Chapitre 18 : Vol
Hello hello hello !
J'espère que vous allez bien, que la chaleur ne vous abat pas trop, et que vous profitez des vacances/de la fin d'année !
On se retrouve aujourd'hui pour un chapitre que j'ai bien aimé écrire. J'aime vraiment la dynamique de mon petit groupe. J'ai toujours eu un faible pour les "found family" comme on dit, et écrire la mienne est incroyable ! C'est mon premier, et il me fait être sûre que ce sera pas le dernier (j'ai tant d'autres idée de livre avec un groupe de potes comme noyau central en plus !)
Bref. Bonne lecture (pas de message de Lina aujourd'hui)
Chapitre 18 : Vol
Le mois de Juillet était arrivé, et avec lui les températures agréables qui accompagnaient toujours ce mois, le plus chaud de l'année à Moscou. Le thermomètre avait réussi à monter jusqu'à 25°C la veille, et Irina se sentait bien. La chaleur lui plaisait. Si elle le pouvait, elle aurait souhaité pouvoir avoir chaud sans arrêt, même en plein milieu de janvier. Maintenant qu'elle y pensait, elle en était sûrement capable grâce à sa magie, un sort thermique sur sa peau pourrait marcher. Elle avait aussi entendu parler de sort posés directement sur le cœur. Mais elle n'avait pas à s'en inquiéter pour le moment, car le soleil était au beau fixe, et elle en était heureuse. C'était bien l'un des seuls éléments satisfaisant dans sa vie.
Sa vie à la cour était monotone jusque là, et assez fatigante. Elle devait constamment garder en place sa comédie, pour continuer à faire croire à tout le monde qu'elle n'éait que cette jeune femme de dix-neuf ans fragile et naïve. Elle trouvait pourtant un semblant de bien être lorsqu'elle rentrait dans sa suite et retrouvait ses amis. Là, elle pouvait laisser tomber toutes les apparences.
La jeune femme s'était rapprochée de Luba depuis leur rencontre, commençant à développer une amitié qui promettait de devenir solide, et régulièrement, la domestique quittait son rôle d'employée pour discuter ou dîner avec les habitants de la suite. Malgré une certaine méfiance toujours un peu présente, Irina avait décidé de faire le plus confiance à sa nouvelle alliée que possible. Elle s'était résolue au fait qu'elle vivait dans un monde où personne n'était digne de confiance, alors elle se reposait énormément sur ceux dont elle était sûre. Et son instinct lui disait que Luba était l'une de ces personnes. De plus, il s'était avéré qu'elle avait des talents précieux comme des facilités pour l'escalade. Talent que le groupe nouvellement formé comptait déjà utiliser.
En effet, en plus de l'arme à feu que Misha souhaitait avoir, Irina avait décidé de trouver à Luba un sabre pour qu'elle aussi puisse elle aussi se battre et se défendre. Elle avait déjà un poignard qu'elle maniait très bien, mais une arme avec une plus grande allonge serait un bon ajout dans le futur. Les armes à feu étant rares et chères, et Luba disant avoir des rudiments en combat à sabre, Irina avait donc voulu lui en fournir un.
Mais malheureusement, lorqu'Irina avait demandé au tsar une arme lors d'un des dîners auquel il l'avait convié, il lui avait ri au nez, et avait dit qu'une jeune fille comme elle n'avait pas besoin de ça, surtout qu'elle avait déjà de la magie. Irina s'était déjà rendue compte qu'il avait peur d'elle lorsqu'il l'avait une fois vu user de sa magie, et se doutait qu'il ne voulait pas la rendre encore plus dangereuse. Donc elle n'avait pas osé insister, voulant garder son image de jeune fille docile, et avait souri en disant qu'il avait surement raison.
Mais à peine retournée dans sa suite, elle avait exposé à ses trois camarades qu'elle comptait bien avoir ces armes, même s'il fallait les voler. Et c'est ce qu'ils s'apprêtaient à faire.
Depuis leur arrivée, Irina et ses deux amis avaient pu visiter et explorer le palais, et savaient donc où se trouvait l'armurerie, là où ils savaient pouvoir trouver ce qu'ils cherchaient. Mais celle-ci était bien gardée, et Irina voulait passer inaperçue, donc les assommer était à oublier. Il fallait donc passer par l'extérieur, et y arriver sans que les gardes devant leur suite ne les voient sortir pour ne pas qu'ils puissent être soupçonnés du vol.
C'est pour cela qu'ils se retrouvaient à déambuler dans des couloirs étroits et mal éclairés, habillés en domestiques, à la suite de Luba, ce qui ne plaisait pas à tout le monde, et surtout pas Andreï :
« Je suis bien content de ne pas porter un de mes costumes, j'aurais détesté le ruiner à cause de toute cette poussière. Personne ne nettoie jamais ces passages ? Je serais même étonné que mes magnifiques cheveux soient encore blonds en sortant !
― Arrête de râler et avance.
― Tes désirs sont des ordres mon cœur. »
Un soupir se fit entendre dans le conduit et Misha se retourna vers Irina pour lui souffler, sans que personne ne l'entende :
« Je te parie mille roubles qu'elle a roulé des yeux.
― Misha, je ne suis pas idiote, je ne vais pas parier contre quelque chose d'aussi évident que cela ! »
Le jeune homme rigola franchement s'attirant un regard interrogateur de la part d'Andreï, ce qui le fit encore plus rire. Irina et Misha avaient pris l'habitude de rire des récurrentes chamailleries entre Luba et Andreï plutôt que de s'en énerver et d'essayer de les faire s'entendre, car c'était perdu d'avance.
Après un moment à marcher dans les passages réservés aux domestiques, le petit groupe déboucha sur une cour bordée d'arbres. Ils se trouvaient dans un coin, et sur le mur à leur gauche se trouvait une porte gardée. Une autre porte se trouvait sur le mur à leur droite, non gardée. Malheureusement, celle qui les intéressait était à gauche, il fallait donc distraire le garde. Toujours cachés derrière la barrière d'arbre, le groupe se mit en quête d'un caillou assez gros pour qu'il fasse du bruit en tombant pour pouvoir attirer le garde par la porte de droite. Mais malheureusement pour eux, le sol était régulièrement nettoyé, et rien de ce qu'il ne trouvèrent firent l'affaire.
Andreï se remonta alors les manches et murmura d'un ton impérieux :
« Laissez-moi faire. »
Il se pencha vers le sol et attrapa une poignée de terre qu'il enveloppa de ces deux mains. Rapidement, des lueurs bleues se firent entrapercevoir entre ses doigts, et lorsque l'alchimiste rouvrit son poing, une pierre de belle taille s'y trouvait.
Un sourire aux lèvres, il marcha le long du mur, dissimulé par les arbres jusqu'à la porte libre, et lança la pierre le plus loin possible. Un bruit sourd se fit entendre, et le petit groupe retient sa respiration, collés contre le mur, en attendant la réaction du garde. Celle-ci ne se laissa pas attendre, et il se dirigea avec méfiance vers la cour juxtaposée à celle où il se trouvait à l'origine.
Le plus vite possible mais sans faire de bruit, le petit groupe alla jusqu'à la porte désormais non gardée, et la traversèrent. Il se retrouvèrent à côté de la façade où se trouvait la fenêtre de l'armurerie. Toujours en se dépêchant, Irina ferma les yeux et appela sa magie pendant que Misha vérifiait que le garde ne revenait pas. Elle devait poser un sortilège sur le pan de mur où se trouvait la fenêtre pour qu'ils puissent opérer sans être vus ou entendus. Elle n'avait pas pû poser de sortilège directement sur le petit groupe, car, même si elle sentait qu'elle pouvait le faire, elle ne savait comment faire bouger le sortilège avec eux. Car pour qu'il soit efficace, elle devait se concentrer pour que l'image qu'elle projetait sur l'écran de magie dissimulant reflète le paysage qu'il cachait, et si sa concentration faiblissait, ou si elle bougeait, l'image devenait flou, et des bribes de magie vertes devenaient visibles. L'écran dissimulateur devait donc être posé sur place pour qu'il soit parfaitement indétectable.
Après quelques instants,Misha fit signe à Irina de se dépêcher : le garde n'allait pas tarder à revenir. Le sort n'était pas encore terminé. Alors, Andreï agrippa le poignet de la magicienne pour l'aider à finir son écran. Elle n'avait jamais été une artiste, et reproduire un paysage s'avérait plus complexe que prévu. Mais avec l'aide d'Andreï qui lui transféra le plus d'énergie possible pour qu'elle n'ait pas à s'occuper de garder en place les parties déjà mises en place, elle pu concentrer tout son pouvoir sur les parties encore à créer. Et lorsque le garde revient à sa place, bredouille, le petit groupe était tout juste devenu invisible derrière un écran reflétant un mur tout à fait normal.
Épuisé, Andreï lâcha Irina qui pouvait maintenant très bien garder l'écran en place seule et se laissa tomber contre le mur, sa mauvaise jambe étendue devant lui. Pour des raisons de discrétion, emmener sa canne qui cognait avec trop de bruit sur le sol était impossible, et marcher devait le faire souffrir. Il avait beau ne pas avoir dit un mot à ce propos de toute leur escapade, Irina le connaissait trop bien pour savoir que même s'il avait été à deux doigts de défaillir, il n'aurait toujours rien dit, et aurait continué. Et l'utilisation successive de sa magie avait aussi puisé dans ses forces, alors elle lui laissait ce repos sans rien dire. De toute façon, ils n'avaient plus besoin de lui.
Luba se positionna alors elle aussi devant le mur, mais dans l'optique de l'escalader et non de s'y adosser. Elle jeta sa tête en arrière, observant la fenêtre trois étages plus haut, se frotta les mains, et monta sur la fenêtre du rez-de-chaussé.
Doucement, la jeune fille progressa, étage après étage, encadrement de fenêtre après encadrement de fenêtre, jusqu'à arriver à son but. Alors elle s'agrippa du mieux qu'elle le put contre le mur, sortit des épingles de sa poche, et s'appliqua à ouvrir la fenêtre.
Celle-ci mis quelques minutes à s'ouvrir, mais elle finit par céder, et Luba disparut dans le bâtiment. Alors commença l'attente. Il fallait laisser le temps à la jeune femme de trouver ce qu'ils cherchaient, et de remplacer ce qu'ils volaient par des répliques qu'elle s'était procuré lors d'une des fois où elle avait été chargée de faire des courses en ville. Ainsi, il faudrait quelque temps pour que quelqu'un se rende compte du vol, et personne ne pourrait savoir quelle nuit cela était arrivé, pour être sûr qu'ils soient exempts de soupçons.
Mais soudain, Luba réapparue à la fenêtre, un regard inquiet sur le visage :
« Le sabre n'a pas la même poignée. Celle qu'on m'a fournie est pour les sabres de cérémonies. Et je ne peux pas prendre l'un d'eux car ils sont pas coupants pour être sûr qu'il n'y a pas d'accident. Sur les sabres qu'on veut, il n'y a pas de motif. »
Irina rejeta sa tête en arrière, frustrée.
« Laisse-moi tenter un truc », dit-elle doucement.
La magicienne délaissa d'un bras l'écran pour le tendre vers le haut. Un filet de magie s'en échappa et monta en tourbillonnant vers la fenêtre pour s'enrouler autour du sabre. Irina grogna. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait, mais elle le faisait. Elle se reposait sur son instinct. Elle visualisa le manche sans motif, et laissa faire sa magie. Elle lui faisait confiance.
Luba poussa une exclamation admirative, étouffée par l'écran aux oreilles du garde, et lança :
« Ça a marché ! C'est incroyable ! J'adore la magie ! Je vous rejoins dans un instant. »
Et elle disparut de nouveau dans la pièce, seulement pour réapparaître quelques instants plus tard, un sabre dans le dos et un pistolet sur la hanche. Elle avait pris un fourreau et un holster au passage pour pouvoir les transporter.
Elle redescendit jusqu'à la terre ferme, et tendit à Misha qui faisait toujours le gué sa nouvelle arme. Les deux arboraient un air satisfait et confiant.
De nouveau, le petit groupe distraya le garde pour qu'il s'éloigne de la porte, et ils se dirigèrent le plus vite qu'ils le purent pour retourner derrière les arbres de la petite cour. Andreï serrait les dents alors qu'il boitait encore plus que d'habitude, toujours sans rien dire. Irina découpa d'un trait de magie une branche d'un arbre et lui tendit. Le soulagement pu se lire un instant sur son visage avant qu'il n'assure de son habituel ton assuré que tout allait pour le mieux et que c'était mignon quand elle se faisait du souci pour lui. Mais il garda le bâton tout le trajet de retour vers la suite.
Lorsque le petit groupe atteignit la-dite suite, ils cachèrent les armes qu'ils avaient récupérées, et tous plongèrent ensuite dans un repos bien mérité. La vie à la cour était peut-être fatigante et répétitive, mais l'adrénaline que lui conférait ce type de petite mission satisfaisait amplement Irina. Et elle avait le sentiment qu' elle se rapprochait de son but. Chaque jour, ils étaient plus forts.
***
Irina déambulait dans les couloirs du palais, seule. Elle avait dû participer à un des nombreux bals que le tsar organisait, et danser avec Misha n'avait pas rattrapé la danse qu'elle avait dû faire avec l'organisateur de la soirée. Épuisée de devoir faire des courbettes et se comporter selon les convenances qui étaient réclamées d'une personne de son rang — c'est-à-dire peu élevé, donc elle devait payer ses respects de façon plus prononcée que les autres — elle avait décidé de quitter la fête et de se reposer.
Mais elle ne voulait pas regagner sa suite pour le moment. Bien que le salon soit rempli de meubles divers, l'entièreté de l'endroit lui semblait vide. Mais surtout il lui semblait étranger. À l'Académie, sa chambre avait beau être étroite, elle lui appartenait. Tasha avait accroché quelques-unes de ses toiles aux murs, des livres encombraient son bureau, son lit était constamment recouvert de vêtements ou de feuilles. C'était vivant. La suite, elle, était morte. Impersonnelle. Et elle s'y sentait oppressée.
Alors elle préfèrerait marcher, marcher dans les longs couloirs vides du château car tous ses habitants étaient dans la salle de bal. C'était la nuit, donc toutes les fenêtres étaient recouvertes de lourds rideaux tombant jusqu'au sol. Curieuse de voir la ville dans l'obscurité, Irina se glissa derrière l'un de ses rideaux, et disparut du couloir.
Comme elle s'y attendait, la ville était illuminée de milliers de lumières, témoignant des habitants qui vaquaient à leur vie. Avaient-ils une vie plus tranquille que la sienne ? Eux ne devaient sûrement pas voler dans l'armurerie du palais, faire semblant d'être plus idiote qu'une souche, ou éviter un tsar collant et méprisable qui avait paru cette soirée vouloir la mettre dans son lit. Non, ils ne devaient pas avoir ce genre de problème, mais la plupart devaient en avoir aussi. Des proches qu'ils perdaient. La famine qui guettait. La misère qui les tuait à petit feu. C'était des vrais problèmes. Ceux qu'elle se devait de résoudre, mais ne savait comment.
Avoir plus de pouvoir avait été une étape, mais fallait-il pouvoir contrôler ce pouvoir. Elle n'avait toujours pas réussi à utiliser sa nouvelle magie pour faire des choses dont elle aurait été incapable sans. Et elle en désespérait de trouver une solution.
Soudain, le bruit de deux personnes marchant sur les tapis du couloir se fit entendre. Irina s'immobilisa pour ne pas faire de bruit. Elle ne voulait pas être dérangée, ne pas être vue. La solitude lui plaisait. Alors elle attendit, et ne put s'empêcher d'écouter.
« ... le faire revenir ! Le tsar s'est trouvé une pionne assez stupide pour se laisser utiliser, et malheureusement pour nous — ou pour elle — elle peut utiliser la magie noire. Ça devient dangereux, et si elle est aussi puissante qu'on le dit, on arrivera jamais à rien. »
Irina fit encore moins de bruit. Ils parlaient d'elle. Et d'autres choses qui pouvaient l'intéresser, car ces personnes étaient visiblement contre le tsar. Ce qui faisaient d'eux des potentiels alliés.
« Tu as peut-être oublié qu'il n'a aucune envie de revenir. Il s'est exilé depuis qu'il a créé le Fléau, il est rongé par la culpabilité et le deuil, et ne veut plus rien avoir à faire avec notre monde. Il préfère le monde des morts au nôtre.
— On doit bien pouvoir trouver un moyen de le faire changer d'avis ?
— Crois-moi Tatiana, c'est peine perdue. J'ai déjà essayé. Timofeï ne veut rien entendre. Il n'a pas fait croire à sa mort pour rien. Il est mort dans son esprit. Que son cœur batte encore ne change rien. Peut-être que si il y avait de l'espoir il reviendrait, mais personne ne sait quoi faire. Renverser le tsar pourrait marcher, mais il dira qu'on a pas besoin de lui pour ça. Et il ne soutiendrait aucun candidat pour le remplacer.
— Toi tu voudrais le remplacer ?
— Peut-être Tiana, avec toi à mes côtés, ce serait ...»
Les deux personnes s'étaient éloignées trop loin pour qu'Irina puisse toujours les entendre. Mais ce qu'elle avait compris l'avait satisfaite. Elle savait qu'elle n'était pas seule. D'autres habitants du palais ne supportaient plus le tsar. Et surtout, elle savait qui pouvait l'aider à contrôler ses pouvoirs.
Timofeï, le dernier prodige de l'Académie de Koldovstvo, qui avait créé le Fléau avec la magie noire, était toujours de ce monde. Et elle allait le retrouver et le forcer à l'aider.
Voilà ! On se retrouve normalement dans deux semaines (le chapitre est pas encore fini, malheureusement j'ai grignoté toute mon avance, mais les vacances vont me redonner du temps) pour un chapitre que j'ai imaginé dès le début (le thème "cette histoire est celle de la méchante" que je voulais y est fort) !
À dans deux semaines !
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