Chapitre 16 : Changement d'horizon

Hello ! Encore désolée du retard, je suis ailleurs en ce moment....

Comment allez-vous en ce beau dimanche de début de Roland Garros ? Moi très bien, je lis et je vois du tennis. Et il fait chaud. Que demander de plus ?

Donc voici le chapitre 16, chapitre de transition pas très passionnant, mais il en faut bien. Je vous laisse avec le petit mot de ma correctrice, Lina, et bonne lecture !

Hello ! J'ai peu de temps mais on se retrouve aujourd'hui pour un petit chapitre de transition qui se finit en beauté ! Je me trouve beaucoup en Andreï aujourd'hui ;) vous comprendrez vite pourquoi. Bonne lecture !

Chapitre 16 : Changement d’horizon

« Atterrissage à Moscou dans 20 minutes ! Merci de regagner vos sièges et de ne pas bouger jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. Le personnel de bord vous indiquera la voie de sortie et quand vous pourrez l’utiliser. »

Irina trépignait d’excitation en apercevant à travers la fenêtre du dirigeable les faubourgs de la capitale qui apparaissaient au fur et à mesure qu’ils approchaient du lieu de l'atterrissage.

Dans la salle où elle se trouvait, la jeune femme pouvait voir les derniers voyageurs encore debout être amenés à leur sièges par le personnel. Certains semblaient immunisés à la beauté de la ville en dessous d’eux, d’autres dormaient, sûrement habitués aux voyages en dirigeable. Mais d'autres étaient scotchés aux fenêtres, des enfants appelaient leurs parents pour leur montrer une jolie maison qu'ils avaient vu, certains, au contraire, étaient agrippés à leurs sièges, à l’image d’Andreï face à elle, effrayé par un premier vol.

Son ami apeuré se trouvait de l'autre côté d'une table où reposaient les restes d’un excellent repas qui avait donné goût à Irina aux plaisirs de voyager en première classe. Misha à côté d’elle lui montrait différents éléments qu’on apercevait par la fenêtre, connaissant déjà la ville grâce à plusieurs voyages d’affaires où il avait accompagné ses parents. Irina l’écoutait avidement, elle qui ne connaissait rien d’autre que sa petite ville natale de l’est, ainsi que Sokomin. Si elle avait un jour trouvé cette dernière grande, ce n’était rien comparé à Moscou. La capitale faisait au moins huit fois la taille de la ville industrielle, et la parcourir en une journée comme elle le faisait à Sokomin lui paraissait impossible. Il lui faudrait des semaines, voir des mois pour s’y retrouver et connaître son chemin.

« Ce truc à notre gauche, c’est le théâtre Bolchoï. J’y avais vu une représentation du ballet de la belle au bois dormant qui était phénoménale. Mais rien que la salle et le bâtiment valent le coup d'œil. Il a récemment été rénové, et ils ont rajouté l'horloge qui est au-dessus des colonnes du porche, et la coupelle. A l’intérieur, c’est magnifique. L’or et le rouge se mélangent au fer et au cuivre, c’est vraiment… Inoubliable. »
« Là-bas, c’est le Kremlin, et la cathédrale Saint-Basile, mais on ne les voit pas très bien d’ici. Ce sera mieux quand on y sera.

― C’est magnifique ce que l’on peut voir depuis un dirigeable…

― C’est surtout très haut ! » La voix d’Andreï était montée dans les aigus, et il se refusait toujours à regarder le paysage en dehors du véhicule, des dizaines de mètres sous eux, alors même qu’ils descendaient, après avoir traversé dans son entièreté la ville, pour se poser à l’ouest d’elle. Misha rigola doucement, l’un des rares éclats de joie sincère qui lui arrivait depuis la mort de sa sœur. Irina se rassurait de le voir reprendre consistance, sa joie de vivre reprenant de temps en temps le dessus. C’était arrivé quelques fois durant le vol, à chaque fois pour se moquer de l'alchimiste à côté de lui.

Irina était heureuse de voir que ses deux amis s’entendaient bien. C’était en partie dû à une conversation qu’ils avaient tous deux trouvés passionnante sur la transfiguration de la matière et la chimie en générale, qui avait permis de briser la glace entre eux. De plus, Andreï, qui avait entendu parler de Misha comme d’un rayon de soleil, avait été étonné de le voir retrancher en lui-même,  et s’était mis au défi de l’aider à en sortir en le faisant rire. Cette passion partagée et ce nouveau défi créait une base de relation qui promettait d'être solide.

« Atterrissage à Moscou en cours ! Merci de ne pas quitter vos sièges avant l’arrêt complet du véhicule et les instructions du personnel, retentit de nouveau la voix dans les haut-parleurs.

― Enfin ! Cinq minutes de plus dans cette boîte de conserve volante m’auraient tué !

― Et bien bon courage, car vu la foule, on ne sera sûrement pas dehors dans cinq minutes. »

Andreï rejeta la tête en arrière en fermant les yeux et en poussant un râle de désespoir, pressé de quitter la “boîte de conserve volante”. Irina aussi avait hâte de sortir du dirigeable, mais pour pouvoir enfin découvrir la capitale de plus près.

Après un temps à piétiner derrière une foule considérable qui leur parut interminable, ils purent enfin sortir à l'air libre dans l’aérodrome de Moscou. Il était au moins quatre fois plus grand que celui de Sokomin, et l’activité y était encore plus importante. Mais malgré l’agitation et la multitude de visages inconnus, quatre d’entre eux détonaient. Et ils étaient là pour elle. Il n’y avait qu’à voir leurs uniformes, leurs airs graves et leurs fusils dans le dos pour savoir qu’ils étaient les hommes du tsar chargés de l’escorter.

« Je suppose que c'est notre carrosse, lança Andreï en pointant la diligence noire derrière les gardes.

— J'ai bien peur que oui, lui répondit Misha.

— Et bien, vu leurs têtes, ça va être gai ce trajet….

— Vois le positif : au moins, c'est pas un dirigeable !

— Oh la ferme. Cet engin est une machine de mort. Tu connais le nombre de morts par accident qu'il y a par an ?

— Non.

— Et bien, moi non plus, mais je ne veux pas savoir, parce que ça doit être un chiffre bien trop élevé ! »

Et sur ces mots Andreï remit le col de sa veste droit d'un coup sec, et avança vers les gardes. Irina souriait. Sans ses amis, jamais elle n'aurait été là. Et voir Andreï s'approcher des gardes et ôter son chapeau devant eux pour les saluer, exagérant ses courbettes comiques pour les divertir elle et Misha, lui réchauffait le cœur.

Les trois amis rentrèrent dans la diligence, sans succès de tirer autre chose des gardes qu'un "Êtes-vous Irina Arcadievna Kniazeva ?", et la machine démarra son moteur ronflant et trompettant.

Irina aurait aimé voir les rues défiler à travers les fenêtres, mais celles-ci étaient fermées par des rideaux rouges. Lorsque la jeune femme avait fait mine de les ouvrir, les gardes avaient secoué la tête, lui intimant de ne pas y toucher. Mais elle avait pu apercevoir ce qu’on essayait de lui cacher : la vétusté des habitations, et l’aspect cadavérique de la population. Ici aussi, la crise économique avait frappé. Et toute la grâce et la finesse des bâtiments que le tsar entretenait dans le centre de la ville pour garder les apparences ne pouvaient garder la misère à l’écart.

Mais Irina pourrait combattre cela. Elle avait des moyens maintenant. Elle pouvait se frayer un chemin dans les cercles du tsar, elle pourrait trouver un moyen d’utiliser ses ressources, et elle essaierait de changer les choses. Travailler pour le tsar ne lui plaisait pas le moins du monde, mais au moins, elle pourrait combattre Jar-Ptitsa, et peut-être, un jour, avoir assez d’influence pour amener du changement.

La diligence cahota pendant de longues minutes, avant d’enfin s'arrêter. Les gardes se levèrent et ouvrirent la porte, se plaçant de chaque côté pour laisser les passagers passer. Lorsque ceux-ci sortirent, des volutes de fumée provenant du moteur du véhicule tourbillonnaient encore dans l’air, qui se dégagèrent très rapidement. Et ce qui se trouvait derrière était magnifique.

Le Kremlin de Moscou était ceint d’une haute muraille de pierre rouge ponctuée de tours dont Irina ne voyait pas le bout. La tour en face du petit groupe était de forme carrée, et portait sur son toit une horloge où les chiffres et le cadran étaient faits d’or. Lorsqu’elle regarda autour d’elle, Irina vit soudain à sa gauche une immense cathédrale qu’elle reconnut comme celle de Basile le bienheureux, et elle se retrouva bouche-bée. Elle avait déjà vu des représentations dans des livres, mais voir les couleurs du monument de ses propres yeux était encore plus impressionnant qu’elle ne se l'était imaginé.

La place rouge, où ils se trouvaient, était remplie d’une foule de gens marchant dans tous les sens, tous ayant un but, un objectif, ne regardant pas autour d’eux, indifférents aux beautés qui les entourait, et les gardes traversèrent cette foule, sur leurs talon les trois jeunes gens ébahis devant ces monuments célèbres. Ils pénétrèrent dans l’enceinte du Kremlin, où la surprise et l'émerveillement continuèrent.

Le palais avait gardé l’architecture traditionnelle qu’il arborait depuis des siècles, avec quelques modifications pratiques mais invisibles. Irina et ses amis avaient donc devant eux un batiment aux murs blanc nacrées, avec une multitude de tour donc les oignons au sommet était recouverts de feuilles d’or, fait d’une manière qu’on ne croisait plus. Pas de colombage, ni de structures de fer, pas de rouages apparents ou de construction vertigineuse qui semblent être à deux doigts de tomber. Mais des murs droits, lisses, hauts, et unis. Cela transpirait l’argent, le pouvoir, et la puissance. Et ils allaient y vivre.

Irina fut accompagnée par les gardes le long de couloirs et d’escalier qui se ressemblaient tous, jusqu’une porte de nois peinte en blanc, avec des décorations et des reliefs en or.

« Vos appartements, messieurs dames. »

Les trois amis rentrèrent dans la suite, laissant leurs guides taciturne à la porte, pour pouvoir découvrir un salon bien rempli, avec table à manger, canapés, table basse, baie vitrée, lustre et cheminée. Sur les deux côtés se trouvaient deux portes ouvertes, menant à deux chambres, comportant chacune une salle d’eau privée. Dans l’une de ces chambres se trouvaient deux lits séparés d’un paravent de chêne, et Andreï se rua vers l’un d’eux pour se laisser tomber dedans et pousser un soupir de contentement.

« J’ai jamais eu de lit aussi confortable ! J’ai peur de vite prendre goût à cette vie de riche. Regardez-moi ce plafond, même debout sur le lit je ne serais pas capable de l’attendre ! C’est tout dans la démesure, c'est à mon image quoi ! »

Irina sourit en voyant Misha se diriger avec enthousiasme vers son propre lit pour vérifier les propos d’Andreï, et s’en alla voir sa propre chambre, laissant ses deux amis au déballage de leurs affaires. Elle avait elle droit à un grand lit à baldaquin, centré au milieu de la pièce, drapé de rideaux de velours rouges. Des tapis colorés recouvraient le sol, et le seul meuble de la pièce constituait en une volumineuse armoire qui était elle aussi en chêne.

« C’est un peu vide ici quand même…

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit madame, le tsar vous le fournira avec plaisir. »

Irina sursauta. Une femme qui devait avoir l'âge d’Andreï, peut-être un peu plus vieille, était apparue de derrière une tapisserie du salon.

« Excusez mon interruption madame, je venais juste vous saluer et vous informer de ma présence. Je suis votre domestique. Si vous avez besoin de moi, n’hésitez pas à sonner la cloche juste ici. Je vais vous laisser vous installer à présent. »

Et la jeune femme salua, ses cheveux de feu tombant devant son visage, avant de disparaître derrière la tapisserie. Irina n'avait même pas eu le temps de lui demander son nom.

***

L’après-midi s’était écoulé rapidement, et après un repas où ils furent conviés à dîner avec le tsar — qui se trouva être très long et ennuyeux — les trois amis s’étaient couchés, fatigués par leur journée de voyage.

Irina n’avait pas tardé à plonger dans le sommeil, aidée par les couvertures chaudes et confortables, et ne comptait pas se lever avant tard dans la matinée.

Mais lorsqu’elle ouvrit les yeux, la pièce était plongée dans le noir, et elle sentait un poid sur elle. Elle remarqua soudain une lame à son cou, et paniqua. Au-dessus d’elle se trouvait un visage, encadré de cheveux roux. C’est alors qu’Irina la reconnut : c’était la domestique qui venait de derrière la tapisserie !

« Chut madame, il serait embêtant de réveiller vos compagnons. Vous allez rester silencieuse, et faire exactement ce que je vous indique. Sinon, je n'hésiterai pas à trancher votre petit cou nu. »

Oh ! Mais qui peut bien être cette mystérieuse domestique ? Que veut-elle ? La réponse au prochain chapitre, dans deux semaines ! (Je serai en vacances d'ailleurs quand je posterais. Oh j'ai hâte !)
Bref, au revoir !

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