance, sa queue battant la mesure d'impatience.
– Qu'est-ce que c'est que ce délire... lâcha Lydia.
Après mûre réflexion, il devenait évident que cette étrange bête l'avait suivi depuis tout ce temps et que son but n'était pas de la dévorer. Du moins... pas dans l'immédiat. À y regarder de plus près, la créature paraissait même vouloir lui passer un message. Plongée dans ses iris d'un noir profond, Lydia y perçut un semblant d'intelligence jamais observé dans les yeux d'un autre animal. La créature regagna le même chemin que précédemment, s'arrêtant à la limite du champ de vision de la jeune femme, et se stoppa en tournant la tête vers elle. Elle attendait manifestement que celle-ci lui emboîte le pas. Il ne faisait plus aucun doute pour Lydia, cet animal n'avait rien d'ordinaire. Que cela soit physiquement ou intellectuellement, son instinct lui criait qu'une créature magique non répertoriée avait pris le parti de la guider dans ses bois.
Suivant docilement la boule à quatre pattes, Lydia ne fut pas surprise de se trouver quelques minutes plus tard face à une grotte dissimulée derrière des lierres tombants. À ses côtés s'écoulait un petit ruisseau, source d'eau qui lui serait très utile pour sécuriser davantage son refuge pour la nuit. Lydia était trop fatiguée pour user de la sorcellerie à un niveau très élevé, mais sa priorité devait être de s'assurer que des protections de base soient actives avant de se reposer.
Un tour sur elle-même lui apprit que la créature s'était volatilisée. Ne s'en inquiétant pas plus que cela, Lydia pénétra dans la grotte légèrement éclairée par les rayons nocturnes. L'antre était peu profond et totalement désert. Avec l'entrée camouflée par la végétation, les lieux lui semblaient idéals pour finir la nuit. S'asseyant à même le sol en tailleur, la jeune femme se saisit de sa besace en cuir et repensa aux dernières consignes de Gloria. Elle n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir qu'elle se trouvait dans une situation assez critique pour pouvoir légitimement l'ouvrir. Sans surprise, elle y découvrit du matériel indispensable pour la pratique de la sorcellerie : bougies, fioles et minéraux, ainsi qu'un poignard de rituel. L'ensemble formait le parfait kit de secours pour les membres de sa communauté. Le présent de sa maîtresse d'apprentissage portait bien son nom, il lui permettrait de survivre dans un environnement hostile. En le refermant, elle remarqua une minuscule pochette sur le côté. Elle y extirpa une chaîne sur laquelle pendait un petit pendentif en forme de croix. C'était exactement ce dont elle avait besoin. Elle transformerait ce bijou en une amulette qui repousserait les démons.
Le talisman était la protection de base contre les êtres maléfiques pour toute sorcière qui se respecte. Il ne protégeait pas d'une attaque directe, mais il permettait de maintenir les démons à distance. Un moyen de détourner l'attention quand le porteur n'était pas encore repéré et pris en chasse. Pour arpenter ces lieux non identifiés, elle en aurait grand besoin. Elle jeta un dernier coup d'œil à l'entrée de sa cachette et put y apercevoir la créature multicolore assise tel un chien de garde scrutant la végétation aux alentours. Cela rassura étrangement Lydia, qui se décida à utiliser le matériel à sa disposition. Elle posa sur le sol une petite assiette creuse en bois, un gobelet, une fiole d'eau de rose et se mit en place. Dans le plat, elle déposa le collier qu'elle recouvrit du liquide parfumé. La manipulation achevée, elle entama son incantation :
Ange de Dieu, mon défenseur,
Ta mission est de t'occuper de moi, de me protéger.
Toi qui éloignes de moi les situations difficiles et désastreuses,
Je te demande de m'aider et d'écarter de mon existence tous les possibles dangers.
Toi qui m'aides à m'endormir paisiblement,
Et à me réveiller pleine d'entrain
Garde-moi, Divin protecteur contre tous les dangers.
D'un geste sûr, elle vida l'eau de rose dans le gobelet. Elle trempa ses doigts dans le liquide et l'étala sur son visage. Puis, Lydia renversa l'excédent de mixture sur le sol, qui l'absorba immédiatement. Lydia récupéra le collier et l'enfila. Le talisman était à présent actif. Soudain, une grande fatigue s'empara d'elle au point de lui donner des vertiges. Elle se sentit vidée de son énergie comme durant une incantation d'ordre supérieur, ce qui n'était pas le cas pour cette simple manipulation enseignée aux sorcières débutantes lors de leur cours initiatique. Elle avait dû trop puiser dans ses réserves au court de sa méditation auprès du lac.
À présent qu'elle n'était plus en danger imminent, elle fit le point sur la situation. Lydia cherchait une réponse rationnelle sur son arrivée en catastrophe dans cette prairie. Plus elle y réfléchissait, plus une seule explication se profilait à l'horizon. Une téléportation. Un deuxième Don. Elle n'avait jamais entendu parler d'un phénomène comme celui-ci, mais cela ne devait pas être aussi rare que cela. Ce qui la surprenait était davantage la nature de ce don que le fait de le posséder. La téléportation, la capacité de se déplacer d'un endroit à un autre de manière instantanée. Le hic était que le détenteur d'une telle capacité devait connaître son point de chute et elle avait beau creuser sa mémoire, ces lieux lui restaient inconnus. Le second fait qui la chiffonnait était que ce pouvoir était identique à celui de Gloria. La coïncidence de partager la même capacité était fort étrange, voire improbable. C'était-elle trompée sur l'analyse de ce don ? Les réflexions de la jeune femme s'évaporèrent petit à petit tandis qu'elle tombait de sommeil.
***
Lydia s'éveilla en sursaut en sentant des tapes portées à son visage. La petite créature rencontrée la veille la frappait à coup de queue afin de la réveiller.
– Arrête ça tout de suite ! Allez la bestiole, dégage !
L'animal s'assit à côté de l'endormie et émit un grondement, impatient. Lydia s'étira et sortit de la grotte pour profiter avec délice des rayons du soleil. En plein jour, la forêt apparaissait moins menaçante que quelques heures auparavant. Levant la tête pour observer le ciel à travers les feuillages, elle constata que la matinée était bien avancée. Enfin... si le positionnement du soleil n'avait pas changé lui aussi. La nuit avait été plus qu'agitée et forte en émotions, bien que la lumière du jour rende l'atmosphère moins effrayante, cela n'apaisait pas la jeune femme pour autant. La peur d'être en terrain inconnu et totalement seule lui serrait les entrailles. Un mouvement à ses pieds lui fit baisser les yeux pour observer le drôle de félin, qui lui emboîtait désormais le pas dans chacun de ses déplacements.
– Si tu as l'intention de me suivre, autant te donner un nom, annonça Lydia s'adressant au félin qui la fixait avec des iris émeraude.
Tout comme les chats, cette créature possédait une vue nocturne et donc des pupilles qui s'adaptaient à la luminosité. Ce qui expliquerait que les billes sombres de la nuit dernière aient laissé place à ce regard si coloré. La créature avait arrêté de se mouvoir et attendait sagement qu'elle fasse sa déclaration. Avait-elle compris ce qu'elle disait ? Était-elle bien une créature magique à l'intelligence plus développée qu'un simple animal ?
– Que dirais-tu d'Isalyne ? C'est un nom ancien que l'on attribuait aux femmes nobles au caractère fort. Ma première chatte s'appelait comme ça. Tu es bien une femelle, n'est-ce pas ?
Le chat multicolore cligna des yeux comme pour accepter la proposition. Cela dérouta la jeune sorcière, qui se montra encore plus méfiante vis-à-vis de l'étrange créature. Elle n'avait plus le temps de tergiverser et devait trouver un moyen de rentrer au plus vite chez elle. Sa mère devait s'inquiéter et Gloria allait lui remonter les bretelles pour son échec. Quoi que la découverte d'un nouveau don pourrait plus facilement faire passer la pilule.
– Allez en route ! Il faut que je me mette à la recherche d'une bonne âme qui veuille bien m'aider.
Elle marcha dans les bois une bonne partie de la journée avant d'atteindre un sentier de terre qui traversait des champs. Elle commençait vraiment à désespérer, le paysage champêtre s'étendait à perte de vue et le chemin semblait interminable. Le climat et la flore étaient semblables à ceux du Village de la Forêt, par conséquent, elle ne devait pas se trouver bien loin. Son téléphone refusait toujours de capter le moindre réseau malgré ses supplications silencieuses. Fort heureusement, l'arrivée de Lydia au niveau d'une fontaine la rassura, cela voulait dire que ce sentier était couramment emprunté.
Elle s'y rafraîchit lorsqu'un son strident lui parvint. Elle se retourna aussitôt pour repérer son origine et ne put manquer l'immense nuage de poussière qui se dirigeait vers elle. À première vue, elle identifia une petite tempête de sable, mais au fur et à mesure de sa progression, tout autre chose se dévoilait à son regard. Une masse aux contours flous commençait à se dessiner dans la vague de poussières et des sonorités étranges semblables à des cris se firent entendre. Lydia crut distinguer un animal à sabots, aux poils noirs et aux longues oreilles plaquées sur sa tête. La bête fonçait droit devant lui, tête baissée, sans aucune intention de ralentir. La jeune femme se trouvait sur sa trajectoire.
Avant de se faire piétiner, elle s'efforça de s'écarter de son chemin. Dans la panique, Isalyne slaloma entre les jambes de Lydia, ce qui fit chuter la sorcière. À grande peine, elle réussit à se mettre à genou pour constater qu'il était désormais trop tard pour fuir. L'impact était imminent et, bien qu'elle soit encore fatiguée suite à sa dernière incantation, elle tenta le tout pour le tout. Lydia pensait pouvoir manipuler assez d'eau de la fontaine pour faire ne serait-ce que glisser le quadrupède en déviant sa trajectoire. À son immense surprise, lorsqu'elle tendit les mains vers l'animal ce ne furent pas quelques centimètres cubes d'eau qui furent projetés, mais bien la totalité de la fontaine.
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