Chapitre 8 : Dommages collatéraux

Heyyyyy ! Comment ça va ??? Moi assez bien, je suis remotivée en écriture, et les cours ne me submergent pas encore (merci les vacances) donc je suis assez relax et bien en ce moment.
Bref, au programme du jour, une bonne nouvelle pour Tam_Hope : on voit Andreï dans ce chapitre !
Allez, je vous laisse avec HarryStranger, et bonne lecture !

Hello ! Bon j'en ai pas pour très longtemps, j'ai du boulot. Mais franchement, le chapitre... Incroyable ! Surtout la fin ! Ici on aime beaucoup les fins. Bref sinon j'ai une tendinite à la hanche mais c'est compensé par le fait que j'ai eu la fève aujourd'hui ! Bonne lecture ^^

Chapitre 8 : Dommages collatéraux

Irina ne trouva pas la salle des archives, et Abramov ne semblait pas avoir été informé de  son existence depuis qu'il était devenu professeur une quinzaine d'années plus tôt. Mais dans le mois qui suivit la découverte du carton et le début de sa mission, elle était tout de même parvenue à récupérer des informations auprès de ses professeurs pouvant aider Jar-Ptitsa. À son plus grand étonnement, elle s'était découverte prenant du plaisir à jouer l'agent double. Lorsqu'elle rentrait dans les salles où se trouvaient ses entraînements, elle rentrait dans un rôle de jeune femme à peine adulte, qui venait de prendre dix-neuf ans au début du mois de Mars, encore naïve et qui posait des questions idiotes aux yeux des professeurs. Mais derrière la barrière de l'innocence et de l'inexpérience qu'elle s'était bâtie depuis le début, elle plaçait parfois une question, dite du même ton que les autres, passant pour une simple curiosité, mais qui lui permettait d'arriver à ses fins. Et elle y prenait un malin plaisir. Voir des adultes qui se croyaient bien plus intelligents se faire duper ainsi la faisait rire intérieurement, et ce qu'elle avait pensé être une mission compliquée s'avéra être un jeu des plus divertissants. Et les conséquences étaient moindres, si ce n'est bénéfique pour la population de Russie. Enfin c'était ce qu'elle croyait.

C'était un vendredi après-midi, Natasha était en option espagnol. À la plus grande incompréhension de son amie, la blonde adorait les langues, et elle avait donc décidé de s'en rajouter une deuxième dans son emploi du temps. Et contrairement aux deux heures d'option littérature d'Irina qui étaient deux jours différents, les deux heures d'options de Tasha se trouvaient à la suite. Ce qui donnait donc une période assez longue à Irina sans son amie.

Mais cela l'arrangeait bien ce vendredi ci, car les dix-neuf ans de Tasha arrivaient eux aussi, trois jours plus tard. Et à son plus grand désespoir, Irina n'avait pas réussi à lui trouver quoi que ce soit comme cadeau jusque là. Elle avait donc profité de son temps libre pour rejoindre Misha en ville, qui lui aussi avait besoin de trouver un cadeau, et, malgré tout ce qu'il pouvait dire, n'avait lui aucune excuse quant à son retard.

Irina rentrait donc de Sokomin, et il lui restait toujours un peu de temps avant de retrouver Tasha pour aller au dernier cours de la semaine, elle en profita donc pour faire ce qu' elle faisait depuis un mois lorsqu'elle avait du  temps libre : chercher les archives. Elle se trouvait dans la bibliothèque, à longer le mur du fond à la recherche d'une porte secrète, ou simplement cachée par la poussière accumulée sur le mur — de l'avis d'Irina, le ménage devrait être fait plus souvent à l'Académie, c'était comme s'ils désiraient que l'endroit ait l'air d'une bibliothèque de manoir hanté.

Elle cru soudain apercevoir ce qu'elle cherchait, quand elle vit un rectangle découpé dans la paroi. Mais quand elle s'approcha, ses espoirs furent déçus. C'était ce qui s'apparentait à une vieille porte d'ascenseurs, celle où l'on devait ouvrir manuellement les deux grilles. Au-dessus de la porte se trouvait un cadran indiquant le niveau de l'ascenseur. Il n'en comportait que deux : "haut", et "bas". L'aiguille étant sur "bas".

Par curiosité, Irina ouvrit la porte. Étonnamment étant donné son ancienneté, elle coulissa facilement. Elle devait donc encore servir. C'est pour cette raison que la jeune fille eut le courage de rentrer dedans et d'appuyer sur le bouton permettant de monter. Un voyant rouge s'alluma pour indiquer que les portes étaient ouvertes. Évidemment. C'était des portes manuelles. Une fois cette tâche effectuée, la cabine s'ébranla et se mit en marche.

La montée fut plus lente que les ascenseurs de verres, et moins divertissante étant donné qu'on ne pouvait voir autre chose que le miroir sali de poussière, mais elle fut surtout très chaotique. Irina fut donc très heureuse quand la machine s'arrêta enfin. Elle ouvrit les portes, et fut surprise de recevoir un coup de vent très puissant qui la fit vaciller. Elle se reprit et créa un bouclier magique avant de s'avancer sur ce qui s'apparentait être le toit de la bibliothèque. Lorsqu'elle s'en rendit compte, sa mâchoire tomba. La vue était à couper le souffle. Celle de la baie vitrée du bâtiment était déjà belle, mais d'ici, sur le toit, sans glace tachée de traces de doigts, encore plus haute donc portant au deçà de la montagne en face de celle de l'Académie, elle était juste merveilleuse.

C'est alors qu'Irina remarqua qu'elle n'était pas seule sur ce tout. Un jeune homme blond habillé d'un costume noir était assis sur le bord, les jambes pendant dans le vide. La magicienne vit alors la canne au pommeau de cristal à ses côtés et le reconnut. C'était Andreï. Il avait la tête baissée, et jouait mollement avec son habituel chapeau accordé à son costume.

La curieuse bonne humeur de la jeune femme disparu derrière l'inquiétude pour son ami qui n'avait pas l'air bien. Il avait perdu son habituelle bonne humeur et jovialité pour une aura de tristesse et de nostalgie.

« Andreï ? » Irina s'était approchée, prête à réconforter son camarade de littérature. Elle se rappela soudainement qu'il avait séché le cours du matin, pour la première fois depuis des mois. Il avait commencé à venir plus souvent lorsqu'ils étaient devenus amis, jusqu'à ne plus rater aucun cours, appréciant la compagnie de la jeune femme. Quelque chose n'allait clairement pas.

« Salut chérie… » Il avait relevé légèrement la tête et avait eu un petit sourire, mais sa voix semblait éteinte. « Tu as trouvé ma cachette secrète on dirait. »

Avant qu'il ne rabaisse la tête, Irina aperçut que ses yeux étaient rougis, comme s'il avait pleuré. Elle remarqua aussi que sous sa veste noire, la chemise qu'il portait ainsi que son gilet étaient noirs, alors qu'il mettait toujours un point d'honneur à porter de la couleur. On aurait dit une tenue de deuil.

Elle s'installa à ses côtés, sans dire un mot. Contrairement à lui, elle n'avait pas osé défier le vide et avait replié ses jambes sous elle, loin du bord. Elle continua à ne rien dire, laissant le pouvoir du silence faire son travail. Elle ne voulait rien forcer, et si ses déductions étaient exactes, elle le saurait car il lui aurait dit de lui-même. Et c'est ce qu'il fit :

« Tu connais Jar-Ptitsa ? » Irina empêcha un petit rire de franchir ses lèvres et hocha la tête. Oui, on pouvait dire qu'elle les connaissait. « Ils ont fait un attentat. Dans ma ville d'enfance, au sud. Ils… » Sa voix se brisa. Il ferma les yeux, comme pour se donner la force de continuer. Irina avait deviné ce qui allait suivre, et cela lui avait enlevé toute envie de rire. « Ils ont tué mes amis. »

Une larme coula sur sa joue qu'il essuya d'un geste rageur.

« Je les hais. Ils se disent des héros, des révolutionnaires là pour aider le peuple. La seule chose qu'ils arrivent à faire au peuple c'est le décimer. Et pour un politique blessé, ils tuent un groupe de quatre jeunes qui faisaient juste traîner ensemble, rigoler. Tout ça pour un putain de politique à la con qui s'en est sorti, et dont la blessure à la jambe ne va rien entraîner comme changement. »

Irina ferme les yeux, pour tenter de se calmer. Elle avait envie de descendre aux salles de classe et d'entrer dans celle d'Abramov pour le confronter. Elle le ferait sûrement. Mais plus tard, pour le moment, elle devait s'occuper de son ami.

La jeune femme n'était pas très douée pour consoler, mais elle fit quand même de son mieux. Elle ne pouvait remplacer la perte qu'il avait vécu, mais elle pouvait être là pour l'aider à la supporter. Elle se rapprocha donc de lui, ne sachant trop quoi faire, surtout avec Andreï qui n'avait jamais été très émotif, toujours renfermé sur lui-même. D'après Irina, il gardait toutes ses émotions en lui en se disant que s'il n'en parlait pas, elles pouvaient être ignorées.

Maladroitement, elle passa donc un bras autour de ses épaules pour lui offrir un soutien corporel, comme ce qu' elle aurait voulu dans ce cas. Il se tourna vers elle et eut un faible sourire.

« Merci chérie. » Il ajouta un petit clin d'œil comme il le faisait à chaque fois, mais même ce petit geste était empli de tristesse. Et cela brisait le cœur d'Irina. Elle n'avait pas les mots nécessaires pour pouvoir le réconforter. Il venait de perdre quatre personnes auquel il tenait énormément, qu'il connaissait sûrement depuis toujours. Disparus, comme ça, en l'espace d'une seconde. Elle ne pouvait imaginer ce que cela faisait. Un instant elle s'imagina ses parents mourir, ou Natasha, mais elle repoussa tout de suite ces pensées loin dans son esprit. C'était trop douloureux.

Ils restèrent quelque temps comme ça, assis sur le dos, côtes à côtes, sans un bruit. Puis soudain, Irina vit la main d'Andreï se crisper, son poing se fermer comme une tentative pour contenir sa colère. Elle le sentait à deux doigts de craquer, elle sentait sa magie pulser en lui, énervée, avec une envie de sortir et de tout détruire autour. Ça l'effrayait un peu. Ça la fascinait beaucoup. Jamais elle n'avait pû sentir la magie chez quelqu'un sans qu'il ne l'utilise, mais la colère d'Andreï semblait si intense, cela se ressentait dans tout son être, et elle pouvait donc sentir ce besoin de se défouler qui se transmettait par la magie.

« Je me vengerais, dit-il. Je ne sais pas comment, ni quand. Mais je me vengerais. Ils sont morts pour rien. Boris, Alina, Vanya et Mark. Je leur ferais retenir leurs noms, puis je me vengerais. Des gamins de vingt-et-un ans, morts pour rien. Mais je les vengerais. Je le jure. Ils paieront. » Il s'arrêta, et se tourna vers Irina. « Tu m'aideras ?

— Bien sûr !, répondit-elle sans réfléchir.

— Merci Irina. Vraiment. » Il l'avait appelé par son prénom, chose assez rare pour être notée, comme si son utilisation permettait de sceller cet accord.

Il se leva alors, regarda la ville en contrebas et hurla une nouvelle fois sa promesse, avec l'immensité du vide et la vie à ses pieds comme témoins. Puis il attrapa sa canne, remit son chapeau sur sa tête, et s'en alla, sa veste longue volant derrière lui, le faisant ressanbler à un spectre noir de colère, avide de représailles.

Irina ne savait que penser. Allongée sur son lit, dans le noir de la nuit, elle se repassait le fil de sa rencontre avec Andreï dans sa tête. Après coup, elle commençait à avoir peur. Et s'il apprenait qu'elle travaillait pour Jar-Ptitsa ? Comment réagirait-il ? Se vengerait-il sur elle ? Et surtout, la question la plus importante, la plus effrayante : aurait-il raison ? Et si les informations qu'elle avait récoltées avaient mené à cet attentat ?

Par respect pour son ami, elle n'avait pas parlé de cet épisode à Tasha, et son support lui manquait cruellement. Car la culpabilité commençait à arriver, elle et ses dents qui rongeaient ceux qu'elle prenait pour cible. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle aurait pu éviter cette catastrophe si elle avait posé plus de question, si elle avait encore plus insisté auprès d'Abramov pour éviter les blessés. Elle avait deviné qu'il était une personne haut placée de Jar-Ptitsa, il devait bien avoir une certaine autorité sur ça. Et surtout, elle se demandait ce qu'elle ferait quand Andreï déciderait de se venger.

Elle lui avait promis sur un coup de tête de l'aide qu'elle n'était pas sûre de pouvoir accorder. Et elle était sûre que cela lui retomberait dessus un jour. Un jour ou l'autre elle devrait lui dire la vérité, et ce jour ci, elle perdrait très certainement un ami cher. Et elle n'imaginait pas ce que ce serait pour Andreï, qui avait lui déjà perdu ses amis, qui se retrouverait trahi par une fille en qui il avait confiance. C'était un véritable casse-tête, et la culpabilité avait maintenant terminé de faire son nid dans celle-ci afin de s'y installer pour elle ne savait combien de temps.

Irina se tournait et se retournait dans son lit, sa tête refusant de se taire, la faisant se sentir mal. La culpabilité avait dû prendre domicile près de son oreille car une petite voix lui répétait régulièrement toutes ses interrogations, la faisant se sentir mal, l'empêchant de dormir. Elle y arriva inévitablement, mais pas avant un long et douloureux moment.

Le lendemain, elle n'en pouvait déjà plus. Durant le devoir de magie du quotidien prévu ce samedi là, son esprit dérivait sans cesse, à tel point qu'elle eut fini le devoir en même temps que le reste de la salle, un retard très significatif pour elle. Elle se devait de savoir si c'était sa faute. Et qui était responsable si ce n'était elle. Pour déloger la culpabilité, et pouvoir réellement aider Andreï. Elle devait donc voir M.Abramov.

Elle alla donc à son bureau dès qu'elle pu, et frappa vivement à la porte. Une voix l'a fait entrer et elle se rua à l'intérieur.

« Irina Arcadievna ! Que me vaut cet honneur ? Et qu'est ce donc que la chose qui vous mets dans cet état ?

— Jar-Ptitsa, dit-elle froidement. Ils ont commis un attentat jeudi. Dans un petit village du sud. Ils ont blessé un politique et tué au moins quatre jeunes, innocents. Est-ce que c'est à cause de mes informations ? »

Le professeur se gratta la nuque et détourna le regard.

« Je suis désolé pour les victimes civiles. Tu les connaissais ?

― Répondez à ma question. Est-ce. De. Ma. Faute.

― Non. Cet attentat a été réalisé en vitesse, il était inattendu. On a juste appris que notre cible passait par là, et on a décidé d’attaquer. On pensait qu’en le touchant lui, cela pourrait avoir un impact significatif : il fait partie de ceux qui entretiennent la crise. C’était nécessaire, il fallait envoyer un message.

― Bien sûr, c’est toujours une question de message ! Ça blesse quelques personnes ? Pas grave, c’est pas comme si Jar-Ptitsa existait pour protéger les civils victimes de la crise économique. Oh, attendez. Mais c’est le cas ! Vous êtes devenu ce que vous vouliez empêcher ! Vous allez encore me dire que c’est pour le bien commun, que quelques victimes pour protéger des millions de gens est  négligeable, mais non. Ça ne l'est pas. Vous pensez exactement comme les personnes que vous combattez : il y a vous, que vous voulez protéger, avantager, et le peuple qui subit. Vous vous êtes créer votre propre élite. Je refuse de continuer à vous aider si vous n’essayez pas un minimum de faire changer les choses ! Je ne veux pas participer aux meurtres que vous commettez. Car c’est cela que vous faites. Des meurtres. Vous assassinez le peuple russe, et les quatre victimes de jeudi ne sont malheureusement pas les seules…

Et Irina se retourna, sortit en trombe de la pièce, et claqua la porte derrière elle. Son expression énervée aurait effrayé quiconque passait par là. Mais elle la perdit soudain quand elle le vit. Andreï. Et elle avait oublié d’insonoriser la pièce. Et son regard montrait qu’il avait tout entendu. Qu’il avait entendu qu’elle travaillait pour Jar-Ptitsa, même si elle avait l'air contre leur méthode, elle restait une de leur informatrice, et c’était sûrement ce qu’il avait retenu, la tristesse et la colère bloquant sa raison.

« Andreï… » tenta-t-elle de l’interpeller, mais il fit volte-face et fuya dans les couloirs de l’Académie.

Ahah ! Que de drama ici ! Mais malheureusement, il vous faudra attendre deux semaines pour avoir la réaction d'Andreï, dans le chapitre 9 (Ouah, déjà) : double jeu. Jusque là, vous pouvez toujours me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre. À plus !

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