Devoir n°2 : June Roy


En marchant dans les couloirs en direction de mon premier cours de la journée, je me mis à penser. À tout et à rien. À hier et à demain. À la Lune et au Soleil. À la lumière et l'obscurité. Au blanc et au noir. Et à moi dans tout ça. Ni noire ni blanche, mais grise. Ni lumineuse ni sombre, mais tamisée. Ni la lunaire ni solaire, mais étoilée. Ni passée ni à venir, juste présente. Et ni tout ni rien, seulement fragments.

À peine arrivée dans cette école et déjà je déprimais. Cela promettait... Les choses avaient intérêt à prendre une tournure intéressante sinon... Eh bien j'aviserai.

Ce matin, prise d'un élan de générosité inattendu, j'avais écrit un court mot à ma mère, suite à la confisquation des cristaux de communications des élèves. Par contre je n'avais pu me résoudre à leur confier mon musicial, préférant omettre qu'il séjournait dans ma valise. Cette dissimulation finirait sûrement par être découverte mais en attendant, je m'accorderai une bonne heure de musique chaque soir sous la couette à l'abri des regards.

Je faillis me prendre la porte de la salle Est tellement j'étais perdue dans mes pensées. Je pris rapidement place et la professeur ne tarda pas à arriver.

"Bonjour à tous, je me présente : je suis le professeur Stewart ! C'est moi qui vous apprendrai à vous servir de votre magie ! Tout d'abord, avez vous tous vos livres ?

Devant le oui général, elle commença le cours. Je crois me souvenir que ce fut à la sixième minute que je m'endormis mais je ne me rappelle plus de la seconde exacte. Lorsque plus tard d'un ultime effort je relevai la tête, les élèves rangeaient leurs affaires, le cours se terminait. Ce fut donc bien reposée que je sortis de la classe pour mon prochain cours.

Après cette leçon ~passionnante~, je me dirigeai vers la Tour de l'aile Ouest, qui se trouvait eh bien... A l'Ouest ! La surprise... Pour tout dire, je me contentais de suivre le troupeau des premières années.

Mais avant de prendre le couloir que tout le monde empruntait, je me posai quelques instants à la fenêtre, observant l'horizon parsemé de bois. Un peu plus à droite se trouvait un lac, ou du moins une étendue d'eau. C'était beau. J'avais une irrésistible envie de lâcher toutes mes affaires sur place et de courir vers la sortie pour profiter de ce grand ciel bleu et de ces impressionnantes pelouses. Il me fallut beaucoup d'efforts pour me détourner de cette vision avant de courir rattraper mes camarades.

C'est en entrant dans la pièce éclairée par les rayons du soleil que je me rappelai que notre professeur d'histoire de la magie était Copeland. J'espérai qu'il saurait rendre cette matière attractive....

Avachie sur ma table, je sursautai quand j'entendis des pas arriver. En effet, quelques secondes plus tard, le professeur Copeland franchit la porte. Sans un regard pour nous ni un pardon pour son retard, il ferma les rideaux. Alors enfin, il se retourna et nous parla :

"Bien ! Je pense que nous pouvons commencer ! Sortez vos livres je vous pris. Oh ! Et veuillez y écrire votre nom. Que je puisse vous les rendre en fin d'année.

Même pas un bonjour, même pas un s'il vous plaît, vive la politesse ! Et après on s'étonnait que les vampires aient une aussi mauvaise réputation, mais avec des spécimens comme cela...Copeland venait de descendre profondément dans mon estime.

Chute qui s'amplifia quand une fille arriva en retard et qu'il ne sut dissimuler sa colère en serrant fort la chaise devant lui. Cette fille, au prénom inconnu, abordait une cicatrice à l'œil droit.

Automatiquement je la surnommait Mlle Défigurée. En observant son visage, je me rappelai l'avoir vu hier sortir de ma grande salle. Et au vu de la réaction du vampire, ils s'étaient déjà rencontrés.

Après la descente fulgurante de mon admiration pour Albert Wulfrid Xenophillius Illian Copeland, le cours commença.

Ni une, ni deux, la salle de classe disparut, remplacé par un environnement hostile et inconnu. La voix du professeur résonna, expliquant ce qui s'étendait sous nos yeux. Le cours passa ainsi mais je ne retins pas grand chose, si ce n'est que les trois quarts de la classe était en pleurs devant ce souvenir. Je dissimulai un soupir devant ces petites natures. Bien sûr que c'était dur, mais c'était avant tout le passé. Il était temps que certains et certaines comprennent que nous étions gâtés à vivre dans une époque dénué de problèmes majeurs.

Au moment où le cours allait se terminer, j'entendis des chuchotements qui me semblaient tout sauf amicaux. Non loin, une fille -dont le prénom était je crois le même que le verre, mais laquelle ? ... Telle était la question...- parler à une autre, que je ne distinguai pas dans la pénombre. Finalement je reconnus Mlle Défigurée. Sous mes yeux, j'assistais en exclusivité à un tournoi d'insultes entre Mlle Verre et Mlle Défigurée. Ce fut exaspérée par ma génération que je quittais la salle, sur une phrase de Mlle Verre : "Entre monstres on se soutient". Je me mis à courir pour ne pas gifler l'auteur de cette pharse ou pire. Calme. Calme. Calme. Je remplis ma tête d'une mélodie tandis que je continuais de courir.

I wish I was a sailor with someone who waiting for me...

(Je voudrais être un marin avec quelqu'un qui m'attend)

C'est cela. Inspire. Expire. Ma colère enfouie, je me mis en marche vers les cachots, lieu charmant où se déroulerait le cours de potion.En entrant, je n'aperçus pas le professeur avant de me rendre compte qu'il était accroupis, semblant chercher quelque chose.En nous voyant entrer il se releva et prit la parole d'un ton enjoué :

"Bienvenue les enfants ! Sortez vos chaudrons et vos livres ! On va commemencer les festivités dès maintenant. Nous allons commencer par les philtres d'amour ! Intéressant n'est-ce pas ? Oui oui oui ! Très intéressant ! Vous allez voir !

Comme pour mieux insister sur ses propos, il hocha frénétiquement la tête.

-Bien évidement ce n'est qu'un philtre d'amour temporaire car jouer avec les sentiments d'autrui est dangereux ! Très dangereux ! Vous risqueriez de faire disparaître l'âme de la personne à tout jamais. Oh j'oubliez ! Si vous trouvez, par hasard, une potion de mort sur vos tables. Je vous pris de ne pas la boire... Et de me la rapporter. Vous serez gentils !

Personne ne se leva pour la rapporter, j'en déduisis qu'à moins que le professeur l'ai posée ailleurs, un ou une élève avait prévu un autre destin à cette fiole. Faraway ferait bien d'engager un goûteur pour les temps à venir...

En me penchant sur ma recette, je gémis. Un philtre d'amour... Je demandai au professeur, prise d'un gros doute :

"Rassurez moi Monsieur, les potions que nous fabriquons restent dans cette salle et n'en sortent pas ? Non parce que je ne suis pas sure que donner ces philtres à ses adolescents soit une bonne idée.

-Bien sur ! Je ne suis pas inconscient au point délaisser des adolescents bourrés aux hormones se balader dans les couloirs avec une telle arme !

Il se mit à farfouiller quelque part et j'en profitai pour étaler les ingrédients devant moi.

Je commençai à exécuter les consignes qu'il énonçait au fur et à mesure. "Quand elle commencera à virer au rouge ajoutez-y trois pincées d'asphodèle".

Le cours se passa tranquillement, et je parvins à la fin au résultat demandé. Tout aurait pu être parfait si une élève n'avait pas décidé de créer un jeyser de potion surprise en plein milieu du cours, mais bon. Rien n'était parfait.

Au bout d'un moment je me rendis compte que tout le monde se dirigeai vers un endroit qui ne m'était pas inconnu, la Grande salle. Tout le monde prit place à sa table et ce fut avec lenteur que je m'assis à la table du milieu, celle des Serdragon. Je décidai de trier un peu toutes les données que je possédais sur Faraway et ses maisons.

Cinq maisons.

La mienne, Serdragon était ambitieuse, ou du moins possédait un but bien defini. Nous portions des robes bleus et notre symbole était le dragon. Pour résumer en un mot, je dirais majestueux.

Ensuite il y avait Chimérique. On ne pouvait pas les rater avec leurs robes poussin éclatantes. Ils me donnaient mal à la tête à se balader dans ces accoutrements. D'après ce que j'en savais, c'était des originaux. Couleur : jaune. Symbole : chimère.

Les verts étaient des Keurdencres, mais surtout des rats de bibliothèque. Couleur : verte. Symbole : kraken.

Les blancs se nommaient les Crinlicornes. Je me rappelai juste que c'était des gentils. Couleur : blanc. Symbole : licorne. Quel animal idiot cette licorne...

Et pour finir les violets. Les Fébuleux. Ou les prétentieux. Voire les orgueilleux. Ça rimait en plus. Couleur : violet. Symbole : fée.

Je n'en savais pour pas bien plus.... Légèrement songeuse,je choisis d'utiliser mon temps restant à farfouiller un peu ce château.

Je ressortis de cette exploration vidée. Des couloirs et des couloirs à perte de vue. Plus d'une fois j'avais failli me perdre et c'était toujours avec soulagement que je repérai une pièce familière. Je fut donc contente de retrouver les premiers années pour mon cours de botanique. Le professeur -un homme- arriva et prit la parole:

"Bonjour à tous... Je suis le professeur Bishop, B-I... Ne vous trompez pas si un jour vous avez besoin de l'écrire, j'y tiens ! On va donc pouvoir commencer... Les mandragores donc... Oh quoi que... Si on faisait plutot... Non c'est encore trop...

Ok. Donc il n'avait absolument pas préparé son cours. Formidable... Je sentais que ce cours allait devenir mon préféré... En même temps ce n'était pas comme s'il y avait beaucoup de concurrence hein ! ... J'exagérai quand même un peu. L'histoire nous était présentée d'une manière inhabituelle et la potion était un cours intéressant, même si les philtres d'amour n'étaient pas ma préoccupation première.

J'avais besoin d'être intéressée pour suivre et j'étais assez exigente dans la matière. Peut être qu'un jour ce défaut me passerait mais je n'y croyais pas. Ah vrai dire je ne croyais en rien, si ce n'était à la mort, au malheur, à la douleur et au désespoir. Je n'étais peut-être pas la mieux placée pour en parler mais je les avais tous côtoyé.

Je déprimais de nouveau. Pour me distraire de mes pensées, je laissai le charabia de monsieur B-I-S-H-O-P me distraire et me laisser perplexe. Je ne comprenais vraiment rien à la botanique. En sortant de cours, j'eus l'impression de m'être momentanément transformée en zombie.

Je n'avais tout simplement pas la force d'assister à mon dernier cours, d'autant plus que celui-ci était faune magique. Rester là, immobile, à écouter un cours qui ne m'intéressait nullement ne faisait pas parti de mes plans pour cette fin de journée. Ce fut donc discrètement que je m'éclipsai de la file d'élève pour me rendre face à l'étendue d'eau, hors du château. Au loin la forêt Otori Zé s'étendait jusqu'à je ne savais où. Je ramassai une pierre plate et le lançai, dans l'intention de faire des ricochets. Les dix-neuf anneaux d'eaux qui s'affichèrent réussirent à me rendre le sourire : je n'avais pas perdu la main depuis toutes ces années. Et puis ce sourire, comme tout, finit par disparaître, englouti par la mélancolie des instants passés.

All the thoughts you never see

You're always thinking

Brain is wired, brain is deep

Oh are you sinking ?

Feel the path of every day

Which road you taking?

( Toutes les pensées que tu ne vois jamais

Tu es toujours en train de penser

Le cerveau est large, le cerveau est profond

Oh, es tu en train de couler ?

Sens le chemin de chaque jour

Quel route prends-tu ? )

C'était actuellement mon humeur. L'impression d'être perdue, de ne pas savoir ce que je voulais, ou tout simplement de ne pas être comprise, où que je sois. Le sentiment de penser, mais de ne pouvoir jamais partager. Le mal-être de tout garder pour soi, d'intérioriser, redoutant de bientôt imploser. Et la colère envers moi-même de ne pas savoir comment faire, comment s'en sortir. Peut être que je coulais. Ou peut être que j'avais déjà coulé. Je n'en savais rien. Ou je ne voulais pas savoir.

Je n'en pouvais plus. Je me mis à hurler, comme pour expulser tout cela, toutes ces ondes nuisibles.

Tout ce que je reçus fut un mal de crâne. Comme d'habitude.

Je décidai alors de rentrer au dortoir, et d'attendre que tout le monde rentre. Si jamais quelqu'un remarquait mon absence, je n'aurai qu'à dire que prise d'un mal de tête je m'étais rendue à l'infirmerie. Mais cela n'arriverait pas. Tout simplement parce que c'était facile d'oublier les personnes. Facile de les ignorer. Facile de les blesser. Facile de les tuer. Et facile de pleurer sur une tombe dont on avait soi-même creusé le trou.

Je laissai ma colère s'envoler avec les notes qui résonnaient dans mes oreilles. Là, allongée, seule et bercée par la musique, je me sentais bien. Quand je voyais toutes ces personnes qui s'abrutissaient de médicaments inefficaces, j'avais envie de leur dire de se calmer, de louer un petit bungalow dans un coin paumé et de passer leurs journées à écouter de la musique face au ciel. Et de revenir me dire leur chanson préférée. Peut-être que je devrais devenir médecin. Ou pas, travailler dans un monde qui côtoyait le sang n'était pas du tout une bonne idée. Et puis zut je n'avais que quinze ans.

J'entendis des voix qui parvenaient de la salle commune de Serdragon -ma maison- alors je décidai d'aller les rejoindre. Je m'installai dans un fauteuil et écoutais conversations. Rien de très intéressant ne s'était passé aujourd'hui d'après leurs sujets de conversation. Je m'apprêtai à repartir dans la dortoir feminin lorsque la porte s'ouvrit sur un élève. Habillé en noir, une tâche de sang nimbait le tissu de son pantalon. Celui-ci était frais et l'odeur embaumait la pièce. Je retiens um sursaut et l'observai plus attentivement. Cependant je n'étais pas la seule et l'objet de nos regards prit la parole devant toute cette attention :

"Ne vous gênez pas pour moi, maugréa-t-il

-Déjà à cran la première journée ? Bon courage pour la suite.

Ce fut lorsqu'il me répondit que je compris que c'était moi qui avait pris la parole.

-Ouais j'ai failli donner un aller simple pour l'Enfer à une Chimérique, ricana-t-il.

Chimérique... Je les haïssai juste pour leur couleur de robe abominable.

-Si c'est pour arrêter de se faire agresser les yeux par leurs robes jaune criard je te soutiens.-Tu ne les porte pas dans ton cœur ?

-Trop jaune à mon goût. Pourquoi tu l'as attaqué ?

Je n'eus jamais de réponse. Tout simplement parce que le repas était servi et que la raison de vivre de la plupart des jeunes est la nourriture. "Du pain et des jeux" s'était transformé en "De la nourriture et des rumeurs". Je quittai donc mon interlocuteur pour aller dans la Grande Salle.

Le repas se passa calmement, je mangeai en silence, dans un fond sonore de chuchotements. À vrai dire, j'avais hâte de rentrer me coucher, si bien qu'une fois le dessert englouti je rentrai dans mon dortoir en courant, histoire de faire un peu de sport. J'avais besoin de me dépenser pour bien dormir, et ce n'était pas une journée tranquille de cours qui m'assurerait une longue nuit sans rêves.Ce fut donc au petit trot que je franchis la porte du dortoir, avant de me déshabiller pour enfiler un pyjama. Une fois allongée, je me mis un fond musical et fermai les yeux, plongeant dans le noir du néant annonçant le sommeil.

Note : Les paroles en anglais sont extraites de deux chansons de Pearl Jam, Whislist et Unthought known.

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