Chapitre 2 : Survivre
#petite info à propos des patronymes !#
Il y a en Russie quelque chose qui s'appelle le patronyme. En bref, c'est le deuxième nom d'une personne, qui est construit à partir du nom du père suivit d'une terminaison (en général, -vitch pour les hommes et -vna pour les femmes). Les patronymes sont quelque chose d'important, et en Russie, lorsque l'on veut parler à quelqu'un avec respect, on dit pas Monsieur/Madame Machin, mais le prénom suivit du patronyme (comme je l'ai fait à la fin de ce chapitre). Pour les professeurs j'ai gardé M/Mme. Truc parce que je suis plus habituée et que je ne savais pas si on utilisait le prénom+patronyme ou le nom. Du coup par défaut j'ai mis le nom.
#Fin de l'info sur les patronymes#
Heyyy !
Je suis de retour ! Et voici mon chapitre 2. Et je commence ma note par un flashback de celle du premier post :
"Je vous le dis tout de suite, je n'en suis pas satisfaite. Il me semble pas naturel et assez décevant, il y a un petit passage que j'aime bien mais je trouve le reste un peu rapide et pas satisfaisant. Mais bon, je pense pas pouvoir faire mieux."
Et bien je vais vous dire un truc, après relecture et quelques petites corrections, je le préfère ! Il est pas encore parfait, mais il est pas si mal
Bref, je vais laisser la parole à mes chères bêtas, bonne lecture ! (À ma bêta en fait, Marie n'avait pas eu le temps de faire sa note, et j'ai pas pensé à lui en redemander une (je rappelle que ce sont les notes de la première publication))
Hello ! Lina à l'appareil ! C'est avec grand plaisir que je vous retrouve aujourd'hui pour (quoiqu'en dise Camomille) un très bon chapitre (et trop court mais je lis trop vite, vous pouvez demander à Camille).(NDA : il n'est pas court. Pour ma mesure habituelle de chapitre il est même bien rempli xD) On rentre déjà dans le vif du sujet et c'est très prenant, vous allez voir ;) Bonne lecture ^^
Chapitre 2 : Survivre
« Alors, où souhaitez-vous que je vous conduise ? »
Le petite frère de Natasha sautillait devant sa sœur et sa meilleure amie, excité de les retrouver en ce weekend d'octobre.
« On veut juste se balader dans le secteur touristique, moucheron. »
Irina rigola et Misha grogna. Alors que la première trouvait le surnom que Tasha donnait à son frère adorable, le deuxième n’était pas de cet avis :
« C’est ridicule comme nom, tu avais dit que tu arrêterais !
— J’arrêterais quand ça ne t’embêtera plus, moucheron. »
Misha roula les yeux aux ciels. La relation entre le frère et la soeur était très forte, et parfois, Irina les enviait. Elle était fille unique, et bien qu’elle ai toujours été proche de ses parents, elle aurait aimé avoir un frère ou une sœur avec qui jouer ou se chamailler comme le faisaient ses deux guides.
C'était la quatrième fois qu'Irina passait son week-end dans Sokomin, et c'était la quatrième fois qu'elle s'émerveillait de l'activité de la ville et de l'ambiance amicale qu'elle dégageait. Elle ne connaissait que le secteur touristique et celui des affaires, mais elle pensait que, déjà, elle était familière avec les rues sinueuses du premier et celles larges du second.
Tasha se retourna vers son amie qui était resté derrière elle et son frère alors qu'ils se lançait des piques, et l'interpella :
« Ira ! Le moucheron veut nous emmener au bord de l'Iéna, tu es d'accord ? »
L'appellation lui value une tape de Misha, qui partit en courant presque vers la rivière dès qu'Irina lui répondit à l'affirmative. Cette dernière se mit au niveau de Tasha et dit tout en levant un sourcil :
« Les bords de l'Iéna ? On les appelle la balade des amoureux, si je ne me trompe.
— Si l'intention de mon frère est de t'y emmener pour ça, il va être déçu quand tu va lui annoncer que tu es lesbienne. »
Irina rigola pour cacher sa déception. Ce n'était pas la réponse qu'elle avait espéré. Mais elle continua d'avancer, repoussant au fond d'elle des sentiments qu'elle préférait refouler que dévoiler au grand jour et tout gâcher.
Après quelque minutes de marche, le trio atteignit enfin la fameuse balade. Elle était large d'au moins une vingtaine de mètres, et pavée d'un assortiment de gris et de blanc. Lorsque l'on portait son regard de l'autre côté de l'eau bleue, on voyait les bâtiments administratifs, les constructions chics abritant des bureaux ainsi que les écoles du secteur des affaires, tous surplombés par l'Académie de Koldovstvo qui semblait observer la ville depuis son perchoir sur la montagne.
Mais lorsque l'on se retournait, que l'on regardait au-delà de l'avenue, au-delà de la route et de l'allée d'arbre, on voyait les prémices du secteur pauvre. Irina avait volontairement occulté cette partie de la ville de ses visites, tout comme le secteur industriel de l'autre côté de l'aérodrome, pour des raisons évidentes : étant fille d'une pharmacienne et d'un architecte, elle avait grandi dans un certain confort. Confort que ne pouvait se permettre la grande majorité du pays, ceux qui vivaient dans ce quartier. Et s'aventurer dans ce genre de quartier l'effrayait.
L'endroit avait pourtant dû être accueillant il y a un temps, avec ses petites maisons qui auraient été chaleureuses si elles n'avaient été si délabrées, l'église avec ses oignons peints d'or mais dont la couleur s'estompait et les habitants qui devaient être très aimables. Mais la crise économique était passée par là, ravageant tout sur son passage.
Tout, ou presque. Les grands bourgeois avaient beau avoir perdu un peu d'argent, ils restaient aisés, et après quelques années ils avaient même commencé à profiter de la crise en utilisant par exemple la demande forte d'emploi pour payer d'un salaire ridicule leur main-d'œuvre. Les Kniazev et leurs idéaux d'égalité et de paix n'avaient pas utilisé ce type de méthodes mais ils avaient tout de même réussi à garder une certaine aisance financière.
Malheureusement, le reste de la population n'avait pas subi le même traitement. Ils avaient été malmenés, traînés dans la boue, avaient subi famines après famines et presque personne ne faisait rien pour les aider. Il y avait bien un groupe de pseudo résistants contre le gouvernement qui jouait les robins des bois, mais ils n'avaient que peu d'impact, et étaient souvent violents. Depuis que la maladie qui avait attaqué toutes les plantations de céréales du pays il y a dix ans, les russes vivaient dans la misère, bien que le Fléau se soit arrêté quelques années auparavant.
Irina avait donc été préservée de cette crise grâce aux métiers plutôt prestigieux de ses parents, mais lorsqu'elle avait quitté des yeux la beauté du secteur des affaires pour les poser sur l'horreur du secteur pauvre où les rues semblaient plus sombres et plus sales que nul part ailleurs, elle se rendit compte de la misère dans laquelle vivait son pays. Une simple rivière séparait deux univers, et devoir observer chaque jour depuis des fenêtres crasseuses la splendeur que pouvait être Sokomin devait être atroce.
Ne pouvant supporter le spectacle de la souffrance plus longtemps, Irina détourna les yeux, les reportant sur ses amis qui ne semblaient pas remarquer le quartier démuni. Peut-être étaient-ils habitués à le voir, vivant depuis enfants dans cette ville, dans le secteur aisé de l'autre côté de celui pauvre. Mais pouvait-on vraiment s'y habituer ?
La jeune femme chassa ces pensées de son esprit. Elle ne voulait pas y songer. Pas aujourd'hui. C'était une belle journée d'automne où le thermomètre avait réussi à grimper jusqu'à onze degrés, le devoir de sciences que les magiciennes avait eu le matin s'était bien passé — surtout pour Irina — et la seule réflexion qui avait le droit de traverser son esprit était : "Mais qui est donc cette fille à qui Misha parle ?"
En effet, le jeune homme discutait avec une blonde plutôt mignonne qui semblait avoir son âge, et avait l'air assez embarrassée. Tasha arborait un air inquisiteur, les observant échanger à quelques mètres de là où elle et Irina se trouvaient.
« Tu crois que c'est sa petite amie ? Elle a l'air gentille tu trouves pas. J'espère que ce n'est pas une manipulatrice qui a pour seul but de lui briser le cœur !, plaisanta Tasha, avant de continuer d'un ton très sérieux : Si elle touche à ne serait-ce qu'un cheveu de mon petit frère, je te préviens que je vais savoir faire usage de mes poings et des sorts qu'on a appris en magie défensive. Elle n'a pas intérêt à lui faire du mal. Il faut qu'il arrête de lui parler tout de suite ! Sinon, elle va lui briser le cœur !
— Tu n'as pas dit il y a juste une minute qu'elle avait l'air gentille ?, répondit Irina dans un sourire, amusée par le côté surprotecteur de Tasha envers son frère.
— Mouais, si elle ne lui fait pas de mal… »
Elle jeta un énième regard tueur à la pauvre jeune fille. Misha semblait avoir retrouvé son assurance à force de discuter avec son amie, et il s'était enfin décidé à la présenter à Irina et Tasha.
« Mesdames, j'ai l'honneur de vous présenter Olga Nikitovna, annonça-t-il en grande pompe, avant de faire une pause, puis de continuer dans un filet de voix :
— Ma petite amie. » Il jeta un coup d'œil inquiet vers sa sœur, appréhendant sa réaction.
Mais, contre toute attente au vu de sa réponse surprotectrice un instant auparavant, Tasha afficha un grand sourire et commença à questionner son petit frère et Olga sur tout et rien, mais surtout sur leur couple. Cette réaction pleine de joie était bien Natasha : incapable d'éprouver des sentiments négatifs envers quelqu'un, toujours gentille et agréable.
Le petit groupe passa le reste de l'après-midi sur les berges de l'Iena, à marcher en direction de l'aérodrome et à rigoler avant que les deux magiciennes ne doivent retourner à l'Académie.
***
Le weekend s'était terminé trop vite, et déjà, le lundi était revenu avec sa dose de cours. Au moins, ils n'avaient pas de langue ce jour-là.
Irina et Natasha étaient en classe de magie élémentaire, et, comme depuis quelques temps, le cours de M.Abramov était à propos de la magie de l'eau. Depuis la seconde moitié de l'heure, des nuages de brumes envahissaient donc la salle, seul résultats que les élèves réussissaient à avoir en convoquant l'humidité ambiante. Un nuage bleu cyan dû à la magie utilisée flottait aussi dans l'air, donnant une apparence mystique à la scène.
— Concentrez-vous ! Laissez la magie vous envelopper, laissez la devenir partie ambiante de votre corps, ce n'est que comme cela que vous aurez la force de réunir les molécules d'eau et d'en faire quelque chose de plus solide qu'une petite bruine !
Irina n'avait pas encore essayé pour le moment, elle aidait plutôt Tasha a réussir, sans grand succès. Elle était vraiment une piètre professeur, mais son amie était tout de même parvenue quelques minutes plus tôt à créer un petit nuage qui s'était malheureusement dispersé dès que sa concentration s'était brisée en voyant qu'elle avait réussi.
« Il ne vous reste plus beaucoup de temps avant que l'heure ne se termine ! », alerta M.Abramov.
C'est à ce moment que Irina se décida à essayer à son tour. Elle ferma les yeux. Inspira, expira, et leva les bras. Une bulle de magie s'était formée autour d'elle, et aspirait toute l'humidité de la pièce vers ses mains qui se faisaient face devant sa poitrine. Au milieu, une goutte d'eau apparaissait. Elle grossissait à vue d'œil et devint rapidement assez grande pour remplir l'espace entre ses deux paumes.
La magicienne ouvrit les yeux. Ayant déjà senti qu'elle avait réussi, sa concentration resta intacte lorsqu'elle aperçut l'énorme boule d'eau qu'elle avait formée. Un silence admiratif s'était abattu sur la pièce.
Irina n'avait pas douté une seconde qu'elle réussirait. Mais voir l'admiration des autres lui gonfla le cœur de fierté : son orgueil était comblé. Elle se laissa aller à sourire d'un air satisfait. Elle adorait la magie.
« Bravo Irina ! C'est ce que j'attends du reste de vous à la fin du mois. Vous pouvez vous entraîner entre les cours, essayez juste de ne pas inonder l'école ! Le cours étant terminé, vous pouvez donc partir. Madame Kniazeva, pourrais-je avoir un mot avec vous ? »
Tasha regarda son amie avec un air interrogateur mais celle-ci haussa les épaules. Irina ne savait pas du tout ce que son professeur lui voulait. Elle indiqua à la blonde d'aller commencer à manger sans elle, le temps qu'elle discute avec leur professeur.
Lorsque la salle fut vidé, M. Abramov se retourna vers la jeune femme avec un sourire et annonça :
« Irina Arcadievna, j'aimerais vous apprendre à survivre ! »
La magicienne arbora une expression confuse qui fit rire son professeur. À survivre ? Qu'entendait-il par là ? Elle survivait très bien, elle était toujours vivante à priori.
« Laissez-moi vous expliquer mes raisons avant de faire cette tête. Voilà, vous êtes une jeune femme talentueuse pour ne pas dire prodigieusement douée. Et je ne pense pas vous étonner si je vous dis que le monde est… Et bien, si je vous dis que le monde est un endroit rempli de requins où personne n'hésite avant de faire des actes douteux pour arriver à ses fins. Et vous Irina Arcadievna, vous allez devoir être confrontée à ce monde, et à ses intrigues. Surtout par les temps qui courent. »
« Je vais vous faire une confidence : je suis membre d'une organisation appelée Jar-Ptitsa. Je pense que vous nous connaissez, au moins de nom. Et mon objectif de vie est de faire en sorte de vaincre la crise économique et ceux qui l'entretiennent : le roi et les riches aristocrates. »
« Les professeurs de cette école sont pour la plupart des hommes et femmes à la solde du gouvernement, qui n'ont peu de choses à faire du peuple et de la crise qu'il traverse. Ils essayeront de vous convaincre qu'ils n'y peuvent rien et que la seule chose que nous pouvons faire est d'anéantir Jar-Ptitsa car nous ne sommes qu'un groupe de terroristes qui empêche le gouvernement de bien fonctionner. Et bien je ne suis pas d'accord. Je sais que nous pouvons faire bouger les choses, et je sais que vous serez d'accord avec moi. Mais pour cela, il faut que vous soyez prêtes à affronter le "vrai" monde. Je vais être honnête avec vous Irina Arcadievna, je vous parle de cela car en qualité de prodige je sais que vous serez un atout important pour Jar-Ptitsa, et je voulais vous recruter avant que d'autres ne le fasse.»
Irina cligna des yeux, essayant d'emmagasiner les informations. Son professeur de magie élémentaire voulait qu'elle participe à un mouvement de résistance. Ce n'était pas le genre de chose qu'on vous demandait tous les jours. Surtout qu'Irina n'avait jamais réellement apprécié Jar-Ptitsa.
Le nom du groupe signifiait "oiselle de feu" comme la créature mythique censée apporter à la fois bénédictions et malheurs à ceux qui l'attrapaient. Les malheurs de l'organisation s'abattaient sur les fortunés du pays auxquels ils volaient, et les Jar-Ptitsa bénissait ensuite les plus démunis avec l'argent récupéré. Cela aurait pû être une bonne méthode si la plupart des vols ne s'accompagnaient pas d'attentats qui, trop souvent, blessaient — voir tuaient — des civils.
Les parents d'Irina avait depuis toujours élevés leur fille dans une optique de paix et de pacifisme, la jeune femme n'arrivait donc pas à cautionner ce type d'actions. Irina fit part de son scepticisme à son professeur, et ce dernier enchaîna.
« Sachez que l'on n'obtient rien sans rien : si nous ne commettions pas ces … attentats, comme vous dîtes, personne ne connaîtrait notre nom. Nous avons besoin de visibilité, une visibilité qu'on ne peut se permettre en raison de moyens économiques, ne nous le cachons pas, très déficients. Personne de fortuné ne veut se joindre à nous, ils profitent tous de la crise et ne veulent pas de sa fin. Nous, nous faisons quelque chose au moins. Nous essayons. Il y a des bémols, certes, même de très gros, mais avec vous à nos côtés, peut-être que cela s'arrangera. Vous serez un élément important du futur de ce pays, je le sais aussi bien que je sais que vous êtes la magicienne la plus puissante depuis des dizaines d'années. »
Il fit une pause pour laisser ancrer ses paroles dans l'esprit d'Irina, avant de continuer.
« J'ai besoin de vous, Irina Arcadievna. Et je pense pouvoir avancer sans trop me tromper que vous avez bon cœur, et que vous souhaitez vous aussi aider le peuple de Russie qui souffre depuis bien trop longtemps. Alors je vous le demande franchement : voulez-vous nous aider ? Acceptez-vous que je vous apprenne les règles de bases pour survivre dans ce monde rempli de manipulations de toutes sortes ? »
Voilà, j'espère que vous avez aimé, n'hésitez pas à me faire des retours, et à dans deux semaines !
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